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30.03.2016 - Sciences exactes et naturelles

L’Australie et le Canada prévoient d’augmenter leurs investissements dans les technologies propres.

Manifestation pour le climat à Toronto en Juillet 2015. © arindambanerjee / Shutterstock.com

Des actions récentes des Gouvernements australien et canadien sont le signe d’un recentrage de leurs politiques sur les technologies propres. Lors de la 21e Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP-21) de novembre dernier, Justin Trudeau, le Premier Ministre canadien nouvellement élu, s’est engagé à développer une économie durable s’appuyant sur des technologies propres et des emplois verts.

Quatre mois plus tard, le premier budget de son gouvernement tient ces promesses : 40,5 milliards d’euros seront investis sur dix ans dans les technologies vertes et une économie à faible émission de carbone, selon un article du Monde (1). De cette somme, 1,9 milliard sera affecté à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et à l’amélioration de la qualité de l’air, des sols et de l’eau. Ce budget a été adopté quelques semaines à peine après que Navdeep Bains, le Ministre de l'innovation, des sciences et du développement économique, a annoncé une série de projets novateurs, en déclarant que le temps était venu pour les entreprises canadiennes de saisir leur part du marché mondial des technologies propres (1).

Ce marché en pleine croissance devrait générer des recettes à hauteur de 6 400 milliards de dollars des États-Unis d’ici à 2023, d’après les prévisions de la Banque mondiale (1). Jusqu’à présent, la part du lion du financement de la recherche au Canada était réservée aux combustibles fossiles, note le Rapport de l’UNESCO sur la science : vers 2030, publié en novembre dernier.

Au sommet du G8 de 2006, Stephen Harper, le Premier Ministre précédent, avait affirmé que le Canada était une « superpuissance énergétique émergente ». Pendant les dix années qui ont suivi, les activités de recherche-développement (R&D) menées par le secteur privé se sont concentrées en priorité sur le pétrole et le gaz. Après le déclenchement de la crise financière mondiale, de nombreuses entreprises industrielles, en particulier dans les secteurs durement touchés comme l’automobile ou les biens de consommation, se sont reconverties pour se mettre au service du secteur des ressources naturelles, « contribuant encore au déséquilibre croissant d’une économie de plus en plus dépendante des matières premières », souligne le Rapport de l’UNESCO sur la science. En une décennie, la part des exportations canadiennes de produits liés à l’énergie est passée de moins de 13 % en 2002 à plus de 25 % en 2012.

Le pays a réussi à éviter les répercussions les plus graves de la crise financière qui a frappé les États-Unis en 2008, grâce à la robustesse de son système bancaire et de ses secteurs de l’énergie et des ressources naturelles. Celui de l’énergie a cependant été affecté, depuis la mi-2014, par l’effondrement des cours mondiaux du pétrole.

Le Canada fait face à un autre défi. Entre 2010 et 2013, l’intensité de la recherche du pays (la part des dépenses de recherche dans le PIB) a chuté à son plus bas niveau en dix ans : à 1,63 % du PIB, contre 1,92 % en 2009. La part des financements privés de la R&D a reculé, passant de 51,2 % en 2006 à 46,4 % du total, à la suite de quoi les effectifs de la R&D industrielle ont diminué de 23,5 % entre 2008 et 2012.

L’extraction de pétrole et de gaz demeure l’un des domaines les plus vigoureux au Canada, tout comme la fabrication de produits et de pièces dans l’aérospatiale, les technologies de l’information et de la communication, et l’industrie pharmaceutique. Sous le gouvernement Harper, si on accordait une certaine attention aux énergies propres et renouvelables, elles étaient considérées comme un parent pauvre, signale le Rapport de l’UNESCO sur la science. Bien que le gouvernement fédéral ait créé, dans son budget de 2009, un fonds pour l’énergie propre de plus de 600 millions de dollars canadiens, dont la plupart (466 millions) ont été affectés à des projets de captage et stockage du carbone. En 2012, 1 488 millions de dollars canadiens ont été investis en R-D industrielle pour les combustibles fossiles, contre seulement 86 millions pour les énergies renouvelables, selon Statistique Canada. Entre 2011 et 2012, les dépenses en R&D sur les sables bitumineux (pétrolifères) et les technologies du pétrole brut lourd ont augmenté de 53,6 % pour atteindre 886 millions de dollars canadiens.

