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Programmes d’éducation en prison pour jeunes et adultes

Profil de pays: Uruguay

Population

3 344 938 (2009)

Langue officielle

Spanish

Taux d’alphabétisme des adultes (15 ans et plus, 1995-2004)

Total : 98,2% (2008)
Hommes : 97,8%
Femmes : 98,5%

Sources
Dépenses publiques totales d’éducation en % du PNB

2,8% (2006)

Taux d’alphabétisme total des jeunes (15 – 24 ans)

99% (2008)

Présentation générale du programme

Titre du programmeProgrammes d’éducation en prison pour jeunes et adultes
Organisation chargée de la mise en œuvreAdministration nationale de l’éducation publique et Conseil central de direction (Administración Nacional de Educación Pública y su Consejo Directivo Central - ANEP – CODICEN)
Langues d’enseignementEspagnol
Partenaires de financementGouvernement central, ONG
Date de création2005-

Historique et contexte

En Uruguay, le nombre de personnes incarcérées et la longueur des peines de prison a nettement augmenté depuis 1995, après la prise de mesures de répression criminelle. Les problèmes de surpopulation dans certaines prisons ainsi que le manque global de moyens et de financement ont été exacerbés après le doublement du taux annuel de personnes incarcérées pour 100 000 habitants, qui est passé de 110 à 220 entre 1995 et 2005 . Une étude démographique de la population carcérale en Uruguay indique que plus de 60 % des détenus sont âgés de moins de trente ans et que nombre d’entre eux ont suivi une scolarité incomplète ou inappropriée. En 2007, une étude visant à examiner les niveaux d’éducation des personnes privées de leur liberté en Uruguay a été commandée et 5 781 personnes ont été interviewées dans tout le pays, ce qui représente plus de 80 % de la population carcérale totale de l’Uruguay. Les résultats ont montré que 40 % des prisonniers n’avaient pas achevé l'école primaire et que 31 % avaient quitté le système éducatif formel après avoir terminé leur cycle primaire. En 2002, la situation économique difficile de l’Uruguay a entraîné un fort taux de pauvreté et a débouché sur la formation d'un Plan national d'urgence sociale (PANES), mis en œuvre en 2005 à la suite d’un changement de gouvernement. Le ministère du Développement social (MIDES) a été créé la même année, dans l’optique de faire progresser ce plan ainsi que d'élaborer, de mettre en œuvre, de superviser et d’évaluer les politiques et les stratégies dans les domaines de la jeunesse, des femmes, de la famille, des personnes âgées, des personnes handicapées et du développement social. Dans le but de satisfaire les besoins de la frange de la population précédemment exclue de l’éducation de base, le ministère de l’Éducation et de la culture (MEC) et l’Administration nationale de l’éducation publique (ANEP) ont pris ensemble l'initiative de diriger des projets éducatifs au sein des institutions carcérales, portant sur des thèmes divers et ayant des objectifs très variés (santé, vie familiale, formation professionnelle, compétence d’alphabétisme, réinsertion sociale, etc.).

Après l'entrée en vigueur, en 2005, de la loi sur l’humanisation du système pénitentiaire (n 17 897), qui met l’accent sur les bienfaits de l’éducation en milieu carcéral, ce type de formation a commencé à voir son importance reconnue à plus grande échelle et a ainsi été développé. Depuis sa création en 2007, la Commission de soutien à l’éducation en prison (CAEC) s’est employée à améliorer et élargir l'offre éducative dans les prisons du pays, au moyen d’ateliers, de cours et de programmes d’alphabétisation destinés aux détenus.

