<
 
 
 
 
×
>
You are viewing an archived web page, collected at the request of United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization (UNESCO) using Archive-It. This page was captured on 20:23:13 Dec 15, 2015, and is part of the UNESCO collection. The information on this web page may be out of date. See All versions of this archived page.
Loading media information hide

Programme afghan d'alphabétisation via le mobile

Profil de pays: Afghanistan

Population

30 552 000 (2013)

Langue officielle

Dari, Pashto

Taux d’alphabétisme des jeunes (15 – 24 ans, 2015, estimation ISU)

Femmes : 46,33%
Hommes : 69,59%
Deux sexes: 58,21%

Taux d’alphabétisme des adultes (15+ ans, 2015, estimation ISU)

Femmes : 24,15%
Hommes : 51,99%
Deux sexes: 38,16%

Sources statistiques

Institut de statistique de l'UNESCO (ISU)

Présentation générale du programme

Titre du programmeProgramme afghan d'alphabétisation via le mobile
Organisation chargée de la mise en œuvreAfghan Institute of Learning (AIL)
Langues d’enseignementDari
PartenairesThe US Afghan Women’s Council (USAWC) ; Chaire UNESCO, université de Georgetown ; Creating Hope International (CHI)

Présentation

Initié sous forme de projet pilote d'un an, le programme afghan d'alphabétisation via le mobile avait pour but d'alphabétiser les communautés, en particulier les femmes, à travers une approche combinant cours et exercices via le téléphone portable. Mis en œuvre par l'Afghan Institute for Learning (AIL), en collaboration avec Creating Hope International, et inspiré du modèle du projet pilote conjoint UNESCO/Bunyad Foundation au Pakistan, il a été adapté au contexte afghan et aux défis spécifiques de ses apprenants.

Le programme est basé sur une approche alliant téléphonie mobile et enseignement direct. Il vise à améliorer le niveau d'alphabétisation des femmes rurales afghanes en leur donnant un moyen de communiquer avec leurs pairs et leur famille. Un téléphone portable est distribué aux femmes pour les aider à renforcer leurs acquis après les cours.

L'alphabétisation est très importante, compte tenu de la situation de l'éducation des femmes en Afghanistan, et ce programme inaugure une nouvelle approche en la matière. Mis en œuvre au niveau des centres d'apprentissage AIL de deux villages, le projet a alphabétisé 25 femmes par village. Ces centres ont été choisis sur la base de la forte cohésion sociale de ces villages, favorable aux projets d'alphabétisation. En outre, la proximité des deux villages favorisait une communication constante entre membres du personnel.

Historique et contexte

L'Afghanistan améliore sa stabilité économique et l'espérance de vie de sa population. De plus, il progresse en termes d'éducation et d'égalité entre les sexes. L'interdiction de l'éducation des filles par les Talibans a fortement pesé sur l'alphabétisation des femmes. Mais, l'éducation des femmes ne cesse de gagner en importance depuis qu'ils ont perdu le pouvoir : elles représenteraient actuellement 39% des étudiants.

Malgré ces progrès, l'alphabétisme en Afghanistan reste parmi les plus faibles du monde, avec des taux estimés à 43,1% pour les hommes et à seulement 12,6% pour les femmes, conséquence des régimes répressifs successifs et de plus de 30 années de guerres. Des efforts ont été faits pour mettre en place un système éducatif adéquat, notamment à travers la création d'écoles primaires ouvertes aux filles. Malgré l'annonce en 2007 d'un Plan d'action national pour les femmes, l'éducation des Afghanes ne va guère au-delà de cette mesure. Qui plus est, elles sont fréquemment privées d'accès aux écoles publiques. C'est ainsi que des milliers de femmes ont été exclues du système éducatif et qu'il est très difficile pour les adultes afghanes de s'alphabétiser et d'acquérir des compétences professionnelles. Face à ces problèmes, le projet d'alphabétisation via le mobile a été un indice prometteur de la possibilité de changer la donne.

L'usage du téléphone portable en Afghanistan est passé de moins de 1% de la population en 2001 à plus de 18 millions d'abonnés actifs en 2012. Les quatre opérateurs principaux couvrent au moins 90% de la population afghane. Cette forte pénétration technologique a amené plusieurs organisations à s'appuyer sur cette infrastructure de télécommunication pour desservir les populations défavorisées via divers programmes socio-économiques. Les services fournis incluent, entre autres, l'assistance médicale spécialisée aux centres de santé ruraux via des applications mobiles, l'accès des fermiers aux données du marché et l'extension des services financiers.

