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Le Palais de Justice de Bruxelles

Date of Submission: 08/04/2008
Criteria: (i)
Category: Cultural
Submitted by:
Direction des Monuments et des Sites de la Région Bruxelles Capitale de Belgique
State, Province or Region:
Région Bruxelles-Capitale
Coordinates: N50 50 14 E4 21 00
Ref.: 5357
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Property names are listed in the language in which they have been submitted by the State Party

Description

Cette oeuvre magistrale fut conçue en style éclectique par l'architecte J. Poelaert en 1862. L'édifice devait remplacer un premier Palais de Justice, établi dans les bâtiments de l'ancien couvent des Jésuites délabrés et trop exigus.

En 1860, la Ville de Bruxelles organisa pour ce faire un concours international. L'ingénieur F. Wellens, président de la Commission royale et proche collaborateur de J. Poelaert pendant les travaux, décrit en détail l'ensemble des antécédents (Le Palais de Justice de Bruxelles, Notice descriptive avec atlas, 1881). Le nouveau palais devait intégrer tous les services juridiques ayant siège à Bruxelles. Le programme, complexe, comprenait initialement 27 salles d'audience, entourées de divers locaux de service. Le palais étant un bâtiment public, toute la circulation interne devait s'organiser en fonction de cet aspect. Le palais abritait d‘ailleurs d'autres fonctions, telles qu'une bibliothèque, un restaurant et un bureau de poste.

Les projets soumissionnés ne donnaient pas satisfaction et ne correspondaient pas au programme imposé.  Dès lors, la Ville prit la décision de confier ce travail considérable à  son architecte municipal, Joseph Poelaert qui, deux ans plus tard, présente son projet.

Le nouveau Palais de Justice se voulait l'expression symbolique du pouvoir judiciaire.

L'emplacement choisi était une des hauteurs de la Ville, à l'endroit de l'ancien Gibet, au "Galgenberg", et aux environs immédiats des Marolles et de la rue aux Laines. Il fallut donc exproprier un vaste terrain occupé par six îlots et une partie des jardins de l'hôtel de Merode.

La première pierre fut posée en 1866. Après la mort de Poelaert en 1879, le chantier lent et laborieux fut repris par l'architecte J. Benoit et le palais inauguré en 1883.

Le Palais de Justice est situé sur un plateau en forte déclivité entre la place Poelaert, la rue aux Laines, la rue de Wynants et la rue des Minimes. Afin de compenser cette différence de niveau et de faciliter l'accès au bâtiment public par les façades latérales et arrière, l'architecte le plaça sur une vaste terrasse reposant sur un massif bien visible depuis les rues de Wynants et des Minimes. Cette terrasse était également accessible aux voitures par une double rampe à pente douce, rue des Minimes.

Les matériaux présentent un riche assortiment de pierre, pour la plupart d'origine belge et française, donnant au palais une polychromie variée.

A l'intérieur, des structures métalliques permettent de soutenir la lourde masse de pierre.

Le corps principal du Palais de Justice comprend deux étages et un premier sous-sol. L'accès au rez-de-chaussée supérieur se fait, place Poelaert, par le porche monumental de l'entrée principale, celui du premier étage - étage principal - par des escaliers de part et d'autre de la salle des pas perdus, tandis que l'on arrive au premier sous-sol - rez-de-chaussée inférieur - par la rue aux Laines. Ces trois niveaux sont accessibles au public.

Une tour-lanterne monumentale couronne la partie centrale du bâtiment et éclaire la salle des pas perdus sur toute sa hauteur.

La terrasse entoure les deux côtés et la façade arrière du bâtiment. Elle repose sur un imposant podium qui abrite le deuxième sous-sol, donnant sur la rue de Wynants et le troisième sous-sol accessible par la rue des Minimes.

Cet édifice colossal constitue sans nulle doute le sommet de l'architecture éclectique du 19e siècle. Le style est d'inspiration classique, avec des emprunts à l'architecture assyro-babylonienne et égyptienne. Le bâtiment est conçu comme un assemblage de formes et de masses, où les espaces intérieurs et extérieurs s'interpénètrent de manière surprenante.

Les façades symétriques sont accentuées dans l'axe par un portique monumental et rythmées verticalement par les ressauts des parties latérales et médianes. Horizontalement, elles se décomposent en trois registres: le soubassement à bossages, le rez-de-chaussée et l'étage principal, puis un large entablement comprenant architrave, frise, corniche et balustrade en attique.

