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English Français

Les grandes villes d’eaux d’Europe

Date de soumission : 07/07/2014
Critères: (ii)(iii)(iv)(vi)
Catégorie : Culturel
Soumis par :
Permanent Delegation of France to UNESCO
Ref.: 5931
Avertissement

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Les noms des biens figurent dans la langue dans laquelle les Etats parties les ont soumis.

Description

Le bien transnational en série « les grandes Villes d’eaux d'Europe » est une sélection de villes thermales qui témoignent des lieux consacrés aux soins médicaux à l’aide d’eaux minérales et thermales, avant le recours à l’allopathie, tels qu’ils se sont développés au cours du XIXe siècle. La série comporte seize villes d’eaux historiques européennes dont l'intégrité et l'authenticité des éléments constitutifs sont évidentes tant pour dans leur forme urbaine comme dans leurs bâtiments thermaux  essentiels.

Le rôle thérapeutique de ces villes s’est développé depuis les premiers thermes romains et durant le Moyen Âge. Leur apogée débute avec les Lumières du XVIIIe siècle et se poursuit avec les pratiques médicales et mondaines du XIXe. Leur regroupement représente l’ensemble des villes d’eaux les plus célèbres et reconnues comme telles du XVIIIe siècle aux années 1920.

Ces villes offrent les caractéristiques communes aux villes d’eaux et des ensembles architecturaux représentatifs comportant les bâtiments liés à cette activité : thermes, colonnades, églises, théâtres, casinos, hôtels spécialisés et pensions de famille. Chacune de ces villes d’eaux a la capacité de démontrer qu'elle apporte une contribution substantielle à la valeur universelle exceptionnelle du bien en série.

Les éléments constitutifs de la série présentent les attributs des villes d’eaux européennes qui reposent sur un traitement médical à base d’eaux minérales et thermales par boisson, bains, irrigations, hydrothérapie ou bains de boue. Ces villes témoignent de l'évolution de la médecine. Leur conception, née de la combinaison de parcs et d’espaces verts avec le paysage environnant, est un trait fondamental, De nombreux traitements fondés sur un exercice physique pratiqué dans les alentours de la station, ont déterminé, par une étroite relation entre le dessin de la ville d’eaux et de ses environs, un « paysage thérapeutique ».

Les principales villes d’eaux sont devenues des centres à la mode jusqu'en 1914 et représentent un phénomène culturel et social remarquable qui, depuis plus de deux millénaires, a contribué à la construction d’une culture et d’une société européennes. Tous les éléments composant le bien en série sont des villes qui se sont développées autour des sources minérales, mais elles ont eu une  influence sur d'autres types de lieux de soin, comme les stations balnéaires ou les stations climatiques ; de même où la tradition européenne de la ville d’eaux s’est répandue à travers le monde.

Les grandes Villes d’eaux d’Europe présentent tous les aspects du thermalisme médical et reflètent le cadre international du développent de la médecine.  Le bien en série constitue un groupe géographique, historique et culturel qui illustre l’activité thermale, les échanges culturels et qui a contribué au développement culturel à travers l’Europe.

Nom(s) de l’élément/des éléments constitutif(s)

AUT-O-01            Bad Ischl                                              N 47°42´41"         E 13°37´22"

AUT-N-01            Baden bei Wien                                  N 48°0´35"           E 16°14´11"

BEL-WAL-01        Spa                                                      N 50°29´36"         E 05°52´00"

CZE-KA-01           Karlovy Vary                                       N 50°13´20"         E 12°53´06"

CZE-KA-02           Mariánské Lázně                              N 49°58´40"         E 12°42´13"

CZE-KA-03           Františkovy Lázně                            N 50°07´11"         E 12°21´06"

CZE-ZL-01            Luhačovice                                          N 49°06´37"         E 17°45´48"

DEU-BW-01        Baden-Baden                                    N 48°45´43"         E 08°14´27"

DEU-BY-01          Bad Kissingen                                    N 50°11´55"         E 10°04´33"

DEU-RP-01          Bad Ems                                             N 50°20´3"           E 07°43´9"

DEU-HE-01          Bad Homburg vor der Höhe            N 50°13´44"         E 08°37´39"

DEU-HE-02          Wiesbaden                                         N 50°05´05"         E 08°14´51"

DEU-NI-01           Bad Pyrmont                                       N 51°59´00"         E 09°16´00"

FRA-C-01             Vichy                                                    N 46°07´25"         E 03°25´13"

GBR-BAS-01       The City of Bath Spa                         N 51°22´53"         W 02°21´31"

ITA-PT-01            Montecatini Terme                             N 43°53´4"           E 10°46´28"

Description de l’élément/des éléments constitutif(s)

L'infrastructure des villes d’eaux démontre clairement une capacité incessante d'innovation à l'échelle internationale. L’évolution des prescriptions médicales a déterminé la conception et la promotion de ces villes d’eaux. Elles ont grandi et ont été régulièrement adaptées pour répondre aux demandes nouvelles de la science médicale, en introduisant des salles de soins spécialisés, de nouveaux bâtiments et d'autres aménagements. En conséquence, définir l'authenticité de ces villes et des bâtiments thermaux nécessite qu’on ait une conception dynamique de la notion.

Il s’agit de grandes villes d’eaux dont la structure urbaine des ensembles thermaux est  authentiquement préservée. L'un des aspects caractéristiques des villes thermales est une division en quartiers ayant une fonction différente, le quartier des bains avec majestueuses installations thermales, le quartier résidentiel et des zones périphériques (qui apparaissent quand la ville est reliée par le chemin de fer). Une caractéristique majeure des villes d’eaux de la série est une fusion de la partie bâtie de la ville avec des espaces verts et un lien étroit avec le paysage environnant. Les villes d’eaux jouissent d'une relation spécifique entre tissu urbain et paysage environnant. Cette dimension paysagère a été promue et gérée comme une part essentielle de «l'offre thermale » et contribuait à la cure. En conséquence, il y a des valeurs culturelles complexes qui s’associent au paysage dans et autour des villes d'eaux. La dimension paysagère de la ville d’eaux est donc un élément essentiel de la prescription de la cure thermale et, de ce fait, la zone entourant la ville avec ses bâtiments thermaux est considérée comme un « paysage thérapeutique ». La vie des curistes se déroulait ainsi, grâce à des promenades favorisant les activités et les réunions sociales dans une ambiance esthétique extraordinaire. Cela entraîna la construction de divers motifs architecturaux en vue d’agrémenter les circuits de promenades et les expériences. Ceux-ci ont été conservés jusqu'à nos jours. Le paysage finit par fusionner naturellement avec l'image même de la ville.

La renommée internationale des villes d’eaux a été un facteur déterminant d’évolution dans la leur planification qui se devait d’intégrer harmonieusement dans le paysage les fonctions basiques d'une ville répondant aux normes européennes. Elles se révèlent des fondations intéressantes reposant sur les critères et les innovations de l’époque pour les grandes villes, alors que leur population permanente était réduite.  L'offre très diverse et originale des villes d’eaux entraient en concurrence avec les métropoles et les capitales de cette époque et en même temps avec les stations balnéaires et climatiques à la mode. Les installations thermales et les complexes hôteliers ont été construits par des entrepreneurs locaux, des investisseurs et des architectes étrangers.  L'ambiance des villes d’eaux s’en trouvait ainsi renforcée dans son caractère cosmopolite.

