<
 
 
 
 
×
>
You are viewing an archived web page, collected at the request of United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization (UNESCO) using Archive-It. This page was captured on 20:27:11 Dec 15, 2015, and is part of the UNESCO collection. The information on this web page may be out of date. See All versions of this archived page.
Loading media information hide

Projet d'alphabétisation familiale

Profil de pays: Afrique du Sud

Population

47 432 000 (estimations 2007)

Pauvreté (Population vivant avec moins de 1 dollar par jour, %):

10,7 % (1990-2004)

Langue officielle

sepedi, sésotho, setswana, siswati, tshivenda, xitsonga, afrikaans, anglais, isindebele, isixhosa et isizulu

Dépenses publiques totales d’éducation en % du PNB

5,5

Taux net d’admission dans l’enseignement primaire (TNA total, %)

51 % (2005)

Taux d’alphabétisme total des jeunes (15 – 24 ans)

94% (1995-2004)

Taux d’alphabétisme des adultes (15 ans et plus, 1995-2004)
  • Total : 82 %
  • Homme : 84 %
  • Femmes : 81 %
Sources

Présentation générale du programme

Titre du programmeProjet d'alphabétisation familiale
Date de création2000

Le contexte

Selon les estimations, il y aurait en Afrique du Sud entre 7,4 et 8,5 millions d'adultes analphabètes fonctionnels et entre 2,9 et 4,2 millions de personnes n'ayant jamais fréquenté l'école. Un million de petits Sud-Africains vivent dans des foyers où aucun adulte ne sait lire. Selon une enquête récente, à peine plus de la moitié des familles possédaient des livres de divertissement ou de loisir. On ne s'étonnera donc guère, compte tenu de ces chiffres, qu'une évaluation effectuée par le Ministère de l'éducation en 2003 ait révélé qu'en moyenne 39 % des élèves de 3e année seulement étaient capables de lire en le comprenant et d'écrire un texte simple.

Le Projet d'alphabétisation familiale (Family Literacy Project, FLP) est mis en oeuvre dans le Drakensberg, au sud du KwaZulu-Natal, une région de 300 000 habitants. Le taux de chômage y est de 41 %, et 66 % des ménages y vivent avec moins de 800 rands par mois (l'équivalent de 80 $US). La plupart des habitants n'ont pas accès à l'électricité ni au réseau sanitaire, ce qui a de graves conséquences dans une région où, selon les estimations, 30 % de la population est séropositive.

Programme

Le projet cible les familles, dans le but de remédier au faible niveau d'alphabétisation de nombreux élèves de préprimaire et de primaire, et au manque de confiance des parents dans leur capacité d'apporter à leurs enfants le soutien nécessaire. Les parents (ou toute personne assumant ce rôle) étant les premiers éducateurs de leurs enfants, l'alphabétisation familiale présente l'avantage de s'adresser à la fois aux adultes et aux enfants.

Le FLP a été créé en 2000, après que des recherches ont révélé que les élèves de préscolaire ne progressaient pas dans l'acquisition de la lecture et de l'écriture, en dépit des efforts du gouvernement dans le domaine de la petite enfance. Des réunions mensuelles ont d'abord été organisées avec les parents des élèves de préprimaire, dans le but de les aider à soutenir plus activement leurs enfants dans l'acquisition des compétences de base. A la fin de l'année, les parents avaient pris confiance dans leur capacité à seconder leurs enfants, quel que soit leur propre niveau d'alphabétisation. Avec d'autres parents de la région, ils ont alors demandé au FLP de fournir des cours d'alphabétisation pour adultes. Chaque groupe a désigné un membre de sa communauté pour qu'il suive une formation dispensée par le FLP. Les parents désignés ont été formés à l'alphabétisation des adultes (dans leur langue maternelle et en anglais seconde langue), à l'alphabétisation du jeune enfant et à la méthode participative Reflect. Cette participation de membres des groupes est déterminante, car le FLP pense que les connaissances locales sont importantes et pertinentes et que toute information nouvelle doit être intégrée à ces connaissances.

Mise en oeuvre du programme

Image

Les neufs facilitateurs du programme travaillent actuellement dans les villages suivants du sud du KwaZulu-Natal : Bethlehem, Come and See, Ncwadi (tous près de Bulwer), Lotheni, Stepmore, Makholweni et Mahwaqa (près de Underberg), Mathendeni (près de Donnybrook), Mpumlwane et Ndodeni (près de Centocow). Ils tiennent leurs réunions dans les salles de classe, les églises, les halls et les bibliothèques de la communauté.

