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 » Rationaliser le développement de médicaments, une priorité pour le chef de file mondial en sciences de la vie
26.01.2017 - Natural Sciences Sector

Rationaliser le développement de médicaments, une priorité pour le chef de file mondial en sciences de la vie

© Shutterstock/Matej Kastelic, Comment développer de meilleures thérapies, plus rapidement et à moindre coût ?

Selon le Rapport de l’UNESCO sur la science, « avec 46 % des dépenses mondiales de recherche-développement (R&D) dans le domaine des sciences de la vie, les États-Unis sont les leaders mondiaux en la matière ». En 2014, six des 50 groupes(1) biopharmaceutiques mondiaux qui investissaient le plus en recherche-développement étaient américains. En 2013, les groupes pharmaceutiques américains ont dépensé 40 milliards de dollars en recherche-développement aux États-Unis et près de 11 milliards de dollars à l’étranger.

Quelque 51% des dépenses fédérales dans la recherche étaient consacrées aux sciences de la vie en 2011. Pourtant, ces dépenses « n’ont pas augmenté aussi vite que l’inflation ces dernières années, malgré les nouveaux besoins d’une population vieillissante, » constate le rapport. En dépit des efforts du gouvernement pour augmenter le financement de la recherche, la politique d’austérité du Congrès avait largement prévalu. La concrétisation des priorités de l’exécutif ces dernières années doit donc beaucoup à la collaboration entre le gouvernement, l’industrie et le secteur à but non lucratif. Ceci est particulièrement vrai pour le secteur de la santé, qui a été une priorité de l’administration Obama au même titre que le changement climatique.

De meilleures thérapies, plus rapidement et à moindre coût

Un des objectifs principaux de l’administration Obama en matière de politique a été de développer des thérapies plus ciblées, tout en réduisant le coût et la durée de leur mise au point. « La durée de fabrication d’un nouveau médicament dépasse de loin la décennie et le taux d’échec excède les 95 % », rappelle le rapport. « Les échecs les plus coûteux sont ceux qui se produisent lors des dernières phases d’essai. Il est donc essentiel d’identifier les bonnes cibles biologiques (gènes, protéines et autres molécules) le plus tôt possible au cours du processus de développement, afin de concevoir des médicaments plus rationnels et des traitements mieux adaptés ».

La loi sur les traitements pour le XXIe siècle (21st Century Cures) a été promulguée par le président le 13 décembre 2016, un an après la parution du Rapport de l’UNESCO sur la science. Le rapport avait prédit que, « si elle était adoptée, cette loi modifierait la réalisation des essais cliniques en autorisant de nouveaux types d’essais adaptatifs prenant en compte des paramètres personnalisés, tels que les biomarqueurs et la génétique ». Le rapport avait pourtant fait remarquer que « cette disposition suscite la controverse, certains médecins mettant en garde contre le risque d’accorder trop d’importance aux biomarqueurs en tant qu’indicateurs d’efficacité, dans la mesure où ceux-ci ne reflètent pas forcément l’amélioration de l’état de santé d’un patient ».

Une autre initiative gouvernementale cherche à augmenter le nombre de diagnostics et de thérapies pour les patients tout en réduisant la durée et le coût de leur développement. Le Partenariat pour l’accélération des traitements a été lance en février 2014. Au cours des cinq années jusqu’en 2019, ce partenariat public-privé développera jusqu’à cinq projets pilotes relatifs au traitement de trois maladies courantes mais difficiles à soigner : la maladie d’Alzheimer, le diabète de type 2 (chez l’adulte) et deux maladies auto-immunes, la polyarthrite rhumatoïde et le lupus.

Le partenariat rassemble les Instituts nationaux de santé et l’Agence américaine des médicaments et des produits alimentaires, ainsi que 10 groupes biopharmaceutiques et plusieurs organismes à but non lucratif. Trois de ces groupes biopharmaceutiques ne sont pas américaines, à savoir GlaxoSmithKline (Royaume-Uni), Sanofi (France) et Takeda (Japon).

Les laboratoires s’engagent à partager des échantillons (sang, tissus du cerveau prélevés chez des patients décédés) nécessaires pour identifier les biomarqueurs. Ils participeront également aux essais cliniques des Instituts nationaux de santé. Point essentiel, les partenaires industriels ont accepté de rendre toutes les données et analyses issues du partenariat accessibles à l’ensemble de la communauté de la recherche biomédicale. Ils se sont engagés à n’utiliser aucune découverte pour développer leurs propres médicaments, tant que les résultats n’auront pas été rendus publics.

