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SHSregards 26 |
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Le magazine du Secteur des sciences sociales et humaines de l’UNESCO |
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Entretien avec Olabiyi Babalola Joseph Yaï, Président sortant du Conseil exécutif de l’UNESCO : « L’UNESCO devrait être la locomotive de la pensée sur la gouvernance. » / Dossier - Zoom sur le Sénégal / La tribune des lecteurs : « Le choix du capital social », par José Fogaça – octobre-décembre 2009 (English | Français | Русский) |
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Changement climatique : le défi d’un langage éthique
Le changement climatique constitue, pour l’humanité tout entière, un défi des plus urgents. Chacun en convient. Mais quelle est exactement la nature du défi ?
Il faut comprendre un ensemble très complexe de phénomènes afin de formuler des scénarios d’évolution cohérents et crédibles.
Cela suppose un effort scientifique concerté, orienté vers les besoins les plus urgents, sous l’égide du droit universel « de participer au progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent » (article 27.1 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme).
Il faut s’efforcer de réduire les émissions de gaz à effet de serre sur la base d’efforts équitablement partagés qui n’entravent pas les perspectives légitimes de développement.
Il faut, enfin, prendre les mesures qui s’imposent afin d’atténuer l’impact du changement climatique, et pour permettre aux États et aux populations de s’adapter sans nuire à leurs intérêts vitaux.
Autant dire qu’à chaque niveau d’action – connaissance scientifique, réduction des émissions, adaptation – la question centrale est celle - éthique de part en part - de la « responsabilité ».
Selon les termes de la Convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique : « Il incombe aux Parties de préserver le système climatique dans l’intérêt des générations présentes et futures, sur la base de l’équité et en fonction de leurs responsabilités communes mais différenciées et de leurs capacités respectives » (article 3.1).
Mais comment arbitrer entre intérêts des générations présentes et futures ? Qu’est-ce qui, en matière de réponse aux défis du changement climatique, serait « équitable » ? Quelles responsabilités seraient « communes » ? Lesquelles seraient « différenciées » ? Ceux qui ont la « capacité » d’agir doivent-ils le faire, indépendamment de leur contribution historique aux émissions de gaz à effet de serre ?
Ces questions éthiques n’ont pas vraiment été tranchées. Elles sont délicates en théorie. En pratique, elles tendent à bloquer, depuis 15 ans déjà, la mise en place d’un cadre concerté d’action internationale qui soit à la hauteur du défi planétaire.
Nous voilà donc face à un problème urgent dont nul ne peut nier qu’il soit éthique, mais auquel il manque un langage éthique dans lequel chacun, avec ses intérêts et ses valeurs, puisse se reconnaître. Comment sortir de l’impasse ?
Dans d’autres domaines - par exemple, la diversité culturelle ou la bioéthique -, la communauté internationale est parvenue à s’engager explicitement sur des principes généraux orientant les actions aux différents niveaux de compétence, en les dotant d’un langage commun qui exprime clairement des valeurs fondamentales partagées.
Face au changement climatique aussi, c’est vers le consensus qu’il importe d’aller.
Pierre Sané
Sous-Directeur général de l'UNESCO
pour les sciences sociales et humaines
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