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Classements et responsabilisation dans l’enseignement supérieur : bons et mauvais usages

UNESCO

Les classements internationaux d’universités ont une incidence sur les politiques publiques et les choix des étudiants et de leurs familles. À tort ou à raison, ils sont perçus comme un instrument de mesure de la qualité et créent une vive concurrence entre les universités du monde entier. Mais font-ils plus de mal que de bien ?  

Une nouvelle publication de l’UNESCO, Rankings and Accountability in Higher Education: Uses and Misuses [Classements et responsabilisation dans l’enseignement supérieur : bons et mauvais usages], analyse les avantages et les inconvénients des classements d’universités. Elle a convié les responsables des classements d’universités et ses pourfendeurs à débattre des bons et des mauvais usages des classements. Donnant la parole à des spécialistes des cinq continents, la publication a pour objet d’aider les lecteurs finals des classements et tableaux  – c’est-à-dire les étudiants, les parents, les gouvernements ou les dirigeants d’établissements – à devenir de meilleurs utilisateurs de ces outils et à faire preuve de davantage de discernement. Elle donne un aperçu complet de la réflexion actuelle sur le sujet, et définit des approches alternatives et des outils complémentaires axés sur une nouvelle ère, visant à une utilisation transparente et plus éclairée des tableaux de classement de l’enseignement supérieur.  

Seulement 1 % des 17 000 universités en activité à travers le monde sont concernées par les « classements internationaux d’universités » publiés par les trois principaux « instituts de classement ». Bien que variées à de nombreux égards, les 200 écoles les mieux placées ont tendance à être les établissements les plus anciens (plus de 200 ans), se consacrent majoritairement à la recherche scientifique, comptent environ 25 000 étudiants pour 2 500 facultés et disposent de budgets annuels dont le montant total est supérieur à 2 milliards de dollars des États-Unis. Dans la publication Rankings and Accountability, des auteurs issus de célèbres organismes de classement engagent le débat en présentant une analyse approfondie des approches méthodologiques qu’ils utilisent, de leurs avantages et de leurs inconvénients, et de leur évolution au fil du temps. Pour Nian Cai Liu, de la Jiao Tong University de Shanghai, qui a contribué au premier classement mondial d’universités en 2003, les classements ne sont pas et ne devraient pas être la seule source d’information orientant les décisions relatives à la qualité des universités. Néanmoins, pour Phil Baty, du Times Higher Education et Ben Sowter, du QS University Rankings, il ne fait aucun doute que les classements « sont là pour rester » et qu’ils peuvent améliorer la transparence et la responsabilisation dans l’enseignement supérieur, au sein du marché mondial de l’enseignement supérieur.

 

Organisation types of major international rankings compilers

Les classements devraient évoluer afin de procurer des informations davantage en adéquation avec les besoins des universités, des étudiants et des responsables de l’élaboration des politiques, adaptées aux contextes locaux et qui contribuent au développement de systèmes d’enseignement supérieur de niveau international plutôt qu’à celui d’un nombre limité d’établissements de premier ordre. Les principaux systèmes de classement ont – selon les auteurs – de nombreux inconvénients : par exemple, ils accordent une attention disproportionnée à l’augmentation des travaux de recherche au détriment de l’impact social des établissements sur les communautés locales. L’université nationale autonome du Mexique (UNAM) est un bel exemple de ce que l’on pourrait qualifier d’« université contribuant à l’édification d’une nation » : elle abrite le Système sismologique national, l’Observatoire astronomique national, la bibliothèque nationale et l’archive des périodiques ainsi que le célèbre orchestre symphonique. Si 63 % des universités – comme le révèle une étude – ont fondé leurs décisions stratégiques sur l’amélioration de leur classement, cette « course pour atteindre le sommet » ne risque-t-elle pas d’enrayer la diversité et l’innovation dans les universités faisant figure de modèles ?  

Certains estiment que l’approche dominante discrédite la diversité. Pour Imanol Ordorika et Marion Lloyd, de l’UNAM, la recherche en langue espagnole est clairement ignorée en faveur de l’anglais – une évidence que les organismes de classement ont tendance à minimiser. « Même dans les universités aussi importantes que l’UNAM et l’université de São Paulo, les articles en anglais ne représentent encore qu’une minorité des travaux de recherche publiés, mais constituent en revanche la majorité des articles enregistrés dans l’ISI et Scopus », qui sont les principales bases de données bibliographiques utilisées dans les classements. Par ailleurs, la primauté accordée à la recherche scientifique dans les systèmes de classement actuels minimise les sciences sociales et les humanités, disciplines dans lesquelles l’Amérique latine jouit depuis longtemps d’une excellente réputation.

 

En Afrique, l’enseignement supérieur progresse à l’un des rythmes les plus élevés, pourtant, « l’augmentation de l’accès n’a pas été accompagnée par une amélioration de la qualité », explique Peter Okebukola, qui dirige en Afrique le Global University Network. Le Mécanisme d’évaluation de la qualité en Afrique (AQRM) a été créé afin de devenir l’équivalent régional des classements internationaux. Au lieu de comparer les résultats d’une université à ceux d’une autre, il évalue les résultats d’une université à l’aune d’« un ensemble de critères qui rendent compte du contexte et des défis spécifiques à la prestation d’enseignement supérieur sur le continent. » Plutôt que d’établir un classement des établissements, ne serait-il pas plus utile et plus efficace de procéder à une évaluation comparative de leurs performances dans le domaine des résultats pédagogiques ? La Banque mondiale explore cette possibilité en élaborant un nouveau système d’évaluation qui privilégie les facteurs pertinents pour les régions en développement ainsi que la réalisation de comparaisons plus fiables entre les uns et les autres.  

Avec la vogue des classements d’universités, ce que les étudiants peuvent réellement faire des connaissances acquises une fois leurs diplômes en poche, peut aisément être perdu de vue. Après tout, ce que de nombreux parents et étudiants attendent de l’établissement qu’ils choisissent, ce sont les perspectives d’emploi. Du point de vue de l’OCDE, représentée par Richard Yelland et Rodrigo Castañeda Valle, il est nécessaire de se focaliser sur les acquis d’apprentissage : « De nos jours, les classements sont très fréquemment utilisés comme des indicateurs – ou des preuves – de la qualité de l’enseignement et de l’apprentissage dans les établissements d’enseignement supérieur du monde entier. » Vérifier l’aptitude des étudiants récemment diplômés en matière de compétences génériques, notamment la communication écrite et le raisonnement analytique, et de connaissances techniques, dans des domaines comme l’économie et l’ingénierie, pourrait permettre de mieux déterminer dans quelle mesure l’éducation dont ils ont bénéficié les a rendus aptes à vivre la vie de leur choix et à participer à l’économie du savoir.

 

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