Tous les facilitateurs et membres du groupe sont issus de la communauté au sein de laquelle les groupes opèrent. Les membres du groupe ont entre 21 et 79 ans, l'âge moyen étant de 48 ans. Etant donné que ce programme n'est pas limité dans le temps, les membres du groupe peuvent le quitter au moment où ils le souhaitent.

Objectifs

Les objectifs principaux du programme sont les suivants :

Les projets

Pour atteindre ces objectifs, le FLP a lancé un certain nombre de projets individuels.

Conscient du fait que les compétences d'alphabétisation doivent être utilisées régulièrement sous peine de se perdre, le FLP encourage les membres du groupe à contribuer au bulletin d'information du projet, à avoir des correspondants, à rédiger des textes/annonces/avis pour les panneaux d'affichage de la communauté et à tenir un journal avec leurs enfants :

Ils permettent aux membres du groupe d'afficher leurs compétences d'alphabétisation et de partager les informations obtenues sur la base des sujets traités durant les séances. Un des membres du groupe est chargé de s'occuper du panneau d'affichage et d'encourager les autres à y faire figurer des textes.

Image

Chaque membre du groupe d'alphabétisation familiale est invité à écrire à une personne du groupe voisin. Les lettres sont échangées lors de la réunion des facilitateurs. Les correspondants se rencontrent à la manifestation de fin d'année.

Cette initiative a été lancée lorsque des membres du groupe ont été invités à écrire au FLP. Leurs lettres ont été imprimées avec quelques pages d'informations et des photographies. Le bulletin est désormais professionnel et très populaire car il contient des informations relatives au différents groupes.

Le FLP fournit aux adultes un carnet pour leur permettre de tenir un journal avec leur enfant. Ces carnets sont désignés sous le nom de journaux Umzali Nengane (parent et enfant). Les adultes et les enfants choisissent une image à placer dans le carnet ou en dessinent une eux-mêmes. Ensuite, ils parlent de ces images et les adultes notent la conversation qui s'ensuit.

Le problème des niveaux peu élevés d'alphabétisation des adultes et des enfants est exacerbé par le manque de livres dans la région. Pour y remédier, le projet a établi trois bibliothèques communautaires et huit bibliothèques "en boite" qui sont gérées par les facilitateurs du projet avec l'aide des membres du groupe.

Image

Chaque groupe a reçu un carton de livres destinés à être empruntés par les femmes. Au début, les participants tendaient à emprunter surtout des livres pour enfants, ce qui a été encouragé parce que les femmes pouvaient lire avec leurs enfants ou tout du moins regarder les images. A Stepmore, le facilitateur a vite remarqué que les membres du groupe discutaient de livres. Ceci a mené à la création du premier club de lecture. Il existe désormais un club pour chaque groupe.

La première bibliothèque communautaire a été ouverte à Stepmore en novembre 2003. Ses meubles ont été fournis par les services bibliothécaires de la province, ses livres par Biblionef, Exclusive Books et autres donateurs. Les membres du groupe ont catalogué les livres et mis en place la bibliothèque. Celle-ci est publique et est gérée par l'un des membres du groupe avec le soutien du facilitateur. Le projet dispose à présent de deux bibliothèques dans des bâtiments en briques à Ndodemi et Mpumlwane et une quatrième bibliothèque est en phase terminale de construction à Lotheni.

Les groupes d'adultes mettent l'accent sur l'acquisition de la lecture et de l'écriture, le partage des connaissances locales et l'introduction de nouvelles informations si nécessaire. Les sujets couverts vont des droits et de la protection des enfants à la santé des femmes, aux questions environnementales et à la gestion d'un comité ou d'un budget. Les groupes abordent régulièrement la question des enfants, réfléchissent aux moyens de les aider dans leur développement et passent des moments agréables à feuilletter des livres et à les lire avec eux.

Quant aux groupes d'adolescents et d'élèves du primaire qui ont également été créés, ils abordent eux aussi de nombreux sujets qu'ils mettent en relation avec le plaisir des livres et de la lecture. Les thèmes abordés sont souvent les mêmes que ceux des groupes d'adultes, ce qui donne aux familles la possibilité d'en parler ensemble à la maison.

Ces groupes se rencontrent deux fois par semaine pour discuter de certains sujets et améliorer leur compétences linguistiques et de lecture, d'écriture et de calcul. La durée moyenne de participation fin 2005 était de 3,5 ans mais certains membres ont participé au projet depuis sa création en l'an 2000.

