<
 
 
 
 
×
>
You are viewing an archived web page, collected at the request of United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization (UNESCO) using Archive-It. This page was captured on 01:56:18 Jan 29, 2017, and is part of the UNESCO collection. The information on this web page may be out of date. See All versions of this archived page.
Loading media information hide
17.01.2017 - Natural Sciences Sector

Les communautés économiques régionales servent de canal pour la coopération Sud-Sud en sciences

© Maciej Nalecz/UNESCO, SESAME, le nouveau centre synchrotron en Jordanie

De plus en plus, les communautés économiques régionales servent de canal pour la coopération Sud-Sud en sciences, selon le Rapport de l’UNESCO sur la science : vers 2030. Beaucoup d’entre elles auraient puisé leur inspiration dans le modèle européen.

Le plus souvent, la planification à long terme des communautés régionales dans le Sud s’accompagne de l’adoption de politiques ou de stratégies scientifiques. Ainsi, la Politique en matière de science et de technologie adoptée par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en 2011 « fait partie intégrante de Vision 2020 », la feuille de route de la sous-région à l’horizon 2020.

Le Protocole du Marché commun de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Est (2010) contient des dispositions en faveur de la recherche axée sur le marché, la promotion de la recherche industrielle, ainsi que le transfert, l’acquisition, l’adaptation et le développement des technologies modernes. Les États doivent collaborer avec la Commission scientifique et technologique d’Afrique de l’Est et créer un fonds de développement de la recherche et de la technologie chargé de mettre en oeuvre les dispositions du protocole.

Selon le rapport, « bien que la mission de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ANASE) ait toujours été de créer un marché unique comparable au modèle européen, les dirigeants admettent depuis longtemps que la réussite de l’intégration économique dépendra de la manière dont les États membres parviennent à assimiler la science et la technologie ». Lors de son adoption en 1997, la Vision 2020 de l’ANASE affichait déjà l’objectif d’« assurer la compétitivité technologique de la région d’ici 2020 ».

Le Plan d’Action de l’ANASE pour la science, la technologie et l’innovation, qui couvre la période 2016–2020, « a pour objectif de renforcer les capacités scientifiques dans les États membres membres en favorisant les échanges entre les chercheurs de la région et au-delà ». La toute nouvelle Communauté économique d’ANASE devrait favoriser davantage de coopération scientifique entre ses membres, tout en valorisant le rôle du Réseau universitaire d’ANASE, qui compte déjà une trentaine de membres.

Autre nouveauté : l’Union des nations de l’Amérique du Sud (UNASUR). Conçue, elle aussi, selon le modèle européen, elle adhère au principe de libre circulation des personnes, des marchandises, des capitaux et des services au sein de sa communauté. Elle compte établir une monnaie commune et un parlement commun et envisage de normaliser les études universitaires. L’UNASUR prévoit d’exploiter les blocs commerciaux existants, à l’instar du Marché commun du Sud (MERCOSUR) et de la Communauté andine, plutôt que de créer de nouvelles institutions.

Parmi les communautés économiques régionales établies de longue date, toutes n’ont pas évolué au même rythme. Ainsi, « depuis sa création en 1985, les efforts de l’Association sud-asiatique de coopération régionale (ASACR) en faveur de l’intégration régionale du commerce et d’autres domaines tels que la science, la technologie et l’innovation n’ont pas remporté le même succès que ceux de l’ANASE », analyse le rapport. « ‘L’Asie du Sud demeure l’une des régions les moins intégrées sur le plan économique : le commerce infrarégional n’y représente en effet que 5 % du total des échanges ».

L’université d’Asie du Sud, qui a ouvert ses portes en 2010 et entend devenir un centre d’excellence, fait figure d’exception. C’est l’Inde qui fournit les locaux, mais les coûts d’exploitation sont répartis entre les huits pays membres de l’ASACR, dans des proportions convenues entre eux. L’admission est régie par un système de quotas et les étudiants bénéficient de bourses d’études. En 2013, l’université a reçu 4 133 demandes d’inscription des huit pays sud-asiatiques, soit deux fois plus qu’en 2012. A lui seul, le programme de doctorat en biotechnologie, qui ne proposait que 10 places, a fait l’objet de 500 demandes.

