Environnement et développement dans les régions côtières et les petites îles |
Dossiers régions côtières et petites îles 2
II. Présentation générale
Introduction
État
de l'environnement
Activité
menées en 1996
Au cours des dernières décennies, bon nombre de petits États insulaires en développement ont été soumis à de telles pressions socio-économiques que leur zone côtière en a subi les conséquences et les transformations les plus importantes de toute leur histoire. Cette zone a été le théâtre dactivités humaines diverses et souvent conflictuelles telles que construction de logements, pêche, tourisme et autres industries. Doù la nécessité dorganiser une gestion intégrée des côtes.
La première disposition à prendre pour les pays insulaires et les autres nations à façade maritime décidés à améliorer la gestion de leurs ressources côtières, est de passer en revue et dévaluer ces ressources et les pressions qui sexercent sur elles. Cest dans cet esprit que lUNESCO et Haïti ont décidé de coopérer. La dernière partie de cette section énumère les activités réalisées dans ce domaine en 1996. Avant dentamer les travaux dévaluation, lUNESCO a fait réaliser, par son unité CSI et le bureau de lUNESCO à Haïti, une étude de pré-faisabilité, en collaboration avec les autorités nationales, lUniversité Quisqueya et la Fondation pour la protection de la biodiversité marine (FoProBiM). Pour finir, un séminaire (comportant des séances de travail) sest tenu à Pétionville du 10 au 14 décembre 1996. Des spécialistes dHaïti et dautres pays des Caraïbes se sont réunis pour examiner la situation, échanger leurs idées et recommander des procédures pour étudier, gérer et protéger les zones côtières du pays. Un document de projet reprenant tous les points abordés et les recommandations a été rédigé pour soumission éventuelle à des agences de financement.
Haïti possède plus de 1 500 km de côtes et sa plateforme couvre environ 5 000 km 2 (voir carte physique dHaïti). Dans lensemble, la plateforme est étroite, sauf en quelques endroits, tels que la baie de Port-au-Prince, à lextrémité sud-est du golfe de la Gonâve. La baie, dune profondeur maximale de 120 à 140 m, est séparée du reste du golfe de la Gonâve par deux crêtes de faible profondeur (30 à 40 m) reliant lîle de la Gonâve (située au milieu du golfe) au littoral du centre et du sud de la grande île.
Le pays est constitué de plaines côtières assez étroites encaissées entre les chaînes de montagnes escarpées et la côte. Les forêts des versants sont en général décimées pour produire du charbon de bois, importante source dénergie domestique. Les plaines côtières ont été soumises à une agriculture intensive et la pêche se limite aux eaux côtières peu profondes, en raison des faibles moyens dont dispose la pêche artisanale. La surexploitation incontrôlée des ressources terrestres de lîle a provoqué une érosion considérable et une forte sédimentation des bassins-versants et du littoral. La durabilité des ressources côtières en est affectée. En outre, en labsence de planification de laménagement du territoire, y compris pour le développement du tourisme, les problèmes ne pourront aller quen saggravant dans un avenir proche.
Planificateurs, bâtisseurs et
propriétaires d'HaÏti et de toutes les Caraïbes peuvent tirer profit de l'expérience et des connaissances acquises grâce au projet COSALC sur la stabilité des côtes. Un hôtel près de Mayagüez, à Porto Rico, dont les "pieds" sont déjà dans l'eau. Photo A. Suzyumov |
Pour ce qui est des ressources côtières (terrestres et marines) la situation actuelle est mitigée. Dun côté les zones fortement peuplées sont, en général, gravement a ffectées par les activités humaines. Le meilleur exemple en est la baie de Port-au-Prince, relativement petite, où les activités humaines ont causé de graves dommages, y compris une sédimentation considérable, évaluée à 7,9 millions de m 3 depuis 1958 (Haïti ECONET, octobre 1995, PNUD-Haïti), ainsi quune pollution considérable, tant visible (détritus) quinvisible (plus nocive). Lexemple le plus frappant de la pollution visible en sont les matières plastiques de toutes sortes, et lexemple de la pollution invisible, les produits pétroliers et les eaux dégout. Une étude de la Fondation pour la protection de la biodiversité marine (FoProBiM, avril 1996) montre que les détritus trouvés sur la plage sont, à plus de 98% constitués de matière plastique. Parailleurs, les zones éloignées des agglomérations humaines ont généralement un environnement sain, bien quencore affecté par les détritus des villes et des villages éloignés et par lenvasement dû à un déboisement accéléré.
