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Environnement et développement
dans les régions côtières et les petites îles
  
SECTION IV

DÉTERMINER LE RÔLE DE LÉCONOMIE ENVIRONNEMENTALE/ÉCOLOGIQUE

CSI info 10

PRINCIPES THÉORIQUES

PASSAGE EN REVUE DES THÉORIES EN ÉCONOMIE DE LENVIRONNEMENT
C. Sanchez-Milani, UNESCO

Des théories variées d’économie environnementales ont été passées en revue, en particulier en termes de l’aide qu’elles apportent à la prise de décision publique, et en termes de leurs limites et de leurs contraintes.

INFORMATION SPÉCIFIQUE CONCERNANT LA PROPRIÉTÉ ENVIRONNEMENTALE

PROPRIÉTÉ COMMUNE

L’économie de l’environnement devrait repérer les éléments extérieurs (positifs et négatifs), évaluer leur valeur et leurs effets sur la société en question, de sorte que ceux qui sont responsables assument le coût de ces effets.

DEUX PRINCIPALES ÉCOLES DE PENSÉE

  1. L’économie des ressources environnementales : fondée aux États-Unis (1975), basée sur les expériences américaines, correspond au concept de l’économie néoclassique ; les ressources ont de nombreuses caractéristiques, par exemple, elles sont renouvelables ou épuisables.

  2. L’économie écologique : donne une valeur à l’environnement comme instrument pour sa protection ; l’idée est de construire un programme d’action, par exemple le programme VALSE (valuation for sustainable development) de l’Union européenne, la création de l’ISEE (internatinoal society for environmental ethics) en 1998, et en 1996, du journal Ecological Economics.

CONCLUSION

Ces instruments sont importants car ils offrent :

  1. Un moyen de parvenir à une décision assurant le bien-être ;

  2. Des outils pour garantir un équilibre entre les objectifs de l’individu et ceux de la communauté ;

  3. Une solution concernant les manières d’intégrer des actions irréversibles.

UTILITÉ DE LANALYSE ÉCONOMIQUE POUR LA GESTION DES RÉGIONS CÔTIÈRES LE PROJET VALSE DE L’UNION EUROPÉENNE
M. O’Connor, Société européenne pour l’économie écologique, Versailles, France

INTRODUCTION

Cette présentation aborde le rôle possible de l’analyse économique en rapport avec les problèmes discutés par les experts présents à la réunion. Des exemples de pratiques sont tirés du projet VALSE (valuation for sustainable development) financé par l’UE, qui à été coordonné par l’auteur.

Les gens pensent que l’économie environnementale s’occupe de marché et d’argent et que tous les deux sont dangereux parce qu’ils sont associés à de forts courants idéologiques. Les propositions de marché libre sont difficiles à justifier avec des analyses économiques néo-classiques conventionnelles.

COÛTS ET BÉNÉFICES

Tout le monde s’intéresse d’une manière ou d’une autre à identifier les sources possibles de bénéfices, par exemple, dans le contexte d’un programme de recherche, d’un programme de gestion, ainsi qu’à connaître les façons dont les ressources sont utilisées. Les manuels définissent l’économie comme l’analyse des moyens disponibles pour décider des meilleures utilisations des ressources pour des objectifs possibles. La question se pose alors de savoir qui décide de la meilleure utilisation possible des ressources.

Toute question d’utilisation des ressources implique la résolution de conflits. La réponse au cours des cent dernières années a été que les sciences économiques cherchent à identifier des règles d’utilisation optimale des ressources, mais que la question de leur distribution appartient à la politique. C’est une chose que tout économiste, honorable, compétent intellectuellement, ne devrait jamais dire parce qu’aucune question en matière de choix d’utilisation des ressources ne peut être résolue en termes d’utilisation optimale : pratiquement toutes impliquent la résolution de conflits.

Le rôle de l’économie doit ainsi être de quantifier les coûts et bénéfices associés à certains types de choix et fournir un aperçu de qui en bénéficie, qui perd, qui en paye le prix, quels sortes de coûts, comment aider à la répartition de ces coûts et de ces bénéfices en fonction de programmes politiques, culturels, institutionnels et sociaux adaptés. C’est le rôle fondamental de l’économie politique normale.

