Portraits d'un génocide : Photographies de Myriam Abdelaziz
- « Dans l'église catholique de Gitongo, ils m'ont fracassé la tête avec des barres de fer et ils ont essayé de fendre mon crâne avec des machettes. » Speciose Mukagihini
- « Je reçois encore des lettres d'intimidation et des menaces de mort. Je sais que ce sont mes voisins qui me les envoient. » Samuel Nduwayo
- « J'ai gardé mon bras blessé pendant deux semaines, puis il s'est détaché de mon corps et j'ai dû le jeter. J'avais 11 ans. » Jeanette Niweyangeneye
- « J'ai renié ma famille pour avoir une chance de survivre et ils sont tous morts. J'avais 12 ans. » Innocente Nyirahabimana
- « Après avoir perdu toute ma famille et une jambe, j'ai vécu pendant quatre années tout seul dans une maison abandonnée. J'avais 13 ans. » Jean Pierre Sibomana
- « J'étais encerclé par des hommes armés. J'étais si effrayé que je me suis évanoui. Quand je me suis réveillé, ma main était à côté de mon corps. » Fred Murisa
- « Personne n'a pu aller à l'hôpital. C'était trop dangereux. Mes plaies empestaient et s'infectaient. Des vers s'y infiltraient. Je les recrachais par la bouche et le nez. » Noelle Musabyirema
- « J'ai fui le Rwanda et j'ai marché jusqu'au Congo où j'ai trouvé refuge dans un camp. Pendant les quelques mois que j'y ai passé, je devais tout le temps cacher mes blessures car elles pouvaient révéler mon origine ethnique. Les Hutus étaient partout et ils voulaient m'achever. » Ange-Sandrine Mukayitesi
- « L'un des génocidaires a eu pitié de moi et a convaincu les autres de me laisser en vie. J'avais 8 ans. » Godiose Mukakahisa
- « Mon père me manque tellement. Nous nous aimions tant. » Prisca Uwamahoro
- « J'ai eu plus de dix opérations et je n'ai pas encore retrouvé mes capacités. J'espère un jour être capable de finir mon traitement. » Grace Rutamu
- « Je n'ai rien à dire. Je souffre trop et il y aurait beaucoup trop de choses à raconter. » Theoneste Muvunyambo
- « Je ne peux plus du tout bouger mes bras. Je n'ai plus de mari ni de famille. Comment suis-je supposée m'occuper de mes enfants?. » Beatrice Bazayirwe
- « Je ne pourrai jamais oublier le regard de mes parents lorsqu'ils étaient en train de mourir. J'avais 9 ans. » Diane Niyongira
Myriam Abdelaziz
Myriam Abdelaziz est une photographe française d'origine égyptienne. Elle est licenciée en sciences politiques et a obtenu un Master en journalisme et un autre en commerce. Après sept années de travail dans le marketing, elle a quitté le monde de l'entreprise pour se consacrer entièrement à la photographie. Elle est diplômée de du Centre international de photographie et est maintenant basée à New York et au Caire.
Son travail lui a fait parcourir la planète à la recherche d'histoires qui surmontent les barrières physiques et culturelles et révèlent ce que nous avons tous en commun : un aperçu de la solitude, de l'espoir, de l'insécurité, de la dignité. Sa série de photographies de victimes ayant été blessés lors du génocide au Rwanda mais ayant survécu a été réalisée au début de 2007, en hommage aux survivants qui ont tout perdu, sauf leurs souvenirs.