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Enseigner aux nomades dans leur habitat

Profil de pays: Inde

Population

1 210 193 422 (2011)

Pauvreté (Population vivant avec moins de 1.25 dollar par jour)

42 % (2005)

Langue officielle

Hindi et anglais

Dépenses publiques totales d’éducation en % du PNB

4.1

Taux net d’admission dans l’enseignement primaire (2005–2010)

95 %

Taux d'achèvement du primaire

90 %

Taux d’alphabétisme total des jeunes (15 – 24 ans, 2005 – 2010)
  • Femmes : 74%
  • Hommes : 88%
  • Total : 81%
Taux d’alphabétisme des adultes (15 ans et plus, 2005–2010)
  • Femmes : 51%
  • Hommes : 75%
  • Total : 63%
Sources statistiques

Présentation générale du programme

Titre du programmeEnseigner aux nomades dans leur habitat
Organisation chargée de la mise en œuvreRural Litigation And Entitlement Kendra (RLEK)
Langues d’enseignementHindi, Gujjari
PartenairesThe Ministry of Human Resource Development, Government of India (the first three years), the community
Date de création1993

Contexte et historique

Image

Avec plus de 350 communautés tribales, on estime que l'Inde a une population nomade d'au moins 60 millions (entre 7 et 10% de la population). Malheureusement, la marginalisation continue de caractériser l'expérience nomade tandis que les programmes de conservation de l'environnement et l'urbanisation continuent de menacer les moyens de subsistance des nomades. Les Van Gujjars, nomades légendaires et colorés de l'Uttarakhand indien, ne constituent pas une exception.

Pendant des siècles, la communauté de Van Gujjars a vécu dans les forêts de Siwalikand, les pâturages himalayens des hauts plateaux où elle passe les mois d'été. Les populations ont développé une relation durable avec l'environnement, devenant partie intégrante de sa biodiversité. Leurs vies sont centrées sur leurs buffles et les produits laitiers. Cependant, au cours des dernières décennies, les Van Gujjars comme beaucoup d'autres groupes nomades ont dû faire face à des changements rapides de leur mode de vie, tandis qu'une grande partie des politiques « du haut vers le bas » leur restent très hostiles. Il est profondément regrettable que des iniquités et des injustices systémiques aient privé ces communautés de leurs droits humains fondamentaux tels que le droit d'accès à l’éducation. Du fait de leur mode de vie nomade et de leur réticence à sortir de leurs maisons forestières, les Van Gujjars pacifiques et végétariens sont restés essentiellement analphabètes.

C’est dans ce contexte que depuis plus de quatre décennies, le Rural Litigation and Entitlement Kendra (RLEK) - une Organisation non gouvernementale travaille avec les communautés tribales et nomades, dans l'État d'Uttarakhand situé dans les collines. L'organisation a évolué après des années de lutte contre la discrimination à l'égard des communautés Van Gujjar défavorisées et marginalisées de la région. La stratégie de l'organisation a été « Atteindre les exclus » et « Intégrer les exclus. » Ses efforts visent à parvenir à « une société juste et durable » et son énoncé de mission a été d’ « autonomiser les groupes autochtones, les populations marginalisées, les femmes et les enfants pour faire valoir leurs droits. »

Pour atteindre ces objectifs, la RLEK a, depuis sa création en 1970, poursuivi différentes lignes d'actions et conduit des projets dans des domaines variés mais liés entre eux, comme la protection juridique, l'égalité des sexes, les droits des femmes et l'autonomisation, la protection de l'environnement, les droits humains ainsi que l'éducation et l'alphabétisation des adultes.

Sous l'égide de la Mission nationale d'alphabétisation, la RLEK a identifié l’analphabétisme des Van Gujjars comme étant à l'origine de leur exploitation. Pour remédier à la situation, elle a commencé, au début des années 1990, un programme d'alphabétisation pour adultes unique et innovant – Enseigner aux nomades dans leur habitat. Le programme a été évalué aux niveaux à la fois national et international. En 1998, le Prix du Rotary International pour service à l'humanité (Inde) a été décerné à la RLEK pour son programme novateur de formation pour les Van Gujjars. Dans la même année, le programme a remporté le Prix de la Mission nationale d'alphabétisation de l'UNESCO (UNESCO-NLM) pour sa contribution exceptionnelle au Programme d'éducation des adultes de la communauté tribale Van Gujjar.