Nous ne vivons pas dans un monde utopiste où règne la solidarité d’intérêt entre les différentes classes économiques et groupes sociaux ou forces institutionnelles. La plupart d’entre nous travaille dans une ambiance de stress élevé et de conflit, avec un faible niveau de confiance. Cependant il demeure important de relier le travail analytique de l’économie qui tente de quantifier les coûts et les bénéfices aux processus institutionnels et sociaux de négociation. L’exemple de l’approche participative illustrera ce point, car c’est une approche actuellement à la mode en Europe, comme elle l’était dans les années soixante dix dans un contexte de développement.

APPROCHE PARTICIPATIVE

L’approche participative apporte deux avantages techniques :

  1. elle vous aide à obtenir une meilleure information pour vos analyses scientifiques par le biais de la participation du public, autrement dit le public est au service des experts ;

  2. elle fait appel à des compétences techniques, à la modélisation, à la connaissance et à la communication de résultats pour mieux informer le public sur le caractère rationnel de leur comportement pour aider à résoudre les problèmes en fonction de ce que les experts et les modèles décident. C’est en fait tout le contraire de (1), mais on aboutit au même résultat. Les deux approches sont, par contre, des participations à sens unique, c’est-à-dire reposant sur la co-option.

Une autre philosophie prétend que la participation permet d’expliquer et de diffuser les connaissances des experts. De par leur formation, les économistes ont beaucoup de difficulté avec ce nouveau concept. De leur point de vue, ou bien le public adopte la rationalité économique, ou bien il est idiot et les économistes doivent se battre pour que le bon sens triomphe. L’économie écologiste essaye de défaire cette simplification excessive, et le projet VALSE donne des exemples d’approche basée sur l’analyse de la valeur estimée, pour des environnements durables.

L’exemple de la valeur estimée des ressources en eau aux Canaries illustrera cette approche dans un contexte côtier. Le problème en jeu ici est la dégradation quantitative et qualitative des aquifères (les ressources souterraines en eau alimentées par la pluie), c’est-à-dire la surexploitation d’une ressource renouvelable.

Voici l’histoire : au bon vieux temps, quand les gens vivaient en harmonie avec la nature (ça n’a jamais été le cas, en tout cas pas aux îles Canaries), ils exploitaient l’eau de manière plus ou moins durable. Ensuite, arrivèrent des gens à l’attitude plus prédatrice, qui décidèrent qu’ils pouvaient faire du profit et exploitèrent l’eau de plus en plus intensément jusqu’à ce que l’exploitation devienne non durable. C’est en partie vrai, un peu trop romancé, mais aujourd’hui aux Canaries, il y a une véritable bataille entre des gens qui expriment des points de vue moraux assez différents, et qui sont liés à des intérêts économiques contradictoires et conflictuels. Certaines personnes ont peu accès à l’eau, ou doivent payer plus que d’autres pour l’eau qu’ils obtiennent. L’eau est utilisée de manière inefficace parce que les gens payent des prix différents et que le prix payé n’est pas forcément lié à la valeur de l’utilisation qui en est faite.

Une première solution, comme dirait un économiste orthodoxe, est d’encourager un marché de l’eau transparent où tout le monde paierait le même prix et où un processus compétitif assurerait la meilleure utilisation de l’eau. Le problème est que ce que l’on entend par meilleur utilisation de l’eau est presque certainement associé à ce que l’école d’économie environnementale et des ressources appelle l’épuisement optimal des ressources , c’est-à-dire que les ressources en eau sont utilisées dans leur totalité. Ce n’est pas forcément une mauvaise chose pour tous du point de vue de l’intérêt économique : en bénéficient les experts en solution high-tech d’approvisionnement en eau (par exemple, les multinationales françaises) spécialisées dans la désalinisation, la purification et les services d’approvisionnement offshore. Cela peut être en partie bon pour certains intérêts économiques aux Canaries, par exemple en faisant juste payer un peu plus aux touristes le mètre cube d’eau. C’est par contre très mauvais pour l’agriculture et les gens qui vivent dans l’économie locale parce que l’eau est très chère. L’utilisation optimale des ressources en eau ne peut être résolue en faisant appel à de simples principes d’économie de marché. Laisser la gestion des ressources en eau aux forces du marché, c’est garantir l’émergence de problèmes sociaux ainsi que la non durabilité de certaines sections de l’économie locale, et bien évidemment de l’écosystème.

