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Education
Education ou aliénation ?

A Vanuatu, le système scolaire détourne les enfants de leur langue et de leur culture d’origine. Un nouveau projet tente d’inverser le phénomène et d’utiliser au contraire l’école pour les renforcer.    
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Ralph Regenvanu, directeur du Centre culturel de Vanuatu, ne mâche pas ses mots lorsqu’il évoque le système éducatif du pays. « L’école est un des principaux facteurs de rupture dans la transmission de la culture, dit-il. Nous voulons que l’éducation soit en rapport avec les besoins et de la communauté, et des enfants, afin que ceux-ci se sentent autonomes et forts au sein de leur propre communauté et non étrangers ». C’est la raison pour laquelle le Centre culturel et certaines organisations non gouvernementales aident le ministère de l’Education à introduire des changements radicaux dans les programmes. « C’est ambitieux, reconnaît-il, et nous en sommes encore très loin actuellement ».

Aujourd’hui, explique-t-il, les enfants de Vanuatu suivent une éducation primaire dans leurs villages, soit en français, soit en anglais, et les matières enseignées sont très éloignées de leur quotidien. Les 20 % d’entre eux qui réussissent l’examen d’entrée peuvent aller dans une école secondaire, le plus souvent sur une autre île, à des centaines de kilomètres de chez eux.

Mais le coup fatal porté à la vie traditionnelle est le départ des parents pour la ville – Port-Vila sur l’île d’Efate ou Luganville sur l’île de Santo – en quête d’un travail leur permettant de payer les frais de scolarité. Ces efforts n’empêchent pas que « seulement moins de 2 % des enfants vont à l’université et [que] la majorité d’entre eux se retrouvent hors du système », déplore Ralph Regenvanu. Les baraquements qui ont poussé autour de Vila abritent ainsi de nombreuses familles qui ont tout quitté pour payer l’éducation de leurs enfants et n’ont plus les moyens de rentrer chez elles.

Apprendre dans sa langue
La clé du nouveau programme scolaire, déjà mis en place en première année de primaire dans les zones rurales, consiste à enseigner dans la langue vernaculaire. « Le meilleur passeport pour l’alphabétisation est la langue maternelle », assure Ralph Regenvanu. Si le Centre culturel défend cette option depuis les années 1980, ajoute-t-il, l’idée n’a pris son essor qu’après avoir reçu le soutien de la Banque mondiale, à la suite d’une enquête.

« Vanuatu peut se vanter d’avoir la plus forte concentration de langues par habitant au monde ; on en recense près de 106 pour une population d’environ 200 000 personnes », explique-t-il. Plus de 80 langues sont encore parlées, mais 17 sont menacées et 8 ont déjà disparu. Malakula compte à elle seule 34 langues pour une population de 18 000 personnes. Et de nombreuses personnes parlent trois, voire sept langues vernaculaires.

Mais avant de mettre au point du matériel pédagogique, il faut écrire ces langues vernaculaires et établir une orthographe. Jusqu’ici, dit Regenvanu, ce travail a été effectué pour 16 langues. « Notre matériel, vraiment basique, se compose de trois livres pour chacune : un sur l’alphabet, un sur les oiseaux et un sur les poissons ». Il espère qu’il sera un jour disponible dans au moins 40 langues. « Certaines d’entre elles sont en train de mourir, insiste-t-il. C’est inévitable. Il s’agit juste d’en garder une trace pour la postérité ».

"Le programme s’appuiera sur le calendrier saisonnier, qui organise la vie traditionnelle, ajoute-t-il. C’est le cycle de l’igname – du taro dans certaines îles –, scandé par le temps des plantations ou de la ponte des poissons, qui sont autant de marqueurs biologiques et environnementaux rythmant les différentes périodes de l’année ».

« Entre vingt et trente écoles utilisent déjà ce programme vernaculaire en première année, et chaque année, cinq nouvelles l’adoptent, poursuit Ralph Regenvanu. Le ministère de l’Éducation vise sa généralisation d’ici à quelques années », l’objectif étant de l’étendre ensuite à la deuxième année puis à la troisième.

Aujourd’hui, en collaboration avec LINKS, le programme des Systèmes de savoirs locaux et autochtones de l’UNESCO, le Centre culturel de Vanuatu participe à l’élaboration d’un programme scientifique indigène pour les lycées, basé sur des exemples concrets relevant du savoir traditionnel, qu’il s’agisse du système d’irrigation des plants de taro, de la préservation des variétés de plantes, des prédictions météorologiques ou encore du filet de pêche capable d’assommer les poissons. « Nous avons fait beaucoup de recherches, dit Rengenvanu. Le moment est venu de les mettre en pratique ».




Photo © UNESCO/Peter Coles : Dans les collines isolées de Tanna, les enfants grandissent toujours dans la tradition.


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