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Juillet - Septembre 2003 |
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Apprendre dans sa langue : une utopie |
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Toutes les études le montrent : on apprend mieux dans sa langue maternelle. Encore faut-il qu’elle soit enseignée à l’école, ce qui n’est pas le cas de la plupart des idiomes minoritaires. Plus sensibles qu’hier aux vertus du multilinguisme, certains pays essaient aujourd’hui de favoriser un apprentissage en plusieurs langues. Mais les obstacles, aussi bien politiques qu’économiques, restent nombreux. >> Pour en savoir plus |
Edito - Il existe un lien entre langue et identité – comme l’implique l’expression « langue maternelle ». Une identité assure un équilibre entre différents aspects de notre personnalité. Le groupe social exprime une partie de son identité par les langues utilisées dans l’enseignement ; une société en bonne santé choisit les solutions qui vont assurer l’harmonie entre les groupes sociaux et la confiance chez les individus. Fort heureusement, ces objectifs sont habituellement compatibles.
Des recherches ont montré que les enfants dont l’éducation a commencé dans leur langue maternelle prennent un meilleur départ, et réussissent mieux par la suite, que ceux dont la scolarité a débuté dans une langue autre que la leur. Il en va de même pour les adultes en quête d’alphabétisation. Cette conclusion est désormais largement appliquée, même s’il existe encore des gouvernements qui tiennent à imposer dès le départ une langue étrangère aux jeunes enfants, soit par un souci erroné de modernité, soit pour traduire la prééminence d’un groupe social.
L’UNESCO poursuit la publication de ces résultats de recherche : la plus récente est notre document-cadre L’éducation dans un monde multilingue.
Les événements préoccupants des premières années du nouveau millénaire ont aidé à remettre les choses en place en montrant aux gouvernements que la recherche de l’harmonie sociale est préférable pour le bonheur et la capacité de production des peuples au maintien des hiérarchies d’influence.
Dans la vie de tous les jours, les choses ne sont cependant pas toujours aussi simples. Certaines langues ne disposent pas de tous les registres de vocabulaire et de concepts qui peuvent être nécessaires au-delà des premières étapes de la scolarité, sans un supplément de codification et de création de mots nouveaux. La famille de mon père est de langue galloise, et je me rappelle mon oncle, disant la difficulté d’enseigner la géographie en gallois, parce que les enfants passaient plus de temps à assimiler des mots nouveaux qu’à apprendre la géographie. Aujourd’hui, cette langue s’est adaptée et l’éducation galloise est tout à fait à la hauteur.
Si l’on veut donner confiance aux individus dans le monde tel qu’il est, il faut aussi leur donner la capacité de communiquer en dehors de leur propre groupe linguistique, en utilisant soit une autre langue soit une langue internationale. Je n’ai commencé à parler français couramment qu’une fois adulte, mais le fait de jongler avec deux langues de travail, au Canada et à l’UNESCO, a été pour moi un enrichissement. Je me réjouis par ailleurs que mes deux petits-fils aient appris le gaélique lorsqu’ils se sont installés dans l’Ile de Skye, en Ecosse : cela leur permet de dissimuler des secrets à leurs parents !
John Daniel
Sous-Directeur général pour l’éducation
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