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Environnement et développement
dans les régions côtières et les petites îles
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Dossiers régions côtières et petites îles 2

RÉSUMÉ DES COMMUNICATIONS DE SCÉANCES PLÉNIÈRES

Les zones côtières d’Haïti : juridiction et aspects juridiques – La mer, le droit et l’environnement

PAR JEAN ANDRÉ VICTOR

L’exposé a porté sur les questions juridiques relatives aux ressources côtières, y compris leurs usages public et privé (pêche, navigation, rejet des déchets, exploitation du fond marin, etc.), ainsi que sur les définitions juridiques des mers territoriales (12 milles marins) : droit de souveraineté, droit de passage innocent ; ZEE (jusqu’à la limite des 200 milles) : droit d’exploitation exclusive des ressources ; et la haute mer (au-delà des 200 milles). La législation d’Haïti demande à être améliorée, surtout en ce qui concerne la ratification des conventions internationales et le respect de leurs dispositions. Pour des raisons de politique intérieure, entre 1958 et 1972, aucune convention n’a été signée. Il existe des lois d’ordre général régissant divers domaines (navigation, pêche) mais leur mise en vigueur est, le plus souvent, négligée. Des conventions ont cependant été récemment ratifiées : c’est le cas de la Convention sur la diversité biologique et de la Convention-cadre sur les changements climatiques, ainsi que de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (UNCLOS). Celles qui n’ont pas encore été ratifiées sont notamment : la Convention de Carthagène (sur la protection et la mise en valeur de l’environnement marin de la Grande Caraïbe), MARPOL (Convention internationale pour la prévention de la pollution par les navires), la Convention de Bâle sur l’interdiction des mouvements et des rejets transfrontaliers de déchets dangereux, et la Convention sur le commerce international des espèces de la faune et de la flore sauvages menacées d’extinction (CITES).

Il ne semble pas que Haïti ait des opinions bien définies quant aux conventions parrainées par l’Organisation maritime internationale sur la prévention de la pollution (SOLAS, COLREG, CLC, fonds OPC et OPRC). Les principaux services nationaux compétents en matière de gestion des ressources de la zone côtière sont : les ministères de l’environnement, de l’agriculture, du plan, des finances, du commerce, de l’éducation et le bureau du secrétaire d’État au tourisme. Il existe de nombreux parcs marins dans toutes les Caraïbes, mais aucun à Haïti.

Les méthodes traditionnelles,
mode de vie des pêcheurs d’Haïti

Photo M. Steyaert

Les régions côtières d'Haïti : Environnement culturel et naturel

PAR JEAN W. WIENER

Les ressources côtières sont probablement, de tout le pays, celles qui sont les plus exploitées et les plus mal gérées. Les problèmes posés par la pêche intensive, la pollution, la pauvreté, les déchets (les décharges), l’ignorance des lois, le manque d’éducation, la surexploitation et la négligence généralisées sont évoqués. Le fait que, jusqu’ici , les tentatives de redressement sont restées infructueuses est signalé. Toute activité s’exerçant à terre finit par avoir des répercussions sur les eaux côtières ; près des zones fortement peuplées ces eaux sont sérieusement affectées, tandis que d’autres bassins plus éloignés sont encore en bon état, quoique légèrement contaminés par la pollution provenant des agglomérations et de l’érosion. La surexploitation des pêches dans les eaux littorales est généralisée et aggravée par le fait que la plupart des artisans-pêcheurs ne sont pas équipés pour pêcher les espèces pélagiques.

Les hôtels et les habitations introduisent dans le milieu proche du rivage des déchets domestiques, mais le plus grave problème est, de loin, l’absence de traitement des eaux usées dans les grandes agglomérations. Le rejet des huiles de moteur est également très préoccupant. Le déboisement pour la fabrication de charbon et les besoins de la construction ainsi que les pratiques culturales inappropriées sont les principales causes du processus d’érosion. Les ressources côtières sont sérieusement surexploitées. Mais comment peut-on les protéger, sachant qu’elles représentent souvent le seul moyen de subsistance d’une famille ? Il est donc nécessaire d’imaginer des mesures alternatives, en particulier de protection, de réglementation et d’éducation.

Le charbon de bois, une source majeure
d’énergie de la population. Fabriqué à
partir de forêts en voie de disparition, il
est stocké au bord des routes et vendu
dans les marchés.

