"Gagner c’est important, mais pas à n’importe quel prix " entretien avec Justine Henin

La joueuse de tennis belge est Championne de l’UNESCO pour le sport

• © UNESCO / Michel Ravassard

Justine Henin, Championne de l’UNESCO pour le sport, s’est adressée, le 9 juillet, à une centaine d’athlètes âgés de 13 à 14 ans originaires de plus de 60 pays. Elle leur a parlé de l’éthique du sport et du dopage Ces jeunes sportifs participent à « l’Open des jeunes du Stade français Paris- BNP Paribas Cup » (9 - 15 juillet), tournoi international organisé par la section tennis du Stade Français auquel l’UNESCO s’associe pour la cinquième fois consécutive.

Vous avez été nommée Championne de l’UNESCO pour le sport en décembre dernier. Est-ce votre première action en faveur des idéaux de l’Organisation?

En effet, c’est la première initiative et j’y accorde une grande importance car elle s’adresse à des jeunes de 13 – 14 ans. C’est un âge capital pour comprendre beaucoup de choses de la vie. Ce que j’ai voulu faire comprendre à ces jeunes, c’est que le sport doit passer par la passion, par l’amour du jeu. J’en ai fait mon métier, certes, mais le sport reste pur moi quelque chose que j’aime par-dessus tout. J’aime aussi gagner, évidemment, je suis une compétitrice, mais j’aime les sacrifices que je dois faire aussi pour réussir. Je peux vous dire qu’il n’y a pas de plus grande satisfaction que celle d’une réussite pour laquelle on a tout donné.

Votre mission en tant que Championne de l’UNESCO consiste essentiellement à sensibiliser le public au problème du dopage.

Se doper, c’est tricher et c’est quelque chose que je ne conçois ni dans ma vie privée ni dans ma carrière. Gagner c’est important, mais pas à n’importe quel prix. La question du dopage est une question d’éthique, évidemment, d’honnêteté par rapport à soi-même, d’intégrité et de dignité, mais surtout de santé. Mettre sa vie en danger pour gagner ! Là, je ne suis pas du tout d’accord.
Malheureusement, c’est vrai qu’on évolue dans un milieu où il y a de l’argent, où les intérêts sont nombreux, mais il ne faut jamais oublier qu’avant tout le sport est un jeu. Il nous aide à forger nos armes pour toute une vie – c’est ce que j’ai voulu expliquer à ces enfants. Je leur ai dit : « vous voyez, vous êtes concernés par votre activité maintenant et c’est très bien. Donnez tout pour elle, mais jusqu’à une certaine limite. Il y a une limite à ne jamais franchir. Restez prudents. Ne vous laissez pas influencer ».

Les jeunes se sont-ils montrés réceptifs?

J’ai constaté que certains sont mieux armés que d’autres. Il y a des différences incroyables. Certains ont déjà une personnalité formée et ont adopté certaines valeurs. D’autres, non. Ce qui m’a le plus frappée, c’est de voir à quel point une partie des enfants sont réceptifs, se sentent concernés, alors que d’autres s’y intéressent moins et prennent le discours sur le dopage à la légère. Pour ces derniers, le chemin sera beaucoup plus long.

Entretien avec le Bureau de l'information du public de l'UNESCO

• 10-07-2007