En avril 2013, le gouvernement a annoncé un autre partenariat public-privé, cette fois-ci afin de mettre en œuvre l’Initiative BRAIN (Brain Research through Advancing Innovative Neurotechnologies), dont l’objectif est d’exploiter les technologies dans les domaines de la génétique, de l’optique et de l’imagerie pour visualiser les neurones et les circuits complexes du cerveau, afin de mieux comprendre son fonctionnement et sa structure.

En deux ans, l’Initiative BRAIN a rassemblé des engagements de plus de 300 millions de dollars en ressources d’agences fédérales (Instituts nationaux de santé, Agence américaine des médicaments et des produits alimentaires, Fondation nationale pour la science, etc.), du secteur privé (National Photonics Initiative, General Electric, Google, GlaxoSmithKline, etc.) et du secteur philanthropique (fondations et universités).

Autre priorité gouvernementale en matière de santé, la médecine de précision, définie comme le fait de « donner le bon traitement au bon patient au bon moment ». La médecine de précision consiste à ajuster le traitement aux caractéristiques physiologiques, biochimiques et génétiques de chaque patient. Dans la proposition budgétaire qu’il a défendue pour 2016, le président a proposé qu’une enveloppe de 215 millions de dollars soit partagée entre les Instituts nationaux de santé, l’Agence américaine des médicaments et des produits alimentaires et lnstitut national du cancer, afin de financer une initiative pour une médecine de precision.

Entre 2005 et 2010, les entreprises pharmaceutiques et biopharmaceutiques ont augmenté leurs investissements dans la médecine de précision de près de 75 %, et une nouvelle augmentation de 53 % est prévue d’ici 2015. Entre 12 et 50 % des médicaments en cours de développement par ces entreprises sont liés à la médecine personnalisée.

Explosion du prix des médicaments sur ordonnance

Une préoccupation majeure en matière de politique concerne la hausse vertigineuse du prix des médicaments, dans un pays où le prix de consommation des médicaments est en grande partie non régulé. De janvier 2008 à décembre 2014, le prix des médicaments non génériques d’usage courant a augmenté d’un peu plus de 127 %, alors que le prix des médicaments génériques couramment prescrits a baissé de près de 63 %. Le Wall Street Journal a fait état d’augmentations allant jusqu’à 600 % pour certains médicaments non génériques.

En 2014, les dépenses de médicaments sur ordonnance ont atteint 374 milliards de dollars. « Contre toute attente », rappelle le rapport, « cette soudaine augmentation n’a pas été causée par les millions d’Américains qui doivent au Patient Protection and Affordable Care Act de 2010 de bénéficier pour la première fois d’une couverture de santé (et qui ne représentent qu’un milliard de dollars de dépenses supplémentaires), mais par les nouveaux traitements, très coûteux, contre l’hépatite C (11 milliards de dollars de dépenses supplémentaires) ».

« Environ 31 % des dépenses ont concerné des régimes thérapeutiques spécialisés pour soigner les maladies inflammatoires, la sclérose en plaques, les cancers, l’hépatite C, le VIH, etc. Les traitements traditionnels contre le diabete, les taux élevés de cholestérol, la douleur, la tension artérielle et les maladies cardiaques, l’asthme, la dépression, etc., ont représenté 6,4 % des dépenses ».

Selon le Rapport de l’UNESCO sur la science, on voit se dessiner une nouvelle tendance aux États-Unis, avec l’acquisition de produits pharmaceutiques par octroi de licence, rachat, fusion ou acquisition, qui entraîne « une hausse vertigineuse » des prix.

Au cours du premier semestre 2014, les opérations de fusion et d’acquisition ont totalisé 317,4 milliards de dollars. Au cours du premier trimestre 2015, l’industrie pharmaceutique a représenté un peu plus de 45 % de l’ensemble des fusions et acquisitions réalisées aux États-Unis. Plusieurs groupes pharmaceutiques ont réalisé des fusions stratégiques ces dernières années afin de transférer leur siège à l’étranger pour des raisons d’optimisation fiscale. La tentative de Pfizer pour prendre le contrôle du groupe pharmaceutique britannique Astrazeneca a échoué en 2014, après que Pfizer a admis qu’il envisageait de réduire le budget de recherche s’il parvenait à racheter son concurrent britannique.