Programme

Le programme d'alphabétisation via le mobile a été exécuté parallèlement au cours d'alphabétisation de l'AIL. Il a été conçu pour enseigner en seulement quatre mois le contenu du cours, qui dure normalement 9 mois. Loin de se substituer au cours d'alphabétisation, il vise à renforcer les enseignements dispensés en classe et à encourager l'acquisition permanente de compétences en dehors des cours.

Image

L'ouverture du premier centre AIL dans un village s'explique par la volonté des villageois de se doter d'un centre d'apprentissage. Le second, ouvert dans un village dépourvu d'école publique en 2006 avec l'appui de l'AIL, est doté d'un centre d'enseignement et offre une formation adéquate aux enseignants.

Le programme s'inspire du projet UNESCO/Bunyad du Pakistan (http://www.unesco.org/uil/litbase/?menu=14&country=PK&programme=125), qui avait identifié la facilité, pour les jeunes, de réintégrer un environnement non alphabétisé en fin de formation comme une des principales raisons de la perte de leurs acquis. Au Pakistan, l'alphabétisation a pu être maintenue grâce à l'intégration des TIC, qui a encouragé les étudiants à consolider leurs acquis.

Mise en œuvre du programme : approches et méthodes

Les centres d'apprentissage AIL, initialement ouverts dans des camps de réfugiés afghans en 2002, dispensent des enseignements divers. L'offre inclut des activités génératrices de revenus, comme la couture et la tapisserie, mais aussi l'enseignement général du préscolaire au supérieur, la formation du personnel enseignant et administratif, les cours de perfectionnement académique et professionnel et des ateliers sur les droits de l'homme et le leadership. Les centres ont pour mission d'autonomiser les Afghans à travers l'expansion des services éducatifs et la promotion de la réflexion critique, de l'autonomie, du leadership et de la participation communautaire. L'alphabétisation fait partie des piliers des centres d'apprentissage AIL. Les apprenants sont âgés de 10 à 50 ans, et de 14 à 32 ans pour l'alphabétisation via le mobile. Issus en majorité de familles rurales, ils vivent dans la localité depuis des générations.

Alphabétisation via le mobile

Les centres d'apprentissage du programme d'alphabétisation via le mobile ont été ouverts sur proposition de l'AIL à certains villages de créer une organisation communautaire chargée de l'alphabétisation. Le premier centre a été ouvert par un enseignant local respecté, qui avait présenté le projet aux anciens du village après avoir identifié des enseignants potentiels et une maison abandonnée pouvant servir d'école. Au départ, le centre enseignait trois matières : alphabétisation, arabe et couture.

Image

Le succès du centre d'apprentissage n'a pas échappé aux villages environnants, qui voulaient aussi leur propre centre. C'est ainsi qu'un autre centre d'apprentissage sera ouvert par un village voisin, qui voulait une école pour les femmes et les enfants mais n'avait pas les moyens de former et payer un enseignant. Grâce à l'appui financier et technique de l'AIL, le village a pu améliorer et développer la qualité de l'éducation. L'appui de l'AIL aux projets villageois a commencé en 2006.

Le programme d'alphabétisation via le mobile a été mis en œuvre dans deux villages en vue de renforcer les initiatives déjà en cours et d'accélérer l'acquisition de compétences. Des téléphones portables et des cartes de crédit ont été distribués aux apprenantes pour leur permettre d'envoyer des messages. Chaque centre d'apprentissage comptait 25 apprenantes par classe, soit 50 au total. Chaque centre avait un enseignant, un superviseur et un responsable de projet venu du bureau administratif de l'AIL. Les cours d'alphabétisation sont dispensés six jours par semaine sur une durée de quatre mois.

Faire comprendre les bienfaits de l'alphabétisation aux femmes et aux filles afghanes peut parfois relever de la gageure. Outil pour recevoir des exercices par SMS mais aussi pour l'usage personnel, le téléphone portable permet aux apprenantes de combler le fossé entre l'alphabétisation acquise et son utilisation dans la vie courante et pour la communication. Parallèlement aux exercices à copier dans des cahiers, les apprenantes reçoivent d'autres SMS abordant généralement des questions et des thèmes relatifs à certains aspects de leur quotidien. Pour aider les apprenantes à comprendre l'intérêt d'utiliser leurs compétences dans la vie courante, il est utile de rattacher l'alphabétisation à des thèmes en rapport avec leur quotidien.

Initialement conçu pour les personnes déjà un peu alphabétisées, le projet a fini par attirer un grand nombre de participantes totalement analphabètes. Toutefois, avant la fin du programme, presque toutes les apprenantes avaient fait des progrès remarquables.