Buts et objectifs

Les principaux objectifs du programme sont les suivants :

Le fléau de l'analphabétisme

L'analphabétisme et l'ignorance croissante les ont mis à la merci des représentants du gouvernement, de la bureaucratie forestière, des prêteurs, des intermédiaires et des vendeurs de lait. Les Van Gujjars marginalisés et politiquement inexistants ont l'habitude d'être floués de leur dû par les vendeurs de lait, tout simplement parce que la communauté ne sait pas compter et tenir une comptabilité du lait fourni et du paiement reçu. Pendant longtemps, les Van Gujjars se sont livrés au troc du lait contre les produits qui leur étaient quotidiennement nécessaires. En fait, les vendeurs de lait avaient l’habitude d’accorder des prêts aux Van Gujjars à un taux d'intérêt très élevé, et de leur livrer à domicile les produits dont ils avaient besoin, par exemple l'alimentation du bétail, ce qui créait une dépendance de la communauté à leur égard. Les Van Gujjars sont de vrais disciples de Gandhi, croyant au « besoin » et non à l'« avidité ». Leur philosophie est que l'on ne devrait pas avoir plus de biens qu'on ne peut en transporter sur son dos ou sa mule.

Instinct nomade

Les écologistes qui ont étudié la communauté de près soulignent que la pratique nomade contribue à la régénération de la végétation dans les espaces de forêt laissés inoccupés par la communauté pendant l'été. Et à l'approche de l'hiver, les Van Gujjars retournent à ces espaces dans les Shivaliks. Pour ceux qui sont peu habitués à un tel mode de vie nomade l'instinct de la communauté peut apparaître terriblement ingrat et anachronique. Mais le nomadisme a ses propres récompenses et ses propres plaisirs. Les Van Gujjars, qui ont une vision saine des méandres de la nature, peuvent être décrits comme des botanistes aux pieds nus, car ils connaissent chaque plante et chaque herbe dans et autour de leurs maisons forestières.

L’alphabétisation, la solution

Le mode de vie nomade, impliquant l'habitation au fond de la forêt et une population disséminée sur une vaste étendue géographique rend terriblement difficile la tâche de transformation des Van Gujjars en personnes alphabétisées. En outre, ils ne sont pas mentalement à l'écoute des avantages que comporte l’exposition à l'alphabétisation et l’éducation. Mais le programme de la RLEK était clairement de ne pas modifier les schémas culturels des Van Gujjars, car il n'existait que pour le plaisir de créer un programme qui fonctionne bien d'alphabétisation des adultes. La RLEK croyait à la préservation de la culture de Van Gujjars et au renforcement de leur culture par l’éducation.

Programme de formation innovant

Pour soutenir ce programme ambitieux et novateur d’éducation des adultes, on a mis en place une sorte d’académie forestière, avec 350 enseignants bénévoles très motivés. Ces jeunes « missionnaires en alphabétisation » aux pieds nus ont été formés et déployés dans les colonies Van Gujjar pour enseigner à domicile aux tribus. En effet les campagnes d’éducation dans la forêt profonde de la RLEK n'étaient pas sans rappeler la gurkula de l'Inde antique où enseignants et enseignés avaient une « relation noble et durable. » Par exemple, Puran Singh, un enseignant qui avait l'habitude de dormir dans les habitations de la communauté, avec les troupeaux de buffles, a appris à ses membres à lire les panneaux routiers, les panneaux publicitaires et les numéros d'immatriculation des véhicules lourds, dont beaucoup dépassaient en trombe Dehra Dun (capitale de l’État d'Uttarakhand) après avoir tué le bétail des nomades. Les horaires de l'enseignement ont été fixés après prise en compte des habitudes quotidiennes de la communauté. Pour les familles Van Gujjar dans le RNP c’était un prestige que d’accueillir ces enseignants volontaires. En effet, le partage du style de vie coloré et sain de cette tribu nomade pastorale était une nouveauté pour eux.