RÉPUBLIQUE TCHÈQUE

Karlovy Vary

Karlovy Vary (Karlsbad) est la plus grande ville d'eaux de la République tchèque et possède une forte concentration de sources thermales. La concentration de la richesse architecturale en fait le plus grand complexe thermal en Europe. Karlovy Vary a été fondée au Moyen Age ; elle porte le nom de l'empereur romain germanique Charles IV ; c'est une station thermale où les fonctions et les activités liées aux sources minérales ont déterminés tout le développement. La ville d'eaux s'étend dans la vallée profonde et pittoresque de la rivière Teplá, enserrée par des collines boisées. L'image de la ville a été fortement marquée par une opulente architecture du XIXe et du début du XXe siècle dans les styles de l'historicisme et de l'Art Nouveau. Sans aucun doute, l'agence d'architecture de renommée mondiale Fellner et Helmer, de Vienne, a été de la plus haute importance pour Karlovy Vary. Outre les ensembles de logements concentrés dans la vallée, la ville se caractérise par des quartiers de villas de prestige sur les pentes de la vallée et aux environs. Le complexe est complété par les parcs et les forêts aménagées avec un certain nombre d'édicules dispersés (tours de guet, pavillons, etc.) et un réseau de sentiers pour les promenades. Karlovy Vary est un exemple typique de ville thermale au caractère cosmopolite en matière de style architectural et d'ambiance. La clientèle était composée de chefs d'états européens, de familles royales, des élites (hommes d'état et politiciens, écrivains célèbres, musiciens et scientifiques. La renommée internationale de la ville se traduit par des églises de diverses confessions. Dans le Bien en série, Karlovy Vary représente le type de grande ville thermale inscrite dans une vallée qui est clairement séparée de son centre d'affaires et d'administration, à la confluence de la Teplá et de la rivière Ohře; la zone thermale est ainsi immédiatement en lien avec le paysage environnant. Grâce à un haut degré de conservation de sa structure urbaine et de son architecture, la ville s'inscrit, dans son ensemble, parmi les sites d'une intégrité et d'une valeur exceptionnelles, dimension qui se retrouve dans sa liaison avec le paysage environnant.

Mariánské Lázně

Mariánské Lázně (Marienbad) se classe parmi les villes d'eaux les plus spacieuses d'Europe. La ville a été fondée à l'époque néoclassique, au début du XIXe siècle. Ses fondateurs ont transformé une vallée marécageuse désagréable en une charmante ville de parcs avec des bâtiments de style néoclassique et Empire, gloriettes, pavillons et colonnades... Le cœur de la ville thermale est un parc central qui accueille la Colonnade, dans la partie la plus large de cette vallée boisée. Etablissements thermaux et résidences entourent ce parc central comme une couronne, montent vers les collines et se répandent également dans la vallée. Les édifices thermaux de style néoclassique, pour les pavillons des sources et une partie des maisons, dominent la conception architecturale de la ville. Les établissements de bains, hôtels et villas datant du XIXe et du début du XXe siècle prévalent et offrent une variété de styles architecturaux allant de l'historicisme à l'Art Nouveau. Une série de maisons de soin et d'hôtels bien conservés ainsi que différents pavillons des sources et des colonnades sont devenus les éléments emblématiques de la ville. Sa dimension internationale est reflétée par ses diverses églises. Le caractère de ses établissements thermaux classe la ville parmi les grandes villes d'eaux européennes à caractère cosmopolite. Grâce à un haut degré de conservation de sa structure urbaine et de son architecture, la ville s'inscrit, dans son ensemble, parmi les sites d'une intégrité et d'une valeur exceptionnelles, dimension qui se retrouve dans sa liaison avec le paysage environnant.

Františkovy Lázně

Františkovy Lázně (Franzensbad), par sa taille et sa représentativité, comme par la qualité des bâtiments conservés, est une des villes d'eaux les plus significatives en Europe. Elle a été fondée en 1793 autour d'abondantes sources acidulées et a été baptisée en l'honneur de l'empereur François II d'Autriche. Les vertus curatives de ses sources étaient connues dès le Moyen Âge. Bien qu'elle ait été créée, de la même manière que Marienbad, durant la période néoclassique, Františkovy Lázně présente une composition urbaine d'une conception différente. Le centre de la ville, établi sur un plan en damier avec un réseau de rues parallèles, se caractérise par une forte concentration de maisons de style néoclassique, Empire et historiciste qui offrent une impression artistique exceptionnelle. Depuis sa fondation, la ville a été construite délibérément de manière homogène. Un ensemble de bâtiments thermaux est entouré d'un grand parc dans lequel les pavillons de sources, en majorité néoclassiques, sont d'une grande qualité architecturale. Autour du parc s'est établi en anneau une partie plus récente de la ville, qui comporte des édifices de styles historicistes, mais aussi une église orthodoxe et une église évangélique, le tout d'une architecture de grande qualité. L'ensemble comporte tous les éléments typologiques nécessaire à la définition d'un centre thermal d'importance européenne : hôtels et pensions de famille, pavillons des sources, colonnade, établissements de bains, église, théâtre, édicules et décor sculpté. Grâce à son degré de conservation de sa structure urbaine et de son architecture, la ville, dans son ensemble, s'inscrit, dans son ensemble, parmi les sites d'une intégrité et d'une valeur exceptionnelles.

Luhačovice

Luhačovice est un ensemble architectural unique et remarquable de bâtiments qui ont donné les bases de la ville d'eaux nouvellement créée à la fin du XIXe siècle et dans le premier tiers du XXe siècle. Ses bâtiments sont un exemple de l'architecture thermale moderne du début du XXe siècle conjuguant le modèle de la maison anglaise et l'architecture vernaculaire. Les premiers édifices thermaux ont été construits à partir de 1792 et en 1809 furent déjà établis des sentiers pédestres. Pendant le XIXe siècle, les bâtiments se multiplient et le quartier thermal s'agrandit, intégrant les maisons et le paysage environnant. Le principal prérequis d'un ensemble thermal, préservé jusqu'à présent, tient à sa fondation par une société anonyme en 1902, qui racheta tout le secteur. L'architecte Dušan Jurkovič, dont l'œuvre domine l'image de la station thermale à l'heure actuelle, a réalisé les principaux travaux de modification des bâtiments, donnant un ensemble unique et rare d'édifices datant majoritairement du premier tiers du XXe siècle. Ils sont situés librement dans le centre thermal qui constitue le cœur de la ville d'eaux et forme un complexe urbain et architectural intact et bien conservé. À Luhačovice, les établissements thermaux, les pensions et les villas, conservés, sont installés dans les alentours directs du quartier thermal. Grâce à la qualité extraordinaire de ses sources, des conditions naturelles et d'une longue tradition de succès des traitements, Luhačovice est une ville thermale unique dans l'histoire et la pratique du thermalisme lui-même. Ses bâtiments principaux, d'une forme sans parallèle, reposent sur des motifs d'architecture régionale utilisés parallèlement à une inspiration puisée dans les centres thermaux cosmopolites. De ce fait, Luhačovice ajoute, pour des fonctions curatives et sociales identiques, un apport significatif à l'image de la diversité de l'architecture des Grandes Villes d'eaux d'Europe.

RÉPUBLIQUE FÉDÉRALE ALLEMANDE

Baden-Baden

Baden-Baden est sans aucun doute un des centres thermaux les plus importants en Europe, dont le nom exprime l'objet même du Bien en série. Le bain à Baden-Baden est une tradition qui remonte à l'Antiquité romaine. La ville a été fondée en l'an 80 par les Romains à l'emplacement d'une ancienne colonie celtique et nommée Civitas Aurelia Aquaensis. Après un intervalle (depuis le XIIe jusqu'à la fin du XVIIe siècle) comme ville résidentielle, la ville a été systématiquement réaménagée comme ville d'eaux moderne dès les premières années du XIXe siècle. Dès cette époque, Baden-Baden compte parmi les stations thermales d'Europe les plus à la mode. Le casino, qui fonctionna depuis les années 1820 jusqu'à ce que vers 1870, a eu un impact certain. Plus que tout, peut-être, c'est le nombre de visiteurs étrangers qui imprima son caractère à la ville au cours du XIXe siècle. Beaucoup d'entre eux devinrent des résidents permanents, un fait qui a eu un impact dans l'apparence de la ville elle-même. De nombreux hôtels et villas élégantes ont été construits. Le boom urbanistique et constructif s'est poursuivi tout au long du XIXe et au début du XXe siècle. Au cours de son développement, la ville d'eaux de Baden-Baden a acquis une renommée extraordinaire à l'échelle européenne et à l'heure actuelle, la ville conserve sa réputation de ville d'eaux internationale. Baden-Baden est située dans la vallée de la rivière Oos, à la périphérie ouest de la Forêt Noire. Chaque étape de son développement urbain est conservée dans la structure de la ville d'aujourd'hui, et est toujours représentée par des bâtiments et des parcs remarquables. Les tours du palais du XVIe siècle, qui dominent le vieux centre-ville, sont situées à côté d'un éperon rocheux. Dans son voisinage se trouvent les sources thermales et les vestiges des thermes romains. La ville doit largement son aspect à son statut de Weltbad (« bain mondial ») au cours du XIXe siècle. L'ouest de la vieille ville et la partie au-delà de la rivière Oos forment le quartier thermal qui se développe alors avec le Kurhaus, la buvette et le théâtre. Le long de la rivière et de l'avenue menant au monastère de Lichtental, des parcs et des espaces verts traversent la ville, la reliant à la campagne environnante. Vers le centre de la vieille ville, le quartier thermal est bordé par de grands hôtels ; les flancs de la vallée sont occupés par des zones résidentielles élégantes et de nombreuses villas.