Alphabétisation via les SMS

Image

Différents types de messages ont été envoyés aux apprenantes. Le principal exercice consiste à compléter une phrase, qu'elles devaient recopier en ajoutant le mot manquant. Cette approche permet de vérifier qu'elles ont entièrement lu la phrase et cherché le mot qui convient. Ensuite, il y avait des questions ouvertes destinées à favoriser la réflexion critique et l'écriture, qui nécessitaient la répétition de la question posée. Certaines questions dépendaient de l'avis personnel ou nécessitaient des recherches supplémentaires. Une autre tâche consistait à ordonner des phrases, permettant ainsi aux apprenantes de s'exercer en compréhension et en grammaire.

Le recours à la téléphonie mobile pour compléter l'apprentissage a séduit les enseignants expérimentés qui servaient de mentors aux apprenantes. Les leçons étaient dispensées suivant des méthodes standardisées, telles que la lecture à haute voix en classe, la copie et la mémorisation de mots, et consolidées au moyen de la technologie mobile. L'articulation entre apprentissage en classe et hors de la classe via la technologie mobile a été très efficace et stimulante pour les apprenantes, en leur permettant d'évaluer immédiatement leurs progrès. Pour elles, l'alphabétisation était devenue moins une tâche sans finalité précise et de plus en plus une aptitude utile pour communiquer et approfondir leur compréhension du monde environnant.

Image

Recrutement du personnel

Pour ce projet, il fallait deux alphabétiseurs expérimentés, mais aussi un responsable basé au bureau central de l'AIL et un superviseur par centre d'apprentissage.

Ressources technologiques

Chaque apprenante a reçu un téléphone portable avec assez de crédit pour faire ses exercices. L'usage des appareils à des fins personnelles a été encouragé afin de promouvoir la consolidation des acquis et l'autonomisation des apprenantes.

Suivi et évaluation

L'organisation de tests avant et après la formation a permis de suivre efficacement le programme et les progrès des apprenantes. Le test post-formation était conçu pour évaluer leur aptitude à donner des réponses courtes et longues par rapport à leur niveau initial. Au lieu de contrôler les connaissances en orthographe et en vocabulaire, il testait l'aptitude à effectuer des tâches nécessitant des compétences en lecture/écriture, telles que suivre des instructions, lire des questions et formuler des réponses qui ont un sens.

Exemples de questions :

  1. Qui respectez-vous et pourquoi ?
  2. Qu'avez-vous fait ce matin ?

Image

Impact

Les apprenantes ont suivi six séances d'alphabétisation par semaine pendant quatre mois. Le projet a respecté son plan, associant avec succès le travail d'alphabétisation en classe aux exercices par SMS. À la fin du programme, 83% des apprenantes via le mobile ont réussi au test post-formation basé sur la syntaxe et le vocabulaire, et sont passées au niveau 3.

L'utilisation de locaux connus et d'un personnel expérimenté a été un élément important de la réussite du programme, notamment avec des communautés favorables au projet, qui ont présenté de nombreuses participantes motivées et enthousiastes.

Les témoignages d'apprenantes ci-dessous attestent de l'impact du programme.

« Avant cette formation, il n'y avait ni livre ni magazine chez moi. Maintenant, j'ai trois romans et onze magazines que je range dans ma petite bibliothèque. C'est la preuve de ma motivation ».
« Maintenant, je déborde d'envie d'apprendre »
« Avant ces quatre mois, je n'écoutais ni ne comprenais les informations. Maintenant, je suis constamment à la recherche d'informations car, en classe, nous devions trouver des informations générales et scientifiques pour nos messages ».
« Maintenant, j'ai gagné en assurance. J'ai décidé d'aller à l'école à la rentrée prochaine ».

Ce n'est là qu'un petit échantillon des nombreux témoignages qui montrent toute la portée de l'impact positif du programme d'alphabétisation via le mobile sur la vie des participantes. Autre impact durable du projet, les perspectives sociales que la technologie mobile a ouvertes pour les participantes, mais aussi le fait qu'il les encourage à aller au-delà des leçons dispensées en classe. En effet, le feedback a montré que leur nouvelle aptitude à communiquer via le téléphone portable leur a permis de garder le contact avec des proches expatriés et, qui plus est, d'entrer dans le nouveau monde de l'interaction technologique. Il s'y ajoute leurs nouvelles aptitudes à comprendre et à interpréter l'actualité et à s'intéresser au monde extérieur à leur communauté.

De plus, le programme a autonomisé les participantes en dissipant de nombreux mythes et appréhensions à propos de l'accès de la femme à l'information via les TIC en Afghanistan. Par exemple, des parents qui estimaient que les nouvelles technologies n'étaient pas sures pour les enfants se sont retrouvés à leur demander de l'aide pour faire leurs exercices, mais aussi à utiliser les téléphones pour communiquer. Cela a favorisé l'interaction sociale pour les femmes, qui étaient généralement confinées chez elles, et encouragé le développement des communautés afghanes.

