Rénovation accomplie pour le Siège de l'UNESCO

25 Septembre 2009

• © Lucien Hervé

La rénovation du chef d'œuvre moderne qui sert de siège à l'UNESCO depuis 1958 a pris fin vendredi 25 septembre lorsque le Directeur général de l'UNESCO Koïchiro Matsuura, l’ancien Directeur général Amadou-Mahtar M’Bow, le Haut commissaire français à la Jeunesse Martin Hirsch, et l'architecte français Jean-Loup Roubert ont dévoilé le fameux monument parisien dans sa peau neuve.

Pour M. Roubert, « la principale difficulté de ce projet consistait à intégrer la rénovation de ce monument au contexte contemporain sans le trahir, à révéler ses caractéristiques d'origine tout en embrassant les évolutions technologiques et sociales survenues au cours des cinquante dernières années ».
La patine du temps a été préservée dans le bâtiment conçu par l'Américain Marcel Breuer du mouvement Bauhaus, l'Italien Pier Luigi Nervi et le Français Bernard Zehrfuss, qui abrite 1 200 bureaux sur une surface utile de 75 000 m2. Mélange de verre et de béton, sa conception permet à la lumière du jour de pénétrer les deux étages souterrains de bureaux entourés de six patios enterrés, autre élément remarquable de cet ensemble architectural.
Le bâtiment principal de sept étages, qui repose sur 72 pilotis, a réussi à conserver son atmosphère d'origine malgré la construction, avenue de Suffren, d'une nouvelle entrée destinée à satisfaire les besoins de sécurité actuels. Fini le temps où le Siège de l'UNESCO s'élevait sans protection sur la pelouse, en parfaite harmonie avec le croissant d'édifices publics du côté de la place de Fontenoy et les immeubles résidentiels de l'avenue de Suffren. Le site est désormais clos et les visiteurs doivent passer par des contrôles de sécurité semblables à ceux des aéroports. M. Roubert a réussi à concevoir une entrée qui s'intègre avec le bâtiment sans chercher à imiter son style formel.
Malgré l'installation de climatiseurs le long du niveau inférieur des fenêtres des bureaux, la transparence des façades a également été maintenue grâce à l'utilisation de verre réfléchissant en bas des fenêtres, qui vu depuis le sol, ne peut à peine être distingué du verre transparent utilisé pour les vraies fenêtres au-dessus des climatiseurs.
Le hall principal du bâtiment en forme de Y a été dégagé, permettant aux employés et aux visiteurs d'apprécier de nouveau les jeux de lumière naturelle au travers des larges panneaux de verre surplombant les pierres norvégiennes lisses aux riches tons gris posées sur le sol. La librairie, le kiosque et les boutiques de souvenirs ayant été déplacés sur le côté, l'élégance de la structure, qui fait venir l'extérieur à l'intérieur, est désormais mise en valeur, de même que les œuvres d'art qui parsèment les pelouses des deux côtés du bâtiment, sauf lorsque la vue est obstruée par les panneaux blancs utilisés lors d'expositions temporaires dans le hall.
Les 1 800 personnes qui travaillent ici tous les jours et ceux, encore plus nombreux, qui viennent y assister à des conférences ou ateliers pourront profiter des améliorations apportées aux locaux en termes de sécurité, isolation, insonorisation et chauffage mais aussi du nouveau système de climatisation, des installations électriques modernisées et du wifi. Un système de chauffage urbain ultramoderne permettant de réaliser d'importantes économies d'énergie a été installé. Le restaurant, la cafétéria et les cuisines ont été entièrement réaménagés.
Aucun effort n'a été épargné afin de sauver « l'âme du bâtiment », pour reprendre l'expression de M. Roubert, qui se manifeste non seulement dans l'architecture des lieux mais aussi dans les œuvres d'art disséminées sur l'ensemble du Siège. Pour la plupart offertes par les Etats membres, ces œuvres sont souvent remarquables. Ainsi, la sculpture murale de Jan Arp, la Silhouette au repos d'Henry Moore, l'Homme qui marche de Giacometti, sans parler des œuvres de Picasso, Miró et Calder, ont repris place dans leur cadre d'origine.
Cet environnement admirable porte la marque de techniques traditionnelles et artisanales des bâtisseurs des années 50 amenés à interpréter la conception moderniste d'architectes qui utilisaient encore des stylos et des crayons pour esquisser l'avenir. Alors que le bâtiment s'est uniformisé et industrialisé au cours des dernières décennies, les techniques de construction ancestrales ont laissé leurs marques ici et là, sur la courbe d'une rampe ou sur le dessin de planches de bois recouvrant des piliers de béton.
La plupart des meubles scandinaves modernes qui ont été donnés à l'UNESCO à ses premières heures sont tout aussi « non industriels ». Ces classiques modernes sont source de nostalgie pour ceux qui se voient réduits à piocher dans de modestes catalogues de mobilier de bureau pour effectuer les commandes de nouveaux meubles. Mais le budget d'environ 100 millions d'euros alloué à l'ensemble du projet de rénovation n'a pu être rallongé pour acquérir du mobilier aussi luxueux que celui dont le Danemark fit don à l'UNESCO dans les années 50 pour mettre en valeur ses prestigieuses manufactures de meubles modernes.
A l'origine, certaines personnes ont été choquées par l'architecture en béton du bâtiment, qu'ils qualifiaient de monstruosité. Mais la polémique qui a fait rage autour de la seule grande construction moderne édifiée entre la Seconde guerre mondiale et les années soixante-dix à Paris s'est éteinte il y a bien longtemps. La beauté du bâtiment rénové peut de nouveau être pleinement appréciée, du moins par ceux qui voient dans le béton un matériau aussi noble que tout autre.

• Auteur(s):UNESCOPRESSE
• 25-09-2009