Certaines stratégies régionales se sont heurtées à des écueils qui ont retardé leur mise en oeuvre. C’est le cas notamment du Protocol sur la science, la technologie et l’innovation, qui a été adoptée en 2008 par les 15 membres de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), mais ratifié depuis par seulement quatre d’entre eux : Afrique du Sud, Botswana, Maurice et Mozambique. Pour entrer en vigueur, il doit être ratifié par au moins 10 États membres. Bien que le Ministère de la science et la technologie sud-africain ait estimé, dans un rapport de 2011, que « le protocole constitue une étape essentielle vers l’intégration régionale, avec une croissance régulière de la coopération bilatérale cofinancée », il a toutefois indiqué que « le bureau régional de sciences, technologie et innovation souffre d’un manque de ressources persistant et qu’il est globalement inefficace, d’où une certaine réticence des États membres à le financer”.

La feuille de route actuelle de la région arabe est la Stratégie arabe pour la science, la technologie et l’innovation, approuvée en 2014 par le Conseil des ministres de l’éducation supérieur et de la recherche scientifique. Il exhorte les pays à renforcer la coopération internationale dans 14 disciplines scientifiques et secteurs économiques stratégiques, dont l’énergie nucléaire, les sciences de l’espace et les technologies convergentes comme la bio-informatique et la nanobiotechnologie. « La Stratégie omet cependant de préciser plusieurs aspects cruciaux », fait remarquer le rapport, « comme la délicate question de la prise en charge du cout élevé de sa mise en œuvre ».

Ce sont les États arabes d’Asie qui ont connu la plus rapide progression en matière de collaboration scientifique internationale entre 2008 et 2014 (+199%). Cinq économies arabes en développement comptent un, voire deux, pays en développement parmi leurs cinq partenaires privilégiés, à savoir : Iraq (Malaisie et Chine), Libye (Inde), Oman (Inde), Palestine (Égypte et Malaisie) et Yémen (Malaisie et Égypte).

Alors que cela fait 30 ans que le Conseil de coopération du Golfe encourage ses membres à diversifier leurs économies, l’Arabie saoudite, le Qatar et les Émirats arabes unis ont tous trois développé des secteurs non-pétroliers.

Cela fait des années que les Émirats arabes unis prônent la création d’une agence spatiale panarabe. En partenariat avec la société coréenne Satrec Initiative, l’Institut émirien pour les sciences et les technologies avancées à placé en orbite un premier satellite d’observation de la Terre en 2009, suivi d’un deuxième en 2013 et, normalement, un troisième cette année.

D’aucuns suggèrent de transformer le Conseil de coopération du Golfe en un bloc socioéconomique et politique régional calqué sur le modèle européen.

L’essor des centres d’excellence en Afrique

Une des stratégies clé du Plan d’action consolidé de l’Afrique dans le domaine de la science et de la technologie (CPA, 2005-2014) a été d’établir des réseaux de centres d’excellence sur le continent. Dix ans plus tard, ces réseaux sont en place et représentent une des grandes avancées de ce plan.

La plupart des réseaux sont spécialisés en biosciences. Quatre d’entre eux ont été créés en Égypte, au Kenya, au Sénégal et en Afrique du Sud, dans le cadre de l’Initiative pour les biosciences en Afrique. Ainsi, les instituts participants mettent à disposition leurs locaux en vue d’une utilisation au niveau sous-régional. Deux réseaux complémentaires basés au Kenya et au Burkina Faso se spécialisent respectivement dans l’amélioration de l’agriculture et la transformation des produits agricoles, dans le cas de Bio-innovate, et dans le conseil aux régulateurs chargés des questions de sécurité relative à l’introduction et au développement d’organismes génétiquement modifiés, dans le cas du Réseau africain d’expertise en biosécurité.