En 2008, le gouvernement fédéral annonçait son objectif pour les énergies vertes : en 2020, 90 % de l’électricité du Canada devait être produite par des sources non émettrices de gaz à effet de serre. En 2010, le nucléaire, le charbon propre, l’éolien et l’hydroélectrique représentaient 75 % du bouquet énergétique. Un an plus tard, le Canada se retirait du Protocole de Kyoto.

C’est au Programme de recherche et de développement énergétiques (PRDE) du Canada qu’il revient de soutenir, au niveau fédéral, les technologies prioritaires dans le secteur des énergies propres. Administré par Ressources naturelles Canada, le PRDE finance la R&D au niveau de 13 ministères et organismes fédéraux, à qui il est ensuite loisible de collaborer avec l’industrie, des organismes de financement, des universités ou des associations. Ressources naturelles Canada fait partie des dix ministères ou organismes fédéraux qui devaient faire l’objet de coupes budgétaires entre 2013 et 2016.

Au niveau provincial, certains gouvernements ont aussi réalisé des investissements pour stimuler la recherche sur les énergies propres. Le Québec, par exemple, a bien développé son pôle de compétitivité sur les technologies vertes, et la Colombie-Britannique s’est dotée d’une stratégie bioénergétique pour faire en sorte qu’à l’horizon 2020 au moins 50 % de ses besoins en carburants renouvelables soient couverts par la production de biocarburant.

À l’instar du Canada, l’Australie a récemment décidé d’accroître ses investissements dans les technologies vertes. Le 24 mars dernier, Malcolm Turnbull, qui six mois plus tôt prenait la succession de son collègue conservateur Tony Abbott au poste de Premier Ministre, a annoncé la création d’un fonds pour le développement des technologies des énergies propres au cours des dix prochaines années. Ce fonds sera abondé à hauteur de 1 milliard de dollars australiens, dont une partie financera la mise en place de vastes parcs solaires (2).

Le Premier Ministre a également manifesté son soutien à deux organismes que son prédécesseur avait prévu de supprimer, l’Agence australienne des énergies renouvelables (ARENA) et la Société financière pour l’énergie propre (CEFC), toutes deux créées par des lois votées par le Parlement, note le Rapport de l’UNESCO sur la science. Or le gouvernement Abbott n’a pas réussi à réunir une majorité suffisante au Sénat, pour abroger ces lois.

L’Australie a consacré 2,25 % de son PIB à la R&D en 2011, soit presque autant qu’au plus fort de la crise financière de 2008 (2,40 %). Les deux tiers de cette somme (62 %) sont financés par le secteur privé. En 2015, le Rapport de l’UNESCO sur la science indiquait que « pour répondre à l’obligation d’orienter l’économie australienne vers davantage de production à valeur ajoutée, l’investissement public en R&D doit s’ouvrir aux nouvelles possibilités que représentent les produits et services novateurs. Le déclin du charbon en tant que source principale d’énergie stimulant la production mondiale laisse la part belle à la recherche scientifique dans les énergies alternatives. Il y a dix ans, l’Australie était idéalement positionnée pour prendre l’initiative dans ce domaine de pointe. Depuis, d’autres pays l’ont dépassée, mais elle conserve son potentiel de chef de file dans ce secteur. »

(1) Anne Pélouas (2016). Le Canada se rêve en géant vert. Le Monde, 27-28 mars.

(2) Caroline Taix (2016). L’Australie investit dans les énergies renouvelables. Le Monde, 27-28 mars.

Source: Rapport de l’UNESCO sur la science : vers 2030. Voir les chapitres sur le Canada et l’Asie du Sud-Est et l’Océanie.




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