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 » Dr Salman Hussain: « Montrer les liens entre chute de la biodiversité et changement climatique »
10.02.2010 -

Dr Salman Hussain: « Montrer les liens entre chute de la biodiversité et changement climatique »

© UNESCO/Michel Ravassard

Salman Hussain, coordinateur européen de l’étude sur l’Economie des écosystèmes et de la biodiversité (TEEB), explique dans un entretien à l’UNESCO l’importance de calculer la valeur économique de la biodiversité en tant que capital naturel de la Terre. Le TEEB est un outil susceptible de permettre d’évaluer à la fois la valeur des « services » rendus par les écosystèmes et, a contrario, les conséquences économiques de la perte de biodiversité.

 

Cet entretien a été réalisé à l’occasion d’une conférence organisée en janvier 2010 à l’UNESCO intitulée « Science et politiques de la biodiversité ». M. Hussain enseigne aussi au Scottish Agricultural College à Edimbourg (Ecosse).

 

Propos recueillis par Bernard Giansetto, Bureau de l'information du public de l'UNESCO

Avez-vous le sentiment d’être écoutés par les gouvernements en ce qui concerne les coûts à prendre en compte dans l’épuisement des ressources naturelles ? Etes-vous optimiste à cet égard ?

 

Oui, je pense que, dans l’ensemble, moi-même et mes collègues du TEEB sommes optimistes. Le processus qui a démarré avec l’Evaluation des écosystèmes pour le millénaire (EM*) semble avoir été bien reçu par les décideurs. Le TEEB lui-même a grandement intéressé la classe politique au sens large. Et le fait que la conférence sur la biodiversité en janvier 2010 à l’UNESCO ait été ouverte en présence d’un ministre français est un signe de l’importance politique prise par le sujet.

 

On a le sentiment que c’est le changement climatique qui a pris le devant de la scène désormais…

 

Aujourd’hui, les questions relatives à la biodiversité et la conservation ont été éclipsées par celles liées au changement climatique. Nous devons montrer au TEEB les liens existants entre les deux phénomènes. On obtient alors en général un résultat gagnant-gagnant : si on diminue la quantité d’émissions de gaz à effets de serre cela a pour conséquence d’augmenter la prestation de services de la biodiversité. Nous nous devons d’avoir une démarche duelle pour comprendre que les actions entreprises pour contenir le changement climatique peuvent aussi être profitables, pour d’autres raisons ; et la biodiversité est l’une d’elles.

 

On sait que certains domaines ne sont pas quantifiables sur le plan monétaire. Par exemple, l’Instance permanente de l’ONU sur les questions autochtones attire l’attention sur les sites sacrés dont la valeur ne saurait être évaluée  car elle est inestimable dans tous les sens du terme. Comment fait-on néanmoins pour les prendre en compte d’un point de vue économique ?

 

 

Le TEEB ne travaille pas seulement sur l’évaluation économique mais aussi sur des estimations qui peuvent comprendre des évaluations sans pour autant attribuer de valeur monétaire chiffrée aux choses. Et on doit accepter l’idée qu’il n’est pas possible de donner une valeur monétaire à certains éléments de la biodiversité, des sociétés ou des communautés ; les forêts sacrées en sont un exemple parmi d’autres. On a débattu au sein du TEEB de méthodes d’évaluation non monétaires. Celle qui est peut-être dominante est la prise de décision à critères multiples. Par définition, les décideurs y ont recours depuis de nombreuses années mais sans l’appeler ainsi.  Ils peuvent dire par exemple : « Nous voulons envisager des alternatives en retenant uniquement celles ne portant pas atteinte à la qualité des forêts sacrées ». Par conséquent, on dispose de processus variés et de mécanismes divers qui peuvent permettre d’établir qu’il n’est pas toujours possible de mettre une valeur monétaire sur des biens et des services et aussi de décider que ce n’est pas toujours adéquat.

 

Q : Et pas toujours indispensable non plus ?

 

Ni nécessaire, ni adéquat dans certains cas, l’économie ne pouvant prendre en compte les valeurs infinies. Or, on est fondé à parler de ‘valeur pratiquement infinie’ dans certains cas. On a des exemples de personnes qui se suicident, en guise de révolte parce que leur verger sacré est anéanti. On peut dire que cette ressource particulière a une valeur infinie pour eux. Il convient alors d’adopter une approche différente sur ces questions.

 

  • * EM : rapport établi en 2005 par 1.360 experts du monde entier à la demande des Nations Unies. L’Évaluation des écosystèmes pour le millénaire a pour objectif d’évaluer les conséquences des changements écosystémiques sur le bien-être humain. Cette évaluation doit également établir la base scientifique permettant de mettre en œuvre les actions nécessaires à l’amélioration de la conservation et de l’utilisation durable de ces systèmes. <//font><//font><//span><//span>

 

 

 

Les économistes de la biodiversité s’adressent aux politiques.

 

Le cercle de réflexion sur l’Economie des écosystèmes et de la biodiversité (TEEB) se veut une initiative internationale de premier plan visant à attirer l’attention sur les avantages économiques retirés de la biodiversité, et implicitement à avertir contre le déclin de cette dernière. Il s’agit de croiser les connaissances dans les domaines des sciences, de l’économie et de la politique pour imaginer des actions pratiques afin d’inverser ce déclin.

 

L’objectif ultime du TEEB est de « fournir aux responsables politiques les outils dont ils ont besoin pour intégrer la valeur réelle des services rendus par les écosystèmes dans leur prise de décisions ». Il entend fournir des outils à ces responsables leur permettant d’avoir à l’esprit la préservation de la biodiversité lorsqu’ils prennent une décision.

 

Intitulé « TEEB for National and International Policy Makers », et rendu public à la fin 2009, un document à leur attention montre la valeur des écosystèmes et de la biodiversité pour l’économie, pour la société et les individus. Il souligne l’urgence d’agir, ainsi que les bénéfices qui seront tirés de cette action. Il montre que le coût du maintien de la diversité biologique et des « services » offerts par les écosystèmes est bien plus faible que celui aboutissant au déclin de ladite diversité – on évoque un rapport coût/bénéfice de 1 à 7.

 

Ce document souligne notamment que les bénéficiaires de la majeure partie des services rendus par les écosystèmes et la biodiversité sont principalement des pauvres. Les activités les plus touchées sont l’agriculture de subsistance, l’élevage, la pêche et la sylviculture informelle, dont dépendent la plupart des pauvres du monde entier.

 

Par ailleurs, le TEEB s’est aussi adressé au simple citoyen dans un rapport d’étape publié en 2008 intitulé « L’économie des écosystèmes et de la biodiversité »

  

 

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