Les enseignants mobiles

Afin de prévenir la rechute, les enseignants parcouraient la forêt avec la communauté et leurs troupeaux de bisons au cours de leur transhumance et restaient aussi avec eux dans les pâturages de montagne pendant les mois d'été. Et ils retournaient vers les forêts des Shivaliks pour l'hiver avec la communauté. De cette façon, on était sûr qu'il y avait continuité dans le programme d'alphabétisation des adultes, qui a mis l'accent sur les aspects fonctionnels de l'alphabétisation, ce qui rend la communauté autosuffisante en matière de tenue de ses comptes, de plaintes contre la police, d’hébergement, de pétition aux autorités pour le redressement de griefs et de lutte pour leurs droits. La communauté a appris à lire et à écrire en hindi en plus des opérations arithmétiques simples.

Menace pour le programme

La campagne RLEK d'alphabétisation des adultes s’est également heurtée à l'opposition des autorités RNP qui ont essayé de mettre des obstacles à la mobilité des enseignants bénévoles, en citant les dispositions des lois de conservation des forêts. En Lai Nambardar, un ancien Van Gujjar de Mohand a dit: « Ils (la RLEK) font ce que personne d'autre n'osait faire ou ne pensait même faire. »

La RLEK a reçu trois lettres d'avertissement du ministère des Forêts affirmant que l'éducation des Van Gujjars dans la zone forestière était illégale et que le programme d'éducation des adultes (qui était un programme national) devait être arrêté avec effet immédiat. Le département des forêts a en outre ajouté que si le programme n'était pas interrompu avec effet immédiat les bénévoles seraient arrêtés. Par la suite, la RLEK a convoqué une réunion de Van Gujjars et des bénévoles, où elle déclarait que tout bénévole qui serait arrêté pour avoir éduqué les Van Gujjars recevrait une récompense de Rs. 10000 de la RLEK et aussi qu'une lettre serait écrite au Président de l'Inde afin que ces bénévoles soient honorés. Cette annonce a réinstauré la confiance et le courage parmi les jeunes volontaires. Après avoir vu le courage et l'engagement des jeunes éducateurs le Département des forêts a été contraint au silence.

Utilisation des technologies de l'information et de la communication (TIC)

La RLEK pense que si vous renforcez les capacités d’une personne vous diminuez celles d’une autre. Cela était vrai dans le cas des Van Gujjars qui ont vu leurs capacités renforcées par le programme d’éducation des adultes. Ils ont fait l’objet de harcèlement de la part du service forestier et des vendeurs de lait / intermédiaires, ce harcèlement atteignant son apogée en 1994. La RLEK a alors demandé au ministère des télécommunications, gouvernement de l'Inde, d'attribuer deux fréquences sans fil soit 167,525 MHz & 167,725 MHz et la RLEK a distribué 100 sets sans fil aux Van Gujjars, de sorte qu’en situation d'urgence, ils peuvent communiquer les uns avec les autres… C'est ainsi que la RLEK a utilisé les TIC sous forme de téléphone sans fil, ce qui a donné à ces communautés la confiance et le coup de pouce nécessaires. Maintenant, chaque famille utilise également les téléphones mobiles.

L'Organisation des Nations Unies m'a invité en tant que conférencier et M. Talib, un Van Gujjar néo-alphabétisé et utilisateur de la technologie sans fil lors du Sommet mondial tenu à Genève en décembre 2003 pour prononcer une allocution sur l'importance du contenu local dans les technologies de l'information et de la communication.

Une campagne pleine de défis

Pour contrer l'argument selon lequel la campagne d'alphabétisation de la RLEK dans les colonies Van Gujjar était « de la poudre aux yeux » et un « coup de pub », des Saksharata Mela (Festivals d'alphabétisation) Van Gujjar ont été organisés à Mohand près de Dehra Dun tous les 6 mois, où les néo-alphabétisés Van Gujjar hommes, femmes et enfants ont démontré leur compétence en littératie, en présence des éducateurs, des travailleurs sociaux et des administrateurs. Mustaq, un jeune garçon Van Gujjar de Saharanpur dit qu’il y a un an son univers se limitait à quelques buffles en pâturage et à la vente de lait. Il a été assez franc pour affirmer : « je ne savais même pas ce que c’était l'alphabétisation ».

