Programme de développement et d’apprentissage des adultes basé sur la communauté
Profil de pays: Philippines
Population | 96 471 000 (2012) |
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Langue officielle | philippin, anglais (langues régionales reconnues : bikol, cebuano, ilocan, hiligaynon, kapampangan, pangasinan, tagalog et waray-waray) |
Pauvreté (Population vivant avec moins de 2 dollar par jour, %): | 42% (2009) |
Dépenses publiques totales d’éducation en % du PNB | 2.7 (2009) |
Taux net d’admission dans l’enseignement primaire (TNA total, %) | 96 (2011) |
Taux d’alphabétisme des jeunes (15 – 24 ans) | Femmes : 98% (2005–2010) |
Taux d’alphabétisme des adultes (15 ans et plus) | Femmes : 97% (2005–2010) |
Sources |
Présentation générale du programme
Titre du programme | Programme de développement et d’apprentissage des adultes basé sur la communauté (CALDP) |
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Organisation chargée de la mise en œuvre | Initiative populaire pour l’apprentissage et le développement communautaire (PILCD, « People’s Initiative for Learning and Community Development ») |
Partenaires de financement | dvv International |
Coûts annuels du programme | US$ 30 000 |
Présentation générale
L’Initiative populaire pour l’apprentissage et le développement communautaire est une ONG nationale créée en 2002. Elle fait maintenant partie des organisations nationales et régionales pour l’alphabétisation et l’éducation comme la Société civile pour les réformes de l’éducation (« Civil Society for Education Reforms ») ou E-net Philippines (une coalition nationale d’ONG pour les réformes de l’éducation), le Bureau d’éducation des adultes pour l’Asie et le Pacifique Sud (ASPBAE, « Asian South Pacific Bureau of Adult Education ») ; le Conseil régional de coordination de l’alphabétisation de la Région administrative de Cordillera (CAR) (« Regional Literacy Coordinating Council of the Cordillera Administrative Region ») et l’assemblée consultative des ONG du Conseil de coordination nationale de l’alphabétisation (« National Literacy Coordinating Council »).
La PILCD s’efforce principalement d’élaborer et de mettre en place des programmes d’apprentissage alternatifs pour le développement communautaire. À cette fin, elle a mis sur pied le Programme d’apprentissage et de développement des adultes basé sur la communauté (CALDP) qui a pour objet d’institutionnaliser l’apprentissage alternatif dans la perspective d’un développement au niveau local afin d’améliorer la capacité des communautés locales à relever de manière proactive les défis sociaux, politiques et économiques qui les touchent et à augmenter leur niveau de vie.
Historique et contexte
Bien que le taux d'alphabétisme aux Philippines soit élevé (plus de 90 %), une enquête portant sur l’alphabétisme fonctionnel, l’éducation et les mass media (FLEMMS, 2003) a révélé qu’environ 3,8 millions de Philippins âgés de 10 ans et plus étaient incapables de lire et d’écrire, 9,2 millions d’entre eux étant par ailleurs fonctionnellement analphabètes. L’enquête FLEMMS a également constaté que sur les 34,2 millions de Philippins âgés de 6 à 24 ans, 11,6 millions ne fréquentaient pas l’école, dont : 1,2 millions d’enfants d’âge scolaire primaire (6 à 11 ans), 1 million d’âge scolaire secondaire (12 à 15 ans) et 9,4 millions du groupe d’âge relevant de l’enseignement supérieur (16 à 24 ans). En outre, l’enquête sur le revenu et les dépenses des familles (FEIS, Family Income and Expenditure Survey, 2003) indiquait qu’environ 44,5 % des chefs de familles avaient reçu au plus une éducation élémentaire alors que 33,9 % avaient atteint le niveau secondaire et 21,6 % avaient fréquenté l’enseignement supérieur dont moins de la moitié en y obtenant un diplôme. Ces données indiquent qu’en dépit d’une augmentation progressive des taux d’alphabétisme nationaux au fil des années, certains Philippins, en particulier les populations pauvres habitant les bidonvilles et les zones rurales éloignées, ainsi que les populations autochtones, ont peu de chance d’accéder à une éducation formelle de qualité. Prenant acte de cet état de fait, la PILCD a initié le Programme d’apprentissage et de développement des adultes basé sur la communauté (CALDP) dans le but de répondre aux besoins en matière d’apprentissage et d’éducation de ces populations défavorisées.
