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Alphabétisation de base par Cellulaire (ABC)

Profil de pays: Niger

Population

17 831 000 (2013)

Langue officielle

Français

Autre langues

Arabe dialectal, buduma, fulfulde (peul), gourmantché, haoussa, kanouri, zarma, tamajaq (touareg), tassawaq, toubou

Pauvreté (Population vivant avec moins de 1,25 dollar par jour)

44 % (2008)

Dépenses publiques totales d’éducation en % du PiB

4,44 (2012)

Taux net de scolarisation au primaire (2012, ISU)

62,8 %

Taux d’alphabétisation des jeunes (15+ ans, 2015, estimation ISU)

Femmes : 17,15 %
Hommes : 36,43 %
Deux sexes : 26,56 %

Taux d’alphabétisation des adultes (15+ ans, 2015, estimation ISU)

Femmes : 11,04 %
Hommes : 27,29 %
Deux sexes: 19,13 %

Sources statistiques

Présentation générale du programme

Titre du programmeAlphabétisation de base par cellulaire (ABC)
Organisation chargée de la mise en œuvreCatholic Relief Services
Langues d’enseignementTous les cours sont dispensés en langue locale zarma ou haoussa
Partenaires de financementCatholic Relief Services, Université Tufts, Fondation Hitachi, CITRIS et particuliers
PartenairesUniversité Tufts, Université d'Oxford, UC-Davis
Coûts annuels du programmeenviron 175 000 dollars
Date de création2008

Historique et contexte

Pays pauvre, le Niger se classe dernier à l'Indice de développement humain (IDH) des Nations Unies, un indicateur comparatif de l'espérance de vie, de l'alphabétisme, de l'éducation, du niveau de vie et de la qualité de vie des différents pays. Même si le gouvernement a augmenté ses dépenses d'éducation de près de 2 % depuis 1999, le Niger compte encore l'un des plus grands nombres d'enfants déscolarisés. L'éducation obligatoire dure six ans, mais plus de 50 % des enfants nigériens censés être en 5è année ne vont pas à l'école, alors que 75 % des jeunes n'y passent que quatre ans. Les enfants scolarisés sortent souvent du cycle primaire avec un niveau d'alphabétisme faible ou inexistant, probablement du fait que seulement 17 % des enseignants nigériens sont dûment formés (UNESCO 2014). Si la tendance actuelle se poursuit, le Niger n'atteindra l'enseignement primaire universel qu'en 2070 (ibid.).

Les Nigériennes sont logées à bien pire enseigne, avec un taux d'alphabétisme inférieur de 30 pour cent à celui des hommes et moins d'un quart des jeunes femmes ayant le niveau d'alphabétisation de base. L'inégalité entre les sexes se reflète également dans le recrutement d'enseignants : seulement 18 % des enseignants du secondaire sont des femmes.

L'accès à Internet constitue un énorme défi au Niger en raison du manque de ressources financières et de la mauvaise qualité des infrastructures. Selon les estimations, seule une personne sur 100 utilise Internet (UNICEF 2011). En revanche, 27 Nigériens sur 100 possèdent un téléphone portable, un chiffre qui augmente rapidement avec l'extension de la couverture nationale (ibid.).

Le désir d'apprendre à émettre un appel ou à écrire un SMS, qui est un moyen de communication peu coûteux et de plus en plus populaire au Niger, a été un facteur important encourageant les adultes analphabètes à apprendre les chiffres et les lettres. Pour cette raison, le projet ABC a utilisé le téléphone portable comme outil pédagogique simple et peu coûteux pour encourager les adultes à s'alphabétiser et leur permettre d'appliquer leurs connaissances non seulement en classe, mais aussi en dehors – un défi de taille pour la plupart des programmes d'alphabétisation des adultes.

Présentation du programme

Le programme ABC est une initiative collaborative qui fait du téléphone portable un outil de promotion de l'alphabétisation et de la numératie des adultes au Niger. Il est né des observations de chercheurs de l'Université Tufts et de Catholic Relief Services, qui ont vu des commerçants autrefois analphabètes apprendre tout seuls à lire et à écrire à l'aide d'un téléphone portable afin de profiter du tarif moins coûteux des SMS par rapport aux appels. Le programme a été conçu pour évaluer l'impact du téléphone portable sur l'apprentissage des adultes et ses retombées socio-économiques. Il intègre des modules d'alphabétisation et de numératie par téléphone à un cours d'alphabétisation des adultes classique, fréquenté par 50 apprenants (25 hommes et 25 femmes) dans chacun des 113 villages choisis dans les régions de Dosso et de Zinder. Tous les apprenants suivaient un programme d'éducation des adultes classique. Toutefois, dans la moitié des villages (les « villages ‘ABC »), les participants apprenaient aussi à utiliser le téléphone portable.