De même, une jeune fille Van Gujjar Fatima Bibi dit: « J'ai assimilé un peu de mathématiques, je peux maintenant facilement calculer la quantité de lait que je vends et frapper du pied quand mes clients refusent de payer un montant approprié ». Un autre adulte Van Gujjar Abdul Rehman observe : « Maintenant, non seulement nous maintenons la propreté dans nos colonies, mais nous avons également pris conscience de quelque chose qui s'appelle l'hygiène personnelle. »

Grâce à l'exposition à l'alphabétisation fonctionnelle, les Van Gujjars jadis dociles ont maintenant commencé à s'affirmer. Beaucoup de néo alphabétisés Van Gujjars, hommes et femmes sont maintenant en train de discuter des vertus d'une petite famille et diverses méthodes de contrôle de la fécondité. Après l'inscription des membres de la communauté sur la liste électorale, de nombreux hommes et femmes Van Gujjar se sont engagés avec succès dans les élections du Panchayat. De plus, beaucoup d'entre eux sont devenus Panchayat Pradhans (chefs). Témoignant de l'audace et de la confiance que le programme d'alphabétisation des adultes a contribué à développer en eux, de nombreux hommes et femmes Van Gujjars se sont adressés à des publics internationaux dans des pays comme le Danemark et le Brésil.

Le succès de l'éducation des adultes crée la demande pour l'éducation des enfants

Le succès et les avantages de l'alphabétisation des adultes ont poussé les adultes Van Gujjar à demander à la RLEK de créer des écoles pour dispenser l'éducation formelle à leurs enfants. Ainsi, le succès de l'éducation des adultes a créé la demande pour l'éducation des enfants lors que les adultes se sont rendu compte que si leurs enfants prennaient un bon départ dans la vie grâce à l'éducation, cela serait bénéfique pour la communauté de façon synergique. Ces adultes sont la première génération à être éduquée et même leurs enfants sont aussi la première génération à recevoir une éducation formelle. Ainsi la RLEK a mis en place quatre écoles bien équipées exclusivement pour les enfants de la communauté Van Gujjar à Mohand, Dhaula Thappar, Sahasra et Tarbar à Gaindikhata.

Ces écoles sont un renversement de l’approche habituelle « du haut vers le bas » car la RLEK croit en la puissance de la base ; ainsi le terrain pour l'école est donné par la communauté, tandis que le coût de la construction, des meubles, etc. est pris en charge par la RLEK avec le soutien d'un financement externe. Non seulement cela fonctionne comme structure de partage des coûts, mais cela permet aussi la participation active de la communauté. L'emplacement de l'école est décidé selon les spécifications de la communauté, ce qui élimine le problème de l'accès.

Dans un effort pour parvenir à un développement holistique à travers l'éducation, la RLEK a facilité le travail de toutes ses écoles avec des bibliothèques bien équipées, non seulement pour les enfants de l'école, mais aussi les néo-alphabétisés de la communauté.

La mise en œuvre du programme : approches et méthodologies

Avec le soutien du ministère du Développement des ressources humaines du gouvernement de l'Inde, la RLEK a commencé le programme d'éducation des adultes dans la Communauté Van Gujjar en octobre 1993. La nécessité d'initier un programme d'alphabétisation a été identifiée dans l'une des interventions sur l’évaluation des besoins menées par la RLEK dans la communauté Van Gujjar. Dans l'une des grandes réunions ouvertes dans les forêts, certains membres de la communauté ont déclaré que la plupart des problèmes auxquels ils sont confrontés découlent de l'analphabétisme. En prenant une mesure dans l’immédiat, la RLEK, a mené des enquêtes pour évaluer la demande en matière de programmes d'alphabétisation. Presque toute la communauté a répondu positivement. Grâce à la poursuite des négociations, il a été suggéré que, pour commencer un programme d'alphabétisation, la RLEK fournisse gratuitement des enseignants et du matériel didactique et que la communauté contribue en fournissant nourriture et logement. Au départ, environ 500 Van Gujjars ont montré leur intérêt pour un tel arrangement et le programme d'alphabétisation a donc débuté avec ces familles. Après examen de la suite du programme, les familles qui étaient réticentes ou sceptiques au début ont ensuite également demandé à participer.