Buts et objectifs

L’un des objectifs essentiels du système pénitentiaire est d’œuvrer à la réadaptation, puis à la réinsertion dans la société des personnes incarcérées. Dans cette optique, l’éducation en prison constitue un moyen d’améliorer les conditions d’incarcération et représente l’étape précédant la réadaptation active. Dans le cadre global du Programme national d'éducation des jeunes et des adultes, des programmes et activités éducatifs ont été mis en place en prison, avec les objectifs suivants :

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Coordination du programme

Étant donné qu’en Uruguay, l’éducation en prison est constituée d’une variété de projets mis en œuvre aussi bien par des organisations privées que par des instances publiques, la coordination s’avère essentielle ; elle est menée à bien par la Commission de soutien de l’éducation en prison (CAEC). Cette commission est constituée de membres du ministère de l’Éducation et de la Culture (MEC), du département de l’Éducation et de l’Éducation postscolaire au sein du Bureau national des prisons et des centres de réinsertion, ainsi que de l’Agence nationale des détenus et des anciens détenus (PNEL), du Commissaire parlementaire, de représentants de l’Administration nationale de l'éducation publique (ANEP) et d’un conseiller ayant une expérience pédagogique en matière d’éducation en prison, nommé par les membres du comité.

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La commission est chargée d’analyser les politiques et les pratiques éducatives en prison, de coordonner les actions afin d’améliorer les méthodes et les conditions d’enseignement, de soutenir la formation du personnel pénitentiaire – en particulier des employés ayant un rôle éducatif direct ou indirect –, de coordonner les liens entre les institutions publiques et privées dans le but d’obtenir la meilleure couverture éducative du territoire, ainsi que de maintenir le contact avec les organisations régionales et internationales, dans la même optique. Loin d’endosser un rôle passif et administratif, cette commission s’engage activement aux côtés des personnes impliquées (enseignants, détenus et personnel pénitentiaire). Cette interaction a révélé la réalité cachée de la vie derrière les barreaux tout en dévoilant de nouveaux thèmes et préoccupations à aborder dans la discussion autour de l’éducation et de la société.

Méthodologies et mise en œuvre du programme

L’éducation non formelle dans les prisons a recours à des approches d’enseignement à la fois formelles et non formelles : les détenus ont ainsi la possibilité d’assister à des cours d’alphabétisation, de reprendre leur scolarité primaire ou secondaire, d’accéder à une formation professionnelle et de participer à des ateliers, à des groupes de théâtre, etc. Les activités sont planifiées et réalisées dans l’optique de soutenir le développement des compétences, d’encourager la communication en groupe ainsi que d'améliorer l’attitude et le comportement social des détenus.

Le projet autour du jeu d’échecs, « El ajedrez de las cárceles », mené à bien en 2007, illustre la nature interdisciplinaire des programmes mis en place en prison. La structure intégrée du cours comprenait trois ateliers thématiques autour de la menuiserie (fabrication de l’échiquier), des TIC (installation d’un jeu d’échecs informatique) et du journalisme (réalisation d’un reportage sur un tournoi d'échecs), le but étant de réaliser diverses tâches au moyen du perfectionnement des compétences en alphabétisme et des compétences pratiques.

La même année, un projet pilote a été élaboré par une équipe de professionnels de l’éducation et mis en place dans la prison pour hommes de la ville de Canelones. Après consultation d’un choix de détenus sur leurs intérêts et leurs préférences quant à l’atelier, le carnaval uruguayen a été retenu comme thème central. Lors de la préparation des séances, l’équipe de professionnels a veillé à soigneusement entremêler l’alphabétisation et l’auto-apprentissage au programme d’enseignement. Les aspects abordés durant l’atelier étaient les suivants : le moi social et l’environnement social, le développement de la langue et la communication, l’art et la culture (groupes de musique et carnaval), l'étude historique et géographique d’expressions culturelles similaires. Les participants à l’atelier ont été encouragés à aborder les questions de vie quotidienne ainsi que leurs propres expériences ; ils pouvaient s’exprimer (à l’écrit et à l’oral) sur la réalité de leur situation et les thèmes de la liberté, de l’espoir et du temps. Au cours des ateliers, ils ont amélioré leurs compétences en lecture, en écriture et en communication globale grâce aux éléments d'alphabétisation intégrés au programme.

