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Octobre - Decembre 2002 |
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Le tollé qui s’élève contre la « macdonaldisation » de l’éducation devrait réveiller nos facultés critiques. D’abord, en dépit de leur ubiquité, les restaurants McDonald’s ne représentent qu’une infime proportion de la nourriture absorbée dans le monde. Ensuite, McDonald’s a du succès parce que ses produits sont appréciés. Enfin, son secret consiste à offrir une gamme de marchandises réduite, mais dont l’apparence, le goût et la qualité sont les mêmes partout.
« Marchandisation » : un vilain mot que rejette mon contrôle orthographique. Pourtant, c’est là un bon moyen d’apporter la prospérité aux gens ordinaires en leur donnant plus de liberté et plus de choix. Des articles autrefois fabriqués à la main pour un prix prohibitif deviennent des objets standardisés, produits en série, bon marché. Hier, les ordinateurs personnels et les téléphones cellulaires étaient réservés à une élite. Ce sont aujourd’hui des articles de consommation courante.
Lorsque les produits deviennent des marchandises, la concurrence fait rage entre les fabricants et les marges fondent. Cela n’est pas du goût des producteurs et les industries sont souvent contraintes de restructurer leurs activités. Mais il y a un grand gagnant : le consommateur.
Quelles sont les conséquences pour l’éducation ? La marchandisation des matériels d’apprentissage est-elle un moyen de réaliser l’éducation pour tous ? Je le pense, et les universités ouvertes créées dans plusieurs pays ont donné l’exemple. En développant des matériels pédagogiques pour un large public, elles peuvent justifier les investissements nécessaires pour produire des matériels de haut niveau à faible coût.
Traduits et adaptés aux besoins locaux, ces matériels peuvent être utilisés hors de leur pays d’origine. La
marchandisation de l’éducation ne se résume pas à sa commercialisation. La communauté éducative ferait bien d’adhérer au mouvement du logiciel libre. On pourrait alors imaginer un avenir dans lequel les enseignants et les établissements offriraient leurs cours gratuitement sur l’Internet. Chacun pourrait les traduire et les adapter à son usage particulier, à condition d’offrir à son tour gratuitement cette nouvelle version.
Ainsi, les enseignants du monde pourraient concentrer leurs efforts sur l’adaptation des meilleurs matériels, sur l’acquisition de ce savoir par les élèves et sur l’évaluation de leurs niveaux de compétence et de connaissance. L’Institut technologique du Massachusetts a pris les devants en proposant gratuitement sur le web ses propres matériels. Puisse-t-on y voir l’annonce d’un mouvement mondial de marchandisation de l’éducation, pour le grand bien de tous.
John Daniel
Sous-Directeur général de l’UNESCO pour l’éducation
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