Un réseau de cinq instituts africains en sciences mathématiques a également vu le jour. Le premier d’entre eux a ouvert ses portes en Afrique du Sud den 2003 et les autres au Sénégal, au Ghana, au Cameroun et en Tanzanie entre 2012 et 2014. Chacun est spécialisé dans l’enseignement de troisième cycle, dans la recherche et dans la vulgarisation. Il est prévu d’étendre le réseau à 15 instituts à travers le continent, dans le cadre de l’Initiative Next Einstein. Le gouvernement du Canada a investi 20 millions de dollars des États-Unis dans le projet en 2010 et a été imité par de nombreux gouvernements africains et européens.

Ces réseaux ont un Tendon d’Achilles, pourtant, car ils sont nombreux à dépendre de dotations pour leur survie. Le Réseau de biosciences d’Afrique centrale et orientale, par exemple, dépend du soutien de l’Australie, du Canada et de la Suède, ainsi que de partenaires tels que la Fondation Syngenta pour une agriculture durable et la Fondation Bill and Melinda Gates. Une évaluation de 2014 a conclu que le réseau restait « financièrement vulnérable ».

« Presque aucun Etat n’ayant augmenté ses dépenses en recherche-développement au niveau fixé de 1 % du PIB, plus de 90 % des fonds mobilises pour la mise en oeuvre du CPA provenaient de donateurs bilatéraux et multilatéraux », a conclu une évaluation d’experts citée par le Rapport de l’UNESCO sur la science. L’évaluation a également pointé le fait que « l’échec du projet de création d’un Fonds africain pour la science et la technologie constitue l’une des faiblesses flagrantes et typiques du CPA ; les modestes résultats enregistrés doivent être considérés dans ce contexte ».

Le rapport fait remarquer que, bien que la feuille de route de la décennie à venir, à savoir la Stratégie science, technologie et innovation pour l’Afrique (STISA-2024), estime « qu’il est urgent de constituer un Fond africain pour la science, la technologie et l’innovation », STISA-24 n’établit aucun mécanisme de financement particulier. Alors que, par ailleurs, STISA-2024 place la science, la technologie et l’innovation à l’épicentre du développement socio-économique et de la croissance de l’Afrique.

L’Institut de l’Afrique de l’Ouest est le fruit d’un partenariat public-privé entre la banque panafricaine Ecobank, la CEDEAO, le gouvernement de Cabo Verde, l’Union économique et monétaire ouest-africaine (l’UEMOA) et l’UNESCO. Ce groupe de réflexion a été créé en 2010 à Praia (Cabo Verde) afin de servir de trait d’union entre la politique et la recherche dans le processus d’intégration régionale. Il mène des travaux de recherche en tant que prestataire de services pour les institutions publiques régionales et nationales, le secteur privé, la société civile et les médias.

En 2012, l’UEMOA a désigné 14 centres d’excellence parmi les universités dans ses pays membres, à savoir le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger et le Togo. Ce label permet aux institutions concernées de recevoir une aide financière de l’UEMOA pendant deux ans. Dans le cadre de sa Politique en matière de science et de technologie, la CEDEAO compte également sélectionner plusieurs centres d’excellence par voie de concours.

Un monde caractérisé de plus en plus par des blocs économiques

Il y a une nette tendance en Afrique subsaharienne vers davantage d’intégration régionale. La science est perçue comme étant un moyen d’atteindre cet objectif. Les différentes communautés régionales renforcent leurs liens en vue de la création d’une Communauté économique africaine d’ici 2028. Ainsi, les cinq membres de la Communauté d’Afrique de l’Est (Burundi, Kenya, Rwanda, Tanzanie et Ouganda) ont formé un marché commun en 2010. Ils prévoient d’adopter une monnaie commune d’ici 2023 et de créer un Espace commun de l’enseignement inspiré du modèle européen. En 2015, la Communauté d’Afrique de l’Est a signé un Accord de libre-échange tripartite avec le Marché commun de l’Afrique orientale et australe (20 pays) et la SADC (15 pays).