Le programme Enseigner aux nomades dans leur habitat constituait une intervention axée sur les besoins et contrairement à ce qui se passe dans de nombreux programmes d'alphabétisation similaires qui ciblent les enfants, la RLEK a décidé d'axer le programme d'alphabétisation sur les adultes. L'hypothèse sous-jacente de l’adoption d’une telle approche est l'idée qu’une fois qu’ils ont compris l'importance de l'éducation, les adultes vont automatiquement demander et soutenir l'éducation de leurs enfants.

Pour s'adapter au mode de vie particulier des nomades et à leur contexte social et économique, la RLEK a utilisé une série de mesures innovantes. Tout d'abord, l'alphabétisation a été intégrée à d'autres questions qui préoccupent la communauté, comme la santé et la sécurité des moyens de subsistance, offrant ainsi une opportunité pour l’autonomisation économique et sociale.

En outre, comme il a été décidé de maintenir l'intérêt des apprenants et d'éviter de longues pauses, les enseignants bénévoles ont donc voyagé avec la communauté au cours du cycle de migration. Le programme était unique en ce sens que les bénévoles se sont adaptés au mode de vie des Gujjars et il n'y a pas eu de perturbation dans l'enseignement pendant la migration. Pour assurer le maintien de continuité de l'éducation au cours de l’été, la saison où les Gujjars parcourent la partie supérieure de l'Himalaya avec leurs troupeaux de bétail, ces enseignants volontaires ont rejoint la caravane Gujjar. De même, ils sont descendus vers les plaines avec les Gujjars au début de l'automne. Cette activité a été nommée « alphabétisation en mouvement ».

Les méthodes d'enseignement adoptées combinaient des cours et un système participatif fondé sur les besoins et les demandes des apprenants. Les langues locales (Gujjari) et l'hindi étaient utilisées comme principales langues d'enseignement. Les enseignants aux pieds nus de la KLEK organisaient des classes sous les arbres aux moments qui convenaient aux membres de la communauté. Des cours du soir ont été organisés pour les membres de la communauté qui n'avaient pas de temps pendant la journée.

La participation de la communauté a été une caractéristique très particulière du programme Enseignement des nomades dans leur habitat. Cet enseignement se poursuit et est toujours en cours durant tout le processus de planification et de mise en œuvre du programme.

Matériel d'apprentissage

Le matériel didactique a été préparé avec l'aide de la communauté et tous les efforts ont été faits pour s'assurer que le contenu est pertinent pour la réalité sociale de la vie nomade. On s’est servi du contenu localisé pour faciliter et améliorer l'apprentissage de la communauté. Les apprenants potentiels ont également été impliqués dans tout le processus.

Trois manuels de débutants, appelés "Naya Safar" (Nouveau voyage) basés sur la technique Rythme et contenu améliorés d'apprentissage (IPCL), ont été préparés avec l'assistance de la communauté, en hindi et en Gujurati - les langues locales de la communauté - et ont pris en compte le vocabulaire spécifique des nomades et leur expérience au jour le jour. Les histoires et les paraboles de la vie quotidienne des Van Gujjar, ainsi que des leçons sur les systèmes coopératifs, l'harmonie sociale, l'importance de la conservation de l'environnement, l'hygiène personnelle, la planification familiale, les soins de santé de l'enfant, la vaccination, l'éducation, l'élevage de bétail, la production de lait et le marketing ont également été incluses.

Recrutement et formation des enseignants volontaires

Le premier groupe de professeurs se composait de 350 bénévoles qui ont voyagé avec la communauté des contreforts de l'Himalaya aux hautes cimes alpines. Chaque volontaire a été mis en charge de cinq familles vivant à proximité.