Bad Kissingen

Bad Kissingen est située sur les rives de la Saale franconienne, une rivière dont le nom fait référence à l'eau salée. Une preuve documentée de la production de sel sur le site remonte l'année 823. Des bains de santé utilisant de l'eau de source minérale ont été installés au début de la période moderne, puis ont atteint un premier niveau de notoriété durant la période baroque. Après 1815, l'État de Bavière a investi massivement dans le quartier thermal, provoquant un essor économique important de la ville. L'architecte de la cour royale Friedrich von Gartner construisit le Kursaal, puis les pavillons de fer au-dessus des deux sources principales, Rakoczi et Pandur. Pour le traitement par la boisson, il construisit des arcades et un dépôt pour stocker les bouteilles de Kissingen, eau minérale de plus en plus reconnue. Le boom de l'industrie thermale qui a suivi entraîna la construction de plusieurs établissements balnéaires, à commencer par le Salinenbad en 1842, puis le Kurhausbad et le Luitpoldbad. La fondation de l'Empire allemand et l'arrivée du chemin de fer en 1871 donnèrent à la ville thermale une énorme impulsion, qui se traduisit par une expansion urbaine et la construction de zones résidentielles élégantes. Bad Kissingen est devenue une arène diplomatique officieuse, le cadre où des décisions aux conséquences mondiales ont été prises. Des édifices religieux de différentes confessions, parmi lesquels une église orthodoxe russe, témoignent d'échanges interculturels. La ville devint également un lieu de rencontre pour les artistes et les écrivains. De nouveaux bâtiments thermaux représentatifs furent commandés, par exemple, à Max Littmann le théâtre, la Wandelhalle, galerie couverte avec une buvette intégrée, Regent's House... À partir du noyau du jardin, datant du baroque, s'est développé, autour du quartier thermal, un réseau dense de parcs et de jardins paysagers, Kurpark, Altenberg et Luitpoldpark, et enfin le Rosengarten. Dès le début du XIXe siècle, la ville d'eaux s'est progressivement étendue vers le paysage environnant, incluant au fur et à mesure des promenades le long de la rivière et des sentiers dans les bois menant à des restaurants populaires, des sites naturels remarquables et des belvédères. Au début du XXe siècle, tous les éléments typiques d'une grande ville d'eaux européenne étaient en place. Le cœur de l'espace thermal est maintenant entouré par des jardins et des quartiers résidentiels dont les frontières montrent une transition fluide dans le paysage culturel de la station thermale. Toutes les structures et bâtiments de ce « long XIXe siècle » sont utilisés dans leur fonction d'origine et bien conservés.

Bad Ems

Des eaux thermales et un cadre naturel pittoresque ont assuré à ce site connu des Romains et placé sur le limes de Rhétie, une grande notoriété à travers l'histoire. Bad Ems se caractérise par son apogée précoce et son importance sociopolitique et historique, mais en particulier, et conservé jusqu'à ce jour, par la cohérence de sa composition urbaine, l'intégrité de ses structures thermales classiques et son intégration visuelle dans le paysage environnant. Le développement de Bad Ems comme ville d'eaux prospère se lit dans les différents bâtiments, bien préservés, de la fin du XVIIe siècle. À cette époque, après la fin de la guerre de Trente Ans, l'activité thermale connut un boom considérable ; les bâtiments les plus remarquables de ce moment sont le Kurhaus, les deux grandes maisons d'hôtes Mainzer Haus et Zu den vier Turmen, ainsi que la Kapelle Maria Königin, une chapelle catholique située dans une région d'ailleurs protestante. Par-dessus tout, cependant, la ville reste marquée par un certain nombre de bâtiments du XIXe siècle, datant du moment où Bad Ems devient l'une des villes d'eaux les plus importantes d'Allemagne. Le plus frappant de ces édifices est un ensemble de bâtiments qui s'étend le long de la rivière Lahn. Sur la RômerstraBe, parallèle à la rive droite, un certain nombre de bâtiments de l'époque du duché de Nassau ont survécu, dont l'éminent Kursaalgebeiude et le Kurmittelhaus. Le paysage urbain actuel de Bad Ems est caractérisé par les grandes villas situées dans Wilhelmsallee et sur la promenade le long de la rive gauche, comme le château de Balmoral et la Villa Monrepos. Les structures qui ont survécu jusqu'aujourd'hui comprennent non seulement les bâtiments thermaux actuels, mais également d'autres installations qui avaient été importantes pour le thermalisme, par exemple, le funiculaire Malbergbahn, un établissement de loisirs typique du XIXe siècle, ou la Bohrturm, témoignage historique d'un appareil de forage pour pomper l'eau de source construit en 1939. Au fil des siècles, le site romantique, inscrit dans une harmonieuse courbe de la Lahn, a séduit les artistes, accueilli régulièrement les rois ou les tsars et a servi de cadre à la célèbre Emser Depesche qui déclencha la guerre franco-prussienne de 1870. Le XIXe siècle a renforcé le pittoresque du site en relevant des tours du limes romain, autres buts d'excursion, car des promenades, qui existent toujours, sillonnaient évidemment les environs.

Bad Homburg vor der Höhe

Depuis le milieu du XIXe siècle, Bad Homburg forme, avec Baden-Baden et Wiesbaden, la « grande triade des villes d'eaux rhénanes » (Theodor Fontane), classés parmi les villes d'eaux d'Europe les plus prisées. Au XVIIe siècle, Homburg devint une partie de la principauté de Hesse-Homburg et connut son premier apogée culturel durant les dernières années du siècle des Lumières. Les princes conçurent un paysage de jardins (appelés Landgrrifliche Gartenlandschaft), le long d'une avenue bordée de peupliers (Tannenwaldallee), et en direction du Limes germanique sur la crête du Taunus. La redécouverte des sources d'eau minérale au cours de la première moitié du XIXe siècle transforma la ville résidentielle en station à la mode avec des clubs sportifs internationaux, un casino (1841) et un théâtre ; ceux-ci attirèrent une large clientèle internationale, comme l'attestent encore aujourd'hui des bâtiments tels que l'église anglicane, l'église et le presbytère russes et la Sala Thai, cadeau du roi Chulalongkorn. Homburg devint un lieu modèle pour la mode (par exemple, le chapeau dénommé Homburg) et les sports, en particulier pour le tennis (à partir de 1874) et le golf. Edward, prince de Galles, fut l'un des initiateurs de l'installation d'un terrain de golf en 1889. Par la suite, c'est à Homburg que l'on développa la technique de couvrir d'argile rouge les courts de tennis. À partir de 1840, un quartier thermal neuf et soigneusement ordonnancé, prit place entre la vallée des sources et la ville baroque. La principale promenade thermale faisait la liaison entre ce quartier et le parc thermal. Ce nouveau quartier entier, composé des villas néoclassiques, a survécu comme un ensemble harmonieux. Les principales structures thermales et les bâtiments, y compris les installations sportives évoquées sont intégrés au parc, ainsi que les buvettes, la maison du petit-lait, le Kaiser-Wilhelmsbad, la colonnade de l'Orangerie et la Chambre de Madère. Le Landgreiche Gartenlandschaft, la colline du Hardtwald et le parc thermal, unique en son genre (44 ha) conçu par P.J. Lenné, constitue un « paysage thérapeutique ». Dans la série des Grandes villes d'eaux d'Europe, Homburg représente un excellent exemple d'une petite, mais très distinguée ville d'eaux internationale, intégrée dans un « paysage thérapeutique » historique, bien préservé et relié au site du patrimoine mondial qu'est la reconstruction du fort romain de la Saalburg.