Une deuxième solution est celle de l’utilisation durable. Les gens s’entendent car ils peuvent voir les bénéfices à court terme. Mais si un régime contraignant sur l’utilisation de l’eau doit être annoncé, et si les gens doivent respecter collectivement une limite dans le processus maximal d’exploitation (pour recharger l’aquifère), l’accord est menacé. Ceci parce que la question de la durabilité pour quoi et pour qui se pose. C’est une question à laquelle les participants ici présents font face quotidiennement : durabilité, de quelle tradition culturelle, de quel patrimoine archéologique, de quelles propriétés de l’écosystème et pour quelle classe ou quel groupe social ? Ceci ne peut pas se résoudre en terme de quantification monétaire des coûts et des bénéfices, ni en posant l’éloquente question de savoir quel est le bénéfice le plus élevé ou quelle est l’utilisation la plus avantageuse des ressources en termes monétaires.

Il ne reste alors que deux choix possibles :

Un échec dans le processus de réconciliation conduit à un conflit permanent : une situation de domination militaire, une guerre, des émeutes ou un stress permanent. Un processus participatif, délibératif ou de négociation peut générer une nouvelle évaluation, un nouveau sens, une nouvelle aptitude chez les différentes parties prenantes à accepter un nouveau compromis qu’elles n’auraient autrement pas accepté.

Le projet VALSE a démontré quelques résultats positifs de l’approche participative. En voici deux exemples.

Dans le cas de l’étude de Wetfin au Royaume-Uni, basée sur l’évaluation contingente, le projet devait démontrer que l’on peut utiliser une technique d’enquête employée en économie pour obtenir des chiffres qui aident à comprendre les motivations des gens. Ce dernier point peut être plus important pour obtenir un soutien décisif. En parallèle à cette étude, un processus basé sur un jury de citoyens a été mis en oeuvre impliquant 12 à 16 personnes sélectionnées dans la région et aux-quelles différentes options ont été présentées par différents experts. Contre toute attente, le jury proposé une autre option.

Dans le cas de la gestion de l’eau en Sicile, la difficulté principale était que les gens ne savaient pas quel était leur problème. Le projet était basé sur un cadre multi-critères mis au point par un processus interactif et itératif, à l’aide d’analyses institutionnelles, enquêtes, entretiens et discussions. L’expérience a révélé des solutions que des résultats d’analyse n’auraient pas obtenus. Étonnamment, la municipalité a réagi avec pour première priorité de rendre publiques les options alternatives d’utilisation de l’eau, de sorte que les parties prenantes puissent décider. Le processus a été internalisé et l’analyse multi-critères mise au service d’un processus social de dialogue permanent. Le soutien des experts est toujours nécessaire afin d’assurer une cohérence interne, une respectabilité scientifique, pour défendre la fiabilité des chiffres et de l’information, mais ce n’est pas assez.

CONCLUSION

Dans le projet VALSE, nous avons essayé de communiquer cette philosophie de pratique, d’attirer l’attention sur la haute qualité scientifique des analyses, d’utiliser la quantification quand cela est possible et utile, de quantifier parfois en termes monétaires. Même ainsi, on s’aperçoit que tous les coûts et bénéfices ne peuvent être “monétisés”, mais certains peuvent être “socialisés”.