Les enseignants volontaires ont été sélectionnés parmi les diplômés du secondaire à la recherche d'un emploi. Presque aucun d'entre eux n'avait d'expérience de l’enseignement et au début, certaines des familles étaient donc sceptiques. Etant donné que les bénévoles devaient se déplacer avec la communauté, on s’est bien assuré qu’ils étaient physiquement en forme et à même de gérer des conditions difficiles. Les volontaires ont reçu une formation d'un mois sur la culture et les pratiques de la communauté Van Gujjar ainsi qu’une formation spéciale sur la vie dans la forêt et en méthodologie de l’apprentissage (c'est à dire, enseignement des compétences pour les bénévoles).

Les enseignants volontaires n'étaient pas rémunérés, mais des dépenses d'urgence étaient prévues. L'hébergement et la restauration étaient également pris en charge par la collectivité et les bénévoles partageaient la nourriture des membres de la communauté.

Suivi et évaluation

Afin de garantir la transparence et aussi comme moyen d'auto-évaluation, chaque année des Shaksharta Mela (Salons alphabétisation) sont organisés, au cours desquels les membres de la communauté montrent au public, à la presse et aux citoyens intéressés leurs compétences nouvellement acquises pour que les gens voient de leurs propres yeux à quel point la communauté a appris à lire et à écrire. En outre, des évaluations internes et externes sont également menées pour évaluer les résultats. Les rapports d’évaluation ont été soumis à l'organisme de financement chaque année. À la fin de la troisième année du programme, une évaluation externe a été menée par le ministère du Développement des ressources humaines.

Défis et impact

Défis

Le principal défi du travail avec les Van Gujjar a été la marginalisation et l’isolement de la communauté. Etant donné que la communauté réside dans les forêts qui sont coupées du monde extérieur, il a été non seulement très difficile d'atteindre la communauté, mais aussi d'apporter ses voix et ses préoccupations au niveau de l'élaboration des politiques et aussi d'élaborer des programmes en fonction des besoins et demandes réels de ses membres.

En outre, le mode de vie nomade et la migration saisonnière de la communauté ont apporté leurs propres défis au programme. Les volontaires ont dû être très engagés car travailler signifiait survivre dans des conditions difficiles.

Impact

Un total de 21 000 Gujjars ont été alphabétisés dans le cadre de ce programme. L'alphabétisation a été définie comme la capacité à lire et à écrire et les trois niveaux suivants ont été introduits afin d'évaluer les compétences en littératie des participants :

• - Niveau 1 - la personne peut écrire son nom et lire et écrire les nombres entre 1 et 50, au rythme d'une trentaine de mots par minute.

• - Niveau 2 - la personne peut lire et écrire des phrases simples et courtes et est capable d'écrire en symétrie et utiliser la bonne distance entre les mots. La personne peut lire et écrire des nombres compris entre 1 et 100 et aussi faire de simples opérations mathématiques telles que l'addition et la soustraction

• - Niveau 3 - la personne peut lire des annonces sur les panneaux d'affichage, des instructions sur les routes forestières, les titres des journaux, et remplir les formulaires de tous les jours. En plus de la soustraction et l'addition, la personne peut comprendre et se servir de la multiplication et de la division ainsi que des concepts tels que le temps, le poids, la mesure, le calcul de devises, la distance, la surface, les taux d'intérêt, etc.

Aux niveaux 2 & 3 le rythme de lecture doit être augmenté par rapport au niveau 1. Au niveau 2 & 3 la différence de rythme de lecture dépend des mots, de la longueur des phrases, des voyelles et des expressions. Veuillez jeter un coup d’œil sur le tableau ci-dessous: Niveau Longueur de la phrase Longueur du paragraphe Contenu de la longueur 1 2-6 mots 25-30 250-350 2 7 mots 30-40 350-500 3 8 mots 40-50 500-750

