Centres d'apprentissage communautaires
Profil de pays: Kazakhstan
Population | 16 800 000 |
---|---|
Langue officielle | |
Dépenses publiques totales d’éducation en % du PNB | 3,06 (2009) |
Taux net d’admission dans l’enseignement primaire (TNA total) | 55 % (2008) |
Taux d’alphabétisme des jeunes (15 – 24 ans) | Total : 99.83 % |
Taux d'alphabétisation des adultes (15 ans et plus) | Total: 99.73 % |
Sources statistiques |
Présentation générale du programme
Titre du programme | Centres d'apprentissage communautaires |
---|---|
Organisation chargée de la mise en œuvre | Association Éducation pour tous – Kazakhstan/Observatoire national du Kazakhstan |
Langues d’enseignement | Langues locales |
Partenaires | UNESCO, autorités locales |
Date de création | 2003 |
Historique et contexte
Le Kazakhstan affiche des taux d’alphabétisme des adultes et des jeunes de 99,7 % et 99,8 % respectivement, soit des chiffres largement supérieurs à ceux des autres pays d’Asie centrale. De même, son pourcentage de personnes vivant avec moins de 1,25 USD/jour n’est que de 0,1 %, contre une moyenne de 0,5 % pour les pays en développement d’Europe et d’Asie centrale. En outre, le pays affiche un taux de chômage relativement faible, à 6,6 % de la main d’œuvre totale.
Globalement, le secteur de l’éducation formelle du Kazakhstan est beaucoup plus performant que ceux de ses voisins. Le document Stratégie 2030 présente de nombreuses nouvelles lois destinées à renforcer l’éducation formelle. C’est le cas notamment de la Loi sur les droits de l’enfant et de la Loi sur l’éducation. Ces initiatives entrent dans le cadre des aspirations du pays à bâtir une société démocratique, politiquement et économiquement stable, dans laquelle l’éducation joue un rôle central.
Toutefois, en dépit de ses acquis en matière d’éducation, il reste au Kazakhstan beaucoup à faire pour moderniser le secteur et l’adapter aux besoins futurs du marché de l’emploi, notamment par le renforcement des aptitudes en informatique. Par exemple, comparé aux autres États nouvellement indépendants, le Kazakhstan a le plus faible ratio étudiant-ordinateur, avec 57:1. Conséquence : une forte demande en éducation des adultes pour enseigner ce type de compétences. Malheureusement, le gouvernement néglige le financement de ce secteur. Ne faisant pas partie des premières préoccupations de l’État, l’éducation des adultes est en grande partie laissée aux organisations internationales et aux ONG. Pour permettre aux apprenants adultes d’accéder aux programmes éducatifs, des centres d’apprentissage communautaires (CLC) ont été créés.
Centres d’apprentissage communautaires (CLC)
Les centres d’apprentissage communautaires (CLC) sont des lieux d’apprentissage en marge du système éducatif formel. Ils existent en zone rurale comme en zone urbaine et sont créés et gérés par la communauté elle-même, avec les conseils de l’Association Éducation pour tous/Kazakhstan et le financement de l’UNESCO. Les CLC n’exigent pas de grandes réalisations en termes d’infrastructures, puisqu’ils sont normalement abrités par les édifices communautaires existants, tels que les écoles et bibliothèques locales.
Aujourd’hui, le Kazakhstan compte sept CLC financés par l’UNESCO, tous situés dans les régions d’Almaty et de Zhambil. Ces CLC ciblent un large éventail d’apprenants et mettent au point des formations en fonction des besoins des différentes localités. Les programmes éducatifs incluent généralement les langues étrangères, les TIC, la santé, la couture, la menuiserie, la formation préprofessionnelle et les programmes d’enrichissement culturel destinés à l’ensemble de la communauté.
Ces matières ne sont pas enseignées dans l’ensemble des CLC. Du fait du manque de ressources, chaque centre ne propose qu’un nombre limité d’activités. Cependant, leurs activités sont choisies en étroite concertation avec la communauté afin de répondre aux besoins de celle-ci. Dans certains cas, le CLC sert essentiellement d’espace de réunions et de centre culturel. C’est souvent le cas dans les zones ayant d’importantes minorités ethniques.