Programme
Le CALDP est actuellement à l’œuvre dans trois municipalités locales dans la province de Benguet et la ville de Baguio. Entre 150 et 200 apprenants jeunes et adultes s’inscrivent tous les ans au programme qui est doté d’un budget annuel d’environ 30 000 USD. Compte tenu de la diversité ethnique et linguistique des Philippines, le programme adopte une approche multilingue de l’enseignement et utilise donc les langues régionales, le philippin et l’anglais afin de permettre aux apprenants une compréhension efficace des concepts enseignés.
Le CALDP se concentre principalement sur quatre secteurs essentiels :
- Alphabétisation de base et avancée : élaboration et mise en œuvre de programmes d’éducation de base axés sur les besoins, basés sur le contexte et innovants, destinés aux adultes et aux enfants déscolarisés dans les communautés marginalisées et parmi les groupes d’âge vulnérables. Ces programmes s’appuient sur des approches d’apprentissage à domicile, modulaires et basées sur l’informatique.
- Mise en valeur des potentiels : les compétences sont mises en valeur par la formation à l’élaboration de projet, aux activités professionnelles, au développement rural, au leadership et à la gestion, à la gouvernance, à la subsistance et à la génération de revenus.
- Éducation à une agriculture durable : programme de formation permanente destiné aux petits agriculteurs et consacré à l’agriculture durable (notamment la gestion des sols, les systèmes de culture, le traitement des nuisibles/maladies), la formation au leadership et à l’entrepreuneuriat/au commerce.
- Lobbying et mobilisation en vue d’améliorer l’offre de programmes d’apprentissage des adultes basés sur la communauté.
Buts et objectifs
Le programme s’attache à :
- faire progresser les niveaux d’alphabétisme fonctionnel chez les personnes et les groupes sociaux/communautés marginalisés et vulnérables ;
- utiliser le développement des compétences en lecture et en écriture comme outil pour réduire la pauvreté, développer la communauté et protéger l’environnement durablement ;
- faire progresser la capacité des communautés marginalisées à s’engager dans des activités assurant des moyens d’existence durables, notamment la production agricole ;
- encourager l’auto-organisation des communautés ;
- rendre autonomes les communautés/personnes marginalisées pour qu’elles participent activement à la vie civique socio-politique.
Mise en oeuvre du programme : approches et méthodologies
Conception et élaboration du cursus
Le CALDP associe activement la formation aux compétences en lecture et en écriture au développement durable, tant au niveau individuel que communautaire. La conception et le développement du programme sont fondés sur la réalité situationnelle des apprenants mais ils intègrent également des aspects pertinents élargis à l’échelle nationale et internationale. Ces réalités servent de références d’apprentissage et permettent aux apprenants, non seulement de faire face à leurs problèmes, mais surtout de rechercher proactivement des solutions fonctionnelles à ces défis tout en concourant à la croissance et au développement individuel et communautaire. Le programme étant basé sur la communauté, les apprenants sont par ailleurs consultés en ce qui concerne sa conception et son développement, et les résultats de ces consultations contribuent à réaliser le cadre du programme éducatif.
Recrutement et formation des formateurs
Les animateurs du programme font habituellement partie du personnel permanent de la PILCD et possèdent des qualifications universitaires en enseignement, psychologie et sociologie. Des animateurs supplémentaires sont embauchés en fonction des besoins et seront de préférence diplômés de l'université. Les animateurs reçoivent de la PILCD une formation professionnelle sur les théories en matière d’apprentissage des adultes, les méthodes d’enseignement et d’apprentissage, la planification et l’élaboration des cours et l’animation créative employant l’approche « activité-discussion-apport-approfondissement-synthèse » (ADIDS, « Activity-Discussion-Input-Deepening-Synthesis ») qui intègre les techniques du théâtre et les arts visuels. Chaque animateur est formé pour prendre en charge des groupes de 25 à 30 apprenants.
Les personnels/animateurs permanents de la PILCD reçoivent un salaire mensuel qui est prévu aux termes de l’accord de financement du programme. Les animateurs supplémentaires embauchés en fonction des besoins sont payés par l’administration partenaire locale sous forme d’honoraires basés sur les heures et les jours prestés .
Inscription des apprenants
La PILCD, en partenariat avec les responsables de communautés, les ONG et les représentants des administrations locales, lance des campagnes de sensibilisation et de mobilisation en faveur de l’alphabétisation et du développement afin d’encourager les groupes cibles à s’inscrire au programme. Pour que la campagne soit efficace et produise les résultats escomptés, la PILCD instaure des réunions consultatives avec les représentants des communautés et des administrations locales durant lesquelles les buts et objectifs du CALDP sont expliqués. La PILCD organise également des activités de campagne et des réunions d’orientation avec les apprenants potentiels et d’autres membres des communautés. La gratuité du programme est un encouragement supplémentaire pour les apprenants potentiels et leurs communautés.