Wiesbaden

Les sources thermales qui sourdent au pied des collines du Taunus sont parmi les plus chaudes et les plus abondantes d'Europe. Elles sont à l'origine de l'histoire de la ville de Wiesbaden. Même dans les temps préromains, elles étaient connues pour leurs propriétés médicinales ; les premiers thermes ont été construits durant la période romaine, à proximité de la Kochbrunnenplatz actuelle. Aujourd'hui, le site est occupé par le pavillon Kochbrunnen et par des parties de l'ancienne buvette qui ont remplacé les antérieures structures. Dès le début du XIXe siècle, Wiesbaden a connu un développement inégalé et étonnant, en s'appuyant sur une tradition thermale ininterrompue qui remonte au moins au Moyen Âge. La ville thermale a été systématiquement transformée en une station balnéaire séduisante à la mode et qui atteint, finalement, une renommée mondiale. Le réseau de rues formant le « Funfeck » (Pentagone historique) qui détermine aujourd'hui encore l'aménagement de la ville a été établi en lien avec la construction du Kurhaus à proximité du centre de la vieille ville ; ce bâtiment a défini le type architectural dominant tout le XIXe siècle. Le développement urbain qui suivit a divisé la ville en zones aux fonctions spécifiques. Encore aujourd'hui, la structure sociale de la ville reste lisible à travers les zones bâties. Se sont alors formés les rues principales et les places ouvertes, des bâtiments remarquables reflétant chaque phase architecturale du XIXe et du début du XXe siècles, des parcs publics spacieux ; par conséquent, et contrairement à la plupart des autres villes d'eaux, la cure se déroulait dans des bains privés et des hôtels thermaux. Autour du secteur de la source Kochbrunnen se trouvaient le Grand Hôtel Rose, le Palast-Hôtel, et l'Hôtel Schwarzer Bock dont les installations balnéaires anciennes subsistent. C'est seulement à partir de 1913 qu'un établissement thermal a été créé, le Kaiser-Friedrichbad. Le nouveau quartier thermal aménagé à proximité du centre historique, créé spécifiquement pour les besoins d'une clientèle internationale, demeure aujourd'hui un ensemble architectural d'une qualité exceptionnelle. Il comprend le Neues Kurhaus, les colonnades flanquant le Bowling Green et le théâtre auquel a été ajouté un vestibule. Un autre exemple remarquable de construction est le Casino-Gesellschaft sur la Friedrichstrasse, avec ses magnifiques escaliers et son hall principal richement décoré. Parmi les parcs publics, les meilleurs exemples de l'art du jardin sont le parc thermal, qui s'étend le long du Promenadenweg qui mène aux ruines du château de Sonnenberg, le Bowling Green, le parc du Warmer Damm que voisine l'église anglicane, et la Nerotalanlage. Ces parcs contribuent largement à définir le caractère de Wiesbaden comme une ville thermale verte, qui se retrouve dans le parc paysager étendu dans le vallon du Nerotal et jusqu'au Neroberg avec son tempietto servant de belvédère et l'église russe. Cette église et son cimetière témoignent de la réputation internationale de la ville d'eaux. Le type de la maison, ou villa, comme élément architectural majeur des villes d'eaux à la mode, est très présent encore aujourd'hui à Wiesbaden dans presque toutes les variantes de style inventées par le XIXe siècle. Ce paysage de villas de qualité et diversifié s'est développé à la suite d'un afflux de riches « curistes permanents » venus de toute l'Europe.

Bad Pyrmont

Dix-neuf sources d'eau minérale sont en usage depuis l'antiquité. Le nom Pyrmont est apparu en 1184. Depuis 1668, la zone située entre le château et le vieux village (Oesdorf) a été systématiquement développée comme une ville d'eaux. Les aménagements architecturaux et les jardins, mis en place à cette époque, caractérisent Bad Pyrmont jusqu'aujourd'hui. L'harmonie du paysage, des jardins, du château, des sources thermales, des colonnades, d'une part, et l'ensemble de bâtiments d'accueil et de divertissement, d'autre part, ont fixé la norme du développement de la culture thermale de la ville d'eaux européenne. Bad Pyrmont était, et est toujours, une ville d'eaux offrant la gamme complète des médecines naturelles et des méthodes de soin : sources d'eau minérale, sources salées et thermales, bains de boue thérapeutiques. A partir de 1668, le comte Georg Friedrich von Waldeck-Pyrmont a lancé le développement de Bad Pyrmont comme ville d'eaux. Dès cette époque, la station à la mode présentait la double avenue de tilleuls au sud de la Brunnenhaus qui marque encore la ville aujourd'hui. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, un ordonnancement d'axes reposant sur de nombreuses promenades a été développé entre le château, le vieux village agricole et le paysage des sources minérales, afin de mettre en valeur l'art des installations. Au XXe siècle, Bad Pyrmont est resté un lieu de villégiature d'été à la mode et un cadre central dans les échanges européens. En son temps, cette conception de l'ensemble baroque formé par le jardin, la ville et le paysage, n'avait aucun équivalent dans son ampleur et a fixé la norme pour de nombreuses autres villes d'eaux. Les traits essentiels de sa conception essentiels sont restés intactes jusqu'à aujourd'hui. Le noyau originel de la ville, la Hauptallee, est toujours une simple avenue de sable. Des très vieux tilleuls dominent le cadre de cette promenade unique en son genre. Dans le développement des parcs, intégrés cadre paysager artistique élaboré au cours des XIXe et XXe siècles, le réseau original de voies a été pris en compte. Dans cette ville, la tradition s'est combinée de manière originale avec la satisfaction apportée aux besoins contemporains des curistes. Des bâtiments de chaque étape de son développement sont conservés et illustrent la continuité des activités balnéaires du XVIIe siècle jusqu'à nos jours.

AUTRICHE

Baden bei Wien

Baden bei Wien est l'un des sites thermaux aux eaux soufrées les plus importantes d'Europe. Les sources thermales ont été utilisées à des fins curatives depuis les Romains, qui ont appelé cette localité Aquae Pannoniae. Baden a commencé à se développer comme ville d'eaux vers la fin du XVe siècle. A la suite d'un important incendie en 1812, la ville et ses installations thermales ont dû être entièrement reconstruites, et un grand nombre de ses maisons et villas de style Biedermeier datent de cette époque. L'aspect de la ville, comme nous le connaissons aujourd'hui, est dû à un grand architecte de l'époque, Joseph Kornhäusel. Parmi les édifices thermaux majeurs, se trouvent le Josefsbad, le Leopoldsbad, le Frauenbad, le Engelsbad, le Franzensbad, le Grand Hôtel Sauerhof, le Kurhaus et le théâtre. Toute la ville d'eaux a conservé son charme et son apparence néoclassique jusqu'à aujourd'hui, avec de nombreux éléments dont les habitants et les curistes peuvent encore jouir. Par la suite, l'architecture de la station thermale a été inspirée par l'architecture vénitienne et le style néo- Renaissance français. Baden est célèbre pour son parc thermal de qualité, doté de nombreuses édicules affectés à des activités sociales; dans la série Great Spas of Europe, Baden représente une ville d'eaux complète offrant une longue histoire à proximité de la capitale, Vienne.

Bad Ischl

Bad Ischl, situé au cœur de la région du Salzkammergut, est sans aucun doute une ville d'eaux célèbre avec une longue tradition et une des plus populaires auprès de la clientèle internationale. Ce sont aussi les bains salins les plus anciens d'Autriche. Les bains de sel dans les anciennes mines avaient tellement de succès qu'un établissement de bains salins (Tiinzlbad) dût être construit dans la maison du trésorier de la banque de sel de la ville, Michael Tanzl, dès 1825 pour satisfaire la demande. En plus de leur usage dans des bains salins, les traitements de sel ont également été administrés dans des bains de vapeur, une des méthodes curatives les plus importants. Un autre bâtiment thermal majeur est la buvette (Trinkhalle-Solbad), édifiée en 1829-1831 et conçue par l'architecte Franz Ijissl. L'essentiel de la notoriété de Bad Ischl tient cependant à la présence de la famille impériale de Habsbourg qui y résidait dans la Villa impériale (Kaiservilla). La ville d'eaux de Bad Ischl a conservé son aspect de l'époque classique à nos jours, grâce à ses constructions dans le style autrichien typique Biedermeier, qu'accompagna ensuite des détails de différents styles historicistes, dont l'Art Nouveau. Dans la série Great Spas of Europe, Bad Ischl représente un type spécifique d'une ville d'eaux de montagne avec des sources minérales, une structure urbaine bien conservée et de plusieurs éléments architecturaux importants.