Image

Ce programme est une composante importante du FLP. Environ 350 enfants du primaire se rencontrent une fois par semaine pour lire, dessiner et discuter de différents sujets. Ces sujets reflètent souvent ceux des groupes d'alphabétisation familiale ce qui intensifie les liens entre les membres des différentes familles. Ces groupes sont d'âges différents avec des élèves des niveaux 3 et 4 qui aident des enfants des niveaux inférieurs (R, 1 et 2). Les recherches internationales confirment que ces programmes renforcent l'assurance à la fois du lecteur et de l'auditeur.

Image

Ce système est né du désir des membres du groupe de diffuser les bénéfices d'une alphabétisation précoce. Les femmes emportent des livres qu'elles lisent aux enfants. Elles sensibilisent également les mères à l'importance du rôle qu'elles jouent pour un bon développement de leurs enfants. Une fois par trimestre, chaque site apporte une assistance aux femmes en organisant un atelier sur les activités qui peuvent être réalisées à domicile. Ces ateliers se concentrent sur la narration, la lecture et autres jeux et activités destinés à promouvoir l'acquisition de compétences d'alphabétisation précoces.

Ces groupes sont divisés en fonction des sexes ce qui permet aux filles et aux garçons de discuter plus librement de sujets relatifs à la sexualité tels que le VIH/Sida.

Ils ont été formés en 2004 pour répondre aux besoins d'un certain nombres de femmes s'occupant d'enfants orphelins. Les facilitateurs ont reçu une formation basée sur la stratégie appliquée par le Projet international de gestion intégrée des maladies infantiles ("Integrated Management of Childhoo Illnesses). Les informations sont transmises à la communauté par l'intermédiaire des visites à domicile.

Matériels

Le personnel du projet a développé des matériels d'apprentissage et des livres faciles à lire en zoulou et en anglais sur différents sujets, tels que l'alphabétisation du jeune enfant, la fonction parentale, le VIH/sida ou la résilience. Les facilitateurs reçoivent l'intégralité des unités d'enseignement (sous forme de plans de cours) ainsi que les affiches et brochures éventuellement nécessaires. Le projet met à disposition des groupes d'adultes, d'adolescents et d'enfants les fournitures scolaires.

Un guide pour les facilitateurs et un manuel pour les apprenants ont été développés afin de partager les approches du projet à l'alphabétisation familiale. Le projet met à disposition d'autres ONG et des départements du gouvernement l'Introduction aux cours d'alphabétisation familiale. De même un guide pour les facilitateurs et un manuel pour les apprenants ont été conçus en anglais et en zoulou pour le programme de Gestion intégrée des maladies infantiles du centre sanitaire et social (hc-IMCI).

Défis et projets d'avenir

Le principal obstacle au bon fonctionnement des sessions en groupe est la surcharge de travail de ses membres. Les femmes manquent des sessions parce qu'elles doivent aller faucher la paille, remplacer le chaume de leur maison ou reconstruire ou replâtrer les murs. Si une initiative financée par le gouvernement a besoin d'ouvrières pour des tâches de courte durée, les participantes au FLP sont souvent les premières à postuler et elles s'absentent donc des sessions pendant la durée de leur contrat.

L'état des routes dans cette région reculée et rurale pose un autre problème. Les routes sont mauvaises même lorsque les conditions météorologiques sont bonnes. Lorsqu'il pleut ou qu'il neige, elles sont souvent impraticables, ce qui perturbe le soutien que le projet apporte aux animatrices en leur rendant visite une fois par mois.

Le travail d'une ONG étant largement tributaire des dons extérieurs, toute défection d'un donateur entraîne de sérieuses difficultés pour le FLP, qui est alors contraint de chercher d'autres sources de financement. Le budget du FLP se montait en 2006 à 160 000 US$, mais il est impossible d'extraire de ce total le coût par apprenant, dans la mesure où le personnel, en très petit nombre, puisqu'il comporte 3 emplois à temps plein et 7 emplois à temps partiel, participe non seulement au travail des groupes, mais aussi à la création de matériels d'apprentissage, au démarchage auprès de la population, à la collecte de fonds et à la gestion générale du projet. Le FLP fait également appel aux services d'un professionnel de santé et d'évaluateurs extérieurs dont le coût est inclus dans le budget. Les donateurs ne s'engagent pas à long terme et certains n'informent pas suffisamment à l'avance des modifications éventuelles de leurs critères de financement. Cela représente une véritable gageure pour le FLP.