Bien que l’atelier n’ait été prévu que pour 20 participants, 27 apprenants potentiels avaient rejoint le groupe au moment de la troisième rencontre ; pour garantir la qualité éducative des séances, les animateurs ont refusé d’admettre davantage de participants. Tous les participants ont suivi jusqu’au bout le cours de quatre mois et ont fait preuve d’une assiduité absolue. À l’origine, le cours devait consister en trois rencontres par semaine d'une durée de trois heures, mais les enseignants ont indiqué qu'il était impossible de faire des rencontres de moins de quatre heures d'affilée, en raison de l'ampleur de la participation et de l’intérêt soulevé par les thèmes abordés.

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Pendant l’atelier, un espace a été créé où le dialogue et le débat pouvaient prospérer et où la grande diversité des participants et de leurs origines culturelles et socioéconomiques pouvait être prise en considération. Le programme, caractérisé par sa souplesse, a joué un rôle essentiel dans l’implication des participants ; il les a encouragés à utiliser leurs compétences pratiques et leur curiosité, et a favorisé l’épanouissement de qualités au cœur du processus d’apprentissage tout au long de la vie. La conception, les méthodes et les fondements des stratégies utilisées visant à « apprendre à apprendre » avaient pour but d’encourager le développement de l'autonomie des participants et la prise en main de leur destin. Grâce à cette approche, les participants se sont impliqués de façon active en posant des questions sur des thèmes liés à l’emploi. Les enseignants ont été en mesure de les aider en leur apportant des informations et en organisant des conférences sur les droits des travailleurs, ce qui a débouché sur la mise en place et l’évolution d’une plateforme d’interaction significative avec les apprenants.

Le programme pilote et sa structure en ateliers ont constitué le programme d’éducation non formelle « Programa Aprender Siempre » (Programme toujours apprendre). Destiné aux personnes âgées de plus de 20 ans, il propose des stages éducatifs courts. Depuis, ce programme qui aborde de nombreux thèmes différents a été proposé à la fois au sein des prisons et à l’extérieur.

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Dans de nombreux établissements pénitentiaires, des groupes de musique ou de théâtre se sont constitués avec l’aide des moniteurs de l’atelier, rémunérés ou bénévoles. Ces initiatives ont toutes été couronnées de succès : nombre d’entre elles ont débouché sur la production de spectacles destinés à être présentés aux détenus, mais aussi dans des salles publiques.

En 2005, la plus grande prison d’Uruguay, qui abrite la moitié de la population carcérale du pays, ne disposait pas de salles de classe ; sur l’ensemble du territoire, il n’existait que 9 postes d’enseignants dans 5 des 27 établissements pénitentiaires. Quatre ans plus tard, en 2009, on dénombrait 51 postes dans 25 prisons ; cette nette amélioration est due à la reconnaissance du droit à l’éducation pour tous et de l’effet bénéfique de l’éducation sur la limitation du nombre de récidivistes.

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L’Agence nationale des détenus et des anciens détenus (PNEL) soutient les initiatives éducatives en fournissant aux prisons une quantité de matériel éducatif correspondant au nombre d’enseignants dans l’institution. L'agence dispose de 19 centres dans le pays et a pour mission de soutenir les personnes détenues, ainsi que les délinquants libérés et leur famille ; elle met l’accent sur l’importance du retour à l’emploi et fournit une aide sociale, morale et matérielle.

Suivi et évaluation du programme

Les équipes enseignantes se rencontrent toutes les deux semaines à l’occasion de réunions de coordination qui abordent des sujets tels que la motivation des apprenants, les rapports avec le personnel pénitentiaire, le développement des compétences, les changements apportés au programme d’enseignement, l’espace éducatif, etc., et visent à susciter l'auto-évaluation, la réflexion pédagogique, ainsi que la poursuite et le soutien des pratiques éducatives. Les membres des autorités pénitentiaires assistent de temps en temps à ces réunions dans le but de fournir aux enseignants un point de vue plus précis sur le fonctionnement de la prison et sur les règles administratives internes qui les concernent en tant qu'enseignants.