Buts et objectifs
Les centres d’apprentissage communautaires se donnent les objectifs suivants :
- autonomiser la population locale ;
- améliorer la qualité de vie des citoyens ;
- stimuler le développement communautaire ;
- identifier et prendre en charge les différents besoins de la communauté ;
- mobiliser les ressources et le capital humain communautaires.
Mise en œuvre du programme : approches et méthodes
Dispositif organisationnel
Chacun des sept CLC des régions d’Almaty et de Zhambil est une organisation autonome, avec ses propres procédures opérationnelles. Néanmoins, leurs organigrammes sont très similaires. Les CLC dépendent de la population locale pour une bonne partie de leur organisation interne.
La communauté est en effet chargée de créer son propre CLC, dont les programmes s’articulent ensuite directement sur la demande locale, identifiée par le biais d’entretiens et de questionnaires. La communauté, dans son ensemble, est fortement encouragée à participer au processus décisionnel. Outre la population locale, les CLC bénéficient de l’appui des autorités locales et de l’Association Éducation pour tous/Kazakhstan, qui conseille les communautés, les animateurs et les formateurs. Cet appui se fait sous forme de formation, de partage d’informations sur les expériences probantes et de promotion des réseaux de partage de connaissances et d’expériences.
L’organisation et la planification sont du ressort du comité du CLC. Ce comité est normalement présidé par un représentant de l’autorité locale. Il est composé de représentants des autorités éducatives locales, des autorités sanitaires, des autorités de la protection sociale, des entreprises, des ONG, des syndicats et de la population. La structure des comités des différents CLC est très souple et la composition varie en fonction des centres et de la volonté des uns et des autres de donner un coup de main. Un des rôles principaux du comité consiste à aider le CLC à collecter des fonds et à lui prodiguer des conseils pour son développement institutionnel.
Le comité identifie un animateur de CLC, qui est normalement un ressortissant local qualifié, bien éduqué et respecté. Cet animateur est chargé de la gestion courante du CLC : mise au point et organisation des programmes et activités de formation, campagnes d’information sur les nouvelles activités au sein de la communauté, mobilisation de volontaires locaux et gestion administrative du centre.
Recrutement et formation des instructeurs
Les instructeurs des CLC ont des profils divers et variés, qui dépendent de la disponibilité et de la bonne volonté des habitants de chaque localité. Cependant, ils sont tous spécialistes de leurs domaines respectifs et sont recrutés sur la base des besoins des programmes des CLC. Ils justifient en principe d’une expérience pédagogique significative et allient leurs activités dans le CLC à leur emploi principal dans les écoles ou instituts supérieurs. Ils sont payés à temps partiel par les services de protection sociale et assistés par des volontaires communautaires.
Mobilisation des participants
La mobilisation des participants commence par les initiatives visant à associer l’ensemble de la communauté au processus décisionnel organisationnel des CLC. Les animateurs et les instructeurs cherchent à atteindre le maximum de personnes afin d’identifier les centres d’intérêt et de mettre au point un programme éducatif adapté.
Par la suite, les participants ne sont pas recrutés de façon active. Ils viennent plutôt de leur propre chef participer aux programmes et activités des CLC. Sur ce point, une enquête a permis d’identifier trois motivations principales :
- recevoir une éducation ou acquérir des connaissances dans une discipline appliquée, telle que l’informatique (35 pour cent) ;
- renforcer ses compétences de la vie courante, telles que les aptitudes linguistiques ou les soins de santé (33 pour cent) ;
- participer à des programmes sociaux et culturels, tels que la protection de l’environnement et du patrimoine culturel ou le sport (32 pour cent).
Au cours de leurs deux premières années d’existence, les CLC ont formé 665 adultes et jeunes. Ce chiffre est composé à 69 pour cent de femmes et à 54 pour cent de chômeurs, preuve que les CLC ont réussi à cibler les groupes qui cherchent à s’émanciper et à développer leurs aptitudes personnelles.
Méthodes et approches d’enseignement-apprentissage
Les méthodes et approches varient fortement d’un CLC à l’autre et d’un programme de formation à l’autre suivant les instructeurs et les ressources disponibles. En général, les CLC visent un ratio de 5 étudiants par enseignant pour les cours sur ordinateur. Cependant, certains CLC sont en mesure d’offrir un enseignement individualisé à ceux qui ont des besoins d’apprentissage spéciaux.