L’intégration économique africaine est cependant gênée par la structure similaire des économies (basées sur l’exploitation minière et l’agriculture), la faible diversification économique et le commerce infrarégional peu développé, qui représente seulement 12 % du commerce total en Afrique, contre 55 % en Asie et 70 % en Europe.

Néanmoins, « l’obstacle le plus redoutable à l’intégration régionale est probablement la réticence de chacun des gouvernements à renoncer à sa souveraineté nationale ». Le rapport insiste sur « le besoin de plus en plus pressant pour l’Afrique de s’engager de manière unifiée dans un monde de plus en plus caractérisé par la présence de blocs économiques et de grandes puissances économiques émergentes ».

Ralph Consalves, Premier Ministre de Saint-Vincent-et-les Grenadines et ancien président de la Communauté des Caraïbes (Caricom) a fait écho de ce sentiment en 2013, « il est évident … que notre région aura beaucoup plus de mal à relever les immenses défis auxquels elle est et sera confrontée si nos gouvernements et nos peuples n’adhèrent pas fermement à un régionalisme plus mur et plus poussé. »

Le Plan stratégique pour la Communauté des Caraïbes couvrant la période 2015–2019 se fixe justement cet objectif. Il propose une approche axée sur une politique étrangère commune, d’une part, et sur la recherche-développement et l’innovation, d’autre part. Afin d’améliorer la coordination entre les quatre organisations régionales existantes (Fondation des Caraïbes pour la science, Cariscience, Académie des sciences des Caraïbes et le Conseil des Caraïbes pour la science et la technologie), un Comité de la science, de la technologie et de l‘innovation a été mis sur pied en 2014 par Keith Mitchell, Premier Ministre de la Grenade et responsable de la science et de la technologie au sein de la Caricom.

Le développement industriel : priorité de la coopération Sud-Sud

Les pays du Sud ont tendance à collaborer dans des domaines à fort potentiel industriel. Le projet Biotech en est un bon exemple. Il s’appuie sur les compétences existantes en matière de recherche afin d’accroitre la compétitivité des secteurs productifs au sein de Mercosur : Argentine, Brésil, Paraguay, Uruaguay, Vénézuela. La deuxième phase, Biotech II, couvre les projets régionaux d’innovation biotechnologique lies a la santé humaine (diagnostic, prévention et développement de vaccins contre les maladies infectieuses, cancer, diabète de type 2 et maladies auto-immunes), à la production de biomasse (cultures traditionnelles et non traditionnelles), aux processus d’élaboration des biocarburants et à l’évaluation de leurs sous-produits.

La bio-industrie est également au centre du Programme de biotechnologies innovantes (2011-2015) qui a été mis en place par la Communauté économique eurasienne (depuis remplacé par l’Union économique eurasienne, en janvier 2015). Dans le cadre de ce programme, des prix étaient accordés lors d’une exposition et d’une conférence annuelles consacrées à la bio-industrie. En 2012, 86 organismes russes, 3 du Bélarus, 1 du Kazakhstan et 3 du Tadjikistan ont participé, ainsi que deux groupes allemands de recherche scientifique.

Fait intéressant : le Kazakhstan, pourtant pays de rente pétrolière, a participé à ce programme. Vladimir Debabov, directeur scientifique de Genetika, l’Institut étatique de recherche en génétique et de sélection des microorganismes industriels, en Fédération de Russie, a souligné l’importance cruciale que revêt le développement de la bio-industrie. « Dans le monde actuel, nous avons de plus en plus tendance à remplacer les produits pétrochimiques par des sources biologiques renouvelables, a-t-il déclaré. « La croissance de la biotechnologie est deux ou trois fois plus rapide que celle des produits chimiques. »