Approches et méthodologies d’enseignement/d’apprentissage
Les sessions d’apprentissage du CALDP se tiennent de manière régulière mais souple en se basant sur l’analyse des besoins d’apprentissage des apprenants, des niveaux d’alphabétisme, des lacunes éducatives et des résultats escomptés. Ceux-ci sont identifiés au moyen d’une série de tests d’alphabétisme fonctionnel (Functional Literacy Tests, FLT) et d’activités de groupes préalables à l’inscription. En outre, les apprenants participent à l’élaboration du calendrier d’apprentissage en choisissant les jours et les heures qui leur conviennent le mieux. Par le passé, les sessions du CALDP se sont tenues une ou deux fois par semaine, ou une semaine par mois selon la disponibilité des apprenants.
Pour éviter que l’instruction soit centrée sur l’animateur, plusieurs méthodes d’enseignement sont utilisées. Elles vont du cours classique avec présentations multimédias aux activités de groupe, en passant par l’apprentissage basé sur les modules, les démonstrations sur le terrain, les jeux et les arts créatifs qui prennent en compte les styles d’apprentissage des participants et les contextes différents. Cependant, une importance particulière est accordée à l’apprentissage fondé sur l’action qui emploie le modèle « ADIDS », par lequel les apprenants sont encouragés à se lancer dans des activités simulées ou réelles qui contribuent au développement global du projet. Cette approche pragmatique vise à rendre les apprenants autonomes et à leur permettre de faire leurs propres découvertes. Elle a été utilisée avec succès pour les cours d’agriculture auprès de petits exploitants à Buduias où la PILCD a mis sur pied une ferme modèle pour les cours pratiques.
En outre, le programme fournit aux apprenants des modules d’auto-apprentissage supplémentaires autogérés qu’ils peuvent utiliser seuls ou en groupes durant leur temps libre. La plupart des modules sont mis au point par la PILCD en se basant sur « les modules d’apprentissage de validation et d’équivalence » (A&E, « Accreditation and Equivalency ») fournis par le Bureau du système d’apprentissage alternatif (BALS, « Bureau of Alternative Learning System ») du ministère de l’Éducation tandis que d’autres sont mis au point indépendamment par des ONG.
De même, la PILCD emploie différentes stratégies pour motiver les apprenants et leurs communautés à participer au programme. En dehors des campagnes de mobilisation et de l’enseignement gratuit, le CALDP propose également une alphabétisation qui forme au développement dans de nombreux domaines tels : l’alphabétisation de base et avancée, la maîtrise des outils informatiques, les ateliers musique et art, les activités culturelles, les compétences nécessaires dans la vie courante et la formation à la génération de moyens d’existence et de revenus, en particulier dans le cadre de la production agricole. L’objectif est de bien prendre en compte la diversité des intérêts parmi les apprenants ; les hommes adultes, par exemple, sont plus enclins à participer aux cours d’agriculture tandis que les jeunes ont tendance à s’inscrire aux cours d’éducation de base et d’alphabétisation.
Les apprenants du CALDP bénéficient d’une motivation supplémentaire à poursuivre leurs études par la possibilité qui leur est offerte de passer les examens de validation et d’équivalence proposés tous les ans par le Bureau du système d’apprentissage alternatif du ministère de l’Éducation. Les participants qui réussissent cet examen reçoivent du ministère de l’Éducation des certificats d’obtention de diplôme du secondaire qui leur permettent de poursuivre des études supérieures ou de chercher un emploi d’un niveau similaire à celui des diplômés de l’éducation formelle.
Impact et défis du programme
Suivi et évaluation
Les animateurs ont l’obligation d’évaluer le programme de manière continue au moyen de tests de fins de session. Des tests plus longs sont également pratiqués afin de pouvoir évaluer les résultats de l’apprentissage sur le long terme et de préparer les apprenants aux examens de validation et d’équivalence.
En outre, les apprenants évaluent le programme au moyen d’un journal de retour d’information sur l’apprentissage qui consiste principalement en un compte rendu détaillant les expériences d’apprentissage et suggérant des façons d’améliorer le programme.
Cependant, il reste au programme à être évalué par des examinateurs extérieurs et indépendants.