Dans le cadre de l’évaluation de chaque programme, les enseignants envoient tous les mois des données statistiques au Conseil central d’administration. Ces informations permettent ensuite d’analyser les rapports trimestriels et sont divulguées aux inspecteurs dans le but de planifier et d'anticiper les besoins spécifiques des apprenants dans chaque contexte d’enseignement.

En 2008, la Commission de soutien a coordonné la première Séance spéciale, dans le cadre de laquelle les enseignants, les détenus et les gardiens d'une prison ont été interviewés individuellement au sujet des points faibles et des points forts de l'éducation en prison, d'après leur expérience personnelle. Ces séances ont été organisées dans plusieurs autres établissements, au vu de leur précieuse contribution à la mise au jour des réalités de l'éducation en prison.

Recrutement des apprenants

Une mesure d'incitation institutionnelle a été mise en place dans tout le pays dans le but d'encourager les personnes détenues à suivre les programmes d’enseignement (Loi n° 17.897). Cette loi permet aux détenus de voir réduire la durée de leur peine s’ils rejoignent un programme d’éducation encadré. Deux jours d’étude – chaque journée équivalant à six heures d’apprentissage – correspondent ainsi à une réduction de peine d'un jour.

La possibilité de recevoir un certificat de fin du premier niveau officiel d’éducation primaire ou basique incite les détenus à étudier, car ils peuvent atteindre un objectif précis qui les aidera à se réinsérer dans la société après leur libération.

Recrutement et formation des animateurs

Seuls des enseignants qualifiés sont recrutés pour enseigner en prison, afin de garantir que la qualité des cours demeure optimale et, surtout, pour veiller à ce que chaque enseignant devienne sa propre autorité pédagogique et ne s'en remette pas à une autorité de tutelle au cours du programme. Au moment du recrutement des animateurs d'atelier, ce sont également des enseignants qualifiés qui ont la préférence.

L’échange d’idées et d’expériences entre les enseignants, au cours des réunions et des journées de formation organisées par la Commission de soutien, constitue un aspect clé des programmes d'éducation en prison. Pendant ces journées de formation, les aspects politico-éducatifs sont abordés et les méthodes pédagogiques débattues. Dans le passé, des représentants des autorités ministérielles locales et du secteur de l’éducation, ainsi que des enseignants issus de divers secteurs de l’éducation, ont été invités à assister et à participer à ces journées. La création de plateformes destinées à la réflexion pédagogique et à l’interaction avec les professionnels de l’éducation constitue un aspect important de la conception de projets éducatifs communs.

Leçons apprises

Établir de bonnes relations avec le personnel et les autorités de la prison est de première importance : cela permet de garantir l’efficacité et le succès des programmes éducatifs. Dans ce cadre, les expériences et les initiatives visant à former le personnel de la prison et à l’aider à reconnaître l’importance de l’éducation ont joué un rôle significatif. Dans la mesure où le système pénitentiaire s’emploie à atteindre de nombreux autres objectifs, tels que le contrôle et la discipline des détenus, ancrer l’éducation dans la vie de la prison s’avère une tâche difficile, et pourtant très précieuse, qui requiert un soutien constant de la part des autorités.

L’éducation en prison va au-delà d’un simple soutien des compétences en alphabétisme des personnes privées de leur liberté. La planification d'un programme d'enseignement intégré qui englobe compétences pratiques, développement personnel et fondations d’un apprentissage tout au long de la vie a contribué au succès du projet. Dernier aspect, mais non le moindre, les effets du programme n'ont pas été limités aux personnes privées de liberté, mais ont également été ressentis par leur famille et contribuent ainsi aux progrès sociaux et communautaires.