Forte hausse de l’investissement en capital-risque

Le Rapport de l’UNESCO sur la science cite l’Association nationale du capital-risque, qui rapportait qu’en 2014, les investissements en capital-risque dans les sciences de la vie ont atteint leur niveau le plus élevé depuis 2008, avec 789 opérations d’un montant cumulé de 8,6 milliards de dollars, dont 470 opérations d’un montant total de 6 milliards de dollars dans le seul domaine des biotechnologies. Deux tiers (68 %) des investissements réalisés dans le domaine des biotechnologies ont concerné des entreprises en phase de création/ démarrage, et le reste des entreprises en phase de croissance (14 %), d’amorçage (11 %) et de postcréation (7 %).

C’est pourtant l’industrie du logiciel qui arrive en tête avec 19,8 milliards de dollars investis dans 1 799 operations. Viennent ensuite les sociétés Internet, qui ont rassemble 11,9 milliards de dollars d’investissement repartis sur 1 005 opérations.Un grand nombre de ces sociétés sont basées dans l’État de Californie, qui a lui seul concentre 28% de la recherche des États-Unis

Au total, les investissements en capital-risque ont atteint 48,3 milliards de dollars en 2014, pour 4 356 opérations. Selon l’Association nationale du capital-risque, il s’agit d’ « une augmentation de 61 % de la valeur des investissements et de 4 % du nombre des opérations par rapport à l’année précédente. ».

Faire baisser les prix auprès du consommateur

La loi sur la concurrence et l’innovation des prix des produits biologiques (Biologics Price Competition and Innovation Act) a été promulguée en mars 2010, afin de favoriser la mise en concurrence des médicaments génériques et ainsi limiter l’inflation du prix des médicaments les plus chers . Il s’agit d’un cadre réglementaire permettant de raccourcir la procédure d’autorisation de mise sur le marché des médicaments biologiques qui sont considérés comme « biosimilaires » ou « interchangeables » avec des médicaments biologiques déjà homologués. L’adoption de la loi intervient alors que les brevets de nombreux médicaments biologiques vont expirer au cours de la prochaine décennie.

Bien que le Biologics Price Competition and Innovation Act ait été adopté en 2010, il a fallu attendre 2015 pour voir l’Agence américaine des médicaments et des produits alimentaires homologuer le premier médicament biosimilaire, à savoir le Zarxio, produit par Sandoz. Son produit biologique de référence, le Neupogen, est un médicament anticancéreux qui stimule la production de globules blancs pour lutter contre les infections.

En septembre 2015, un tribunal americain a debouté Amgen, le fabricant du Neupogen, qui entendait faire interdire la commercialisation du Zarxio aux États-Unis. Le Neupogen coûte environ 3 000 dollars par cycle de chimiotherapie ; le Zarxio, commercialisé depuis le 3 septembre 2015 aux États-Unis, est 15 % moins cher.

En Europe, ce biosimilaire a été approuvé des 2008 et il est commercialisé depuis sans incident. Le retard pris par les États-Unis pour élaborer une procédure d’autorisation a fait l’objet de critiques, d’aucuns soutenant qu’il constitue un obstacle à l’accès aux traitements à base de produits biologiques.

Le rapport constate que l’économie réelle que représente l’utilisation de biosimilaires est difficile à évaluer. Une étude réalisée en 2014 par l’Institut Rand estime qu’elle pourrait se situer entre 13 et 66 milliards de dollars sur la période 2014-2024, en fonction du degré de concurrence et des cadres d’homologation réglementaire de l’Agence américaine des médicaments et des produits alimentaires.

Contrairement aux médicaments génériques, des tests minimaux et bon marché ne peuvent suffire à prouver la biosimilarité et à homologuer les biomédicaments. Les biomédicaments étant des substances complexes et hétérogènes, produites à partir de cellules vivantes, on ne peut les reproduire de façon exacte. Les essais cliniques doivent donc démontrer qu’ils sont fortement semblables a un produit biologique de référence et qu’ils ne présentent pas de différences significatives en termes d’efficacité thérapeutique et d’innocuité par rapport à celui-ci ». Le rapport conclue que « les coûts de développement dépendront en grande partie du nombre d’essais cliniques nécessaires ».

(1) Les 50 premières entreprises mondiales en volume de R&D, 2014

Source: adapté de Stewart, S. et Springs, S. (2015) États-Unis d’Amérique. Dans: Rapport de l’UNESCO sur la science: vers 2030




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