Photos M. Steyaert

Gestion des écosystèmes côtiers et coopération bi-latérale

PAR JOSE A. OTTENWALDER

La République dominicaine et Haïti (qui se partagent l’île d’Hispaniola) jouissent d’un pat rimoine marin exceptionnel et inestimable. On y trouve certains estuaires parmi les plus grands et les plus productifs des Caraïbes, tels que l’embouchure des fleuves Barracota et Yuna dans la baie de Samaná, l’Artibonite et l’Estère dans le golfe de la Gonâve et le Yaque du Nord sur la côte atlantique, près de la frontière nord des deux pays. L’île est au coeur de l’arc antillais, et dans les eaux territoriales des deux pays se situe un important corridor du trafic maritime de gros tonnage qui traverse la région. Les récifs coralliens, les herbiers de phanérogames et les mangroves d’Hispaniola comptent parmi les plus beaux des Antilles. De tout temps, le bien-être social et économique des deux pays a été étroitement lié à la santé de leurs régions côtières. La vie urbaine et les activités agricoles se sont concentrées sur les plaines côtières. Les habitations dominicaines et haïtiennes se retrouvent, pour 70 % d’entre elles (abritant au minimum 10 000 personnes), dans les régions côtières ; il en va de même pour la majeure partie des activités industrielles.

En République dominicaine, le tourisme, presque entièrement concentré dans la zone côtière, est devenu la première source de revenus du pays. La pêche en mer revêt toujours une importance capitale pour l’alimentation locale et l’exportation. Ces richesses sont encore sous-estimées et l’on commence seulement à entrevoir, dans les milieux officiels et le secteur public, le potentiel que représentent les zones côtières et marines pour le développement durable des deux pays.

La longueur considérable de la côte, très découpée, d’Hispaniola (3059 km) égale presque celle de Cuba (3 200 km), la plus vaste des îles caraïbes. La concentration dans la zone de presque toutes les activités économiques a de sérieuses répercussions sur les écosystèmes côtiers et marins. Les états voisins et d’autres, plus éloignés dans la région, connaissent le même genre de problèmes, qui se traduisent par la dégradation des côtes et la diminution ou l’épuisement des stocks de poissons. Ils y répondent par des politiques côtières tendant à faire passer les pêcheries du régime de libre accès à celui d’une gestion restrictive et tendant à adopter des dispositions d’ordre environnemental telles que les plans d’occupation des sols et le zonage comme moyens d’éviter les conflits et l’accumulation des effets indésirables.

Une bonne gestion des côtes suppose une réflexion et non pas seulement des techniques pour résoudre les dilemmes. L’idée directrice est de mettre en place une stratégie fondée sur les écosystèmes, n’admettant qu’une perspective à long terme. Cette façon de voir exige une conception nouvelle de la prise de décisions en concertation entre la République dominicaine et Haïti, à la lumière de leurs effets prévisibles sur les générations à venir. Gérer les écosystèmes implique de considérer la population comme l’un des éléments de ces écosystèmes, interconnecté aux processus de fonctionnement et d’évolution. La nature ne connaît pas de frontières politiques. Étant donné la relation évidente qui existe entre les écosystèmes dominicains et haïtiens, si l’on veut préserver les ressources côtières de l’île, il est indispensable que les deux pays collaborent en agissant comme une seule entreprise conjointe. Les défis et les réalités auxquels les deux pays sont confrontés dans leurs efforts pour atteindre ces objectifs sont développés de façon un peu plus détaillée dans l’annexe 2 du présent rapport.

1 535 km de côtes : un océan, un golfe, une mer et un remarquable potentiel

PAR FLORENCE SERGILE

La biodiversité des écosystèmes d’Haïti place l’île parmi les premiers de la région. La gamme des habitats comprend les cactus, les forêts humides et les coraux. L’accroissement du taux de population humaine s’est accompagné des problèmes habituels, avec la dégradation des habitats des espèces. Les problèmes sont aggravés par la pauvreté des terres agricoles, l’escarpement des pentes et l’étroitesse de la plateforme. Rares sont les plans d’aménagement à Haïti : il faudrait faire un effort pour en préparer, dans les ministères de l’agriculture ou de l’environnement. Ces dernières décennies, les déchets industriels se sont déversés sur des sols déjà entraînés vers l’océan par le ruissellement. Il faut que les ressources d’Haïti soient gérées, mais en prenant en compte les considérations socio-économiques et la singularité du pays. Les habitats doivent être protégés et réhabilités. On a proposé de créer une réserve de la biosphère qui couvrirait l’île de la Gonâve ainsi que plusieurs autres zones ayant une flore et une faune typiques. Ces zones devraient correspondre à des régions à vocation diversifiée, y compris la pêche. Haïti se trouve à un moment crucial pour la gestion de ses écosystèmes. Une législation protectrice mieux adaptée et plus étendue est aujourd’hui nécessaire. La participation locale est aussi un facteur important.