ITALIE

Montecatini Terme

Montecatini Terme, une des plus célèbres et raffinées villes d'eaux italiennes, est située en Toscane. Les sources de cette région, connues dès le Moyen Âge, furent la propriété des Médicis, puis des Habsbourg de Toscane. En fait, c'est l'archiduc Léopold 1er de Toscane (Pietro Leopoldo) qui a commencé à utiliser fréquemment les sources sulfureuses à la fin du XVIIIe siècle, provoquant ainsi la transformation du bourg, au pied de la colline, en une ville thermale neuve. Officiellement, l'origine de la station thermale remonte à 1773, mais elle conserve surtout l'atmosphère du début du XXe siècle, à l'époque de son plus grand boom, qui bit la construction de la plupart des bâtiments thermaux : bains, casinos, théâtre, hôtels et maisons privées. Au centre de cette ville d'eaux un vaste parc regroupe de nombreuses installations thermales. Parmi les plus importantes, il faut citer Terme Tettuccio, Terme Regina, Terme Torretta, Terme Tamerici, Terme Excelsior. Particulièrement caractéristiques sont leurs élégantes colonnades, la plupart achevées au cours de la première moitié du XXe siècle dans un style qui fit surnommer Montecatini Terme, le « Carlsbad italien ». Les galeries à colonnes de travertin (Galerie delle Acque) sont complétées par des colonnades aérées dans le style du Bernin avec des colonnes toscanes (semblables aux stoas ou péristyles antiques) et des courbes concaves. Dans la série Great Spas of Europe, Montecatini représente une solution urbaine caractérisée par un espace thermal qui associe un grand parc divisé en parties différemment structurées et une architecture qui associe aux colonnades populaires des piliers dans les styles traditionnels. Montecatini complète la série des villes d'eaux de conception similaire. En même temps, chacune d'elles est absolument unique dans son apparence. De nombreuses personnalités ont fréquenté Montecatini : acteurs, écrivains, compositeurs de musique, artistes et familles royales.

BELGIQUE

Spa

Bien que le nom de Spa vienne du latin sparsa fontana (fontaine jaillissante ) déjà connu dès le Ier siècle de notre ère, c'est au XVIIIe siècle que Spa acquiert sa renommée internationale au point de donner aujourd'hui son nom à l'appellation générique des centres et des bains de remise en forme. La réputation des eaux est telle qu'elles sont exportées dès la fin du XVIe siècle, mais c'est au XVIIIe siècle que les prescriptions médicales de la cure sont associées à l'amusement, la détente et la promenade. A la suite de la cure du Tsar Pierre-le-Grand en 1717, la ville devient le rendez-vous mondain de l'ensemble de l'aristocratie européenne, attirée de plus en plus par les divertissements élitistes que l'on y découvrait. C'est à ce moment que Spa reçoit son surnom de « café de l'Europe ». L'évolution des nombreuses activités de la station thermale reflète celle des pratiques de l'aristocratie du XVIIIe siècle puis des courants intellectuels et artistiques du XIXe siècle. Le thermalisme spadois s'est réinventé grâce au thermo-ludisme, qui attire aujourd'hui un public familial. Le développement de la ville a ainsi évolué de manière organique autour de sa source principale en s'étendant vers les autres sources situées dans le paysage environnant.

Le premier réseau de promenades (le Tour des Fontaines créé en 1749) reliant les différentes sources offre des points de vue sur les collines voisines et affirme le lien étroit entre la nature et la cure thermale. Le paysage thérapeutique de Spa, toujours visible aujourd'hui, est ainsi constitué. La protection des eaux, depuis la fin du XVIIIe siècle jusqu'à nos jours, a également conditionné de manière considérable l'évolution du paysage et le développement de la ville. La zone de protection des captages est une des plus importantes d'Europe. Malgré sa surface de 40 km2, Spa possède tous les attributs d'une ville thermale authentique : nombreuses sources agrémentées de pavillons décorés, complexe thermal, parcs publics et promenoir couvert, hôtels de grande envergure, très nombreux sentiers de randonnée, points de vue, casino (un des premiers du monde), théâtre et salles de bal, lieux de cultes, loge maçonnique, golf, aérodrome, ainsi que de nombreuses villas aux alentours. Spa complète ainsi parfaitement la série transnationale des biens proposés « Great Spas of Europe » par sa réputation internationale et mondiale.

FRANCE

Vichy

Situées en Bourbonnais, sur les bords de l'Allier, les eaux de Vichy sont en usage depuis l'antiquité. Elles connaissent le succès du XVIe au XVIIIe siècle, mais donnent naissance, entre le Second Empire et les années 1930, à un quartier thermal comprenant des bains et des buvettes, un casino Art nouveau, des parcs avec des galeries-promenoirs, des équipements sportifs, hippodrome, golf, qui en font une ville d'eaux-modèle. La composition urbaine découle du site et des activités thermales et mondaines, la ville accueillant plus de 100 000 visiteurs dans les années 1910 et près de 150 000 à la fin des années 30. Parmi eux, de nombreuses têtes couronnées et célébrités cosmopolites, attirées par les rituels sociaux, les spectacles rivalisant avec Paris et les loisirs d'élite. A chaque période, une architecture éclectique s'y développe à travers bains, théâtres, palaces et surtout villas de tous les styles. Sa capacité d'accueil est telle que le gouvernement du maréchal Pétain, contraint de quitter Paris occupé par les Allemands, choisit de s'y installer, imprimant à la « reine des villes d'eaux » - slogan né dans les années 1900 - une marque sensible encore dans les mémoires. Cependant le thermalisme reprend et les années 50 voient une moyenne de 120 000 personnes ; aujourd'hui l'activité thermale et touristique domine toujours la ville.

ROYAUME UNI

Bath

Bath est un lieu de santé depuis plus de deux mille ans. L'ensemble des bains a été géré pendant 350 ans par les Romains, puis, pendant 800 ans, par une administration monastique. La relation entre les bains, l'abbaye, l'infirmerie monastique et les hôpitaux médiévaux témoignent de l'usage des bains comme pratiques thérapeutique durant les périodes romaine et médiévale. Au XVIe siècle, les sources et les bains sont dévolus à l'Autorité municipale et à partir du XVIIIe siècle, l'ensemble des bains a été rénové. Autour de ceux-ci, on a installé des logements et des bâtiments pour abriter et divertir les visiteurs. Dans les années 1730, l'Hôpital général est construit pour fournir un traitement aux pauvres. La Ville promeut la cité comme lieu de plaisir et comme lieu de cure, créant ainsi une industrie touristique. Avec le renouveau du XVIIe siècle, Bath devient une des stations à la mode en Europe. Les premiers aménagements du XVIIIe siècle, « terrasses », « croissants », cirque et places, proposent des logements à proximité des bains et de la buvette. Ces dispositions ont eu une influence sur la planification urbaine. Des boulevards pavés offraient des vues sur la vallée ; plus tard, des « croissants » construits sur les collines avec des promenades ménagèrent des perspectives sur la vallée. Des « terrasses » sur les prés avoisinants ont été associées à plusieurs terrains de loisir du XVIIIe siècle. Les Sydney Gardens ont survécu. Des idées et des croyances complexes et entremêlées sont associées aux propriétés curatives de l'eau des sources thermales. La relation entre les bains, l'infirmerie monastique et les hôpitaux témoignent de l'évolution directe de ces croyances dans les pratiques médicales du XVIIIe siècle et le diagnostic médical. Les visiteurs étaient invités à faire de l'exercice grâce à des promenades et des randonnées dans la campagne environnante. Ces dernières, forme avec la ville elle-même un « paysage thérapeutique ». Des Maîtres de cérémonie présidaient à la gestion des bains et leurs « Règles de la vie aux eaux » ont contribué à créer et développer les moeurs d'une société policée. La ville a apporté une contribution unique et spéciale au développement de la culture et de la littérature et a été à l'origine d'idées et d'évolutions dans le domaine de de la philosophie naturelle et des nouvelles sciences. Elle a favorisé la diffusion des idées des Lumières et témoigne d'un apport essentiel aux théories et aux pratiques médicales.