Buts et objectifs

Mise en œuvre du programme

S’inspirant du programme d'éducation des adultes du ministère de l'Éducation non formelle, le cours a enseigné aux apprenants à lire et à écrire en langue autochtone (haoussa et zarma) et à résoudre des problèmes de mathématique simples. Les participants ont aussi acquis des connaissances relatives à l'agriculture, à l'environnement et à la santé. Les modules d'éducation des adultes incluent des cours, des activités de répétition et de pratique et des exercices quotidiens.

Le programme d'éducation des adultes comprend huit mois de cours d'alphabétisation et de numératie sur une période de deux ans. Les cours sont dispensés cinq fois par semaine à raison de trois heures par jour.

Ils débutent en février et se poursuivent jusqu'en juin, avec sept mois de vacances entre les deux années d'étude du fait de la saison de culture et de moisson. En raison des pratiques socioculturelles en vigueur au Niger, chaque village a deux cours d'alphabétisation : un pour les hommes et un pour les femmes.

Deux mois après le démarrage du programme, les apprenants des villages sélectionnés commencent le module ABC. Celui-ci leur donne une instruction de base sur l'utilisation du téléphone portable, notamment comment allumer et éteindre l'appareil, émettre et recevoir des appels et envoyer et recevoir des SMS. Conformément aux directives du curriculum du ministère de l'Éducation non formelle, les apprenants utilisent des supports en langue haoussa ou zarma.

Recrutement et formation des enseignants

Le personnel enseignant a été recruté au sein de la communauté, sur la base du niveau d'études, et formé au curriculum d'éducation de base des adultes par le ministère de l'Éducation non formelle. Catholic Relief Services et Tufts ont enseigné la méthode ABC aux alphabétiseurs, dont le salaire mensuel est de 40 000 francs CFA (80 dollars). Pour s'assurer de l'engagement des enseignants, l'emploi du temps a été défini en collaboration avec les membres de la communauté.

Recrutement des apprenants

Les apprenants ont été recrutés sur la base de plusieurs critères d'admissibilité. Ils doivent être membres d'une association de producteurs de leur village. Ils ne doivent savoir lire ou écrire des lettres ou des chiffres dans aucune langue. Enfin, ils doivent exprimer le désir de participer au programme. Lorsqu'un village a plus de 50 candidats admissibles, le choix est fait par tirage au sort public. Tous les apprenants ont bénéficié d’une évaluation initiale, menée par l'Université Tufts sur la base de tests préparés par le ministère de l'Éducation non formelle. Les tests sont notés de 0 à 7, le niveau 0 correspondant à celui de l'« analphabétisme total » (c'est-à-dire, à une incapacité totale à reconnaître ou écrire les lettres de l'alphabet), et le niveau 7 à celui des apprenants capables d'écrire deux phrases complètes avec des mots complexes. Les niveaux correspondent à ceux du test de numératie, qui va du niveau 0 (« absence totale de numératie ») au niveau 1 (reconnaissance des nombres simples) et au niveau 7 (problèmes d'arithmétique avec addition, soustraction, multiplication et division). Tous les apprenants évalués avaient le niveau 0 ou 1.

Suivi et évaluation

L'Université Tufts a organisé plusieurs séries de tests tirés des supports d'évaluation du ministère en vue de comparer les résultats des tests de niveau d'alphabétisme et de numératie des villages dotés de téléphones portables à ceux des villages qui en étaient dépourvus. La première série de collecte de données, organisée par Tufts au mois de janvier de chaque année du programme, a généré des informations sur le niveau d'alphabétisme et de numératie des apprenants avant le démarrage des cours. Un deuxième test a été organisé à la fin du cours, par Tufts et le ministère, pour mesurer les effets immédiats du programme. Un troisième, organisé par Tufts au cours du mois de janvier suivant, avait pour but de vérifier la rétention des acquis au fil du temps. L'étude de Tufts comportait aussi une enquête auprès des ménages, des entretiens auprès de 1 038 familles d'apprenants dans 100 villages sur une période de trois ans. L'objectif était d'obtenir, pour chaque ménage, des informations sur la composition démographique, les ressources, les activités de production et commerciales, l'accès à l'information sur les prix, la migration et la possession et l'usage du téléphone mobile, avant, pendant et après le programme.

L'Université Tufts a également recueilli des données de suivi auprès de Catholic Relief Services et du ministère sur les caractéristiques et l'engagement des enseignants ainsi que l'inscription et l'assiduité des apprenants.