Le coeur du Palais de Justice est occupé par la salle des pas perdus, d'une monumentalité inégalée. Sa hauteur culmine au sommet de la coupole, ce qui donne à la salle un vertigineux élan vertical.

Façade principale (place Poelaert)

La façade avant présente un porche principal encadré par un péristyle, composé d'une double colonnade de colonnes doriques. Ce portique est précédé d'un emmarchement sur toute sa largeur et flanqué de deux pavillons d'angle en forte saillie. Le porche d'entrée est couronné par un fronton triangulaire et, en attique, par une balustrade surmontée du buste de Minerve par le sculpteur J. Ducaju. A l‘intérieur, ce porche est encadré par de remarquables colonnes corinthiennes de flanquement, sommées de lions ailés par A.F. Bouré.

Les pavillons d'angle abritent les Cours de Cassation et d'Appel au premier étage. On y accède, de part et d'autre du porche monumental, par deux imposants escaliers d'honneur et par une galerie courant sur toute la longueur. Au pied de ces escaliers se trouvent quatre statues monumentales représentant les grands orateurs et législateurs de l'Antiquité, Démosthène et Lycurgue par A. Cattier et Cicéron et Ulpien par A.F. Bouré.

La porte en bronze fut réalisée en 1896 par G. Houtstont d'après les dessins de J. Van Mansfeld et remplacée par une copie en 1932. A gauche de l'entrée, le buste de l'architecte Joseph Poelaert est l'oeuvre de J. Cuypers, réalisé en 1887.

Les façades latérales (rues aux Laines et des Minimes)

Les façades latérales présentent chacune une partie centrale en ressaut, dont l'entrée axiale est couronnée par un fronton triangulaire. Elles sont rythmées par des colonnes décorées selon les ordres classiques. Des sculptures de A. Fassin et A. Cattier décorent l'attique. Le bâtiment surplombe la rue des Minimes, la partie centrale de la façade de ce côté est particulièrement travaillée. La différence de niveau est rachetée par un important soubassement, percé d'un portail tripartite sous fronton.

Façade arrière (rue de Wynants)

Cette façade présente également un avant-corps mais elle est traitée plus simplement. Le soubassement est pourvu d'un portail similaire à celui donnant rue des Minimes.

Coupole

La coupole comprend un stylobate, un tambour à deux niveaux et un dôme en cuivre. Le stylobate, sur plan en croix, est rythmé par des pilastres jumelés. Le premier niveau du tambour, de plan carré, repose sur une base à gradins et est ajouré de chaque côté d'une colonnade. Le deuxième niveau, de plan circulaire, est marqué aux angles par quatre statues en bronze sous fronton triangulaire. Il s'agit d'allégories représentant la Force par. Th. Vinçotte, la Justice par A. Desenfans, la Loi par A. Dutrieux et la Clémence royale par A. de Tombay. Après l'incendie de 1948, un nouveau dôme en cuivre a été construit. Ce dôme, plus élancé, n'a pas respecté la forme de l'original.

Plan et intérieur

L'aménagement intérieur a généralement été bien conservé. Le plan, publié dans le livre de l'ingénieur Wellens, correspond encore bien à la situation actuelle. Il dessine un rectangle de 150 m sur 160 m et couvre une superficie de 26000 m².

Cette énorme superficie inclut huit cours intérieures, permettant l'éclairage et l'aération de tous les locaux. Les salles d'audience des différentes cours, les salles de réunion et la bibliothèque, ainsi que les 245 locaux de service sont reliés par des galeries.

L'immense salle des pas perdus couvrant une surface de 3600 m² est dominée par la coupole élancée, visible depuis le rez-de-chaussée.

Comme tout bâtiment fonctionnel, le Palais de Justice a subi un certain nombre de transformations. Ainsi, certaines cours intérieures ont été occupées par des locaux annexes de moindre hauteur et la plupart, des ailes disposent derrière l'attique d'un étage mansardé, invisible depuis la rue. Par ailleurs, les fonctions de certains espaces ont parfois été modifiées par rapport au plan original.

Selon une disposition hiérarchisée, les cours de justice les plus importantes se trouvent au rez-de-chaussée et au premier étage, autour de la salle des pas perdus tandis que les instances de moindre importance sont groupées au premier sous-sol.

Le Palais de Justice abritait à l'origine le Tribunal militaire, le Conseil de Guerre, les Justices de Paix et de Police, la Cour d'Assises, le Tribunal de Première Instance, la Cour d'Appel, le Tribunal de Commerce et la Cour de Cassation, répartis sur les trois niveaux. Certaines salles, notamment les salles d'audiences, sont richement décorées.

