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ISSN 1993-8616

Le patrimoine s'enrichit - Juillet-août 2006

Un pont entre deux mondes à Bilbao

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© UNESCO/Niamh Burke
Une nacelle suspendue permet de transporter les voyageurs.

A la fin du 19e siècle, Martín Alberto de Palacio y Elissague est chargé de construire un pont enjambant le Nervión, au Pays Basque (Espagne) avec cette contrainte : permettre la navigation sur le fleuve. Pour relever le défi, l’ingénieur imagine le premier pont métallique pourvu d’une nacelle.


« Sur la ria de Bilbao se trouve le premier pont transbordeur construit au monde. Il est gigantesque, superbe et fait de poutres métalliques, comme la Tour Eiffel.»

« Sur la ria de Bilbao se trouve le premier pont transbordeur construit au monde. Il est gigantesque, superbe et fait de poutres métalliques, comme la Tour Eiffel ». C’est avec ces arguments que l’on nous emmenait, enfants, à Las Arenas voir le Pont suspendu de Vizcaya, chef-d’œuvre architectural alliant la fonctionnalité à l’esthétique.

De son côté, mon grand-père nous expliquait que, lorsqu’il était petit, l’endroit ressemblait à une décharge et que la seule chose qui valait le détour, c’était le pont. Il disait également que celui-ci unissait deux mondes : la rive droite, jolie et soignée, lieu de villégiature des gens aisés ; et la rive gauche, laide et mal entretenue, où vivaient les ouvriers travaillant dans l’industrie.

Le pont suspendu relie les deux rives de l’embouchure du fleuve Nervión, il est entièrement réalisé en fer et fait 160 mètres de long. Reposant sur quatre piliers de 43 mètres de hauteur, sa particularité est de comporter une « nacelle » suspendue qui permet le transport des personnes, des véhicules et des marchandises.

Cette œuvre a été imaginée il y a plus d’un siècle par l’ingénieur vizcayen Martín Alberto de Palacio y Elissague. Les autorités locales lui avaient confié la conception d’un pont qui rendrait possible le transport de personnes et de marchandises tout en permettant la navigation sur le Nervión, indispensable à l’industrie sidérurgique de la région.


Une œuvre inédite

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Après avoir étudié les différentes possibilités qui existaient à l’époque, tant en matière de mécanismes de transport (rails, barges, plates-formes) que de types de ponts (ponts levants, ponts tournants, ponts surélevés, souterrains), l’ingénieur conçut l’œuvre qu’il baptisa lui-même « Pont transbordeur Palacio ». Il relevait ainsi le double défi qui lui avait été lancé.

Les travaux, entamés le 10 avril 1890, durèrent à peine plus de deux ans. On commença par la structure principale, puis ce fut le tour de la « nacelle » de transport, composée d’une partie couverte pour les passagers de première classe, et d’une zone découverte destinée aux voyageurs de seconde classe, aux véhicules, aux marchandises et au bétail.

Après son inauguration en 1893, le pont devint la première œuvre de l’histoire possédant de telles caractéristiques. Reconnue à l’échelle internationale, on la compara bientôt à d’autres monuments de fer, comme la Tour Eiffel. L’ingénieur Gustave Eiffel, était d’ailleurs un ami personnel de Palacio.

Avec le début de la guerre civile espagnole en 1936, le pont Vizcaya devint l’un des points de mire des troupes franquistes, qui tentaient d’occuper le Pays Basque. Le 26 avril 1937, la légion Condor, un escadron d’avions allemands qu’Hitler avait mis au service de Franco, bombarda Guernica. A peine deux mois plus tard, le 17 juin 1937, l’un des bataillons républicains qui défendaient la Biscaye, les Ingénieurs de l’armée du nord, bombarda le pont afin d’empêcher le passage des troupes franquistes.


Un géant de fer

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«Nul doute que mon grand père aurait été fier de voir ce pont inscrit sur la Liste du patrimoine mondial.»

Sa reconstruction, achevée deux ans plus tard, intégra quelques améliorations techniques, telles qu’un système de suspension et des poutres transversales. Le pont reprit son activité en 1941.

Il se dresse aujourd’hui au beau milieu d’un décor naturel. Le bleu de l’eau, la colline de la rive occidentale et les bosquets des berges semblent protégés par un colosse bienveillant.

Nous avons grandi : les contrastes entre les deux rives et l’atmosphère décadente dont nous parlait mon grand-père se sont peu à peu estompés. La construction du musée Guggenheim en 1997 a modernisé Bilbao, mais la joie enfantine de passer d’un côté à l’autre de l’embouchure dans ce téléphérique urbain demeure intacte. Nul doute que mon grand père aurait été fier de voir ce pont inscrit sur la Liste du patrimoine mondial.

Laura Berdejo à Bilbao


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