Justification de la Valeur Universelle Exceptionelle

Le bien transnational en série « Les grandes Villes d’eaux d’Europe » réunit les villes thermales les plus importantes du monde. Le développement de la ville thermale a produit une forme très spécialisée différente des autres implantations commerciales et politiques. La forme des ensembles thermaux est dictée par la localisation et les propriétés des eaux minérales, des sources et des pratiques médicales de l’époque.

Les villes d’eaux possèdent des bâtiments spécifiques, dont des buvettes, des bains et des salles de soins associés à des salons, des boulevards et des promenades, des jardins d’agrément, des églises de plusieurs confessions, des synagogues, des hôtels, des théâtres, des casinos, des bibliothèques et des cafés. La relation complexe de ces éléments différencie ces villes des autres types d’urbanisation.

Les villes d’eaux ont été gérées avec attention, soignées, contrôlées et valorisées depuis le XVIIIe siècle. Elles représentent le premier modèle d’une destination touristique et leur gestion a conduit à l’émergence et au développement d’une industrie touristique. Des villes entières ont été mises en valeur et, pour certaines, cela incluait l’image de marque et la commercialisation de l’eau ou d’autres produits.

La promotion des villes d’eaux incluait l’accueil de têtes couronnées et de célébrités de sorte que la réputation de la ville soit renforcée par le lien avec celle de leurs hôtes. La plupart des villes d'eaux ont été renouvelées ou reconstruites à plusieurs reprises afin de répondre aux progrès de la médecine et à l’évolution des besoins et des attentes des curistes et visiteurs. L’authenticité de ces villes et des bâtiments thermaux relève donc d’une approche dynamique de ce concept.

Il existe une liaison spécifique entre le développement urbain et le paysage environnant. Ce paramètre a été promu et géré comme une part essentielle de «l'offre thermale » et contribuait à la cure. En conséquence, il y a des valeurs culturelles complexes qui s’associent au paysage dans et autour des villes d’eaux. Les alentours de la ville d’eaux avec les bâtiments thermaux sont considérés comme un « paysage thérapeutique ».

Critère (ii) : Les Grandes Villes d’eaux d’Europe, se développant autour de sources minérales naturelles, témoignent des soins de l’attention que l’homme porte, depuis des siècles, à sa santé et du mode de vie spécifique qu’elle a engendré. En outre, les Grandes Villes d’eaux d’Europe illustrent l’influence des idées innovantes sur l’urbanisme moderne des villes européennes depuis le XVIIIe siècle jusqu’au début du XXe siècle. Elles sont une preuve de l'évolution absolument spécifique des villes en lien avec le renforcement des relations entre les gens et la nature et avec ses diverses sources curatives. Depuis que les Grandes Villes d’eaux d’Europe ont commencé à offrir de nouveaux espaces publics et des bâtiments ambitieux pour les réunions et les relations sociales, elles sont devenues des centres importants où un nouvel ordre social est apparu. Elles ont grandement contribué à la transformation de la société qui a conduit à sa démocratisation, à l’égalité des sexes et à l’émergence des classes moyennes. Dans le même temps, elles étaient un lieu de rencontre pour les leaders aristocratiques de la société. L’ordonnance urbaine de ces villes et de leurs environs a été conçue pour respecter et utiliser un paysage de haute qualité, comprenant des promenades et des sentiers pédestres, des lieux de soin et de détente adaptés aux moyens et aux préférences des visiteurs. Les Grandes Villes d’eaux d’Europe, par leur structure urbaine historique, leur relation au paysage environnant et par de nombreux autres aspects et ainsi que par la nature de leurs bâtiments principaux, sont un témoignage caractéristique de la manière dont s’est réalisée la conception d’une nouvelle société et dont se sont développées des structures urbaines répondant aux nouvelles fonctions curatives et offrant l’ensemble des équipements nécessaires. Ces villes d’eaux soigneusement sélectionnées pour ce bien en série démontrent clairement le développement historique des villes thermales et de la balnéothérapie en Europe ; celles-ci ont eu un impact sur la notoriété et le développement du thermalisme dans d’autres parties du monde placées sous l’influence culturelle et politique des pays européens. Dans la majorité des cas, en analysant de leur élaboration, leur architecture et leur réalisation, elles s’avèrent des conceptions innovantes et exemplaires.

Critère (iii) : Les Grandes Villes d’eaux d’Europe sont un témoignage exceptionnel de la fondation, du développement et de la continuité d’une tradition culturelle importante, à savoir la culture thermale européenne, fondée sur l'utilisation de sources d'eaux minérales et une grande variété de bains et de cures de boisson. À la suite de séjours prolongés de patients et d'autres visiteurs, les villes d’eaux se transformèrent en importants lieux de sociabilité à caractère international, au tournant des XIXe et XXe siècles. L’attribut déterminant de cette tradition thermale européenne inscrite dans ce bien en série est une combinaison unique de traitements (bains, cures de boisson, inhalations) et de lieux de loisirs proposant des spectacles et des activités sociales (théâtre, musique, danse, jeux de hasard et autres) et de l’exercice physique (sports et promenades) dans un paysage bien entretenu.

Les Grandes Villes d’eaux d’Europe ont présidé au développement de « loisirs thermaux sociaux » visant à des activités de divertissement et de délassement. Last but not least, elles illustrent le rôle pionnier des villes d’eaux dans le lancement d’infrastructures modernes et la fixation de règles d'hygiène.

Les Grandes Villes d’eaux d’Europe montrent, à travers la conservation de leurs infrastructures jusqu’à aujourd’hui qu’elles ont été à l’origine et plus tard ont orienté le développement des voyages et du tourisme européens. À l'heure actuelle, grâce à la concentration et à la qualité des bâtiments conservés, elles demeurent des destinations prisées, même pour ceux qui ne recherchent pas en priorité des sources minérales.

Critère (iv) : Les Grandes Villes d’eaux d’Europe forment un bien en série qui atteste un exemple exceptionnel de types de planification urbaine. Il montre les résultats les plus significatifs du développement des villes thermales durant cent ans, comprenant des bâtiments, une ambiance dessinée et aménagée sciemment et un paysage environnant adapté. Les villes d’eaux sélectionnées présentent toutes les caractéristiques du type donné avec une concentration et une qualité inhabituellement élevées. Elles possèdent des structures urbaines spécifiques qui combinent des quartiers construits avec les parcs et qui intègrent le paysage environnant dans un site urbain. Ce « paysage thérapeutique » est clairement caractérisé par la qualité et la grande variété d’éléments au service des principaux objectifs thérapeutiques et sociaux, tels que bains et installations de cure, lieux de sociabilité, casinos, théâtres et salles de concert, hôtels et villas, parfaitement intégrés à des parcs, jardins, aires de loisirs, promenades ou hippodromes. L'infrastructure des villes d’eaux est devenue une partie des cadres à vocation sociale pour promouvoir le tourisme culturel européen et cela a eu aussi un impact significatif aujourd’hui.

Critère (vi) : Les Grandes Villes d’eaux d’Europe portent témoignage d’un épanouissement social, scientifique et culturel de l'Europe qui a contribué à façonner des traditions et des idées sociales d’une valeur universelle exceptionnelle, de la fin du 18ème au début du XXe siècle. Outre leur fonction balnéaire, elles ont et sont encore des lieux remarquables à l'échelle internationale pour les rencontres, un cadre pour la diplomatie, des événements internationaux, des conférences, des foires, des expositions et des activités axées sur la santé, la tolérance envers les religions et les croyances . Les villes d’eaux ont fourni un cadre pour un large éventail d’activités artistiques dans le passé, C’est encore vrai à l’heure actuelle : de nombreux et éminents musiciens et compositeurs, des peintres, des sculpteurs, des écrivains, des poètes, des créateurs de mode et d'autres artistes ont été attirés par les villes d’eaux et leur paysage environnant. De nombreuses œuvres y ont été composées, créées, présentées ou exposées pour la première fois. De ce point de vue, les plus célèbres villes d’eaux européennes ont apporté une contribution importante à la formation et au développement de la société civile et de la société européenne multiculturelle. Comme points de rencontre, elles étaient, en outre, un cadre politique propice aux négociations officielles et aux rencontres non officielles tenues par les politiciens.