Haïti et les îles voisines. (Adaptation de l’Atlas côtier).

 

Projet "Route 2004" : Protection et valorisation des richesses historiques, culturelles et des ressources naturelles

PAR GISELLE HYVERT AND LOÏC MÉNANTEAU

Le projet (HAI/95/010) "Route 2004" a pour objectif d’aider à préserver et à perpétuer l’état des sites d’intérêt naturel, historique et culturel d’Haïti, à commencer par la région de Fort-Liberté, au nord-est (en raison de sa biodiversité et de la richesse des sites archéologiques et historiques). Patronné par le Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD), le projet porte sur la durabilité des ressources locales, particulièrement dans l’optique du développement du tourisme culturel.

Giselle Hyvert rappelle les grandes lignes du projet et les travaux accomplis par l’équipe internationale et multidisciplinaire dans la partie nord-est d’Haïti (collecte de données sur la géomorphologie, l’hydrologie, la faune, la pêche, l’agriculture, la destruction des mangroves et sur l’archéologie, l’histoire et la vie culturelle et sociale de la région de Fort-Liberté). Elle lance un appel pour l’adoption d’un cadre juridique plus contraignant visant à obtenir : 1) la création d’un Conservatoire du littoral chargé de gérer et de protéger les zones d’intérêt historique, culturel et naturel, 2) une réserve de biosphère (MAB) et 3) une réglementation spécifique visant la protection du patrimoine sous-marin. À son avis, le patrimoine culturel ne peut être dissocié du milieu naturel.

Loïc Ménanteau explique la manière dont les données provenant de sources très diverses (depuis les archives, les descriptions des premiers voyageurs, les cartes anciennes, les photographies aériennes, jusqu’à l’imagerie satellitaire – Landsat TM et SPOT) ont toutes présenté un intérêt inestimable pour aider à retrouver la trace des anciens traits de côte et donc localiser les sites archéologiques dans les zones où ils ont connu un changement considérable depuis 500 ans. Les connaissances acquises sur l’évolution du paysage grâce à cette méthodologie ont également servi à déterminer les zones où l’on pouvait autoriser la mise en oeuvre de grands projets (urbains, industriels, touristiques etc.) et celles que l’on devait protéger à tout prix. Analysées et triées, ces conclusions sont récapitulées sur la carte physiographique, incluse dans l’atlas côtier publié dans le cadre du projet. Accordant un intérêt égal à la terre et à la mer, la carte physiographique permet, tant aux autorités qu’aux promoteurs, de mieux prendre leurs responsabilités à l’égard du développement durable.

La région de Luly : population et économie

PAR MICHAÈLE SAINT NATUS

Les gens du village de pêcheurs de Luly sont généralement mieux organisés que ceux des autres villages haïtiens de même taille ou plus grands. Plusieurs projets d’ingénierie ont été entrepris par la communauté, tels que le pavage de la principale voie d’accès et la canalisation de l’eau potable. Une quinzaine de résidences secondaires, de bon standing, ont été construites dans les environs tandis que certaines parcelles ont fréquemment fait l’objet de disputes. Un projet de reboisement a été entrepris en 1987-1988 dans la région de Cadine. Quelque 200 000 plants ont été mis en place avec un taux de survie de 87%. Les données sur les pêches sont cependant sporadiques et ne portent pas sur de longues durées malgré l’existence d’une coopérative locale de pêche et de plusieurs entreprises commerciales. Le plus grand marché pour Luly est Port-au-Prince. Les pêcheurs voudraient avoir des congélateurs et des réfrigérateurs pour y conserver leurs prises avant de pouvoir les vendre. Le rendement de la pêche est estimé à environ 5 à 10 kg par jour et par pêcheur, et la consommation à 3,6 kg par personne. Bien que l’on pratique un peu d’agriculture, la plupart des gens exercent la double activité de fermiers-pêcheurs, en fonction des saisons et des capacités individuelles. Des immigrants d’autres zones aussi éloignées que Les Cayes se sont installés à Luly. La zone offre quelques possibilités de tourisme, notamment aux îles Arcadins. On cultive essentiellement la pastèque, le citron et la banane, mais on fait très peu d’élevage. La vente de coraux et de coquillages représente une activité marginale.