Impact et réalisations du programme

Au cours des dernières années, le système éducatif en prison a pris de l’ampleur aussi bien dans la capitale que dans les régions rurales, l’offre éducative dans les prisons du pays étant bien plus étoffée que par le passé. Aujourd’hui, la majorité des prisons disposent d’espaces consacrés à l’enseignement primaire et le programme uruguayen d’alphabétisation, « En el pais de Varela: yo sí puedo », mis en place dans plusieurs prisons, a obtenu des résultats positifs. Le pourcentage de la population carcérale suivant un programme d’éducation a plus que quadruplé, passant de 5 % en 2005 à 29 % en 2008. Si l’on tient compte de l’augmentation du nombre de détenus, ce succès n’est pas négligeable ; il reflète les efforts concertés de mise en œuvre de stratégies éducatives efficaces et attrayantes pour la population carcérale.

La création d’environnements propices à la connaissance dans les prisons uruguayennes a stimulé le vif intérêt des détenus pour l’apprentissage et a incité au développement de projets dérivés informels. En adaptant davantage encore le contenu et le contexte éducatif, ces projets rendent le processus éducatif plus pertinent, engageant et efficace, ils établissent les bases d’un apprentissage tout au long de la vie fructueux. Le jeu d’échecs, une initiative de petite ampleur dans un premier temps, constitue l’une des activités ayant été bien reçue et dont la volonté d’éveiller l’intérêt des délinquants et de mettre en place des environnements d’apprentissage de qualité a été couronnée de succès. Dans une prison où cette activité a lieu depuis plus de deux ans, plus d’un quart des détenus ont commencé à jouer aux échecs et des tournois mensuels sont organisés. Ce jeu, qui se jouait dans un premier temps pendant les ateliers au sein de la prison, a été enseigné aussi bien aux membres de la famille des détenus qu'aux autres prisonniers et est ainsi devenu un élément de la vie quotidienne de l’établissement. Un ancien détenu, qui avait appris à jouer en prison, a commencé d’enseigner ce jeu aux enfants de la paroisse locale à sa sortie de prison.

Dans plusieurs prisons, divers programmes éducatifs alternatifs ont vu le jour à partir d’idées et de contributions des prisonniers ; ces programmes promeuvent l’auto-apprentissage et reposent à la fois sur des méthodes éducatives non formelles et formelles. Les résultats de ces projets participatifs se sont avérés prometteurs, particulièrement en termes qualitatifs (enrichissement du dialogue, meilleure gestion des relations interpersonnelles, renforcement des identités, reconstruction d’une nouvelle subjectivité, empathie, pensée critique et créative, etc.).

Le succès du projet autour du carnaval s’est manifesté par un taux de participation élevé, comme l'on pouvait s'y attendre, et a ensuite été corroboré par les résultats inattendus que cette initiative a obtenus. La création d’un site Internet destiné aux familles des participants et surtout à leurs enfants, avec des poèmes et des lettres rédigés à leur intention par les détenus, ainsi que la production d’un CD avec des textes et des illustrations signés des prisonniers, ont constitué deux des principales réalisations du programme. L’expérience d’apprentissage, pilier de l’autonomie et des sentiments de satisfaction que le projet a générés, a eu un fort impact émotionnel sur toutes les personnes impliquées.

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Le Vice-président et le Directeur général de l’Agence nationale des détenus et des anciens détenus (PNEL) ont indiqué qu’au cours des dernières années, les relations entre le personnel d’enseignement et les employés de la prison avaient évolué positivement. Ils ont attribué l’amélioration de la qualité de l'éducation à la Commission de soutien et à l’assistance qu'ils proposent au personnel enseignant et pénitentiaire sous la forme de journées de sensibilisation et d'entretiens.

