La déscolarisation des jeunes : alphabétisation sommaire et développement des aptitudes à la vie quotidienne
Profil de pays: ÃŽles Marshall
| Population | 62 000 (estimation 2005) |
|---|---|
| Langue officielle | anglais, marshallais |
| Dépenses publiques totales d’éducation en % du PNB | 9,5 |
| Sources |
Présentation générale du programme
| Titre du programme | La déscolarisation des jeunes : alphabétisation sommaire et développement des aptitudes à la vie quotidienne |
|---|---|
| Organisation chargée de la mise en œuvre | Conseil national de la formation (NTC) ; Centre RMI de l’Université du Pacifique sud (RMI/USP) |
Contexte
La moyenne d’âge de la population marshallaise est relativement peu élevée. Disposer d’une population jeune et débordante de vitalité est souvent considéré comme un avantage, notamment pour une petite économie. Toutefois, l’accroissement exponentiel du nombre de jeunes déscolarisés dans l’ensemble du pays, et plus particulièrement dans les rues de Majuro, représente une sérieuse cause d’inquiétude.
On se trompe souvent sur les aptitudes et les compétences des jeunes déscolarisés et il est courant de penser que ces jeunes ont besoin de réapprendre les compétences d’alphabétisation les plus élémentaires, d’où leur marginalisation et le rejet dont ils sont victimes. En fait, ils disposent déjà d’une expérience de l’apprentissage dans un cadre formel, sans oublier que leur environnement et leur culture ont été pour nombre d’entre eux une source d’apprentissage féconde. C’est pourquoi l’expression « alphabétisation de base » ne recouvre pas uniquement l’apprentissage de la lecture et de l’écriture dans leur forme la plus élémentaire ; elle inclut l’identification des compétences et des savoirs acquis pour mieux les utiliser et les approfondir. Une multiplicité de raisons explique l’échec scolaire : elles peuvent être de nature socio-économique ou sanitaire, ou encore trouver leur origine dans l’urbanisation et la stigmatisation ; elles peuvent aussi provenir de facteurs liés aux enseignants ou aux méthodes et programmes d’enseignement.
Nombre d’organisations ont engagé des efforts concertés visant à diminuer l’impact de ces problèmes. De même, le gouvernement a pris conscience que ces jeunes gens représentent l’avenir de la nation ; c’est pourquoi il a demandé au NTC (National Training Council, ou Conseil national de la formation) de développer les aptitudes et le potentiel des jeunes déscolarisés par le biais de différentes opérations de formation afin de leur permettre de trouver des emplois, et donc d’améliorer leurs conditions de vie futures.
Programme
Le NTC doit faire face à deux difficultés dans l’exécution de son mandat : le faible niveau d’alphabétisation des jeunes déscolarisés et leur ignorance des compétences nécessaires dans la vie courante. En association avec le Centre RMI-University of the South Pacific (RMI/USP), le NTC a élaboré un programme d’éducation d’une durée de six mois destiné à pallier ces insuffisances chez ces jeunes. Le programme BELS (Basic Education and Life Skills, ou Éducation de base et compétences nécessaires à la vie courante) s’est déroulé de février à juillet 2008 ; 25 élèves ont assisté aux séances animées par un spécialiste en alphabétisation du Département des sciences de l’éducation de l’USP.
Objectifs
L’alphabétisation de base implique que les jeunes déscolarisés acquièrent les compétences de base qui leur seront nécessaires pour intégrer un monde que caractérisent complexité et technicité, notamment en technologies de l’information et informatique. Ce processus d’alphabétisation est un processus complexe faisant appel au développement des savoirs et des aptitudes que les jeunes déscolarisés ont acquis au cours des années, tout en leur proposant un accès à des opportunités de formation stimulantes.
Les cours d’alphabétisation (anglais pour débutants) avaient pour but de permettre aux apprenants d’utiliser la langue d’une manière appropriée et grammaticalement correcte. Commencer des cours d’anglais a également été perçu par les participants comme une occasion d’élargir leurs horizons et d’apprendre à communiquer avec pertinence non seulement dans la vie quotidienne mais également, à l’avenir, comme citoyens et professionnels responsables. Ce cadre de travail incluait en outre le développement de leur aptitude à porter un jugement. Être capable de raisonner signifie qu’ils sont à même de comprendre la complexité de leur monde et de réfléchir au mode de pensée de leurs contemporains afin de préciser et d’améliorer leurs propres processus de réflexion. Ces objectifs sont fondamentalement différents de la seule alphabétisation sommaire.
Le contenu du programme couvrait un large éventail de questions et de textes en rapport avec le style de vie des apprenants. Les niveaux de langue et les idées des différents auteurs des documents pédagogiques ont été utilisés de manière à permettre aux apprenants de développer les compétences suivantes :
- résolution des problèmes
- étude des problèmes à partir de leur propre perspective
- présentation d’éléments étayant leur point de vue
- application des savoirs aux situations nouvelles
- aptitude au raisonnement de base
Approche et méthodologie
Le recours à une approche pluridisciplinaire a permis de pérenniser l’apprentissage des jeunes adultes en identifiant et en développant leurs savoirs et leurs compétences. Ce type d’approche, orientée vers l’apprenant, adhère en outre au principe holistique du développement de l’esprit critique, de l’alphabétisation, des compétences linguistiques et nécessaires à la vie courante. Cette démarche a en outre permis aux apprenants de communiquer librement. Les stratégies de développement suivantes ont été utilisées :
- apprentissage au sein de la classe (par ex. techniques du remue-méninges, de la réflexion, du raisonnement et du partage)
- apprentissage coopératif ou en groupe
- travail à deux
- enseignement individualisé
- apprentissage personnel
Dans chacun des cas, les interactions et les réactions aux idées, à la langue et aux concepts contenus dans les documents pédagogiques ont été pris en considération, mis en valeur et encouragés.