Justification of Outstanding Universal Value

Lorsque l'architecte Joseph Poelaert fut choisi en 1862 pour concevoir le nouveau Palais de Justice de Bruxelles, il avait déjà construit des églises en style néo-Roman et néo-Gothique ainsi que des édifices civils en style néo-classique.  Son objectif était de renouer avec la grandeur des œuvres de l'Antiquité gréco-romaine

L'édifice affiche un caractère exceptionnel à maints égards :

1 - Le Palais de Justice est exceptionnel par ses dimensions

Le Palais de Justice a la réputation d'être le plus grand bâtiment construit au cours du 19e siècle.

Il présente une longueur hors tout de186 mètres, une largeur hors tout de 177mètres et une hauteur hors tout de 116 mètres. Sa surface couverte dépasse deux hectares et demi.  Pour remplir toutes les conditions prescrites par le programme du concours et tenir compte des besoins à venir, le projet de Poelaert renfermait 27 grandes salles d'audience, de bibliothèques ou de réunion et 245 salles et locaux pour l'usage des divers services.

Le Palais a une superficie de 26.000 mètres carrés y compris les huit cours, avec une superficie de 6000 mètres carrés qui contribuaient à répandre partout l'air et la lumière.

La superficie totale des moulures faisait 196.364 mètres carrés, le nombre de portes était 1530 et de fenêtres 1513.

La salle des pas perdus est également exceptionnelle par ses dimensions : 80 mètres de long, 50 mètres de large pour 80 mètres de haut. Le grand escalier fait 82mètres de long; il monte en ligne droite, traversant différents espaces dont la hauteur et la largeur varient de 6 à 24mètres ; le dénivelé est de 20mètres, soit 125 marches.

La quantité des matériaux  (maçonneries, briques, moellons et pierre) utilisés atteignaient un  total de 439.228 mètres cubes.

Les frais de construction s'élevaient à un montant  inégalé de 46.450.000 francs or. 

2 - La structure du Palais de Justice met en œuvre les techniques industrielles les plus performantes au moment de sa conception (1862)

Les éléments portants sont réalisés en maçonnerie et les portées sont franchies par des structures métalliques.

Les maçonneries les moins chargées sont réalisées en brique ; les dispositifs sont réalisés de manière telle qu'ils soient allégés au maximum, tout en gardant l'inertie nécessaire.  Les maçonneries les plus chargées sont réalisées en pierre calcaire dure. Les piliers supportant le dôme sont constitués de blocs de pierre bleue (petit granit) parfaitement appareillés ; la dimension moyenne des blocs est supérieure à un mètre cube. Les colonnes en pierre sont monolithes, lorsque leur hauteur est inférieure à 6 mètres ; au de-là, elles sont formées de tambours.

En dehors des sous-sols, l'édifice ne comporte pas d'arcs ni de voûtes en maçonnerie : toutes les portées sont franchies par des structures métalliques : poutrelles métalliques de forte section (leur hauteur peut atteindre 3m) pour les niveaux intermédiaires, fermes « Polonceau » pour les charpentes de toiture, arcs en treillis pour le dôme et la coupole. Pour des raisons -notamment- d'économie, les portées ont été limitées à un maximum de 20 mètres. Cette portée, relativement réduite, n'empêcha nullement les prouesses : le plafond du porche d'entrée se compose de trois caissons plats, en maçonnerie de pierre, accrochés à des poutrelles métalliques.  Cette disposition est, par son ampleur, unique au monde.

Les structures métalliques ne sont jamais visibles : elles sont incluses dans les dispositifs architecturaux ou ornementaux, faits de pierre à l'extérieur, et d'enduit à l'intérieur.

La structure résulte de l'étroite collaboration entre l'architecte Joseph Poelaert, et un ingénieur particulièrement compétent, François Wellens.

3 - Le langage architectural s'inspire directement du travail des archéologues du 19e siècle

Si le 19e siècle est le « siècle de l'industrie », il est tout autant celui de l'archéologie. D'immenses chantiers de fouilles sont ouverts en Italie, en Grèce, mais aussi en Egypte, au Proche-Orient et en Mésopotamie. La publication des travaux a un immense retentissement scientifique, et influence le travail des architectes.

Sept ordres ont été mis en oeuvre dans le Palais de Justice : les cinq ordres classiques -toscan, dorique, ionique, corinthien, composite- et deux ordres préclassiques : précorinthiens et « palmiforme ».

