Chao-Ling Chien, analyste de données à l’ISU, présente les principales tendances des femmes dans l’enseignement supérieur.
Quelle est la place des femmes aujourd’hui dans l’enseignement supérieur ?
Au cours des quarante dernières années, l’accès à l’enseignement supérieur des femmes a augmenté à un rythme sans précédent. Le nombre de femmes inscrites dans l’enseignement supérieur a connu une augmentation près de deux fois plus rapide que celui des hommes depuis 1970.
Quelles sont les différences au niveau régional ?
Les femmes ont rattrapé les hommes en Amérique du Nord et en Europe de l’Ouest dans les années soixante-dix et ont même dépassé les taux de participation des hommes au début des années quatre-vingt. Une tendance similaire a été observée dans les années quatre-vingt dix en Amérique Latine et dans les Caraïbes ainsi qu’en Asie Centrale. Ceci étant dit – les femmes ont bénéficié d’un certain avantage dans les anciens pays communistes d’Europe Centrale et de l’Est ces quarante dernières années.
La vraie bonne nouvelle concerne les États Arabes ainsi que l’Asie de l’Est et le Pacifique. Après des années de croissance constante dans le taux de participation des femmes, les deux régions ont atteint la parité des genres.
Cependant les femmes continuent à être désavantagées en Asie du Sud et de l’Ouest ainsi qu’en Afrique sub-saharienne. Cela est dû en partie au fait que relativement peu d’étudiants ont la possibilité de poursuivre dans l’enseignement supérieur en général. Lorsque les opportunités d’enseignement sont rares, il semblerait que les femmes aient encore moins la possibilité d’y avoir accès.
En Afrique sub-saharienne, on compte seulement 62 étudiantes femmes pour 100 étudiants hommes. En Asie du Sud et de l’Ouest, on compte 74 femmes inscrites dans l’enseignement supérieur pour 100 étudiants hommes.
Est-ce que ces tendances confirment l’existence d’un lien entre la participation et la richesse nationale ?
A l’échelle mondiale, les femmes ont plus de chance de poursuivre des études supérieures dans les pays où le niveau de richesse est élevé.
Dans la plupart des pays riches, les étudiantes femme ont clairement surpassé les hommes dans l’enseignement supérieur. En Islande, les femmes sont presque deux fois plus susceptibles de suivre des études supérieures que les hommes. Aux États-Unis et dans la Fédération de Russie, on compte respectivement environ 129 et 126 étudiantes femme pour 100 étudiants homme. La même situation est observée dans les pays d’Amérique Latine, comme l’Argentine, le Brésil et le Venezuela.
Par comparaison, dans les pays comme l’Éthiopie, l’Érythrée, la Guinée et le Niger – où le Produit Intérieur Brut (PIB) par habitant est en dessous de 3000 PPP $ - on compte moins de 35 étudiantes dans l’enseignement supérieur pour 100 étudiants.
En réalité, il n’y a que 7 pays au monde où les taux brut de scolarisation sont égaux pour les hommes et les femmes : le Chili, la Colombie, le Guatemala, la Région administrative spéciale de Hong Kong en Chine, le Mexique, le Swaziland et la Suisse.
Donc à l’échelle mondiale, il semblerait que les femmes aient l’avantage sur les hommes…
Ces données ne reflètent pas totalement la réalité. Les femmes font face à des obstacles importants dans leur progression scolaire vers des emplois dans la recherche. Quand on regarde les données sur l’enseignement supérieur, - le nombre effectif de diplômés - les femmes diplômées sont presque aussi nombreuses que les hommes diplômés au niveau de la Licence. Les femmes ont ensuite plus tendance que les hommes (56 %) à obtenir un diplôme de Maîtrise. Cependant, les hommes seraient virtuellement plus nombreux que les femmes aux niveaux les plus élevés de l’enseignement dans tous les pays, représentant 56 % des diplômés des doctorants et 71 % de tous les chercheurs.
Quels domaines d’études sont les plus populaires chez les femmes ?
Les femmes sont autant diplômées que les hommes dans les domaines des Sciences, Sciences sociales, commerce et droit. L’Éducation est également un autre domaine d’étude très populaire chez les femmes – dans certains pays, 9 diplômés en Éducation sur dix sont des femmes.
En revanche, les hommes continuent à être dominants dans les domaines de l’Ingénierie, de l’industrie de transformation et de la construction. Ils ont également plus tendance à choisir des diplômes en Informatique.
Quelles sont les implications politiques de ces données ?
On devrait me semble-t-il commencer par prendre en considération ce que les chiffres ne nous disent pas. Le fait qu’un nombre de plus en plus élevé de femmes poursuive des études supérieures ne signifie pas qu’il y a moins d’opportunité pour les hommes. La hausse de participation des femmes peut être attribuée à l’évolution sociale et aux mouvements féministes qui sont apparus dans le monde dans les années 60 et 70.
Et sûrement le plus important, nous devons reconnaître que la surreprésentation des femmes dans l’enseignement supérieur n’est pas reflétée sur le marché du travail. Des études de l’OCDE et d’autres organisations ont montré que les femmes ne sont pas sur le même pied d’égalité que les hommes en termes de salaire et de position décisionnelle, même si elles ont les mêmes ou de meilleures qualifications en terme d’éducation.
Pour en savoir plus, consultez le Recueil de données mondiales sur l'éducation 2010.