Dautres problèmes tels que la surexploitation des pêcheries en eaux côtières et la destruction des forêts de mangroves contribuent à mettre lenvironnement côtier en situation de dégradation irréversible.
Face à une conjoncture sociale critique, découlant du chômage et du sous-emploi, de la malnutrition et du manque déducation, on ne saurait attendre de certains secteurs de la population quils se livrent à la protection et à la préservation des côtes, quand le problème immédiat est de survivre. Il existe cependant une législation réglementant lexploitation de lécosystème côtier.
Le pays manque aussi sérieusement décologistes spécialisés dans les questions de ressources côtières. On trouve très peu de documents concernant les recherches portant sur le milieu côtier dHaïti en raison, dune part, de leur rareté, et dautre part de leur éparpillement dans le monde entier, les spécialistes qui ont travaillé à Haïti ayant emporté leurs travaux avec eux. Les questions denvironnement à traiter à Haïti sont, entre autres : la pollution, leutrophisation, la surexploitation des ressources, la réduction de la biodiversité et les faiblesses de léducation. Il est donc indispensable de recueillir autant de données que possible sur lenvironnement côtier dHaïti afin de pouvoir porter un jugement éclairé sur les possibilités dintervention susceptibles dinstaurer une utilisation durable des ressources concernées.
Une série de réunions sest tenue à Port-au-Prince en janvier et février avec quelques organismes en prise directe sur les activités côtières. Il était entendu que linvitation à participer serait ouverte à toutes les parties concernées, y compris les services administratifs compétents, afin dobtenir un maximum dinformations à prendre en compte pour planifier des opérations adéquates. Une mission de faisabilité davant-projet a pu être dabord lancée, chargée dévaluer sur place lintérêt local pour un tel projet et de prendre la mesure de la logistique nécessaire pour le mettre en oeuvre et les contraintes techniques éventuelles.
En mars et avril, la Commission nationale haïtienne pour lUNESCO a inauguré une série de rencontres dans le pays, réunissant tous les responsables concernés, du secteur privé et du gouvernement, de luniversité et des organisations non gouvernementales. Il sagissait dassurer une bonne coordination des activités côtières dHaïti. Un comité national spécial sest constitué avec, comme coordonnateur, le Dr. Ariel Azael (Université Quisqueya) ; comme secrétaire, M. Jean W. Wiener (Fondation pour la protection de la biodiversité marine) ; et M. Harold Gaspar (Projet Route 2004) comme sous-secrétaire.
Une mission de reconnaissance a été effectuée à Haïti du 29 avril au 1 mai par le Professeur Peter Burbridge, de lUniversité de Newcastle, au Royaume-Uni. Ses recommandations comportaient notamment la préparation dune série datlas côtiers du pays, la mise en place dun programme de formation à la gestion des côtes, pour des personnels déjà en fonction,et un mécanisme déchanges pour faciliter le transfert des connaissances entre les autres nations (nations des Caraïbes plus particulièrement) et Haïti.
En septembre, deux consultants, le Dr. Marc Steyaert et M. Chris Ninnes, ont effectué une deuxième mission, plus approfondie, à Haïti afin danalyser la situation des ressources côtières, les capacités locales et les interventions nécessaires. Les conclusions et les recommandations de cette visite visaient à focaliser laction sur une portion raisonnable de la côte haïtienne, à encourager les échanges entre Haïti et les autres pays de la région, à élargir la base des données scientifiques afin de permettre une prise de décision plus éclairée, à favoriser le renforcement des capacités et à décider de lutilité de réunir un séminaire à Haïti pour permettre un véritable face-à-face entre experts haïtiens et ceux du reste de la région, qui échangeraient leurs informations et formuleraient des recommandations supplémentaires.
Deux spécialistes, Chris Ninnes et Jean Wiener, ont entrepris de rechercher des données de référence terrestres et marines (en rapport avec les données satellitaires) et des recherches documentaires et scientifiques en novembre et décembre pour les présenter au séminaire et aux sessions de travail ainsi que pour la rédaction du document préparatoire à un projet de gestion intégrée des côtes.
Un séminaire (avec séances de travail) sest tenu du 10 au 14 décembre à Pétionville, réunissant des experts dHaïti et du reste de la région.