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EDUCATION

Edito
La vue splendide qui s’offre de mon bureau au Siège de l’UNESCO, à Paris, évoque bien des facettes de l’activité humaine. Au loin trône le Palais de Chaillot, dont les musées étanchent notre soif de compréhension des civilisations du passé et sont une ode au génie créateur des peuples depuis la nuit des temps. De ce côté-ci de la Seine pointe la Tour Eiffel, monument à la gloire de la science, de la technologie et du progrès industriel. Plus près, s’ouvre l’arrière-cour de l’Ecole Militaire où chaque matin les officiers de cavalerie viennent exercer leurs chevaux et où les après-midi d’été jouent les fanfares. Mes fenêtres donnent sur la place de Fontenoy, qui tire son nom d’une célèbre bataille de la guerre de la Succession d’Autriche, au XVIIIe siècle. Belle ironie que l’UNESCO, organisation qui se consacre à élever les défenses de la paix, soit cernée de toutes parts par des rues portant les noms de grandes figures militaires, trois maréchaux de France, Frédéric de Lowendal, Maurice de Saxe et Philippe de Ségur, et un amiral, le bailli Pierre de Suffren !
Ces contradictions n’ont pourtant rien de typiquement parisien. Toute ville d’une certaine importance nous rappelle que le titre fameux du roman de Tolstoï, Guerre et Paix, ne fait que résumer l’histoire de l’humanité et une tension fondamentale de la condition humaine. Ce qui change avec le temps, c’est la nature de la guerre et de la paix. Les sophistications de l’armement rendent les conflits plus dévastateurs et causent plus de pertes parmi les civils que parmi les combattants. Grâce au progrès économique et social, la paix est de plus en plus douce aux nantis, mais le fossé semble se creuser entre riches et pauvres. En outre, la multiplication des guerres civiles et des conflits locaux condamne des foules entières à la pauvreté, contrariant les activités économiques des adultes et contrecarrant l’éducation des enfants.
Au fur et à mesure que les enjeux montent entre la paix et la guerre, il devient chaque jour plus vital d’encourager les hommes à rechercher la paix, et à renoncer à la guerre. L’éducation ne peut à elle seule réussir dans cette tâche, mais elle peut y contribuer. Ce premier numéro de L’éducation aujourd’hui tire les leçons de la longue expérience de l’UNESCO en matière de promotion de l’éducation à une culture de la paix. Il parvient, sans surprise, à cette conclusion que l’apprentissage de la paix chez les jeunes dépend tout autant de l’atmosphère qui règne au sein des écoles et de l’attitude des enseignants que du contenu des programmes scolaires.

John Daniel
Sous-Directeur général de l’UNESCO pour l’éducation



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