Interview with the Collectif Alpha Ujuvi (Democratic Republic of Congo), laureate of the UNESCO 2011 Confucius Prize for Literacy (in French)
Je suis heureuse de constater votre intérêt à notre action d’alphabétisation. Nous y lisons
une marque de confiance et d’encouragement. […].
Qu’est-ce que cela a représenté pour vous de gagner le Prix international d’alphabétisation de l’UNESCO et comment cela a-t-il influencé votre travail ?
Le Prix International d’alphabétisation de l’UNESCO représente pour nous une grande valeur. Le Prix marque l’histoire de notre Collectif et lui donne un cachet particulier.
Grâce à l’UNESCO, notre œuvre est reconnue mondialement pour un plus qu’elle donne dans le secteur de l’alphabétisation. […]
Beaucoup de nos partenaires sont plus confiants pour travailler avec nous […]. Déjà dans notre milieu […], le prix Confucius a confirmé [notre] expertise.
Dans notre pays, nous sommes désormais un référent pour l’alphabétisation.
Comme d’habitude, nous avons beaucoup de projets d’alphabétisation en chantier. Les mêmes programmes une fois entamés continuent toujours (Alphabétisation et la paix, l’alphabétisation et l’éducation à la citoyenneté , alphabétisation contre les violences sexuelles basées sur le genre…)
Parlez-nous d’un projet d’alphabétisation auquel vous tenez particulièrement actuellement. Que faites-vous sur le terrain ?
Actuellement, nous tenons à un projet « Education parentale à travers les cercles d’alphabétisation et d’éducation non formelle pour favoriser l’accès des enfants à l’école à l’âge de 6 ans » avec l’UNICEF […]:
Dans le territoire de Walikale au Nord-Kivu :
nous avons organisé des formations en faveur de 40 alphabétiseurs en « alphabétisation conscientisante » ;
- Ces 40 alphabétiseurs encadrent 20 cercles d’alphabétisation et chaque cercle comprend 50 apprenants ou analphabètes soit un total de 1.000 apprenants ;
- Ces 1.000 apprenants sensibilisent chacun 3 familles, soit 6 personnes ce qui fait 6.000 parents sensibilisés sur l’importance d’envoyer leurs enfants à l’école à l’âge légal de 6 à 7ans.
Dans la Province du Sud-Kivu, à Bukavu précisément dans le territoire de KALEHE :
- Dans 20 cercles d’alphabétisation : 1.000 apprenantes sont encadrées dans l’apprentissage de la lecture, écriture et calcul. Ici la stratégie du Collectif Alpha Ujuvi est que l’on veut promouvoir la femme vis-à-vis de sa responsabilité en famille. Et en plus, ces femmes ou ces familles doivent aussi sensibiliser chacune au moins 3 familles pour atteindre 6.000 parents sensibilisés.
Pour la Province de Maniema, précisément dans le territoire de LUBUTU :
- 40 alphabétiseurs sont formés à l’approche de l’alphabétisation conscientisante ;
- Ces 40 alphabétiseurs encadrent 1.000 apprenants et apprenantes ;
- Ces 1.000 apprenants et apprenantes vont sensibiliser chacun 3 familles et au total on aura 6.000 parents qui seront déjà sensibilisés sur l’importance d’envoyer leurs enfants à l’école à l’âge requis de 6-7ans.
Quelles sont les statistiques qui attirent votre attention cette année pour la Journée internationale de l’alphabétisation (JIA) ?
[…]A Lubutu au Maniema, faisant la frontière avec le Nord-Kivu, le taux de scolarité ou d’alphabétisation des femmes est de 6% selon les participants dans la formation ; à Walikale au Nord-Kivu, il est de 28%.
Cependant, notre attention pour la JIA de cette année est axée sur le chiffre de 7.375.000 enfants de 5 à 17 ans au sein de la RD Congo selon l’UNICEF qui sont en dehors du système scolaire et sont analphabètes.
Pour le Nord-Kivu, nos lieux stratégiques pour l’intervention sont le territoire de Walikale, de Lubero et de Masisi.
Quel est votre message pour la Journée internationale ?
Comme nous avons toujours été proches de la communauté pour agir ensemble, traiter les différentes préoccupations […], le message clé est lié à la sensibilisation ainsi qu’à la conscientisation des uns et des autres à pouvoir quitter l’ignorance. [Car c’est un ] fléau qui ronge notre pays […] C’est vraiment énorme et particulièrement dans la Province du Nord-Kivu, plongée dans le sous-développement, voire même [dans] l’accentuation de la misère de la population ou du moins de la pauvreté.
Quand nous disons que « l’Alphabétisation, ça coûte, tissons des liens » c’est parce que c’est un processus qui demande non seulement des moyens mais également le changement de mentalité. [La] voie de sortie est que chacun de nous sache détecter ce qui l’entoure et comment le développer en passant par le « savoir lire, écrire et calculer ».
Le thème de cette année […] « Alphabétisations pour le 21ème Siècle » reste une interpellation et/ou une invitation [à lancer à ceux qui ne savent] ni lire, ni écrire<a name="_GoBack"></a>; à saisir l’occasion de se faire aider pour quitter cette ignorance ; à venir apprendre avec les autres, et écraser la honte envers les autres.
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