En 2013, la Fédération de Russie (par le biais de la Russian Venture Company, société de capital-risque), le Bélarus et le Kazakhstan ont mis leurs ressources en commun pour créer le Centre pour les technologies innovantes. Les projets sélectionnés peuvent bénéficier d’un financement compris entre 3 et 90 millions de dollars des États-Unis et sont mis en œuvre dans le cadre de partenariats public-privé. Les premiers projets approuvés concernent les superordinateurs, les technologies spatiales, la médecine, le recyclage du pétrole, les nanotechnologies et l’utilisation écologique des ressources naturelles. Une fois que ces projets initiaux auront débouché sur des produits commercialisables, la société de capital-risque envisage de réinvestir les profits réalisés dans de nouveaux projets.

De son côté, Iran s’investit dans la nanotechnologie sur le plan international. En 2008, son Conseil d’initiative en matière de nanotechnologie a créé le réseau Econano, afin de promouvoir le développement scientifique et industriel de la nanotechnologie chez les membres de l’Organisation de coopération économique, à savoir : Afghanistan, Azerbaïdjan, Kazakhstan, Kirghizistan, Pakistan, Tadjikistan, Turquie, Turkménistan et Ouzbékistan.

Fréquemment, le développement industriel est également un objectif de la coopération scientifique bilatérale. Ainsi, l’Inde et le Sri Lanka ont créé un Comité conjoint sur la science et la technologie en 2011, parallèlement à un programme de recherche conjoint. Lancé en 2012, le premier appel à propositions couvrait des axes de recherche dans plusieurs domaines : science et technologie alimentaires, applications de la technologie nucléaire, océanographie et sciences de la Terre, biotechnologie et produits pharmaceutiques, science des matériaux, recherche médicale (médecines traditionnelles comprises), infrastructure de données spatiales et science de l’espace. Deux ateliers bilatéraux organisés en 2013 ont débattu d’une éventuelle collaboration dans la recherche sur les modes d’administration transdermique de médicaments ainsi que sur les aspects cliniques, diagnostiques, chimiothérapeutiques et entomologiques de la leishmaniose, une maladie répandue en Inde et à Sri Lanka transmise à l’homme par la piqûre de phlébotomes infectés.

Les BRICS (Brésil, Fédération de Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) collaborent sur des projets scientifiques au niveau bilatéral, même si aucun ne compte un autre BRICS parmi ses cinq partenaires scientifiques les plus proches. Ainsi, le rapport qualifie de « dynamique » la collaboration bilatérale entre la Fédération de Russie et la Chine. Celle-ci repose sur le traité de bon voisinage, d’amitié et de coopération que les deux pays ont signé en 2001 et dont la mise en oeuvre fait l’objet de plans quadriennaux régulièrement renouvelés depuis. Des dizaines de projets conjoints sont mis en oeuvre à grande echelle. Ils concernent la construction de la première ligne électrique à très haute tension en Chine, la création d’un réacteur experimental à neutrons rapides, la réalisation de missions de prospection géologique en Fédération de Russie et en Chine, et la recherche conjointe dans les domaines de l’optique, de la transformation des métaux, de l’hydraulique, de l’aérodynamique et des piles à combustible a oxyde solide. Parmi les autres priorités de la coopération russo-chinoise dans le domaine de la haute technologie, on peut citer les lasers industriels et médicaux, la technologie informatique, l’énergie, l’environnement, la chimie, la géochimie, les procédés catalytiques et les nouveaux matériaux.

La Fédération de Russie et la Chine collaborent également dans le domaine de la navigation par satellite, au travers d’un projet rassemblant Glonass (l’équivalent russe du GPS) et Beidou (le système régional de navigation par satellite chinois). Les deux pays se sont aussi lancés dans l’étude conjointe des planètes du système solaire. Une entreprise russe résidente au Centre de l’innovation de Skolkovo, Optogard Nanotech, et l’entreprise chinoise Shandong Trustpipe Industry Group ont signé en 2014 un accord de long terme visant à promouvoir les technologies russes en Chine. En 2014, l’Université d’État de Moscou, la Russian Venture Company et la société de construction chinoise Chzhoda ont également signé un accord pour intensifier la coopération dans le domaine des technologies en vue de créer des maisons et des villes « intelligentes ».