Impact et réalisations
Le CALDP a été applaudi pour avoir fait progresser les objectifs inextricablement liés de la formation aux compétences en lecture et écriture et du développement communautaire. Ses impacts et réalisations essentiels sont :
- Tout d’abord, le programme offre aux adultes et aux jeunes vivant dans des communautés éloignées, pauvres et rurales – dont la majorité possède une expérience limitée en matière d’éducation voire aucune expérience – des opportunités d’apprentissage alternatives pour faire progresser leurs compétences en lecture et en écriture. La plupart des participants au programme sont maintenant capables de lire et d’écrire ainsi que de planifier et d’organiser les activités assurant leur subsistance. Mais surtout, depuis 2004, 189 diplômés du CALDP ont réussi l’examen national de validation et d’équivalence et ont achevé leur scolarité secondaire. D’autres sont parvenus à obtenir un emploi en bonne et due forme.
- Le programme a eu des répercussions significatives sur les communautés, tout particulièrement en termes de réduction de la pauvreté, d’accès à l’autonomie économique et d’amélioration de la qualité de vie. Par exemple, les membres d’une organisation de femmes ayant participé au programme ont ensuite été capables d’installer un système d’adduction d’eau communautaire dans le village de Bayoyo, tandis qu’une organisation de mères à Taba-ao a monté un projet d’élevage de porcs. Ces activités générant des moyens d’existence et des revenus ont fait progresser le niveau de vie communautaire. Ces deux projets sont issus d’un programme d’apprentissage continu d’alphabétisation et de mise en valeur des potentiels. Les membres et les représentants des organisations ont reçu une formation dans le domaine du leadership, de l’organisation et du développement de projet au cours de sessions bimensuelles. Le développement des deux projets communautaires a impliqué les participants dans l’ensemble du processus de développement de projet.
- Le programme de formation en agriculture qui a été initié en 2003 a permis à quelques agriculteurs d’adopter des pratiques d’agriculture durable, telle l’utilisation d’engrais biologiques, et des stratégies adaptées à la gestion des nuisibles et des maladies. Deux agriculteurs de Buguias se sont notamment convertis à l’agriculture biologique. Tous les deux vendent à présent leurs légumes biologiques : un aboutissement qui a amélioré leurs niveaux de vie.
Leçons apprises
- La coordination et la coopération avec les organismes gouvernementaux et les ONG impliqués dans les activités de développement communautaire facilitent la mise en œuvre et le succès des projets d’alphabétisation et de développement basés sur la communauté.
- Associer la formation aux compétences en lecture et écriture à la formation au développement augmente la capacité des apprenants à s’engager dans des activités socio-économiques autonomes et collectives comme la gestion de projets générateurs de revenus et l’initiation d’actions communautaires en réponse aux défis de la vie courante. L’alphabétisation ouvre donc la voie à une plus grande participation individuelle dans les processus de développement communautaire.
- Pour être efficaces, les programmes d’alphabétisation et de développement basés sur la communauté doivent être élaborés et mis en œuvre d’une façon qui évite d’aliéner les apprenants de leurs contextes : les réalités et les besoins contextuels doivent être pris en compte. Il est donc impératif de consulter et d’impliquer la communauté à tous les niveaux de l’évolution du programme. En outre, l’alphabétisation devrait former les apprenants à trouver des solutions fonctionnelles aux défis auxquels ils sont confrontés dans leur vie de tous les jours. Les capacités des diplômés à ce faire encouragent les autres apprenants à rejoindre les programmes d’alphabétisation.
Pérennité
La pérennité du programme est assurée par des campagnes de lobbying et de mobilisation intensives au sein des communautés qui les sensibilisent à l’importance de l’éducation et encouragent les gens à s’inscrire au programme. Des efforts similaires sont entrepris afin d’encourager les entités administratives nationales et locales à institutionnaliser les programmes d’alphabétisation et d’éducation des adultes dans le cadre de leurs plans de développement. La PILCD met par ailleurs en place des partenariats avec des institutions gouvernementales et non gouvernementales afin d’obtenir des sources fiables de financement supplémentaire pour les projets. De tels partenariats ont permis à la PILCD d’étendre le CALDP à d’autres communautés.
Source
http://unesdoc.unesco.org/images/0016/001609/160907E.pdf
Contact
Ramon G. Mapa
Directeur exécutif
247 Lower Ferguson, Central Guisad,
2600 Baguio City, Philippines
Téléphone/Fax : (63974) 3005038
E-mail : Utilisateur: pilcd
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