Déclarations d’authenticité et/ou d’intégrité

Authenticité

Les Grandes Villes d’eaux d’Europe, dans toutes les composantes de la série, sont des structures urbaines unitaires. Jusqu’à maintenant, elles ont conservé un aspect tout à fait unique à travers leurs infrastructures thermales authentiques, bien préservées et en activité qui correspondent à la période d’apogée de chacune d’elles. Les activités et les services thermaux se poursuivent dans les bâtiments historiques. Bien que les villes d’eaux aient subi naturellement des modifications partielles ou des altérations dans le passé, afin de maintenir la qualité des services et de l'hygiène, elles offrent toutes à un degré supérieur une concentration de bâtiments, rénovés avec soin du point de vue architectural, qui prouvent une évolution progressive de la balnéothérapie et des services qui l’accompagnent. Chacune comporte tous les éléments typologiques nécessaires à une ville thermale d'importance européenne, tels que des thermes, des buvettes, des colonnades, des églises, des théâtres, des casinos, des hôtels et des pensions, des édicules et des sculptures, des parcs paysagers et des sentiers pédestres aux alentours des bâtiments.

Intégrité

Chaque ville qui appartient au bien en série, est l’exemple d’une ville d’eaux européenne avec une intégrité exceptionnelle des éléments qui la composent. Ces villes thermales à titre individuel offrent un haut degré d’authenticité et de préservation sur le plan de l’urbanisme et de l’architecture ainsi que des fonctions de balnéothérapie et des services d’accompagnement. Elles représentent les villes exceptionnellement unitaires dans leur structure urbaine historique préservée et intégralement liée au « paysage thérapeutique » environnant. Dans le même temps, chaque station thermale, d’une manière plus ou moins forte, représente l’ensemble des principaux aspects d’une balnéothérapie reposant sur l’utilisation des eaux minérales. Les différentes composantes de la série illustrent les étapes majeures du développement de la balnéothérapie utilisant des sources minérales, y compris les bâtiments de soins, du XVIIIe siècle aux années 1920.

Dans sa globalité, la sélection représente tous les critères de valeur universelle exceptionnelle du bien. Chaque composante illustre les critères mentionnés ci-dessus dans une structure authentique et préservée. L’existence des attributs de la valeur universelle exceptionnelle, pour chaque élément de la série, est garantie par une protection juridique appropriée et par la mise en place d'une zone-tampon. Toute pression liée au développement du territoire et de la construction est contrôlée par des outils pertinents et la protection de ces valeurs est renforcée par des mesures juridiques qui agissent en interaction, afin de protéger les valeurs culturelles, les sources minérales, la nature et le paysage en conformité avec la législation de chacun des Etats participant à la candidature.

Justification de la sélection de l’élément/des éléments constitutif(s) en relation avec la future proposition d’inscription dans son ensemble

Les composantes individuelles du bien en série Les grandes Villes d’Europe ont été choisies pour constituer au plus haut point un groupe complet. Ces villes d’eaux avec des sources minérales ont été le berceau du thermalisme et elles ont influencé d'autres types de lieux de soin, comme les stations de bord de mer et les stations climatiques. Les différentes parties de la série se sont imposées  par l’intégrité et l'authenticité de leurs structures urbaines et architecturales.

Un autre critère tient à leur rôle significatif dans la balnéothérapie. Un argument important est donc la réputation de la ville comme symbole mondial et européen de la balnéothérapie ainsi que son poids historique, social et culturel. Chaque ville d’eaux a le potentiel d'apporter une contribution substantielle et spécifique à la valeur universelle exceptionnelle de toute la série.

En tant que forme urbaine, ces villes représentent une entité fonctionnelle qui vaut pour le type général de la ville d’eaux de renommée internationale du XVIIIe siècle aux années 1920 avec toutes ses composantes fonctionnelles principales. Ces villes offrent la gamme complète de l’architecture thermale : thermes, buvettes, colonnades, églises, théâtres, casinos, hôtels et pensions de famille, édicules d'architecture et sculptures etc. Une qualité spécifique est l’intégration du tissu urbain à son environnement, y compris les parcs et les espaces verts. Malgré leurs similitudes fonctionnelles fondamentales, chacune des villes thermales du Bien en série diffère dans sa typologie urbaine

Comparaison avec d’autres biens similaires

Les Grandes Villes d’eaux d’Europe ont servi de brillant modèle pour un très grand nombre de villes thermales et stations disséminées dans toute l’Europe au XIXe siècle, et demeurent aujourd’hui représentatives de ce phénomène. La plupart des stations thermales avaient un rayonnement simplement régional. Les Grandes Villes d’eaux d’Europe, en revanche, offraient un caractère et une atmosphère cosmopolites et attiraient des visiteurs de toute l’Europe, faits qui en retour ont influencé leur propre configuration. Pour cette raison, les Grandes Villes d’eaux d’Europe représentent une sélection logique, un groupe qui commença à émerger au cours du XIXe siècle. Typologiquement, les stations balnéaires et les stations climatiques sont des groupes distincts possédant leurs propres caractéristiques. Par rapport aux Grandes Villes d’eaux d’Europe toujours concentrées autour de leurs sources minérales, ces stations sont les produits d’une évolution plus récente au sein de la tradition balnéaire européenne ; rien que leurs caractéristiques topographiques et fonctionnelles de base, qui ont entraîné des architectures et des formes urbaines très différentes, suffit à les écarter des Grandes Villes d’eaux d’Europe.

La tradition thermale européenne se distingue de celle de l'Orient (hammam), du Japon (onsen) ou de la Scandinavie et de la Russie (sauna/banya) sur le plan de la balnéothérapie. Une caractéristique propre à la tradition européenne est le fait de « prendre les eaux », qui finit par dominer les pratiques thermales à partir de la seconde moitié du XVIIe siècle, et par favoriser le développement d’un type distinct d’établissement que s’est retrouvé dans toute l'Europe aux XVIIIe et XIXe siècles.

La force du modèle européen de la ville d’eaux est telle qu’on a pu l’exporter. Au cours du XIXe siècle, Saratoga Springs (U.S.A.) se développe comme bains et salons de jeux; de même en Nouvelle Zélande, des sources connues des anciens, comme Rotorua, deviennent de stations thermales. Dans les colonies françaises, une exploitation systématique est lancée : l’Algérie voit la création de véritables stations thermales à l’européenne qui voisinent avec des bains maures à Hammam Meskoutine, Hammam Salahine près de Biskra ou Hammam R’hira qui bénéficie de la proximité d’Alger. En Tunisie, en banlieue de Tunis, Hammam Lif associe bains de mer et thermalisme quand Korbous devient une petite ville d’eaux orientaliste grâce aux investissements d’un patron de presse et promoteur du tourisme, Lecore-Carpentier. Dans plusieurs pays colonisés, des stations thermales sont créées non loin des capitales que les Européens doivent fuir pendant la saison chaude ; c’est le cas à Antsirabé, « Vichy malgache », la plus grande station de Madagascar, à une centaine de kilomètres d’Antananarivo ; à Helwan  aux portes du Caire, station fondée en 1872 par un médecin allemand Whilhelm Reil ; Dalat au Viet Nam, lancée par le médecin suisse Yersin (1893) était la « capitale d’été » de l’Indochine française.

Dans la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, une comparaison peut être établie avec les biens culturels suivants, à savoir les villes de Bath, Budapest, Aix-la-Chapelle et Salzbourg, et des sites où la fonction balnéaire est intégrée, à savoir le sanctuaire d'Asclépios à Epidaure et les paysages culturels du Val d'Orcia (Bagno Vignoni) et de la vallée moyenne du Rhin. D’emblée, il doit être précisé que, tandis que la ville de Bath fait partie intégrante de la série proposée, les autres sites ne sont pas inclus. Ces biens du patrimoine mondial sont inscrits en raison de critères de valeur différents et ils ne contribuent pas à combler, au plan thématique, un manque sur la Liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, comme y réussit le bien transnational en série décrit ci-dessus.  Afin de prouver nos propos, nous présentons l’analyse suivante qui expose les raisons pour lesquelles ces villes ne sont pas présentes dans notre projet.