D’abord centrée sur des échanges de connaissances et de projets, la collaboration russo‑chinoise tend désormais à privilégier les coentreprises. Depuis 2003, des technoparcs conjoints sont opérationnels dans les villes chinoises de Harbin, Changchun et Yantai, entre autres. Il est prévu d’y fabriquer des avions militaires et civils, des engins spatiaux, des turbines à gaz et d’autres gros équipements faisant appel aux innovations les plus récentes, et d’y produire à grande échelle des technologies russes mises au point par l’antenne sibérienne de l’Académie russe des sciences.

L’Afrique du Sud met sa puissance douce au service de la science

Alors que l’Afrique du Sud génère à elle seul environ un quart du PIB du continent, le pays peut se targuer d’être une puissance économique régionale. En 2012, il a investi plus dans de nouveaux projets à travers l’Afrique que tout autre pays du monde, selon le Rapport de l’UNESCO sur la science.

Depuis 1997, l’Afrique du Sud a conclu des accords bilatéraux formels dans les domaines de la science et de la technologie avec 21 autres pays africains. Les accords les plus récents ont été signés avec l’Éthiopie et le Soudan en 2014. Trois plans de mise en oeuvre conjoints, d’une durée de trois ans chacun, définissent des domaines d’intérêt commun. Dans ce cadre, la coopération passe souvent par la mutualisation des appels à propositions de recherche et du renforcement des capacités : partage des informations (et des infrastructures), ateliers, programmes d’échange pour les étudiants, aide au développement, etc.

Les sciences et les technologies spatiales sont une priorité pour 10 des 21 pays ayant signé un accord bilatéral avec l’Afrique du Sud. En 2012, l’Afrique du Sud et l’Australie ont remporté un appel d’offres pour la construction du plus grand radiotélescope au monde, le Square Kilometre Array (SKA), un projet d’un montant de 1,5 milliard d’euros. L’Afrique du Sud travaille en collaboration avec huit partenaires africains, dont six membres de la SADC : le Botswana, Madagascar, Maurice, le Mozambique, la Namibie et la Zambie, les deux autres pays étant le Ghana et le Kenya.

L’Afrique du Sud coopère également avec d’autres pays de la SADC en ce qui concerne l’acquisition de nouvelles compétences, par le biais du Programme africain de développement du capital humain du SKA, en vigueur depuis 2005. En 2012, le programme a octroyé environ 400 subventions à des étudiants en astronomie et en sciences de l’ingénieur, de la licence au niveau postdoctoral, et a également investi dans des programmes de formation destinés aux techniciens. Des cours d’astronomie sont également dispensés au Kenya, à Madagascar, à Maurice et au Mozambique.

En outre, un accord a été signé en 2009 entre l’Afrique du Sud, l’Algérie, le Kenya et le Nigéria concernant la réalisation de trois satellites en orbite terrestre basse dans le cadre de la Constellation de satellites pour la gestion des ressources africaines (ARMC). L’Afrique du Sud, censée en construire au moins un des trois, a démarré la construction du satellite ZA-ARMC1 en 2013. Les capacités acquises en matière d’observation de la Terre serviront dans les domaines de l’urbanisme, de la cartographie de l’occupation des sols, de l’anticipation et du suivi des catastrophes, de la gestion de l’eau, de la surveillance des gazoducs et oléoducs, etc.

Un nombre croissant de centres asiatiques s’orientent vers la coopération Sud-Sud

De plus en plus, les pays du Sud forgent des liens entre eux par le biais de centres régionaux ou internationaux. Ainsi, en 2014, Cariscience « a repousse ses limites » en dirigeant un séminaire sur l’entrepreneuriat technologique dans les Caraïbes à Tobago, avec le concours stratégique du Centre international pour la coopération Sud-Sud dans le domaine des sciences, de la technologie et de l’innovation en Malaisie. Ce dernier a été créé en 2008 sous l’égide de l’UNESCO.