La question est de rechercher un compromis et de comprendre pourquoi des gens abandonnent un avantage majeur pour le bien de tous, parce qu’ils pensent que c’est nécessaire ou désirable pour coexister avec les gens, même s’ils ne sont pas d’accord avec eux. C’est une perspective politique et sociale. Elle ne se trouve pas dans les traités d’économie. Les économistes de marché orthodoxes voulaient prétendre que cette coexistence pouvait être résolue par magie si tout le monde se comportait en acheteurs sur le marché : acheter ce dont vous avez besoin avec le revenu dont vous disposez. C’est une formule trop simple, le processus de compromis doit être retravaillé au sens politique du terme, et le rôle de l’analyse économique réinventé en ces termes. Les choix ne sont pas objectifs, ils impliquent un jugement de valeur.

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EXEMPLES PRATIQUES

ÉVALUATION ENVIRONNEMENTALE DES RESSOURCES NATURELLES
P. Espeut, Fondation caraïbe pour la gestion des zones côtières, Kingston, Jamaïque

La zone de Portland Bight en Jamaïque n’est pas gérée actuellement, la baie est surpêchée, et la forêt est surexploitée pour le charbon de bois. Nous soutenons que si la zone était gérée, elle aurait une plus grande valeur qu’en ne l’étant pas.

Mais nous avions besoin d’une analyse économique pour évaluer son état actuel, et sa valeur potentielle en cas de gestion, afin de défendre auprès du gouvernement et d’autres personnes, l’idée qu’une bonne gestion des ressources environnementales et naturelles vaut mieux que pas de gestion.

Un économiste de l’environnement attaché à la Banque mondiale, qui avait déjà réalisé une évaluation environnementale de récifs coralliens en Indonésie, a été invité en Jamaïque pour faire une évaluation des récifs côtiers, des mangroves et des forêts. L’agence canadienne de developpement international (ACDI) a financé sa visite et celle d’un autre expert de l’université de Stockholm. Ils sont restés quelques semaines en Jamaïque, mais les résultats ne sont pas encore disponibles. Dans cette présentation, les résultats de l’étude indonésienne seront utilisés pour illustrer cette approche. Ils n’ont pas utilisé la méthode de l’évaluation contingente, c’est-à-dire chercher à savoir combien les pêcheurs sont prêts à payer pour que les pêcheries soient gérées correctement. Ceci parce les gens sont capables d’avancer des chiffres mais lorsqu’il s’agit de payer, c’est une toute autre histoire.

La méthode utilisée propose un scénario “avec/sans” : sans la gestion, voilà ce que pourra être la valeur des ressources ; avec la gestion, voilà ce que pourra être la valeur des ressources. Puisqu’on ne connaît pas la valeur absolue, on peut parler de la valeur ajoutée qui pourrait être créée avec la gestion, ou de la valeur à laquelle on renonce s’il n’y a pas de gestion.

Les données de l’article sur l’Indonésie comparent les scénarios concernant l’impact de la pêche par empoisonnement. En gros, la pêche au poison représente actuellement pour les individus une valeur de 33 000 $US/km2. Les individus gagnent effectivement de l’argent par cette pratique destructrice mais il y a une perte nette de 40 000 $US pour la société qui résulte des dommages au reste de l’environnement. Si l’on inclut la valeur du tourisme dans la zone, la perte nette est évaluée à 436 000 $US/km2. S’il n’y a pas de tourisme dans la zone, la perte nette est bien moindre. Les techniques d’évaluation ne peuvent pas encore affecter une valeur à la perte de biodiversité. En tout cas, la perte associée aux pratiques destructrices dépasse les gains qu’elle procure.

Un tel argument démontre au gouvernement qu’il est logique de se débarrasser de la pêche au poison. Bien que cette pratique apporte des bénéfices tangibles aux plus défavorisés d’Indonésie, elle entraîne des dommages substantiels à l’environnement. Ceci est également valable pour les pratiques de collecte de corail et de déforestation et leur effet sur l’envasement des côtes.

