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Entretien avec M. Alexander Marc : « Éducation des Roms : nous n’avons aucune raison d’être si pessimistes ».

Entretien avec M. Alexander Marc : « Éducation des Roms : nous n’avons aucune raison d’être si pessimistes ».
  • © Alexandre Marc

Alors même que l’UNESCO s’apprête à accueillir une réunion d’experts sur le thème « Vers une éducation de qualité pour les enfants Roms : la transition entre l’éducation préscolaire et primaire », organisée en partenariat avec le Conseil de l’Europe, M. Alexander Marc, Directeur du Roma Education Fund établi à Budapest, en Hongrie, dresse un bilan de la situation actuelle.

Entretien réalisé par Ariane Bailey, Bureau de l’information du public, UNESCO

Pourquoi l’éducation des enfants Roms est-elle particulière ?

Principalement pour des raisons historiques. Tout d’abord en raison d’un contexte historique très ancien de discrimination à l’égard des Roms, cette discrimination étant enracinée dans les pratiques de nombreuses institutions européennes et plus particulièrement dans celles de nombreux systèmes éducatifs. Deuxièmement, un certain nombre de communautés rom préfèrent garder leurs distances vis à vis de la population non rom, en particulier en ce qui concerne l’éducation des enfants. Par conséquent, de nombreux Roms doutent aujourd’hui du fait que l’éducation leur permettrait d’améliorer leurs conditions de vie et les non-roms pensent que les Roms ne souhaitent ni s’intégrer ni adhérer au modèle de société nationale promu par les systèmes éducatifs formels. Cela signifie en outre que le niveau de formation des parents roms est globalement nettement inférieur à celui des parents non-roms et donc que les premiers sont bien moins en mesure que les autres d’apporter de l’aide à leurs enfants. Les problèmes financiers que rencontrent les enfants rom sont généralement plus graves et il est plus difficile pour la plupart d’entre eux de faire face aux coûts de l’éducation. Enfin, les différences culturelles et linguistiques peuvent elles aussi constituer des barrières, mais il s’agit là d’un problème bien moins important que ce que l’on prétend souvent.

Des signes de changement sont-ils perceptibles ?

Aujourd’hui, la communauté rom évolue beaucoup. Une nouvelle élite bien formée et qui assume bien mieux son identité rom est en train de faire changer les choses. Elle est bien intégrée à la société et souhaite agir afin d’améliorer les conditions de vie des communautés rom. Elle compte encore peu de membres mais ces derniers sont de plus en plus nombreux. Ainsi le nombre de Roms qui entrent à l’université croît rapidement, comme le montre la multiplication des demandes de bourses universitaires que reçoit le Roma Education Fund. En effet, chaque année, le nombre de demandes double quasiment. Nous constatons une progression très nette des inscriptions dans tous les pays ou presque. La question de la qualité de l’enseignement dispensé aux enfants rom n’en reste pas moins cruciale car de nombreux éléments montrent que cette population reçoit une éducation de qualité sensiblement inférieure, en particulier dans les pays dont les systèmes éducatifs sont de plus en plus inégalitaires, comme en Europe de l’Est.

Pourriez-vous nous donner des exemples concrets d’initiatives qui fonctionnent ?

Il existe de nombreux exemples d’initiatives qui fonctionnent bien au niveau local. Ce qui fait le plus souvent défaut, c’est la volonté politique d’adopter les mesures nécessaires pour les appliquer à l’échelle nationale et les intégrer au système éducatif. Un tel processus exige des ressources qu’il est difficile de mobiliser et des réformes qu’il est difficile de mettre en œuvre. Offrir une année d’enseignement préscolaire dans un environnement traditionnel, c’est-à-dire en scolarisant les enfants rom avec les autres, permet d’obtenir d’excellents résultats si l’on soutient suffisamment les enfants pendant cette année. Ce soutien se traduit par une aide pour les devoirs et par des activités de rattrapage organisées par des ONG rom en coordination avec l’établissement scolaire, ainsi que par l’intervention d’intermédiaires au sein de la communauté qui aident les parents à communiquer avec l’établissement. On peut favoriser la scolarisation en limitant les coûts de l’éducation pour les familles (en fournissant gratuitement des livres, un transport scolaire, des repas, etc.). En fait nous savons ce qui fonctionne, mais ce que nous ignorons, c’est comment instaurer à l’échelle nationale des pratiques pour l’instant limitées à un établissement ou à une ville.

Qu’attendez-vous de cette réunion ?

Nous devons organiser de nombreuses autres réunions avec des ONG rom, des gens de terrain, des représentants de gouvernements et des organismes de développement, afin de partager les expériences des uns et des autres. Nous devons également débattre concrètement des prochaines étapes. J’espère que cette réunion sera l’occasion de se concentrer sur ce qui fonctionne et non de dresser un inventaire de tout ce qui ne fonctionne pas. L’éducation des Roms est un sujet qui suscite trop de pessimisme : les expériences sur le terrain montrent que nous n’avons aucune raison d’être si pessimistes !

  • 07-09-2007
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