Les colonnes doriques et corinthiennes sont des copies fidèles de modèles romains du siècle d'Hadrien. Les colonnes ioniques sont des copies de modèles grecs du siècle de Périclès. Les colonnes toscanes suivent un parangon universel. Les colonnes composites s'inspirent de modèles composites préhelléniques.  Les colonnes précorinthiennes s'inspirent de modèles grecs (Tours des Vents d'Athènes).  Quant aux piliers « palmiformes », ils n'ont pas été exécutés suivant les plans d'origine, qui prévoyait une copie de modèles précorinthiens : tels qu'exécutés, le piliers se rapprochent du modèle palmiforme égyptien.

Les entablements, les soubassements, les encadrements des ouvertures (portes et fenêtres), ainsi que les décors ornementaux s'inspirent tous prioritairement de modèles de l'Antiquité gréco-romaine. La menuiserie des portes et es fenêtres, les lambris en bois, les manteaux de cheminée, les plafonds moulurés, les tapis de mur, etc., -inexistants dans l'Antiquité-, font l'objet d'une interprétation de l'architecte, mêlant formes antiques, renaissantes et classiques.

4 - La composition en plan et en élévation de l'édifice fait preuve d'une audace et d'une originalité, qui ne seront jamais imitées

Le projet de l'architecte est certainement de renouer avec la grandeur et la monumentalité des édifices de l'Antiquité gréco-romaine. Le programme du Palais de Justice lui permet d'égaler et même de dépasser les dimensions des plus grands monuments de l'empire romain.

Son objectif est aussi de donner un caractère universel à son œuvre : la composition doit revêtir un caractère intemporel et rassembler tous les acquis de l'Antiquité dans une expérience spatiale moderne, rendue possible par les progrès technologiques.

L'imagination de l'architecte est sans borne. Elle est heureusement servie par des principes et un raisonnement rigoureux. Chaque ordre recevra une hauteur définie et invariable : il sera mis en œuvre chaque fois qu'une colonne de la hauteur correspondante devra être mise en place, et ce quelque soit l'endroit dans l'édifice. On observe ainsi que :

  • les piliers palmiformes font toujours : 20 mètres de haut.
  • les colonnes corinthiennes : 16 m.
  • les colonnes doriques :  14 m.
  • les colonnes ioniques : 10 m.
  • les colonnes précorinthiennes : 7 m.
  • les colonnes toscanes : 6 m.
  • les colonnes composites : 3,75 m.

L'on retrouvera dès lors les mêmes colonnes en façade ou à l'intérieur de l'édifice, chaque fois qu'une colonne d'une hauteur déterminée se révèle nécessaire. Deux colonnes d'un même ordre ne peuvent donc jamais avoir des hauteurs différentes. Les colonnes interviennent dans la composition d'ensemble à l'instar des « leitmotiv » dans les opéras de Richard Wagner, contemporain de l'architecte.

L'innovation la plus originale de l'architecte est certainement la mise en œuvre d'ordres différents sur un même registre.

A l'extérieur, en façade, on observe la combinaison, sur un même registre, de piliers palmiformes, de colonnes doriques et de colonnes ioniques ; en façade avant, la combinaison s'enrichit de colonnes corinthiennes, et, en arrière plan, de colonnes précorinthiennes.

A l'intérieur, la combinaison associe les piliers palmiformes ainsi que les colonnes corinthiennes, ioniques, toscanes et composites.

De telles combinaisons sont uniques dans l'histoire de l'architecture classique ou néo-classique. Il existe quelques rares exemples de la combinaison de deux ordres, mais ils n'atteignent nullement l'ampleur ni la richesse d'invention de celle du Palais de Justice.

La combinaison des ordres sur un même registre permet à l'architecte de s'affranchir des règles classiques de la composition en plan et en élévation.

La salle des pas perdus et le grand escalier apparaissent comme un enchevêtrement d'espaces répondant à une logique de composition propre à l'édifice. Cette forme de composition ne s'inspire d'aucun édifice existant et n'inspirera jamais la moindre construction ultérieure.

Le Palais de Justice est, en cela, unique dans l'histoire de l'architecture.

En plan, la composition est orthogonale, et met en œuvre le plan « anglais », dans lequel un couloir, éclairé à jour, dessert des pièces elles aussi éclairées à jour ; autrement dit, où que l'on soit dans le Palais, on perçoit toujours la lumière du jour.  Ceci est également une prouesse, vu la complexité et les dimensions de l'édifice.