Image

Résultats

Les résultats du projet témoignent du succès éclatant de sa mise en œuvre et de la possibilité pour d'autres programmes d'alphabétisation d'adopter cette approche. Les participantes ont envoyé en moyenne 1750 messages en utilisant quotidiennement leur téléphone portable. La technologie a été utilisée aussi bien pour faire les exercices que pour communiquer avec les camarades de classe, favorisant ainsi l'application pratique des acquis à la vie courante et aux relations sociales.

Après quatre mois d'alphabétisation, 83% des apprenantes ont subi avec succès le test post-formation basé sur la syntaxe et le vocabulaire, remplissant ainsi les conditions pour passer au niveau 3 du programme d'enseignement public afghan. En outre, à la fin du programme, certaines savaient déjà lire des magazines et des journaux. C'est dire que les apprenantes, y compris celles qui étaient totalement ou à peine alphabétisées au départ, ont fait d'énormes progrès. Les résultats du projet prouvent qu'un niveau d'alphabétisation normalement acquis en neuf mois peut être atteint en deux mois grâce à l'intégration de la téléphonie mobile. Ainsi, deux niveaux d'alphabétisation ont été achevés en quatre mois. Les progrès réalisés par les filles et les femmes pour franchir le premier niveau dans un temps plus court constituent également un succès remarquable.

Les participantes ont demandé l'extension du programme à l'ensemble des cours d'alphabétisation et des autres centres AIL. Actuellement, 83 apprenantes attendent le démarrage du prochain programme d'alphabétisation via le mobile.

Succès

Outre les tests organisés avant et après la formation, il existe d’autres indicateurs de succès :

Défis

Solutions et recommandations

En respectant les règles, le personnel enseignant et administratif a su faire accepter le programme par les familles des femmes concernées. C'est ainsi que trois femmes retirées du programme l'ont réintégré une fois que sa mise en œuvre et ses règles ont été expliquées à leurs familles. La presque totalité des filles qui ont participé au projet ont exagéré leur niveau d'alphabétisation en début de programme. Néanmoins, elles ont largement dépassé les attentes. Preuve que le programme convient à tous, y compris aux participantes très faiblement alphabétisées.

Pour autonomiser davantage les femmes et les filles par l'éducation et la technologie, des dispositions claires doivent être prises, notamment :

D'autres mesures peuvent être prises pour encourager l'usage des TIC par les femmes et leur alphabétisation :

  1. Promouvoir l'expansion de la possession et de l'usage de téléphones portables par les femmes en respectant la culture locale et en collaborant avec les opérateurs de réseaux mobiles pour leur montrer l'intérêt d'acquérir des clientes.
  2. Promouvoir l'expansion de la possession et de l'usage de téléphones portables à l'échelle nationale en mettant l'accent sur les avantages éducatifs et sensibiliser davantage la population, en particulier les femmes.
  3. Mettre au point une technologie de téléphonie mobile simple d'utilisation qui appuie l'alphabétisation (par exemple, via une application qui pourrait être très utile pour les enseignants en classe).
  4. Coordonner les stratégies de dotation des femmes en téléphones portables afin d'intégrer l'alphabétisation via le mobile à d'autres programmes.
  5. Renforcer l'appui des bailleurs de fonds à l'alphabétisation via le mobile.
  6. Encourager les plateformes existantes pour l'éducation et la mobilité des femmes afin de promouvoir l'adoption de l'alphabétisation via le mobile.
  7. Identifier et apporter une réponse aux besoins en énergie qui vont de pair avec l'usage de la téléphonie mobile en zone rurale.

Leçons apprises

L'expertise professionnelle et la stabilité institutionnelle du personnel intervenant dans le programme d'alphabétisation via le mobile ont été un facteur essentiel de sa réussite. Étant donné l'expérience des enseignants, aucun support de formation supplémentaire n'était nécessaire, à part la liste de questions à envoyer aux participantes par SMS.

La collaboration étroite entre enseignant/mentor et apprenante et le dévouement des enseignants à la mission de l'AIL leur ont permis de bâtir une forte adhésion communautaire et familiale, de faire comprendre l'intérêt d'une instruction et d'un apprentissage basés sur la technologie ainsi que les bienfaits généraux de l'alphabétisation et de l'éducation des femmes et des filles.

References

Contact details

Dr. Sakena Yacoobi
Founder and Director, Afghan Institute of Learning
Email: sakena@afghaninstituteoflearning.org
Website: http://www.afghaninstituteoflearning.org/index.html

Creating Hope International
P.O. Box 1058
Dearborn, Michigan
48121 USA
Phone: 313-278-5806
Fax: 313-565-8515