L’utilisation de l’anglais a joué un rôle primordial dans le programme. La méthode d’enseignement a fait appel à une stratégie pluridisciplinaire centrée sur les compétences situationnelles, les tâches spécifiques, les notions fonctionnelles, de même que les structures grammaticales, dans le but d’empêcher les apprenants d’apprendre hors contexte ou par cœur. Le programme a été conçu de manière à permettre aux participants de lire et de tirer profit de textes tels que ceux du Marshall Islands Journal (MIJ). L’exploitation d’articles de journaux dans les cours a non seulement permis d’évoquer les affaires courantes, mais aussi de mettre à profit la diversité des modes d’utilisation de la langue, du vocabulaire et de la grammaire ainsi que des exemples de raisonnement critique. D’autres types de textes (poèmes, contes, etc.) ont également été utilisés pour enrichir les connaissances linguistiques des participants et leur présenter différentes formes d’utilisation du langage.
Ainsi, l’approche utilisée a associé les compétences linguistiques et de raisonnement que les étudiants possédaient et celles qu’ils ont acquises au cours de leur formation. Cette association leur a permis d’améliorer et d’accélérer le développement des compétences mentionnées de même que leur aptitude générale à lire et à écrire.
Mise en œuvre du programme
Le programme s’adressait au groupe des jeunes déscolarisés âgés de 17 à 23 ans dont la langue maternelle est le marshallais. La plupart d’entre eux ont quitté le système scolaire entre les classes de troisième et de première. Leur souhait de participer au programme de formation Job Corp à Hawaii a renforcé leur motivation, d’où leur attitude positive envers le processus d’apprentissage.
Le programme s’articulait autour de quatre heures de cours quotidiennes. Les ressources pédagogiques d’alphabétisation (cahiers, livres, etc.) étaient fournies. Les cours ont eu lieu en mars à l’institut RMI/USP, ce qui a permis l’accès des participants aux équipements et salles de classe du projet RMI/USP et du centre RMI/USP. En avril, les étudiants ont été répartis en deux groupes en fonction des résultats obtenus aux tests. Une dizaine d’entre eux a suivi les cours du matin, caractérisés par une individualisation de l’apprentissage et une personnalisation de l’interaction, tandis que les quinze autres participants ont suivi les cours de l’après-midi à l’institut RMI/USP. Puis les deux groupes ont été réunis en mai. Toutefois, au début de la session des examens de l’USP, en juin, les étudiants ont dû être déplacés au centre USP, où ils sont restés jusqu’à la fin du programme.
Résultats obtenus
L’accent mis sur le développement de l’aptitude au raisonnement a permis d’accroître la compréhension des structures grammaticales par les participants et d’enrichir leur vocabulaire. Ils ont pu passer le RMI-GED (Republic of the Marshall Island General Education Diploma) ainsi que l’US-GED (United States of America General Education Diploma). Parmi les neuf étudiants qui ont pu acquitter les frais d’inscription et qui se sont inscrits à l’examen, cinq ont obtenu le RMI-GED. Les résultats de l’US-GED ne sont pas encore disponibles.
Évaluation et suivi
Sept tests en tout ont eu lieu au cours du programme pour évaluer l’assiduité des participants, leur participation aux activités de groupe, le travail à deux et le travail personnel. De plus, il a été demandé aux participants de tenir un journal quotidien, qui a été inclus dans la procédure d’évaluation permanente.
Problèmes et solutions
Le manque de locaux permanents, où les équipements et le matériel pédagogique auraient pu être rangés et mis à la disposition des participants en permanence, a constitué l’un des principaux obstacles au projet. D’autre part, le taux d’abandon a également représenté une difficulté particulière : après dix semaines, près de la moitié des participants qui s’étaient inscrits avaient abandonné sans donner de raison. Après un nouvel appel a inscriptions, 25 candidats ont dû être refusés en raison du manque de place dans les classes. À la fin du mois de juin, de nombreux étudiants ont entamé leurs vacances d’été, ce qui a réduit à 20 le nombre de participants. Le calendrier conviendrait sans doute mieux aux étudiants s’il était synchronisé avec le calendrier scolaire national. Enfin, un certain nombre de candidats n’a pas été en mesure d’assurer le coût du transport ni celui des repas. C’est pourquoi il devient urgent de trouver de nouvelles sources de financement afin d’éliminer l’obstacle financier. Le déséquilibre permanent entre les sexes en faveur des jeunes hommes constitue une difficulté supplémentaire, bien que des efforts aient été déployés pour encourager les candidates à participer au programme. Ce déséquilibre ne pourra être résolu que grâce à des travaux de recherche extensifs.
Enseignements
La preuve existe désormais que les jeunes déscolarisés disposent d’un répertoire de connaissances et de compétences étendu qui a besoin d’être pris en compte, utilisé et élargi pour permettre l’amélioration significative et rapide de ces aptitudes.
Bien que les établissements scolaires et autres aient de toute évidence négligé le développement de l’esprit critique, il a été clairement établi que l’aptitude des étudiants à lire et à écrire est liée à leur aptitude à discuter les faits et les informations qu’ils reçoivent.
Le travail avec les jeunes déscolarisés a montré que la qualité de l’enseignement et des enseignants, ainsi que celle du programme d’enseignement, jouent un rôle primordial dans le taux de déscolarisation. Il est donc nécessaire d’affirmer que la qualité de tous les aspects de l’enseignement est la pierre de touche de toute forme de développement pédagogique.
Contact
Sereima Lumelume
The University of the South Pacific
Institute of Education
Adresse électronique : Utilisateur: sere1mar
[AT_HOST]: (at) yahoo.com