À Haïti la pêche, l'une des bases alimentaires d'une population en croissance constante, est limitée par 1) l'épuisement des stocks des eaux côtières peu profondes et 2) le manque de moyens pour un travail en eaux profonds.

À gauche : villageois de Luly avec leur matériel traditionnel.
Photo M. Steyaert

À droite : un pêcheur de Jacmel montre sa prise.
Photo J. Ottenwalder

Gestion des côtes en République dominicaine

PAR FRANCISCO GERALDES

De tout temps la côte a été soumise à une très forte pression pour la pêche et les autres activités, mais aujourd’hui il faut compter aussi avec les répercussions éventuelles du tourisme. Depuis les années 1990, des scientifiques dominicains ont commencé à faire connaître dans la presse les problèmes de l’environnement, ce qui a provoqué un changement d’opinions et d’attitudes du gouvernement et du public. La marine militaire dominicaine s’est vue attribuer un très grand rôle dans la gestion des côtes, ce qui a permis de créer le "Bataillon vert", la marine étant chargée de faire respecter les règlements à la mer concernant les côtes, et l’armée, des affaires concernant exclusivement la terre. Ces deux unités militaires ont dû être formées à leurs nouvelles tâches. Du fait que les troupes reçoivent déjà leur solde, ce mode de gestion de l’environnement ne coûte rien. Les universités ont, pour leur part, engagé des recherches afin : 1) d’établir un réseau de sites d’observation (CARICOMP, projet sur la productivité des côtes caraïbes, coparrainé par la Fondation MacArthur et d’autes organismes des États-Unis, ainsi que par l’UNESCO.) : 2) d’effectuer un inventaire des collectes sur un site à Montecristi (Fonds mondial pour l’environnement) : 3) de conseiller le ministère des affaires étrangères pour ce qui est de la ratification des traités. La Fundación MAMMA et ses partenaires ont contribué à la protection de l’environnement côtier, notamment par le biais du Parque Nacional del Este et du Parque Submarino La Caleta. La République dominicaine a connu la plupart des problèmes qui affectent aussi Haïti en matière de ressources côtières, y compris leur surexploitation, la pollution et divers autres effets anthropiques, mais elle souffre peut-être davantage des effets du tourisme.

Gestion de la zone côtière à la Jamaïque

PAR PETER ESPEUT

La Fondation pour la protection de la côte sud est chargée de la gestion intégrée des côtes et en particulier de la zone de Portland Bight (à l’ouest de Kingston). Dotée de diverses ressources importantes, cette zone abrite de nombreux villages de pêcheurs. De toutes les régions anglophones des Caraïbes, c’est celle où les pêcheries sont le plus surexploitées. Les pêcheurs sont donc contraints d’aller de plus en plus loin et d’utiliser de plus grands moyens. Certains récifs sont endommagés par la dynamite, de vastes herbiers de phanérogames sont dégradés par les sennes et les chaluts. La turbidité a augmenté et les tortues sont soumises à une chasse intensive. Les principaux utilisateurs des ressources (pêcheurs, agriculteurs et forestiers) sont le plus souvent pauvres et analphabètes. Chez eux, savoir-faire, cohésion communautaire et sensibilisation à l’environnement sont rudimentaires. Tout le monde dispose du libre accès aux ressources de la région. Une politique de cogestion entre le gouvernement et la population est suivie. En réalité, le gouvernement n’a pas les moyens financiers et techniques de gérer ces ressources. Des groupements se sont formés pour améliorer la cohésion communautaire. Il existe deux associations dont l’une, vieille de 50 ans, ne s’adresse qu’à des hommes âgés. On en a donc créé une autre (dans les mêmes circonstances qu’à Luly). Les pêcheurs président les réunions, recueillent les cotisations et demandent au gouvernement un bail pour l’utilisation de telle ou telle plage. Le conseil de gestion local compte 15 pêcheurs, deux pêcheurs-plaisanciers, un cabinet de promoteurs immobiliers, les autorités portuaires, deux coopératives jamaïcaines, la police, les garde-côtes et l’Agence nationale de protection des ressources. Les pêcheurs locaux sont invités à dénoncer ceux qui ne respectent pas les règlements.

Divers moyens de lutte contre les abus de la pêche sont utilisés, tels que : 1) l’élimination des méthodes destructrices, 2) l’augmentation de la dimension des filets et la fixation de dimensions minimales de leurs mailles, 3) la création d’une zone réservée à l’élevage des poissons juvéniles, 4) la limitation du nombre de licences accordées, par le système de licences dit "de grands-pères", consistant à n’accorder aucune nouvelle licence et à en accorder une seule au prorata du départ de trois pêcheurs.