Impact et défis du programme

De 2009 à 2012, le programme d'éducation des adultes de Catholic Relief Services a engagé 7 000 personnes ayant des problèmes d'analphabétisme. L'analyse des notes en lecture, écriture et mathématique au fil du temps montre que les apprenants ont globalement progressé de 0 à une note comprise entre 2 ou 3 en moyenne. Autrement dit, ils savaient lire et écrire des phrases et effectuer des opérations d'addition et de soustraction. Toutefois, les notes d'écriture et de mathématique des villages ABC étaient de 20 à 25 % supérieures à celles des villages non ABC sur le court terme, et de 20 % supérieures sur le long terme (c'est-à-dire, sept mois après la fin du programme). Même si les deux groupes ont connu une baisse du niveau d'alphabétisme et de numératie au cours des six mois pendant lesquels les classes étaient fermées, le niveau de dépréciation était plus faible dans les villages ABC.

Au Niger, près d'un tiers (31 %) des adultes inscrits aux programmes d'alphabétisme classiques atteignent le niveau 1 en mathématique ou en écriture pendant la première année, alors que 36 % des adultes du programme ABC l'atteignent après seulement six semaines d'utilisation d'un téléphone portable. Le programme classique coûte 21,50 dollars par apprenant, contre 27,5 dollars par participant adulte pour le programme ABC. Naturellement, ces chiffres appellent la question suivante : Le programme ABC fait-il passer au niveau 1 plus d'adultes par dollar que le programme d'alphabétisation classique ? La première année, pour chaque dollar consacré au programme ABC, environ 80 % des apprenants ont atteint le niveau 1, contre 69 % pour les programmes classiques.

Défis

Le programme a été confronté à de nombreuses difficultés, comme l'imprévisibilité de l'environnement financier, les problèmes logistiques et la sécheresse. Les problèmes de financement l'ont retardé, entraînant une réduction du temps de contact entre enseignants et apprenants. À la suite d'une sécheresse dévastatrice survenue en 2009, moins d'élèves ont pu suivre le cours en 2010. De plus, les téléphones portables partagés n'ont pas été utilisés comme prévu à cause d'un suivi inadéquat.

Leçons apprises

Dans les cours d'alphabétisation classiques, les apprenants ont souvent du mal à mettre leurs acquis en pratique, principalement à cause de l'absence d'informations récentes et pertinentes en langue locale. Mais, avec le téléphone portable, ils ont la possibilité de le faire plus régulièrement en dehors des cours. Les messages SMS offrent un moyen de communication simple et peu coûteux, qui permet aux apprenants non seulement de partager des informations sur des événements mais aussi de discuter régulièrement avec leurs proches, amis et contacts commerciaux. Le tarif relativement bas du SMS, par rapport aux appels, peut avoir des avantages imprévus importants pour les communautés pauvres à fort taux d'analphabétisme, où il est susceptible de constituer une puissante motivation financière d’apprendre à lire et à écrire des messages textuels.

L'usage de la technologie mobile en classe a été une source de motivation à la fois pour les enseignants et les apprenants, car il leur permet ainsi qu'à leur famille d'utiliser le téléphone à d'autres fins, par exemple pour obtenir des informations sur les prix des produits de consommation ou sur le marché du travail (Aker et Mbiti 2010). Les résultats indiquent également que les enseignants plus instruits sont plus aptes à se servir de la technologie mobile pour améliorer l'expérience de leurs apprenants. D'où, l'importance de la qualité des enseignants. En outre, les téléphones portables ayant été fournis pour les besoins du programme, celui-ci n'aura pas à en acheter pour ses futurs projets, ce qui en réduira nettement le coût. Même si, comme indiqué plus haut, le gouvernement du Niger a augmenté ses dépenses d'éducation, elles restent parmi les plus faibles au niveau mondial. Pour cette raison, l'usage de la téléphonie mobile dans les programmes d'éducation des adultes fait partie des nombreuses interventions éducatives qui se disputent les maigres ressources publiques du pays.

Pérennité

Malgré le manque de financement, le programme ABC s'est étendu à plus de 400 villages du Niger au cours des trois dernières années grâce à l'appui du programme Food for Peace (Vivres contre paix) de l'USAID. Il a également inspiré d'autres projets, tels que CellEd (http://www.celled.org/), une plateforme d'enseignement de l'anglais comme deuxième langue via le téléphone portable pour apprenants établis aux États-Unis.

Sources

Contact

Bill Rastetter
Représentant pays
Adresse : Blvd. Mali Béro/Ave. Sultans BP 871 Niamey, Niger
Tél : +227 20 72 21 25, Fax : +227 20 72 30 04
E-mail : Bill.Rastetter (at) crs.org
Site web : http://www.crs.org