Défis

Après 2005, certains des plus grands obstacles à l'éducation en milieu carcéral, comme la surpopulation des prisons, le manque de ressources budgétaires et extrabudgétaires ainsi que l'absence d'une structure pénitentiaire unifiée au niveau national, sont nés du mode d’administration du système carcéral lui-même. Il a été observé que de nombreux espaces qui, par le passé, avaient pu avoir un autre usage – parfois éducatif –, avaient été réaffectés à l'hébergement de prisonniers. Ces difficultés sont encore d'actualité et entravent l'offre éducative pouvant être proposée en prison, tant en termes de qualité que de quantité. Les entretiens avec les détenus ont indiqué que, de leur point de vue, les obstacles à l'éducation en prison étaient le manque de matériel didactique, le caractère limité du temps disponible pour la formation ainsi que le manque de programmes spécialisés.

Venir à bout de l’opinion commune à de nombreuses personnes dans tous les secteurs de l’administration (direction, personnel pénitentiaire, équipe enseignante, etc.) selon laquelle l’éducation en prison est une tâche marginale prise en charge par des bénévoles constitue un défi supplémentaire, particulièrement dans un contexte où le parcours, les objectifs et les priorités du personnel et de l'administration pénitentiaire sont souvent divergents. La réticence du personnel pénitentiaire à accompagner les détenus dans les salles de classe a été relevée dans un rapport de 2010 sur l’éducation en prison en Uruguay. S’attaquer à ce problème s’avère nécessaire si l’on souhaite améliorer le statut de l'équipe enseignante et assurer le droit des détenus à une éducation de base.

En dépit des succès de la Commission de soutien, il est nécessaire d'améliorer la coordination et la promotion de l’éducation à l’échelle nationale et dans tous les domaines de direction. Le défi imminent consiste à atteindre tous les acteurs impliqués auprès des personnes détenues et à garantir que la valeur de l’éducation en prison soit reconnue. En 2009 encore, une nouvelle prison a été ouverte en Uruguay sans que des espaces éducatifs n’aient été prévus, ce qui met en lumière la nécessité de faire de l’éducation en prison une priorité à plus grande échelle.

Pérennité

Les progrès accomplis en matière d’éducation en prison depuis 2005 ont été très bénéfiques à la société uruguayenne, aussi bien dans la perspective de l’apprentissage tout au long de la vie que de la protection du droit à l’éducation pour tous. Bien qu’il existe des ONG qui soutiennent des projets dans ce domaine, la poursuite du programme d'éducation en prison repose fortement sur le financement et la coordination du gouvernement. Le fait que ce dernier accueille favorablement les résultats obtenus et apporte son soutien au projet indique que le changement en matière d'élaboration des politiques en vue de l’augmentation des niveaux d’éducation en prison sera pérenne. Il faut toutefois souligner que l’on ne pourra obtenir des résultats et des avancées plus tangibles qu’au moyen d’une réforme en profondeur du système pénitentiaire, d’un approfondissement et d’un élargissement du programme, ainsi que de l'amélioration de la coordination et de la promotion des projets existants.

La souplesse du programme des cours et l’hétérogénéité du programme permettent que les contenus du cours soient adaptés aux participants, à leurs intérêts et à leur situation. Cette souplesse permet de mettre en œuvre le programme à plusieurs reprises, en changeant simplement de thème pour maintenir l’intérêt des participants, et d’aborder de nouveaux domaines d'apprentissage. Étant donné qu'il est possible en Uruguay aux personnes détenues de viser des diplômes de l’éducation formelle tout en purgeant leur peine de prison, les programmes d’éducation peuvent déboucher sur la réinsertion des apprenants au sein de l’éducation formelle et sur l’obtention de diplômes nationaux.

Sources

Contact

Sr Felipe Machín
Director Sectorial de Educación de Adultos
ANEP (Administración Nacional de Educación Pública)
Montevideo
Uruguay
E-mail : codicenadultos (at) gmail.com