Productivité de la zone côtière des Caraïbes

PAR JEREMY WOODLEY

Il faudrait que Haïti dispose d’une connaissance plus approfondie de ses ressources côtières et marines, de l’état actuel de la productivité et de la biodiversité, et des effets des activités humaines passées et présentes. Il faut cartographier les habitats, les décrire, analyser leur état et créer des systèmes d’observation continue dans des endroits-clés. Participer à CARICOMP est très facile, il suffit de s’engager à effectuer des opérations de surveillance et à transmettre les résultats au Centre de gestion des données de la Jamaïque. L’institution collectant les données est libre d’en faire l’usage qu’elle désire. Les responsables du projet peuvent aider les nouveaux membres à acquérir l’appareillage-type d’observation et, par le réseau, à communiquer avec les autres organismes de recherche marine des Caraïbes. CARICOMP est appelé à devenir bientôt pour les Caraïbes le maillon d’un Réseau mondial d’observation des récifs coralliens (Coparrainé par la COI de l’UNESCO, l’UICN et le PNUE.). Il sera ainsi possible de surveiller, à l’échelle de chaque pays, l’évolution des récifs coralliens et des systèmes associés, d’une façon moins intensive, à un rythme moins exigent que celui du projet. D’autres pays des Caraïbes connaissent les mêmes besoins mais rares sont ceux qui ont pu commencer à les résoudre. Haïti ne dispose pas d’un organisme de recherche marine bien équipé, et possède peu de scientifiques dans ce domaine. Ceux-ci seraient heureux de voir se développer leurs contacts et leur collaboration avec des collègues de pays voisins. CARICOMP est un projet régional regroupant des organismes de sciences de la mer des Caraïbes, destiné d’une part à évaluer la productivité des mangroves, des phanérogames et des récifs coralliens et d’autre part à préciser dans quelle mesure elle est influencée par les activités menées à terre. Il a porté, dans un premier temps, sur les habitats peu perturbés afin de mettre en évidence les conditions de base qui serviront à mesurer également le changement global. La participation d’Haïti serait bénéfique tant pour le pays que pour le projet lui-même.

Les sites de surveillance de CARICOMP.
Les flèches indiquent les courants dominants

( d’après M.J. Shulman et E. Birmingham).

Étude et réduction de l’érosion et de la sédimentation dans les bassins versants et sur la côte

PAR ROBERT CASSAGNOL

Le dépôt de sédiments sur la plate-forme continentale dépend de la bathymétrie locale et des courants. Les sédiments se déposent essentiellement tout près du rivage mais les particules les plus fines vont plus loin. La sédimentation est, dans l’ensemble, un phénomène naturel, sauf lorsqu’elle est due au déboisement. La côte d’Haïti souffre, sur presque toute son étendue, d’une certain sédimentation. On ignore, localement, les répercussions du déboisement sur les ressources marines. Il faut expliquer l’interdépendance des ressources. En plusieurs régions, le débit des rivières a augmenté ainsi que leur charge sédimentaire. D’après les données datant du temps de la colonisation, on sait que les ressources étaient utilisées d’une façon différente. L’histoire d’Haïti se présenterait ainsi, pour ce qui est de l’agriculture et de l’industrie forestière : des années 1700 à 1750 : production de sucre ; de 1750 à 1800 : production de café (avec dévastation systématique des plaines et des forêts) ; de 1800 à 1850 : rétablissement de l’équilibre avec l’agriculture locale, au début de la période de l’indépendance nationale ; de 1850 à 1900 : abattage des arbres à bois dur ; de 1900 à nos jours : la pression démographique provoque la surexploitation des arbres pour la fabrication de charbon de bois et la construction.

Sédimentation des côtes par les alluvions apportées par les cours d'eau et le ruissellement des bassins versants, auquel s'ajoute une charge due à l'irrigation. On estime que la majeure partie de la charge sédimentaire provient de l'érosion des sols résultant du déboisement en amont des rivières.

