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Communication et information – Service des actualités

Vers les sociétés du savoir. Une interview de Abdul Waheed Khan

18-07-2003 ()
Dans une interview publiée dans la dernière édition de "Planète Science", un trimestriel publié par l'UNESCO, Abdul Waheed Khan, the le Sous-Directeur général de l'Organisation for Communication and Information explique comment les technologies de l'information et le savoir peuvent contribuer au développement dans un monde où 80% des individus n'ont pas accès aux outils élémentaires de communication.
L’information et le savoir peuvent-ils contribuer au développement ?

Nous sommes très conscients du rôle déterminant que joue l’apprentissage dans le développement durable, notamment par sa capacité de réduire la pauvreté, de générer des revenus, de préparer et consolider la démocratie, de prévenir la maladie et préserver la santé, et enfin de protéger l’environnement. L’accès à l’information et l’acquisition du savoir et des techniques par le biais de l’éducation et de l’apprentissage n’ont jamais été plus nécessaires qu’ils ne le sont aujourd’hui. Je suis personnellement de plus en plus convaincu que les progrès à réaliser, à tous les niveaux, se mesureront selon notre capacité de réagir à des changements rapides. C’est pourquoi l’information et le savoir sont aujourd’hui au coeur du développement, qui doit permettre d’atteindre les Objectifs de développement du millénaire. Nous constatons, en fait, que les révolutions qui ont été introduites par les nouvelles technologies – elles-mêmes résultats de plus en plus souvent des avancées des sciences fondamentales – constituent une condition nécessaire mais non suffisante de l’avènement des sociétés du savoir.

Mais ces outils sont-ils vraiment accessibles à tous ?
Nous savons que 80% de la population mondiale n’a pas accès aux services élémentaires de télécommunication, infrastructure essentielle de la société de l’information et des sociétés émergentes du savoir, et que moins de 10% de la population mondiale a accès à l’Internet. L’accès aux autoroutes de l’information et à son contenu, comme, par exemple, aux données et à l’information sur le développement, reste problématique dans maint pays. Le plus grand défi que doivent relever tous ceux qui oeuvrent pour le développement c’est « la fracture numérique ». Il est indéniable que les sociétés ne sont équitables que si toutes les personnes, y compris les groupes défavorisés et marginaux comme les handicapés, les populations autochtones et les miséreux, mais aussi les femmes et les jeunes, tirent parti des TIC23 en toute égalité. Il faudrait que ces groupes soient en mesure d’utiliser les TIC pour s’insérer dans des réseaux, échanger des informations, créer des centres de connaissances et acquérir des savoir-faire qui les aident à vivre et à travailler dans la champ du numérique. Dans nos travaux quotidiens nous encourageons et favorisons l’utilisation des TIC comme moyen d’accroître l’autonomie des communautés locales et de les aider à combattre la marginalisation, la pauvreté et l’exclusion, notamment dans les pays les moins développés, qui se situent majoritairement en Afrique.

Vous introduisez ici le terme de « sociétés du savoir ». En quoi cette notion nouvelle diffère-telle de celle de «société de l’information» ?

En fait, les deux notions sont complémentaires. La société de l’information est la pierre angulaire des sociétés du savoir. Alors que, pour moi, la notion de « société de l’information » est liée à l’idée d’innovation technologique, la notion de « sociétés du savoir » comporte une dimension de transformation sociale, culturelle, économique, politique et institutionnelle, ainsi qu’une perspective de développement plus diversifiée. À mon sens, la notion de « société du savoir » est préférable à celle de « société de l’information » car elle fait une place plus large à la complexité et au dynamisme des changements qui sont à l’œuvre. Comme je l’ai déjà dit, le savoir en question est utile non seulement pour la croissance économique, mais aussi parce qu’il contribue à l’autonomie et au développement de la société dans son ensemble. Le rôle des TIC s’étend donc au développement humain d’une façon plus large et par conséquent, à des domaines tels que la coopération intellectuelle, l’éducation permanente et les valeurs et droits fondamentaux de l’homme.

Quel rôle l’éducation joue-t-elle dans ce processus ?