Les classes sont souvent constituées sur la base du profil socioéconomique : par exemple, une classe peut être composée de femmes au chômage ou de ménagères. Au sein d’un groupe, les aptitudes et les âges sont souvent très divers.
Les supports d’enseignement ne sont pas standardisés. Pour certains cours, comme l’informatique et la couture, il existe un manuel commun, complété par les supports d’enseignement que les instructeurs apportent.
Normalement, aucune évaluation continue de l’apprentissage n’est prévue, si ce n’est à titre informel. En général, les étudiants ne reçoivent aucun certificat ou diplôme après leur participation.
Impact et défis du programme
Suivi et évaluation
Le suivi et évaluation interne est assuré par le comité du CLC, et le volet externe par l’Association Éducation pour tous (EPT) / Kazakhstan. Par la suite, les résultats sont comparés et analysés par le conseil et par l’EPT. Ensuite, des recommandations sont formulées, et leur application contrôlée. Les évaluations subséquentes s’intéressent tout particulièrement à l’application des recommandations antérieures.
Par ailleurs, une communication régulière avec la population locale est prévue dans le cadre de ce processus d’évaluation, tout comme pour la mise au point et l’adaptation permanentes des programmes et activités des CLC.
Impact
Les CLC n’ont pas eu un impact notable à l’échelle nationale en raison de leur nombre et de leur localisation restreints. Néanmoins, ils ont eu un impact positif très marqué dans leurs zones d’intervention, généralement défavorisées, en palliant l’absence de système d’éducation non formelle.
D’après les évaluations, des impacts positifs ont été enregistrés dans les domaines suivants :
- Amélioration des capacités personnelles : toutes les provinces dotées d’un CLC ont connu une baisse du taux de chômage, les compétences nouvellement acquises permettant aux apprenants de trouver un emploi ou de créer leur propre entreprise.
- Amélioration des aptitudes professionnelles de la communauté : la formation a contribué à renforcer l’efficacité des industries locales. Par exemple, dans la province d’Amanbokter, la formation en fromagerie a permis de transformer l’industrie laitière rurale en difficulté en une activité rentable, capable de mettre sur le marché régional un produit fini de bonne qualité.
- Autonomisation des groupes marginalisés : les évaluations signalent une hausse de l’activité sociale et éducationnelle chez les jeunes chômeurs et les ménagères.
- Large utilisation des technologies modernes : l’usage des technologies de communication modernes, comme l’ordinateur et Internet, a augmenté, ouvrant ainsi des perspectives pour les personnes et communautés enclavées.
- Amélioration des connaissances en santé et hygiène : planning familial, sensibilisation au VIH/Sida et habitudes alimentaires saines.
- Modernisation des comportements : certains CLC ont dispensé des programmes qui ont amélioré la tolérance entre nationalités et groupes ethniques et favorisé, de ce fait, une coexistence plus pacifique. Par ailleurs, l’autonomisation de nombreuses femmes à travers la formation a modernisé les comportements en matière d’égalité des sexes.
- Participation à la gouvernance locale : la promotion des procédures démocratiques, parallèlement à l’autonomisation des personnes marginalisées, a permis d’accroître les taux de participation aux structures de gouvernance locale et au processus décisionnel local.
En outre, les sortants des CLC font état d’un niveau de formation très élevé. Le groupe échantillon se dit, à 99 pour cent, satisfait de la qualité et du contenu du programme. De plus, on note un retour important d’anciens participants satisfaits, qui reviennent apprendre de nouvelles compétences. La plupart des programmes sont en forte demande. Pour y faire face, certains CLC ont établi des listes d’attente.
Défis
L’instabilité financière constitue le plus grand défi pour les centres d’apprentissage communautaires. La demande en formation est extrêmement forte, tandis que la dotation financière ne permet pas aux CLC d’étendre leurs programmes et activités. Le manque de financement a, en outre, réduit la disponibilité et la fiabilité des canaux de communication qui auraient pu aider à nouer des partenariats et à rechercher des fonds auprès d’autres organismes régionaux.