Photos M. Steyaert

Eaux souterraines à Haïti

PAR YVELT CHERY

Il est toujours difficile d’évaluer la quantité des eaux souterraines ; on peut y employer toute une gamme de techniques exploitant les données géologiques, géomorphologiques ou géophysiques. Les premières données datent de 1924 et les données ultérieures ne sont que sporadiques. Un inventaire des ressources en eau douce d’Haïti a été effectué récemment : on dispose de données pour six régions. Les plaines côtières fournissent plus de la moitié des ressources en eau du pays, du fait de leur facilité d’accès. Certaines sont fortement surexploitées et contaminées par des infiltrations d’eau salée. La plupart des nappes phréatiques sont sousexploitées. Aucune mesure de protection des ressources en eau n’a été prise. En 1974, une loi a été adoptée, les plaçant sous la responsabilité du ministère de l’agriculture, mais plusieurs autres organismes ont aussi des compétences en matière d’exploitation et de protection de l’eau, ce qui a occasionné de graves différends. Les informations sur les ressources en eau sont abondantes, mais rien n’a été publié après 1991. Le ministère de l’agriculture a un réseau de pluviomètres et de modèles informatiques mis en place en 1989 mais qui, malheureusement, n’est pas exploité.

Stabilité des côtes et des plages aux Caraïbes

PAR GILLIAN CAMBERS

Le projet COSALC (projet sur la stabilité des côtes et des plages dans les petites Antilles, coparrainé par l’UNESCO et le Sea Grant College Program de l’Université de Porto Rico, Mayagüez.), qui sera peut-être un jour étendu aux Grandes Antilles, a pour objectif d’améliorer les capacités de chaque nation à mesurer, évaluer et gérer les ressources des plages dans la perspective d’une gestion intégrée des côtes. Préoccupés par l’érosion des plages et de ses effets éventuels sur le tourisme, des représentants des petites îles de la région avaient fait, en 1982, une démarche auprès de l’UNESCO. Des missions d’évaluation et des ateliers avaient permis de préciser les besoins de chaque pays et la nature des problèmes. En coopération avec les services nationaux, les ONG, les associations locales et les écoles, des programmes d’observation ont été mis en place dans chacune des îles pour constater la nature et la gravité des changements. Les données recueillies sont actuellement exploitées pour l’adoption de mesures correctives, préventives et éducatives. Certaines plages de sable ont reculé de plus de 20 m sous l’effet des ouragans et, en dépit de quelques améliorations, la plupart des plages n’ont pas retrouvé leur état antérieur. La dégradation des récifs coralliens et leur mort , ainsi que l’élévation du niveau de la mer, sont peut-être en train d’aggraver l’érosion des côtes.

Hydrologie et dynamique des eaux de la mer des Caraïbes et particulièrement des régions d’Haïti et de la baie de Port-au-Prince

PAR SABRINA SANDERSON

Rares sont les informations sur l’hydrologie d’Haïti et la dynamique des eaux territoriales du pays. Les variations de température dans le golfe de la Gonâve sont de l’ordre de 1 à 5°C et la salinité varie très peu. La pluviométrie en Haïti est d’environ 1 300 mm et les précipitations ont lieu essentiellement en mai. Les alizés (d’une vitesse de 4 à 8 m/s) soufflent généralement du nord-est de décembre à mai. Les brises côtières modifient les schémas de la circulation générale, notamment dans le Canal du Vent. La circulation peut être affectée par les facteurs suivants : 1) les ouragans (ceux, par exemple, de 1963, 1964, 1966 et 1980) ; 2) la bathymétrie : deux crêtes s’alignent de part et d’autre de l’île de la Gonâve et y entravent la circulation ; 3) l’hydrographie : possibilités de remontées d’eaux froides. La marée semble se déplacer du nord au sud à une vitesse d’environ 0,2 m/s, alors que dans le reste des Caraïbes, la moyenne est de 0,5 m/s. On ignore s’il existe des données marégraphiques ou anémométriques pour aucune localité d’Haïti. L’intervenant signale que l’hydrographie de la baie est telle que l’eau – et la pollution – ont tendance à stationner. Il faut donc se préoccuper des sources terrestres de la pollution.

Map # 26AHA26181: golfe de la Gonâve, 20th Edition (27 May 1995);
Defense Mapping Agency, Hydrographic and Topographic Agency, USA

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Point de vue d’Omégalpha

PAR ALEXANDRE DE LARYSSA

L’environnement côtier d’Haïti connaît certaines difficultés dues à ses industries et au tourisme, sans qu’aucun organisme gouvernemental n’en soit officiellement responsable. Toutes les informations sur les côtes devraient être placées dans un Centre dépositaire. Il faudrait définir avec précision ce qu’est la région côtière. L’aspect esthétique de la côte n’est pas pris en considération. Un organisme chargé de gérer les côtes devrait être créé sous l’égide du ministère de l’environnement.

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