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Avril - Juin 2003 |
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EDUCATION : QUI PAIE LA FACTURE ? |
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Investir dans l’éducation peut s’avérer une excellente affaire,pour les individus comme les sociétés. Mais cela suppose aussi de lourds investissements. Les Etats se tournent donc de plus en plus vers le secteur privé. Lire notre dossier. |
Edito - Il existe une corrélation entre éducation et croissance économique, mais une corrélation n’est pas une relation de cause à effet. Peut-on dire que la croissance économique entraîne de plus gros investissements dans l’éducation ou qu’une éducation plus efficace stimule la croissance économique ? Il y a sans doute une part de vrai dans ces deux affirmations, même si l’exemple de pays comme l’Allemagne, le Japon ou la République de Corée, respectivement aux XVIIIe, XIXe et XXe siècles, montrent qu’une population éduquée peut être un formidable tremplin vers la réussite économique.
Ce lien entre un bon niveau éducatif et une économie florissante est donc loin d’aller de soi. Comment expliquer que certains Etats font mieux que leurs voisins sur le plan de l’éducation, alors qu’ils sont moins performants économiquement ? Par le fait, entre autres, que la croissance économique ne donne qu’une idée imprécise de la réussite d’une société. Des mesures plus fines et plus détaillées, comme l’Indice de développement humain du PNUD, montreraient sans doute que la qualité de vie est meilleure dans les communautés qui ont bénéficié d’un meilleur accès à l’éducation. Mais on peut arguer aussi que certains Etats ont su, mieux que d’autres, se doter de cadres économiques et politiques qui permettent à leurs populations éduquées d’exercer un emploi productif.
Mais si l’éducation profite à l’économie, pourquoi tant de pays n’ont-ils pas encore réalisé l’Education pour tous ? Les gouvernements affirment généralement que leur but est d’encourager la croissance, mais combien sont-ils à s’être réellement servis de l’éducation pour y parvenir ? Est-ce le manque de liberté et de démocratie qui empêche les populations de formuler leurs besoins éducatifs ? Ou est-ce parce que le maintien des inégalités, tant dans l’éducation que dans l’économie, sert en fait les intérêts des élites dirigeantes ? Les hommes politiques sont passés maîtres dans l’art de chanter les bienfaits de l’éducation, mais leurs voix se font souvent moins vibrantes lorsque sonne l’heure du débat budgétaire.
On ne pourra pourtant pas se passer de l’Etat dans le financement de l’éducation. La Banque mondiale, qui a caressé un temps l’idée d’une éducation tarifée, affirme aujourd'hui qu’on ne réalisera l’éducation primaire universelle qu’en défendant son caractère gratuit et obligatoire. Certains pays devront donc économiser sur les dépenses engagées à d’autres niveaux, par exemple dans l’enseignement supérieur, où les recherches indiquent que la gratuité pour tous tend en fait à renforcer les structures de pouvoir existantes, favorables aux élites.
John Daniel
Sous-Directeur général de l’UNESCO pour l’éducation
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