5 - La composition est une des premières applications avérées de la proportion continue, mieux connue sous le nom de « nombre d'or »

Le concept du « nombre d'or » s'est répandu au 19e siècle. Nombre d'auteurs à cette époque ont cru en retrouver le principe dans les constructions de l'Antiquité. Les scientifiques s'accordent aujourd'hui sur le fait que les moyens mathématiques et métrologiques nécessaires à le mettre en œuvre ne sont apparus qu'au 19e siècle. L'architecte a appliqué le principe avec les moyens de son siècle et a développé un tracé d'une très grande rigueur et d'une complexité jamais égalée. Le « nombre d'or » fut appliqué pour la composition en plan et en élévation intérieure de l'édifice. Au niveau des façades, la proportion continue cède le pas à d'autres proportions, plus classiques, telles V2 et V3/2.

6 - Le Palais de Justice est une « œuvre totale »

L'architecte Joseph Poelaert a dessiné la totalité du Palais de Justice, depuis les masses extérieures jusqu'aux détails du mobilier.  Tout en étant bien plus volumineux, l'édifice rejoint le soucis des architectes de l'Art nouveau tel Victor Horta, Josef Hoffmann.

Statements of authenticity and/or integrity

Respect de la condition juridique : Le Palais de Justice de Bruxelles est classé comme monument par Arrête du Gouvernemet de la Région de Bruxelles-Capitale du 3 mai 2001.

Le bien est propriété de l'Etat fédéral et géré par la Régie des Bâtiments.

Le Palais de Justice est une œuvre authentique, conservée en quasi totalité dans la forme et les dispositions que lui a donné son concepteur, l'architecte Joseph Poelaert.

L'édifice a été construit sous la direction de Joseph Poelaert de 1866 à 1879, date de la mort de l'architecte.  La construction a été poursuivie selon les plans de l'architecte jusqu'en 1883.

A cette date, la construction a été interrompue avant achèvement, faute de crédits budgétaires, et le Palais a été inauguré en l'état, achevé à 80% des plans d'origine.

Les campagnes de travaux qui suivirent visèrent l'économie et la simplification.

En 1944, les archives du Palais furent incendiées par l'Occupant en fuite. L'incendie détruisit le dôme de l'édifice, une partie des superstructures, la Cour d'Assise qui était une salle aménagée tardivement, au 20e siècle, ainsi que le conseil de guerre.

Le dôme fut reconstruit en 1950 sous une forme différente, plus élevée que l'original.  La cour d'Assise ne fut pas reconstruite à l'identique, en dehors des peintures murales dues au peintre Ciamberlani, qui furent refaites par le même 45 ans après leur première exécution! La partie supérieure de la cour d'Assise ne fut jamais restaurée : un plancher fut construit à mi-hauteur de la salle et des bureaux furent installés dans la partie détruite. Un héliport fut aménagé sur les toits, en partie arrière de l'édifice.

Aux fins de gagner des surfaces de plancher, des étages supplémentaires furent construits sur les structures intérieures arrière du bâtiment. Ces étages supplémentaires ne sont pas visibles des rues avoisinantes et ne nuisent en rien à la silhouette de l'édifice. Des cours ouvertes furent couvertes dans leur partie inférieure, afin de gagner des locaux au niveau du sous-sol. L'opération nuit à l'éclairement naturel des locaux du sous-sol, mais est totalement réversible.

L'édifice a toujours été entretenu dans le plus grand respect des formes originales et de l'œuvre de Poelaert : l'on est autorisé à penser que celle-ci a été conservée quasiment en totalité. Il n'est par ailleurs nullement question de changer l'affectation du Palais de Justice, qui continuera, pour longtemps encore à abriter la fonction. 

Comparison with other similar properties

Toutes les grandes villes européennes ont, au 19e siècle, construit des bâtiments monumentaux destinés à faire la preuve de leur vitalité culturelle et économique.  Certains d'entre eux rejoignent le Palais de Justice par leurs dimensions exceptionnelles, leur originalité  ou leur richesse d'invention.  Aucun de ces monuments n'est -à proprement parler- « comparable » au Palais de Justice de Bruxelles.  

Il peut, par ses dimensions, être comparé à des réalisations telles que les Parlements de Londres et de Budapest, ou à l'Hôtel de Ville de Vienne, mais aucune de ces réalisations n'atteint, malgré leur importance historique, l'originalité et la richesse d'invention de l'édifice bruxellois.

Les dimensions exceptionnelles, mais aussi l'originalité du langage architectural et du mode de composition développé par l'architecte Joseph Poelaert, font du Palais de Justice de Bruxelles un monument unique au monde.