À mon sens, l’éducation, aussi bien dans son acception traditionnelle que nouvelle, ouvre la voie à l’avènement de sociétés équitables du savoir. J’aimerais toutefois distinguer deux genres de relations entre les TIC et l’éducation. La première réside dans l’enseignement et la diffusion des technologies mêmes de l’information, en vue de familiariser les sociétés à celles-ci. Mettre tous les citoyens en mesure d’utiliser les TIC en toute confiance, tant dans leur vie privée que dans leur milieu professionnel, certains pays en ont fait une politique délibérée. La seconde relation concerne l’utilisation des TIC à l’intérieur des systèmes d’éducation et de formation afin d’atteindre des objectifs d’apprentissage qui n’appartiennent pas nécessairement au domaine des TIC. Après quelques années de résultats mitigés obtenus avec les stratégies axées sur cette technologie, La cérémonie qui a eu lieu en mars fait suite à des négociations destinées à passer le témoin et à appliquer les nouvelles modalités de fonctionnement. Le Directeur général de l’UNESCO, Koïchiro Matsuura, des représentants du gouvernement néerlandais, de l’Institut IHE de Delft et de la branche administrative de l’Institut, la Fondation, ont paraphé les accords. « C’est la première fois que l’Organisation assure la relève d’une institution déjà existante et hautement digne de confiance dans le cadre de sa politique d’extension de sa sphère d’influence par le biais d’un réseau d’instituts et de centres auxquels elle prête son nom », a déclaré Koïchiro Matsuura lors de la cérémonie. « La mise en place de ce nouvel Institut en 2003, Année internationale de l’eau douce, souligne amplement l’importance que revêt le problème de l’eau et la détermination de l’UNESCO, avec le soutien sans faille des Pays-Bas et de la communauté scientifique, d’aider tous les pays du monde à renforcer leurs capacités scientifiques afin de résoudre ce problème. » En 2000, lors du 2e Forum mondial de l’eau qui s’est tenu à La Haye (Pays-Bas), l’UNESCO a accepté la proposition des Pays- Bas de placer l’Institut de Delft sous l’égide de l’Organisation pour stimuler davantage les travaux de l’Institut et lui conférer un statut international tout en étayant les programmes de mise en valeur des ressources en eau de l’UNESCO. A l’époque, le problème de l’eau prenait une importance primordiale au plan international face à la perspective d’une crise mondiale de l’eau. Le Conseil exécutif a entériné les statuts du nouvel Institut en 2002. Une réunion sur le thème « En quête de nouvelles dimensions pour l’éducation liée à l’eau et la formation» doit se dérouler à l’Institut UNESCO–IHE les 17 et 18 juillet. Huit mois après qu’une résolution des Nations Unies ait institué l’UNESCO ‘Organisation chef de file’ pour la préparation de la décennie (2005–2014), celle-ci invite ses partenaires à se réunir avec des représentants du nouvel institut pour réfléchir ensemble aux difficultés que rencontre l’enseignement de troisième cycle relatif à l’eau. Les débats couvriront les questions mises à jour par le 3e Forum mondial de l’eau en mars dernier : l’optique des donateurs sur le renforcement des capacités et le développement durable et les impératifs éthiques inhérents au partage des connaissances. Le nouveau projet GOUTTE (‘Global Observatory of Units for Teaching, Training and Ethics’ : Organisation mondiale des universités pour l'éducation, la formation et l'éthique relatives à l'eau) sera inauguré en cette occasion. Visant à équiper en TIC les systèmes d’éducation, il est grand temps d’entamer la réflexion sur les méthodes axées sur l’éducation elle-même, où c’est l’objectif recherché par l’enseignement ou la formation qui détermine l’emploi des TIC et non pas le contraire. Je suis convaincu que cette mise en cause démontrera, entre autres choses, que les bonnes vieilles méthodes de transmission des connaissances ne sont pas à même de répondre à l’accroissement de la demande de savoir. Les premiers signes de cette insuffisance ont déjà donné lieu à plusieurs innovations : enseignement ouvert, téléenseignement, enseignement à la carte, enseignement souple, enseignement par modules et apprentissage électronique. De nombreux pays en développement s’efforcent d’intégrer l’enseignement ouvert et le téléenseignement, dans la mesure où le pouvoir politique désire élargir l’offre des moyens d’étude, tout en réduisant les dépenses dans ce secteur, qui croissent en proportion des taux de participation. Nous assistons, par ailleurs, à une montée des aspirations des populations à la démocratie et aux garanties d’équité et d’égalité des chances. Parallèlement se fait jour le besoin pressant d’améliorer la pertinence et la qualité des programmes éducatifs et de passer à la formation permanente. C’est pourquoi l’éducation – j’entends par là les méthodes traditionnelles d’enseignement aussi bien que les méthodes modernes – est la condition sine qua non des sociétés du savoir.

Les sciences revêtent-elles, elles aussi, une importance critique dans ce processus ?

Oui, absolument. L’impact des TIC sur la production, l’utilisation et la diffusion du savoir scientifique est considérable. J’estime qu’elles détiennent de nombreuses possibilités de combler la fracture scientifique en améliorant, par exemple, l’intégration des scientifiques nationaux et internationaux dans des réseaux et en fournissant aux décideurs des informations et des connaissances scientifiques qui les aident à mieux gouverner. Il est évident, également, que les TIC sont d’excellents instruments pour faciliter aux scientifiques des pays en développement l’accès aux revues spécialisées, aux bibliothèques, aux bases de données et aux services scientifiques de pointe. Elles présentent aussi l’avantage de pouvoir améliorer la collecte et l’analyse de données scientifiques complexes. Et cependant, malgré leur potentiel, je crains de voir se creuser la fracture du savoir scientifique, ce qui affecte directement les chances de développement durable et les Objectifs de développement du millénaire, auxquels la science, la technologie et l’innovation peuvent apporter une si grande contribution. Cela s’applique non seulement pour la recherche en sciences fondamentales et appliquées, mais aussi pour l’enseignement, la santé, l’agriculture, la technologie, le développement économique et le gouvernement. Pour atteindre ces objectifs les universités et les centres de recherche du monde entier ont besoin de disposer d’une infrastructure de réseaux, de matériel de traitement de l’information et de formation dont les coûts soient abordables. C’est un rôle essentiel que la science et les scientifiques ont à jouer pour l’avènement de sociétés du savoir ; c’est à nous de promouvoir un accès équitable au savoir scientifique.
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