D’autres données sur la pêche au cyanure proposent de la remplacer par une pratique de pêche plus durable telle que l’utilisation de lignes et d’hameçons. La pêche au cyanure rapporte 475 millions $US par an en Indonésie. La pêche à la ligne et aux hameçons rapporte plus, avec 688 millions $US par an. C’est un argument suffisamment fort pour abandonner la pêche au cyanure. Les coûts du travail sont par contre plus élevés dans le cas de l’approche durable (360 contre 241 millions $US). Les coûts directs seraient donc en faveur des pratiques destructrices mais les coûts indirects seraient en faveur de la pratique durable. La pêche au cyanure menace les revenus du tourisme (280 millions $US) ; cela équivaut à une perte nette de 40 millions $US dans la comptabilité nationale. Par contre, la pêche durable entraîne un gain net de 341 millions $US.

Ce type d’analyse économique devrait convaincre les ministres des finances et les industriels des bénéfices tirés de pratiques de pêche durables. Nous attendons donc les résultats de notre propre étude en Jamaïque et nous les mettrons à votre disposition. 

ESTIMATION DES RESSOURCES DE MANGROVES : ÉTUDE DE CAS DANS LA BAIE DE PAGBILAO ET LA BAIE D’ULUGAN, PHILIPPINES
M. Fortes, Université des Philippines, Quezon City, Philippines 

INTRODUCTION

La dépendance de l’homme vis-à-vis des fonctions et des éléments naturels se reflète avec la plus grande netteté dans les processus de planification et de prise de décisions. Il est nécessaire d’harmoniser le développement économique avec la capacité de la nature à satisfaire les besoins d’une population humaine en rapide augmentation. Sur une période de 20 ans, entre 1970 et 1989, la surface de forêts de mangroves des Philippines a diminué en moyenne de 5276 ha par an. Cet article présente une méthode, et un exemple de manières d’attribuer des valeurs socio-économiques et monétaires aux fonctions et aux éléments d’un écosystème à mangroves. Ce projet d’évaluation des mangroves compare une zone intacte (baie d’Ulugan) et des zones endommagées, ailleurs aux Philippines.

CONTEXTE DU PROJET

Les ressources en mangroves sont l’objet d’utilisations fortement concurrentes, telles que le défrichement/la coupe pour créer des viviers, la recherche de matériau de construction, le développement de marinas, la conservation et la biodiversité.

La motivation d’entreprendre une évaluation des ressources en mangroves doit sont origine à trois questions de politique :

  1. le besoin de déterminer l’utilisation optimale des zones de mangroves,

  2. l’établissement de plans concernant l’accès et la fixation des prix pour les différents usages courants, qui déboucheraient finalement sur les meilleures solutions d’utilisation,

  3. les décisions à venir en matière d’investissement dans les forêts de mangroves endommagées et les viviers abandonnés, en particulier sous la forme de reforestation.

Les valeurs marchandes et non marchandes, sur site et hors site, des produits et services issus des mangroves ont été étudiées dans le cadre du projet d’évaluation des ressources en mangroves des Philippines (PERMP). Le présent article s’intéresse seulement aux activités entreprises dans deux baies sur quatre aux Philippines : la baie de Pagbilao (Province de Quezon) et la baie d’Ulugan (Palawan).

Le PERMP a été mis en place dans le but :

  1. d’étudier le bien-fondé de l’augmentation des frais de bail des viviers de 50 PHP à 1000 PHP (de 1,25 $US à 25 $US) par hectare et par an ;

  2. de développer une méthodologie pour évaluer différentes options de gestion des ressources en mangroves du pays.

OBJECTIFS SPÉCIFIQUES

MÉTHODOLOGIE ET RÉSULTATS DÉTUDES

Les valeurs marchandes et non marchandes, sur site et hors site, des produits et des services issus des mangroves (y compris les pêcheries) ont été étudiées. Les études sur les forêts de mangroves ont porté dans la baie de Pagbilao sur les pousses résiduelles et secondaires, et dans la baie d’Ulugan sur les pousses résiduelles et primaires ou les pousses anciennes. Les produits et services sur site ont été mesurés selon des valeurs de marché classiques, c’est-à-dire croissance et rendement, à l’aide d’une régression linéaire. Les résultats sont donnés relativement à deux régimes de gestion forestière : coupe rase et sur semis. Les analyses coûts-bénéfices pour déterminer les meilleurs cycles économiques de coupe (coupe rase et sur semis) ont été réalisées sur la base de la valeur nette actuelle.

