*************************************************************************** The electronic version of this document has been prepared at the Fourth World Conference on Women by the United Nations Development Programme (UNDP) in collaboration with the United Nations Fourth World Conference on Women Secretariat. *************************************************************************** AS WRITTEN Quatrième Conférence mondiale sur les femmes: Intervention de Mr Yves Berthelot, Secrétaire exécutif de la Commission Economique pour l'’Europe (CEE/ONU) Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les Ministres, Les pays d'Europe, d'Amérique du Nord et d'Asie Centrale qui composent la région de la Commission Economique pour l'Europe, attachent chacun la plus grande importance au succés de la quatrième Conférence Mondiale sur les Femmes. Chacun d'entre eux s'y est intensément et, souvent, passionnément préparé. Les déclarations que vous entendez en témoignent. Cependant. au delà des particularités culturelles et des différences économiques, a émergé le sentiment qu'une communauté de difficultés et d'attentes unissait les femmes de la région et qu'une vision unifiée de leur contribution à la stabilité et au développement de cette région pouvait être forgée. Aussi les pays membres de la Commission ont-ils décidé de définir ensemble une plateforme d'action commune, tant pour contribuer à la Conférence de Beijing que pour guider leur politique et leur coopération future. Cette préparation a culminé lors d'une réunion de haut niveau tenue à Vienne en octobre 1994 sous l'égide de la Commission, en présence de nombreux ministres et avec la participation de plusieurs centaines d'organisations non gouvernementales et de la plupart des grandes organisations du système des Nations Unies. C'est donc un honneur pour moi de vous présenter aujourd'hui l'essentiel des analyses a des recommandations faites. Ces recommandations on été formulées à partir d'un bilan nuancé de l’évolution de la situation des femmes dans la région en cours des dix dernières années. Certes, des avancées significatives ont eu lieu dan s le domaine de la législation sur les droits des femmes et l'égalité de traitement, mais il existe encore des écarts importants entre la situation de droit l’égalité de traitement, mais il existe encore des écarts importants entre la situation de droit et la situation de fait. Sur le plan économique, le nombre de femmes ayant une activité professionnelle a très fortement augmenté, leurs activités se sont diversifiées et elles ont de plus en plus accès à des postes de responsabilité. Toutefois, elles occupent en grande majorité des emplois mal payés et précaires; leur rémunération réelle a baissé depuis la fin des années 1980 et la proportion de celles qui connaissent le chômage dépasse celle des hommes dans près de deux tiers des pays de la CEE. Sur le plan social, des mesures innovatrices, comme le congé parental, la garde des enfants et l’aménagement du temps de travail, ont permis de mieux concilier les responsabilités familiales et professionnelles; mais ces mesures ne sont appliquées que dans un nombre limité de pays. Enfin, le taux de participation des femmes à la vie politique reste très bas à l'exception des pays scandinaves; il a même décliné dans les autres pays d'Europe de l'Ouest et il amorce une reprise en Europe Centrale et de l'Est après une forte chute liée à l'abolition du système des quota pour les partis politiques. C'est dans les pays en transition que la situation des femmes est la plus critique. La récession prolongée et l'insuffisante attention portée aux problèmes sociaux ont fortement déterioré la situation d'une grande majorité des ménages et, en dernier ressort, des femmes: la mortalité maternelle et les statistiques differenciées par sexe montrent qu'elles sont davantage victimes de la pauvreté et que leur espérance de vie a le plus diminué. Face à ce bilan contrasté de la condition de la femme dans la région de la CEE/ONU, la Réunion de Vienne a accordé une toute première priorité à la lutte contre la féminisation de la pauvreté, à la promotion des droits des femmes et à leur pleine participation à la vie économique et sociale à travers un accès élargi à l'emploi, l'éducation et la santé. Je