Cependant, de nombreuses personnes, convaincues de l'importance du transfert intergénérationnel de connaissances, de compétences et de soutien, s'efforcent de donner plus de visibilité à l'alphabétisation familiale en Afrique du Sud, comme dans beaucoup d'autres pays aussi, et il est donc possible que le projet puisse trouver à l'avenir de nouvelles ressources financières ou techniques.

L'arrivée de nouveaux membres ne doit pas détourner le FLP de ses efforts auprès des familles. Les premiers membres, dont beaucoup participent encore au projet, l'ont rejoint parce qu'ils souhaitaient apprendre à aider leurs jeunes enfants tout en développant leurs propres compétences d'alphabétisation. Il importe que les femmes qui adhèrent à ce projet désormais bien établi et reconnu comprennent l'essence de sa mission et de sa vision et y souscrivent.

Réalisations

Le programme s'adresse à 162 adultes, 350 enfants du primaire et 52 adolescents lors des séances en groupes. 500 enfants (en deça de 18 ans) en bénéficient également par l'intermédiaire des adultes et 355 enfants dans 130 foyers grâce aux visites à domicile. La motivation des membres est élevée á cause du respect avec lequel ils sont traités et de la pertinence du programme pour eux et leurs familles. Le FLP affiche de faibles taux d'abandon et en cas d'absence, les membres fournissent des excuses et des explications.

Les femmes qui ont rejoint le projet dans sa phase initiale sont non seulement des facilitatrices compétentes mais également en mesure de prendre la parole lors de réunions/conférences et de diriger des cours de formation en dehors de leur propre zone. Elles ont gagné en assurance et leur problème réside à présent dans la gestion de leur emploi du temps pour faire face aux nombreuses demandes.

Danisile Gladys Duma (née en 1948) participe au projet depuis les premières réunions d'alphabétisation familiale à Lotheni. En 2003, elle confiait, en zoulou :

« Je suis née à KwaNoguqa et j'ai grandi à Mpendle. Je suis allée à l'école jusqu'en 2e année, mais ensuite j'ai dû arrêter parce nous n'avions pas de quoi vivre. J'aurais voulu continuer les études, mais j'ai dû rester à la maison pour m'occuper du bétail. A 15 ans, je me suis mariée (...) Huit ans après, j'ai eu une petite fille (...) Je n'ai pas eu d'autres enfants. Ma fille a grandi et elle est allée à l'école. J'ai voulu que ma fille reçoive une éducation pour qu'elle ne revive pas ce que j'avais vécu, car j'ai eu une vie très triste à cause de mon manque d'éducation. En 2001, une école pour les adultes a été créée et je m'y suis inscrite. Aujourd'hui, j'ai une vie plus intéressante et je me sens libre. Je remercie beaucoup cette école ».

Pilotage et évaluation

Image

Les résultats font chaque année l'objet d'une évaluation : on trouvera les plus récentes sur le site Internet du FLP. Les recommandations sont suivies à la lettre et leur application vérifiée chaque année par un évaluateur extérieur. Différentes formules d'évaluation ont été appliquées, utilisant le conte, la photographie ou la narration, les groupes de travail, les entretiens et l'auto-évaluation par les membres des groupes.

Les prix et récompenses décernés au programme témoignent de son caractère innovant.

Leçons retenues

Image

Le premier enseignement du projet est que les enfants qui sont soutenus par leurs parents obtiennent généralement de bons résultats à l'école, ce qui encourage les parents à poursuivre leur soutien. Le FLP a également appris que le bon encadrement des animatrices est essentiel à la réussite du programme.

L'alphabétisation familiale peut être développée de diverses façons et elle intéresse à la fois les enfants et les adultes. L'expérience du FLP montre qu'une approche participative et combinée de l'alphabétisation des adultes et de l'alphabétisation initiale porte ses fruits.

L'échange d'expériences est source d'idées et d'apports qui permettent d'améliorer la qualité du programme et son impact. C'est pourquoi le personnel du FLP rencontre d'autres organisations et départements gouvernementaux pour discuter de la manière de fournir une alphabétisation familiale adaptée aux différents contextes. Pour y parvenir, le FLP recourt à son expérience et partage les leçons retenues avec d'autres parties prenantes.

Contact

Lynn Stefano
Responsable du développement du programme
Family Literacy Project
55 Botha Road, Botha's Hill 3610KwaZulu-Natal
Afrique du Sud
Email: stefanola (at) telkomsa.net

Weblink

http://www.familyliteracyproject.co.za