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03.03.2009 -

La crise mondiale frappe les plus vulnérables

La crise financière mondiale s’étend bien au-delà de Wall Street et du secteur bancaire européen, elle a désormais des conséquences sur la vie des personnes les plus vulnérables du globe, comme le montre une analyse menée par l’UNESCO.

Cette analyse, préparée par l’équipe du Rapport Mondial de Suivi sur l’Education pour Tous, a été présentée aujourd’hui au Siège de l’Organisation lors de la première séance du Forum du Futur, consacrée à l’impact de la crise économique et financière sur le multilatéralisme et l’UNESCO. Les auteurs se penchent sur l’impact potentiel de la récession économique sur les objectifs de développement humain fixés par la communauté internationale. Ils estiment que la baisse de croissance prévue pour 2009 coûtera aux 390 millions de personnes d’Afrique sub-saharienne vivant dans une pauvreté extrême, 18 milliards de dollars, soit 46 dollars par personne. La perte envisagée représente 20 % du revenu par habitant chez les populations pauvres d’Afrique – un chiffre qui dépasse de très loin les pertes subies dans le monde développé.

“De tels chiffres vont se traduire dans les régions qui enregistraient des progrès en matière de réduction de la pauvreté par une pause inquiétante” prévient Kevin Watkins, Directeur du Rapport Mondial de Suivi de l’UNESCO.

Cette étude met également en lumière le fait que le développement humain risque de subir un impact plus large, notamment avec une perspective d’augmentation de la mortalité infantile, comprise entre 200 000 et 400 000 enfants. La malnutrition, qui va déjà crescendo, sera l’une des causes principales de la hausse du taux de mortalité chez les enfants. “A cause de cette crise financière, des millions d’enfants sont confrontés à la perspective de souffrir de lacunes cognitives irréversibles sur le long-terme,” a commenté Patrick Montjourides, l’un des auteurs.

La faible capacité fiscale des pays les plus pauvres limite leur possibilité de protéger leurs citoyens de la crise. En utilisant un nouvel indicateur de capacité fiscale prenant en compte les déficits budgétaires, les ratios dette publique/PIB, recettes/PIB et aide/PIB, l’analyse estime que 43 pays à faible revenu sur 48 n’ont pas la capacité de mettre en place des mesures fiscales incitatives en faveur des populations pauvres.

Les contraintes fiscales sont particulièrement fortes dans les pays qui sont loin d’atteindre les objectifs de développement humain fixés par la communauté internationale. Dans une estimation portant sur 43 pays considérés par la Banque Mondiale comme très vulnérables, on constate que 27 de ces pays les plus éloignés de l’éducation primaire universelle ne disposent pas de marge de manœuvre fiscale. Il y a un risque réel que ces pays, dont beaucoup avaient fait des progrès en matière d’éducation primaire, essuient désormais des revers. Le groupe des pays à risque comprend le Mozambique, l’Ethiopie, le Mali, le Sénégal, le Rwanda et le Bangladesh.

Une aide accrue pourrait aider à réduire la pression fiscale, mais les budgets d’aide au développement sont soumis à une pression croissante. L’étude estime que l’engagement de l’UE - fournir d’ici à 2010 une aide équivalent à 0,56 % du PIB – va être revu à la baisse, en raison des projections de croissance pessimistes. La valeur financière réelle de cet engagement en 2010 devrait être réduite de 4,6 milliards de dollars, selon les auteurs.

“Les donateurs pourraient clairement faire beaucoup plus pour protéger les populations les plus pauvres de la planète d’une crise engendrée par les financiers les plus aisés et née d’une défaillance de contrôle dans les pays riches,” a ajouté Kevin Watkins. Il souligne l’ampleur de l’écart entre les 7 milliards de dollars d’aide estimés nécessaires pour permettre aux pays à faible revenu d’atteindre les objectifs clés en matière d’éducation, et les 380 milliards de dollars d’argent public injectés dans les systèmes bancaires au cours du dernier trimestre 2009.

« Nous ne pouvons pas laisser les pays riches se servir de la crise comme d’une excuse pour tourner le dos aux pauvres de la planète », a déclaré le Directeur général de l’UNESCO, Koïchiro Matsuura. « Les mesures de relance de la croissance et de stabilisation du système financier doivent être couplées avec des efforts accrus en vue de résoudre les problèmes structurels de pauvreté et d’inégalité ».

Les auteurs appellent à un effort international concerté visant à limiter l’impact de la crise financière sur les populations pauvres. Les mesures requises comprennent, notamment, une augmentation de plus de 500 milliards de dollars des droits de tirages spéciaux sur le FMI, ainsi que des réformes en matière de gouvernance afin de donner davantage de poids aux pays en voie de développement. Ils demandent également à l’UE de fournir 4,6 milliards de dollars d’aide supplémentaire. Selon eux, ce complément d’aide financière pourrait servir à mettre en place des programmes de couverture sociale et des filets de sécurité en faveur des populations les plus vulnérables.




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