Depuis cinq ans, la Chine a établi deux centres du même genre qui fonctionnent également sous l’égide de l’UNESCO. Le premier est le Centre régional de formation et de recherche sur les dynamiques de l’océan et le climat, inauguré en 2011. Il forme gratuitement de jeunes scientifiques issus, en particulier, de pays asiatiques en développement. Le deuxième est le Centre international de recherche et de formation pour la stratégie scientifique et technologique, qui a vu le jour en 2012 à Beijing. Il conçoit et dirige des programmes de coopération pour la formation et la recherche dans des domaines tels que l’analyse statistique et les indicateurs relatifs à la science et à la technologie, la prévision et la planification technologiques, le financement des politiques d’innovation et de développement de petites et moyennes entreprises, et les stratégies de lutte contre le changement climatique et de promotion d’un développement durable.

Pour sa part, l’Inde accueille le Centre régional des biotechnologies, le premier de ce type en Asie du Sud. Ce centre, qui a également été créé sous l’égide de l’UNESCO, fait partie du pôle de biotechnologie en cours de construction à Faridabad. Le centre propose des programmes spécialisés de formation et de recherche dans les « nouveaux domaines porteurs », comme l’ingénierie cellulaire et tissulaire, les nanobiotechnologies et la bio-informatique, l’accent étant mis sur l’interdisciplinarité.

En 2012, un Centre international pour la biotechnologie a été créé sous l’égide de l’UNESCO dans les locaux de l’Université du Nigéria, à Nsukka. Cette institution dispense des formations de haut niveau (notamment à l’échelle infrarégionale) et assure des activités d’enseignement et de recherche, en particulier dans les domaines relatifs à la sécurité alimentaire, à la conservation des récoltes, aux banques de gènes et aux maladies tropicales.

L’Iran accueille plusieurs centres de recherche internationaux, dont les trois suivants, créés au cours des cinq dernières années sous l’égide des Nations Unies : le Centre régional pour le développement des parcs scientifiques et des pépinières technologiques (UNESCO, créé en 2010), le Centre international de nanotechnologies, ayant pour mandat la purification de l’eau (ONUDI, créé en 2012) et le Centre régional d’enseignement et de recherche en océanographie pour l’Asie occidentale (UNESCO, créé en 2014).

L’Iran est aussi l’un des neuf membres d’un nouveau centre d’envergure en Jordanie qui emploie le Rayonnement synchrotron pour les sciences expérimentales et appliquées au Moyen-Orient (SESAME). La plupart des huit autres membres sont également des pays en développement : Bahrein, Chypre, Égypte, Israël, Jordanie, Pakistan, Autorité palestinienne et Turquie.

Les synchrotrons sont aujourd’hui des outils indispensables de la science moderne. Ils fonctionnent en accélérant à très grande vitesse un faisceau d’électrons dans un anneau de stockage. L’excès d’énergie produit une lumière intense. La source de rayonnement agit comme un appareil de radiographie ultraperfectionné qui permet aux chercheurs d’étudier un large éventail de matières, notamment des: virus, nouveaux médicaments, nouveaux matériaux et objets archéologiques. Il existe environ 50 anneaux de stockage opérationnels dans le monde, qui produisent ce type de rayonnement synchrotron. La plupart se trouvent dans des pays à revenu élevé, mais le Brésil et la Chine en possèdent également.

SESAME a été créé sous l’égide de l’UNESCO avant d’acquérir le statut d’organisation intergouvernementale indépendante. Sa mission est de devenir un centre régional d’excellence en recherche, tout en favorisant la coopération internationale. Désormais complètement opérationnel, le centre sera inauguré en mai de cette année.

Source: adapté du Rapport de l’UNESCO sur la science : vers 2030 (2015)

Composition des régions citées ici




<- retour vers News single view ES
Retour en haut de la page