À ce dilemme financier vient s’ajouter la confusion qui règne à l’échelle nationale sur le statut juridique des CLC. Deux des sept centres du Kazakhstan sont des œuvres caritatives et sont, de ce fait, exonérés d’impôt. En revanche, les cinq autres sont considérés comme des organisations à but commercial et assujetti à l’impôt. Les évaluations externes appellent les autorités à doter les CLC d’un statut qui reconnaisse leur caractère d’organisation de développement communautaire et les exempte des taxes nationales et régionales.
Concernant l’efficacité de l’organisation des CLC, la mentalité de certains représentants gouvernementaux fait obstruction au processus de gestion : certains cadres, plutôt habitués à une approche directive, n’ont pas été très favorables au concept de mise au point d’un programme par la population à la base.
Autre obstacle à un impact efficace de la formation dans les CLC, les programmes ne sont pas agréés par l’État. En conséquence, les diplômés du programme n’ont pas le droit de postuler à des emplois ou à des études qui exigent des qualifications officielles. En guise de solution, des centres de qualification ont été créés. Cependant, le problème persiste, car ces centres se contentent d’enseigner des compétences de base et leurs formations ne répondent pas à des besoins spécifiques.
Pérennité
La participation continue de la communauté au processus décisionnel et aux activités des CLC constitue un facteur clé de la pérennisation du programme. L’autorité communautaire élue est chargée de diffuser l’information sur la mission du CLC et son rôle au sein de la communauté. En termes de conception du programme, elle a un rôle très important à jouer, puisqu’en sa qualité de membre de la communauté, elle doit veiller à ce que le CLC reste en parfaite adéquation avec les besoins spécifiques de la population. Avec l’association de la population à la base au processus décisionnel, le programme est géré par ceux qui ont un intérêt manifeste au bon fonctionnement du centre.
Toutefois, la durabilité financière des programmes CLC reste incertaine. À cet égard, l’absence de critères de mesure de l’efficacité constitue un important handicap. L’observation des tendances a permis d’identifier les impacts positifs du programme. Cependant, ces tendances ne sont pas étayées par des données quantitatives qui démontrent l’efficacité du programme. Or, sans ces données factuelles, il sera très difficile d’obtenir des financements supplémentaires auprès des bailleurs de fonds.
Enseignements
L’efficacité du programme CLC dépend des facteurs suivants :
- identification des besoins prioritaires de la communauté ;
- définition claire de la mission et de l’orientation du CLC.
En outre, les principaux enseignements suivants ont été identifiés :
- L’utilisation de critères quantitatifs pour mesurer l’efficacité est un aspect important de l’autoévaluation, qui constitue en soi un moyen indispensable d’adapter les programmes et d’encourager les mécènes et les partenaires à s’intéresser au projet.
- Les CLC constituent un puissant mécanisme d’autonomisation des communautés, depuis leur participation au processus décisionnel et autres activités du centre jusqu’à l’acquisition de compétences et l’application subséquente de leurs nouvelles aptitudes.
- Il ne faudrait pas sous-estimer l’effet durable de la mentalité postsoviétique. Il est parfois difficile de rompre avec la tradition consistant à toujours se tourner vers les autorités, et d’encourager une organisation participative, conçue à la base. Les autorités locales doivent en conséquence s’engager activement en apportant un appui à toutes les étapes.
- En mettant au point les CLC du futur, il convient de s’inspirer de la riche expérience des ONG locales et nationales qui, dans certains domaines, peuvent être plus impliquées dans les questions de développement communautaire que les autorités locales.
Sources
Ministère de l’Éducation et des sciences de la république du Kazakhstan (2004). Rapport national sur les centres d’apprentissage communautaires du Kazakhstan
UNESCO Bangkok (2011). Sustainability of Community Learning Centres: Community Ownership and Support. Disponible en ligne sur : http://unesdoc.unesco.org/images/0021/002146/214655e.pdf
Haddad (2008). Community Learning Centres: Country reports from Asia, UNESCO, Bangkok.
Site Web de l’UNESCO Kazakhstan : http://www.unesco.kz/new/en/education/news/897/
Contact
Le président
National Observatory of Kazakhstan (NOB)
Room 210, Zhambil str., 25
Almaty 050010
Tél. : 810-3272- 914402
Fax : 810-3272- 930032
E-mail : Utilisateur: shaizada
[AT_HOST]: (at) nursat.kz
Dernière actualisation: 24 janvier 2014