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  Réparer les accrocs du tissu social

 
Au Guatemala, de nombreuses organisations locales fédèrent les démunis.  


 

learning_guatemala.jpg Depuis qu’elles travaillent avec une association locale, Jennifer et Laurena sont surnommées « quetzalitas », du nom du bel oiseau coloré dont le Guatemala a fait son emblème. « Le quetzal symbolise la liberté car il meurt quand on le met en cage », dit Jennifer. Les deux adolescentes travaillent avec Mojoca, une ONG soutenue par l’UNESCO. C’est un jour comme un autre et elles vont parler à des garçons affalés sur le trottoir, qui respirent des solvants industriels. Laurena les presse de venir dans les locaux de Mojoca, se laver et nettoyer leurs vêtements.

Ils apprennent à être fiers de leur culture maya.


Délabrement
Il n’y a pas si longtemps, à l’instar de milliers d’enfants, Laurena et Jennifer vivaient dans les rues de Ciudad Guatemala. Aujourd’hui, elles tentent à leur tour d’aider ces adolescents qui n’ont d’autre perspective que les maras (les gangs), la prostitution, la drogue et la mort. Mojoca, acronyme de Movimiento de Jovenes de la Calle, veut donner à ces enfants les moyens de survivre et de faire leur chemin.
A la suite d’une guerre civile atroce qui a duré 36 ans, l’administration du pays n’arrive toujours pas à prendre soin des plus vulnérables. Des associations et des organisations telles que Mojoca s’efforçent de réparer le tissu social que neuf années de paix n’ont pas suffi à remettre en état. Le gouvernement quant à lui est toujours aux prises avec la corruption, la pauvreté et l’exclusion dont souffrent les populations indiennes.
Le système éducatif est dans un état de complet délabrement. « L’école au Guatemala a 30 ou 40 ans de retard, se désolait récemment la ministre de l’Education, Maria del Carmen Acena. Cela fait 22 ans qu’il n’y a pas eu de réforme de l’enseignement secondaire et un professeur sur cinq doit son poste à des amis bien placés. »

Le bureau de l’UNESCO au Guatemala travaille avec le gouvernement à divers projets tels que l’homogénéisation des programmes des écoles bilingues ; il intervient aussi au niveau local en soutenant Mojoca et quatre autres ONG très actives. « Il s’agit de réduire l’exclusion, de faire respecter les droits de chacun et de lutter contre la pauvreté par une approche volontariste, explique Luis Tiburcio, directeur du bureau. Certaines organisations s’occupent des enfants en situation d’exclusion, d’autres défendent la culture et l’artisanat indigènes. Elles font ce que le gouvernement ne peut pas faire. »

Ainsi, l’ONG Caja Ludica, qui compte parmi ses membres des enfants venus de la rue, propose des activités artistiques comme substitut à la violence, telles que le théâtre de rue. Dans une école privée de Quetzal, à 20 km de la capitale, elle organise une réunion hebdomadaire de parents, d’enseignants et d’élèves pour aborder des problèmes qui les touchent tous, comme le racisme et la discrimination.

Cuarto Mundo travaille auprès des plus pauvres, ceux qui vivent aux abords du gigantesque basurero, la décharge publique de la capitale. L’association propose des cours de dessin dans la rue ou apprend à lire aux enfants non scolarisés, avec pour objectif d’ouvrir à tous les portes de la culture. Mojomaya, une association de jeunes, s’intéresse à la question fondamentale de l’identité culturelle et pousse les jeunes d’origine maya à cultiver le patrimoine linguistique et culturel exceptionnel qui est le leur.

Agir contre l’exclusion
La coopérative Flor del Campo, parfait exemple de développement durable, a été fondée par un groupe de veuves de la guerre civile. Elles ont d’abord créé un atelier de tissage avant de se diversifier dans la fabrication de bougies et de produits de beauté naturels qu’elles vendent aux touristes. Grâce à l’aide de l’UNESCO, elles se sont ensuite tournées vers l’artisanat, la boulangerie, la médecine traditionnelle et divers produits agricoles. « Elles arrivent ainsi à doubler ou tripler leurs revenus et à financer elles-mêmes leur formation, souligne Luis Tiburcio. Quelle conquête ! Nous avons appris à respecter infiniment ces femmes, leur combat pour une vie meilleure, leurs savoir-faire artisanaux, leur capacité à s’organiser, à débattre et à prendre des décisions de façon démocratique. »
Ces organisations ont commencé à travailler avec l’UNESCO en 2004, avec un financement de 80 000 € provenant du programme de l’UNESCO pour l’éducation des enfants en détresse, et 40 000 € fournis par le Japon pour le centre artisanal de Flor del Campo. Ce partenariat est une réussite. « Nous obtenons de très bons résultats, se réjouit Luis Tiburcio. Bien sûr, l’argent manque toujours mais elles font des miracles avec ce qu’elles ont. »


Contact: Luis Tiburcio, UNESCO Guatemala
e-mail: l.tiburcio@unesco.org
D’après un article paru dans Le Monde de l’éducation , en décembre 2004.


 
 
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