Les valeurs non marchandes sont les services tels que les zones de pontes et de frayères, et la valeur de la litière forestière comme fertilisant. Des spécimens de Mugil cephalus (mulet) ont été attrapés et leur contenu intestinal examiné pour déterminer l’utilisation de la litière de mangrove comme nourriture.

LA VALEUR MORALE DES ZONES NATURELLES

La diversité de la nature joue un rôle décisif dans l’avancement des intérêts et du bien-être de l’homme. De prime abord, nous avons donc une raison de ne pas détruire sans motif les zones naturelles. Mais l’utilité reste ici le principal argument contraire, et cela devient l’argument des technocrates.

Les zones naturelles et la biodiversité ont leurs propres valeurs intrinsèques : il n’est pas besoin de faire référence à quelques autres fonctions ou valeurs pour justifier cela, et ce doit être un souci moral urgent. Il existe de nombreuses raisons de vouloir préserver la nature, et pratiquement aucune pour défendre sa destruction à grande échelle.

CONCLUSION

Les résultats indiquent que la valeur du bois de mangrove est plus élevée lorsque les arbres sont matures. Dans l’ensemble, les activités des viviers pourraient permettre de payer l’augmentation proposée de 50 PHP (1,25 $US) à 1000 PHP (25 $US) par hectare des frais annuels de bail. La location plus élevée des terres est justifiée en raison des trois faits suivants :

Il existe également des valeurs non marchandes due à la prédominance d’une utilisation officieuse par les familles, de bois de mangrove, de bois de chauffage, d’extraits, et de produits des pêcheries dans la zone. Dans les frayères et là où les mangroves servent de vivier, la valeur non marchande peut être bien plus élevée.

Cet effort d’évaluation des ressources en mangroves est loin d’être terminé. La sous-évaluation des biens et services procurés par les mangroves tient dans la difficulté à mesurer les effets tampons des mangroves, leur rôle dans l’accrétion des sols et le contrôle de l’érosion, la valeur de leurs produits naturels, leur contribution à la productivité littorale et au large, leur rôle de sanctuaires pour la faune et la flore, leur rôle en matière de loisirs de plein air, d’éco-tourisme et leur valeur esthétique.

Il y a une autre valeur, peut être plus importante : la dimension morale de l’utilisation des ressources. Cette valeur devrait être prise en compte dans les évaluations futures des zones naturelles et de leurs ressources.

RÉSUMÉ DES DÉBATS

Certains participants ont apprécié ces présentations car ils ont pu en percevoir des utilisations immédiates dans leurs propres contextes. Il a été souligné qu’avant de pouvoir faire usage des outils économiques, il faut en connaître et en comprendre la théorie et qu’il serait à cet égard judicieux d’enseigner l’économie de l’environnement au niveau des premiers cycles universitaires.

On s’est accordé aussi sur la nécessité de disposer d’indicateurs quantitatifs illustratifs, en particulier des indicateurs économiques et écologiques multi-critères. Cependant, certains émettaient des réserves concernant les moyens d’adapter la “belle science” au niveau de la compréhension des villages/des communautés. En effet, la quantification doit être utilisée quand elle est appropriée, mais on doit aussi élaborer un langage simple pour en justifier l’utilisation.

En ce qui concerne la technique d’évaluation contingente, la valeur donnée à l’environnement dépend des interlocuteurs : les millionnaires ont tendance à y donner une valeur plus élevée que les plus défavorisés, autrement dit la valeur est fonction du niveau des revenus. On ne doit pas affecter une valeur à la ressource elle-même mais évaluer ce qu’elle vaudrait si elle était correctement gérée. Faisant référence à la “tragédie des communs”, l’approche de l’évaluation a été critiquée comme étant un “droit de tuer” potentiel.

La clé réside dans les types de pratiques mises en oeuvre. Le rôle de l’économie environnementale est d’aider à la compréhension en fournissant de l’information. Il faut améliorer les réseaux d’experts, car organiser l’information est essentiel pour une bonne économie et une bonne pratique.

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