voudrais relever quelques uns des principes et des politiques qui ont été adoptés ou recommandés lors de la réunion. Tout d'abord, il a été réaffirmé que les droits fondamentaux de la femme sont "partie intégrante, inaliénable et indivisible des droits de la personne". Dans cette logique et compte-tenu de la situation dramatique des femmes dans les zones de conflit au sein de la région, les Etats membres de la Commission se sont déclarés en faveur de sanctions contre ceux qui utilisent les femmes comme "arme de guerre" en commettant des actes tels que meurtres, viols, esclavage sexuel, procréation forcée et torture. En second lieu, reprenant la formulation figurant dans le Pro gramme d'Action de la Conférence du Caire, la Plateforme régionale demande que les droits des femmes en matière de reproduction soient pleinement reconnus et respectés. Essentiel pour un changement en profondeur des comportements, la plateforme appelle à un nouveau contrat entre hommes et femmes pour le partage des responsabilités professionnelles et familiales dans un esprit de partenariat. Elle demande aux responsables publics d'orienter l'ensemble de l'action gouvernementale vers l'égalité entre hommes et femmes. Enfin, je voudrais souligner l'importance accordée par les Etats membres de la Commission Economique pour l'Europe (CEE/ONU) à la nécessité de développer des systèmes de données statistiques différenciées par sexe et de nouvelles méthodologies en ce domaine. Un tel axe de travail est essentiel pour mettre en valeur la contribution des femmes à l'économie, conduire des actions de sensibilisation sur les inégalités de traitement entre hommes et femmes, et effectuer des analyses sur l'impact différentiel des politiques économiques et sociales envisagées ou mises en oeuvre. Le secrétariat de la Commission est déjà engagé dans ce domaine où il collabore étroitement avec des Etats membres, des organisations régionales et les organes compétents des Nations Unies. La publication sur “Les femmes et les hommes en Europe et en Amérique du Nord, 1995" dont quelques exemplaires sont disponibles, en témoigne. Je souhaite que les principes et les politiques que je viens d'évoquer puissent reténir l'attention de cette Conférence et je me réjouis de ce que nombre des propositions de Vienne se retrouvent dans la plateforme globale d'action dont vous débattez actuellement. La plateforme régionale, quant à elle, prévoit un dispositif de suivi impliquant gouvernements, organisations non gouvernementales et organisations intergouvernementales actives dans la région. Le Secrétariat de la Commission Economique pour l'Europe, comme il lui est démandé, est prêt à intégrer la dimension féminine dans l'ensemble des ses travaux et tout particulièrement dans ses analyses et statistiques. Dans son rôle de facilitateur de la coopération régionale entre agences des Nations Unies et entre celles-ci et les organes régionaux non onusiens, il attachera la plus grande priorité au suivi de la Conférence de Beijing comme à la mise en oeuvre de la Plateforme de Vienne: il pourrait en particulier aider à la formulation d'un plan régional de mise en oeuvre des mesures contenues dans les documents adoptés. Mais il va de soi qu'il ne pourra pleinement accomplir ces travaux et assumer son role que s'il dispose des moyens nécessaires. Les recommandations formulées dans le projet de Plateforme globale concernant le suivi régional vont d'ailleurs dans cette direction en appelant à un renforcement des capacités des Commissions régionales pour assurer tant le suivi de la Plateforme globale que celui de leur Plateforme régionale respective. Madame la Présidente, L'expérience dans toutes les régions du monde montre qu'en période de crise économique et sociale, ce sont les femmes qui sont les premières victimes alors même qu'elles assurent la survie de la famille. Cette conjonction de fardeaux est encore plus forte dans les zones ravagées par les conflits. Ce sera un succés pour cette Conférence si des engagements précis et concrets sont pris, qui permettront de porter un coup d'arrêt à ce cercle vicieux. Le succés de la Conférence se mesurera aussi à sa capacité de préparer un monde dans lequel hommes et femmes soient des partenaires égaux dans tous les aspects de leur vie.