Aux niveaux 2 et 3, une personne peut lire et écrire les nombres et faire une addition et une soustraction avec les calculs simples comme la multiplication, la division, les litres, millilitres ou kilogrammes, grammes, roupies, paisa, etc. Le concept est très clair : ils partent de compétences simples vers des compétences plus complexes et augmentent graduellement leur vitesse en lecture, en écriture et en calcul. Si nous divisons tous les symboles sonores en cinq catégories : très élevé, élevé, moyen, faible et nul, les symboles sonores qui entrent dans la catégorie très haut niveau utilisent 1 et ceux qui tombent dans la catégorie élevée et modérée seront au niveau 2 et le reste au niveau 3. Le lancement réussi du programme l’a conduit à passer à une deuxième phase où le programme de formation continue en aidant les néo-alphabétisés à se servir de leurs compétences en littératie pour obtenir des informations sur divers sujets tels que la santé, l'assainissement, la protection et la gestion de l'environnement, les droits des personnes, la vaccination des enfants, les soins vétérinaires, etc. Dans l'ensemble, les initiatives en matière d'alphabétisation de cette communauté se sont soldées par une amélioration de leurs capacités de négociation et de leur autonomisation. En conséquence, la communauté a pu se battre pour ses droits. Depuis lors, le harcèlement par le service forestier a diminué à mesure que la communauté a été à même de lire les décisions du gouvernement si bien que les agents forestiers ne peuvent plus falsifier et manipuler l'information. La communauté a pu prendre deux hectares de terres du gouvernement pour ceux qui veulent se sédentariser. Dans le même ordre d’idée, les Van Gujjars ont été en mesure de se battre pour leur droit de vote et ont réussi à le sécuriser. Grâce aux compétences en calcul qu’ils ont acquises, ils peuvent maintenant calculer le taux d'intérêt et le prix juste pour leurs produits laitiers. En outre, ils n’ont plus besoin d'intermédiaires dans leurs entreprises commerciales, ce qui maximise les bénéfices qu’ils tirent de la vente de leurs produits. L'alphabétisation a aussi eu des effets visibles sur l'aspect santé de la communauté. Certains des meilleurs apprenants se sont transformés en paramédicaux et para vétérinaires. Désormais, la communauté peut lire les instructions sur les étiquettes des médicaments et vérifier leur date d'expiration; donc, contrairement à ce qui se passait auparavant, ils ne sont plus trompés en achetant les produits périmés.

Comme prévu, la mise en œuvre réussie du programme d'alphabétisation des adultes a créé dans la communauté elle-même une demande pour des programmes d'éducation pour enfants. La RLEK a établi deux écoles mobiles, quatre écoles primaires formelles pour les enfants Van Gujjar et quatorze écoles formelles pour les communautés marginalisées habitant des zones accidentées et éloignées dans les collines de l'Uttarakhand. Aussi la RLEK a établi 154 centres d'éducation non formelle au bout de 3 ans, qui depuis 2 ans mettent en œuvre des initiatives d'alphabétisation dans les zones où la communauté Van Gujjar a été réinstallée.

Leçons apprises

Voici quelques-unes des leçons qui ont été tirées du programme :

Durabilité

Depuis le début du programme, les bénéficiaires ont été traités comme des participants égaux au fonctionnement et à la mise en œuvre du projet. La communauté soutenait le projet et l'a fait pendant 5 ans. Au cours de la réalisation de la phase d'alphabétisation des adultes du programme, la communauté a supporté le coût de l'hébergement et de la restauration des bénévoles. Par la suite, le modèle est devenu autosuffisant grâce à l'appui continu de la communauté. Malheureusement la RLEK ne pouvait pas lever de fonds pour les risques de l'enseignant et autres frais. Le programme a souffert au bout de 5 ans, mais les mêmes professeurs qui ont enseigné aux parents vont maintenant enseigner à leurs enfants à l'école.

Sources

Contact Mr. Avdhash Kaushal
Chairperson
68/1 Surya lok Colony, Rajpur Road, Dehradun – 248001, Uttarakhand, INDIA
Tel: ++91-135-2746071, 2745539
Fax: ++91-135-2746881, 2741931
rlek (at) vsnl.com, rlek (at) sancharnet.in