Environnement et développement dans les régions côtières et les petites îles |
Dossiers régions côtières et petites îles 2
LA RÉGION CÔTIÈRE DHAÏTI ET LA ZONE DU PROJET PILOTE
Zone détude
initiale du projet pilote. Ultérieurement, les activités pourraient sétendre au reste de la baie de Port-au-Prince. |
Les débats ont porté sur la situation critique de la zone côtière du pays. En séances et au cours de discussions informelles, les commentaires ont souligné et confirmé cet état de fait. Les effets de la surexploitation, du déboisement et de la pollution sur les activités socio-économiques se sont traduits par la pauvreté et une qualité de vie très diminuée. En fait, la pauvreté devient elle-même un facteur de dégradation de la zone côtière. Il est évident, par ailleurs, que le processus de déboisement, qui se poursuit depuis très longtemps, devrait faire lobjet dune étude globale car ses effets se sont accumulés depuis au moins 200 ans.
Lidée directrice du projet pilote consiste à traiter la surexploitation des ressources dune façon intégrée, dans une zone bien précise. On prévoit dutiliser lexpérience et les méthodes ainsi acquises et conçues pour mettre au point une GIC dans dautres zones dHaïti. Dans la zone du projet, on dispose de peu de données de base sur les ressources, lintensité de leur utilisation et le cadre socio-économique dans lequel elle se fait.
On fait appel à limagerie satellitaire pour faciliter la collecte des données de base en cours et pour en tirer ensuite des atlas utilisant le Système dinformation géographique (GIS) et comportant une évaluation du potentiel de développement (du tourisme en particulier). En fait de données, il faudra aussi passer en revue toute la documentation et interroger le personnel national qui aurait participé à des opérations antérieures dans la zone à étudier ou dans des zones extérieures présentant un intérêt pour le projet pilote. Il conviendra également de se tenir au courant des initiatives nationales actuelles telles que le Conseil national de la réforme agraire ou la Stratégie touristique, des intentions de ratifier MARPOL 73/78, des négociations daide au développement qui pourraient avoir des retombées sur le domaine détude et enfin, du cadre juridique général couvrant lexploitation des ressources et les droits à la propriété terrienne.
Site détude
La délimitation du périmètre du site a fait lobjet dune longue discussion. Vers lintérieur des terres, la limite englobe la totalité des bassins-versants. La limite littorale linéaire, plus difficile à définir, est en gros celle de la commune dArcahaie. Il est impossible dêtre plus précis, au stade actuel, car les ressources à gérer et leurs utilisateurs ne correspondent à aucune frontière communale ou géographique. Si une frontière "écologique" est découverte, elle devrait être adoptée ; sinon létendue sera limitée par des considérations pratiques, mais ne dépassera pas la commune dArcahaie. On précisera, de la même manière, la limite vers le large. Il est probable quune partie de lîle de la Gonâve y sera incluse, du fait que les activités des pêcheurs sétendent jusque là, et en raison de son potentiel touristique. La population de Luly, avec son développement social avancé, devrait logiquement servir de point de départ pour la collecte des données.
Buts du projet
Le projet pilote vise essentiellement à ce que les habitants de la zone étudiée atteignent un développement durable au plan social et économique i) par lamélioration de la gestion de leurs ressources naturelles et ii) par linstauration dun développement durable de léconomie.
Objectifs du projet
Le projet pilote est centré sur lamélioration de la gestion des ressources et le développement durable. Cela exigera un programme dont les recherches strictement motivées par les problèmes produisent des éléments pour le processus daménagement et de développement. À ce jour, les problèmes responsables du sous-développement économique et social sont :
Elles devront résoudre les questions de : (i) gestion des ressources, (ii) développement des activités autres que minières.
Collecte des données
Il subsiste beaucoup dinconnues dans le domaine de la gestion des ressources, cest pourquoi il faut mettre sur pied un programme de recherches motivées par les problèmes eux-mêmes. Cela nécessitera des enquêtes portant aussi bien sur les conditions socio-économiques que sur lexploitation des ressources, et qui devront être effectuées par des scientifiques sociologues et spécialistes des sciences de la nature formés à la gestion. Le projet devra impérativement traiter les problèmes dans une perspective sociale.
Cogestion
Le projet doit, dans son principe, traiter les questions de gestion des ressources par un partage des responsabilités avec les utilisateurs des ressources. Il faudra,pour ce faire, aider à renforcer les organisations existantes dutilisateurs des ressources et en faciliter la création là où elles manquent. Ce travail fera essentiellement appel au dialogue y compris, au besoin, pour lobtention de données concernant laménagement des ressources. Le dialogue, comme son nom lindique, est un exercice à deux voix qui devra impliquer non seulement les utilisateurs mais aussi les autorités locales et ministérielles, qui lui garantiront le soutien indispensable. On pourrait, par exemple, obtenir un excellent échange dinformations à partir de lexpérience des pêcheurs de la Jamaïque (sur le développement institutionnel) et des îles Turks et Caïcos (sur les modèles dutilisation des ressources).
Tourisme
On estime que le site détude détient un potentiel touristique (les Arcadins, la plongée à lîle de la Gonâve, la pêche de plaisance et la création de petits lotissements) qui dev ra être examiné à la lumière de la stratégie gouvernementale pour le tourisme. Il est souhaitable que la population locale sinvestisse au maximum dans le tourisme.
Pêcheries
Étant donné la rareté des récifs coralliens dans la zone, on devra étudier la possibilité de créer des récifs artificiels, ce qui pourrait être intéressant. On pourrait aussi discuter avec les pêcheurs la possibilité dutiliser ces récifs artificiels comme "zones protégées" pour relancer les pêcheries. Il existe aussi un certain potentiel commercial inexploité despèces démersales en eaux profondes et pélagiques dans les eaux proches de la côte. Il faudra étudier prudemment leur exploitation et éviter de provoquer un endettement trop lourd de la part des pêcheurs.
Recherche scientifique marine
Il faudrait effectuer une étude océanographique approfondie du golfe de la Gonâve et de lensemble de la baie de Port-au-Prince, qui serait utile pour gérer les déchets et évaluer les effets du ruissellement. On commencerait par étudier le régime des vents, la marée (amplitude et courants), les courants superficiels et sub-superficiels, loxygène dissous, la densité des eaux et les apports des cours deau ainsi que la distribution des poissons pélagiques et démersaux. On devrait aussi étendre ces recherches à dautres baies contaminées. Ces travaux nécessiteront un navire de recherche, la remise en place de marégraphes et le budget correspondant. Un organisme scientifique local devrait ensuite prendre la relève. Il faut prévoir un tel organisme spécialisé dans la recherche côtière, pour gérer et distribuer les données recueillies.
Forêts
On considère généralement le reboisement comme un moyen de régénérer un habitat dégradé. Il faut élargir cette définition pour y inclure lexploitation durable des forêts pour les besoins en combustible, en bois de construction et éventuellement, du tourisme.
Autres activités
Il est peut-être utile denvisager le recours à de grands travaux pour réduire immédiatement lérosion côtière. Ceci pourrait être réalisé dans le cadre dun projet dingénierie civile.