Budapest (Hongrie)

La ville a été inscrite sur la liste du patrimoine mondial en 1987 avec un extension ultérieure en 2002 mais pas au titre de ville thermale.  Budapest prend soin de la préservation des traces de son passé. Budapest est une ville avec un des plus beau paysage urbain historique et illustre l’histoire de l’architecture en Europe centrale.  L’extension de l’inscription sur la liste du patrimoine mondial concerne une partie de la ville du XIXe siècle appelée Boulevard Andrassy et un part du centre historique de la ville.  Budapest comprend un certain nombre d’établissements thermaux de qualité architecturale, par exemple les bains municipaux établis à proximité de sources thermales et essentiellement utilisés par les touristes et les habitants afin de se relaxer.  La plupart des immeubles thermaux démontrent une filiation avec les styles viennois, entre autre les expressions hongroise de l’historicisme et de l’Art Nouveau.  Budapest n’est pas une ville thermale typique s’adressant par priorité aux visiteurs nécessitant un traitement, la plupart de ses installations thermales sont mono fonctionnelle.  Les plus importants établissements thermaux de la ville sont les bains romains dans le district d’Óbuda (Castrum Aquincum – Thermae Maiores) – ancien camp militaire (castrum), les bains turcs Rudas, les bains turcs Király, Császár (Imperial), Rácz, Lukács, les thermes de l’île Marguerite, and Széchenyi.   Toutefois, Budapest n’a pas le caractère d’une ville thermale.  Il y a seulement des bâtiments et des installations thermaux particuliers insérés dans la structure urbaine métropolitaine.  Il n’y a pas de quartier ou de zone thermale.  Etant donné que Budapest n’est pas une ville thermale caractéristique, elle n’est pas comparable avec les autres.  Malgré la présence d’un nombre important de bâtiments thermaux, Budapest n’est pas une ville thermale typique.

Aix-la-Chapelle (Allemagne)

Le ville d’eaux d’Aix-la-Chapelle connue pour sa cathédrale figure sur la liste du patrimoine mondial depuis 1978.  La ville comprend de nombreux sites de valeurs universelle de l’époque de Charlemagne et en particulier une chapelle faussement fortifiée qui est une des plus impressionnantes structures en dôme au Nord des Alpes avec un décorintérieur précieux.  Ais-la-Chapelle a maintenu ses installations et fonctions thermales jusqu’à nos jours.  Toutefois, son inscription sur la liste du patrimoine mondial s’appuie sur ses trésors architecturaux et urbains, les installations thermale de la ville sont simplement associées et par extension constituent une fonction secondaire.  Etant donné que l’environnement thermal spécifique n’a pas été retenu,, elle ne peut être comparée avec la série des « Grandes villes d’eaux d’Europe »

Salzbourg (Autriche)

Salzbourg peut être considérée comme une ville thermale.  Le site inscrit au patrimoine mondial concerne essentiellement le Monchsberg, Aldstadt et Neustadt au nord de la rivière.  L’ancien Kurhaus se situait à proximité immédiatement au  nord de la limite du site du patrimoine mondial à Neustadt et une partie du parc qui l’accompagnait, le Stadtpark, est inclus dans le périmètre du site du patrimoine mondial.  La Neustadt a été fondée en 1621.  Le Kurhaus a été construit en 1868 et le Kursaal en 1873.  Le centre thermal actuel est composé de jardins thermaux (Kurpark)  Les bâtiments thermaux ont été détruits pendant la seconde guerre mondiale en 1944.  Le nouveau Centre de Congrès a été construit en 1950 sur le site du Kurhaus et l’hôtel Sheraton occupe le site de l’ancien Kursaal.  L’environnement thermal n’est pas complet et donc la ville ne peut faire partie des « Grandes villes d’eau d’Europe »

Sanctuaire d’Asclépios à Epidaure (Grèce)

Dans une petite vallée du Péloponnèse, le temple d’Asclépios, le dieu de la médecine, s’est développé à partir du VIe siècle avant JC au plus tard comme le culte officiel de la Ville-Etat d’Epidaure, s’inspirant d’un culte plus ancien d’Apollon (Malestas).  Le groupe des bâtiments comprenant le Sanctuaire d’Epidaure est un témoignage exceptionnel des cultes de la guérison dans le monde hellénique et romain.  Les temples et les installations hospitalières dédiées aux dieux de la guérison constituent un ensemble complet et cohérent.  Il a exercé une influence sur tous les asclepisia du monde hellénique et plus tard sur tous les sanctuaires romains à Aesculape.  L’émergence de la médecine moderne dans un sanctuaire originellement réputé pour ses guérisons miraculeuses, basée sur la psychologie, de patients supposés incurables est illustrée par l’évolution fonctionnelle de l’Hieron d’Epidaure et est remarquablement décrite par l’inscription gravée sur les remarquables stèles conservées au musée.  C’est le tout début du traitement thermal qui nous est rappelé aujourd’hui par ces ruines.  Le site n’a pas les caractéristiques d’un ensemble thermal du XIXe siècle.  Ce n’est pas un environnement thermal caractéristique et donc il ne peut être inclus dans la série des « Grandes villes d’eaux d’Europe »

Val d’Orcia – Bagno Vignoni (Italie)

Le paysage du Val d’Orcia fait partie de l’arrière pays agricole de Sienne, dessiné et développé durant la période d’intégration au territoire de la Ville Etat aux XIVe et XVe siècles, reflétant le modèle idéal de la bonne gouvernance et la création active d’une image esthétique.  Les qualités esthétiques du paysage, ses plaines de craies et ses collines coniques surmontées de villages fortifiés ont inspiré de nombreux artistes. Une reprise de l’économie et une certaine stabilité ont amené à la création de monastères, une plus grande utilisation de la Via Francigena et au développement de villages sous un système féodal.  Leurs œuvres montrent la beauté des paysages agricoles bien gérés de la Renaissance.  De plus, il y a aussi des ensembles thermaux comme à Bagno Vignoni.  Dans ce contexte d’une rare beauté, un ancien petit village médiéval, Bagno Vignoni, mérite une mention spéciale.  Un espace thermal avec une piscine extérieure a été créé au XVIe siècle mais n’a pas été évolué en ville d’eaux.  L’inscription reconnait un paysage agro-pastoral représentatif d’un système de gestion novateur et la chaussée romaine Via Francigena.  Bagno Vignoni ne constitue pas un environnement thermal complet et de ce fait n’est pas repris dans la série des Grandes villes d’eaux d’Europe.

Vallée du Haut-Rhin moyen (Allemagne)

La Vallée du Haut Rhin moyen compte deux centres thermaux.  Bad Salzig est une petite ville d’importance régionale.  Quelques bâtiments y ont été préservés.  Les qualités curatives des sources d’Assmannshausen sont connues depuis le XVe siècle.  Le Kurhaus a été conservé.  L’eau minérale des sources de Rhens et Lahnstein sont embouteillées et exportées depuis le XIXe siècle.  Ces sites n’ont pas évolué en villes d’eaux.  Ils ne présentent pas les caractéristiques des villes thermales du XIXe siècle.  Ils ne présentent pas l’environnement caractéristique des villes d’eau et ne sont donc pas repris dans la série des Grandes villes d’eaux d’Europe.

En comparant les biens similaires inscrits sur les listes indicatives nationales, nous pouvons affirmer qu’à l'heure actuelle, il n'existe pas de Bien comparable, avec de tels caractéristiques, à celui de la proposition d'inscription transnationale en série Grandes Villes d’eaux d’Europe. Les villes thermales inclues primitivement dans les listes indicatives nationales en cours (Karlovy Vary, Mariánské Lázně, Františkovy Lázně, Luhačovice, Spa) sont toutes contenus dans le cadre de la série présentée. Dans le même temps, dans le monde il n'y a pas de tels biens culturels qui, dans leur structure, leurs installations typologiques, leur renommée internationale pourraient correspondre aux Grandes Villes d’eaux d’Europe. Une comparaison globale détaillée sera fourni dans une analyse comparative, partie essentielle de la documentation du dossier de candidature.