« J’appelle en ce jour tous les acteurs africains, les États, la société civile, les communautés locales à s’approprier la protection de [la] richesse incomparable [du patrimoine africain]. »

« Soutenir les communautés locales – et spécialement les jeunes – à promouvoir et à développer [ces] immenses ressources culturelles et naturelles, c’est ouvrir de nouvelles voies pour le développement à long terme, inclusif et solidaire. » 

Message de Mme Irina Bokova, Directrice générale de l’UNESCO

Proclamée lors de la 38e session de la Conférence générale de l’UNESCO (Novembre 2015), la Journée du patrimoine mondial africain est l’occasion pour tous, et plus particulièrement pour les africains, de célébrer le patrimoine culturel et naturel irremplaçable du continent. 

Cette Journée internationale est un moment fort pour sensibiliser et renforcer la coopération pour la sauvegarde des richesses de l’Afrique. Pour sa première édition en 2016, le gouvernement d’Afrique du Sud avait accueilli des événements phares. Afin que sa deuxième édition soit à son tour un succès, de nombreux évènements seront organisés en Angola, au Botswana, en Éthiopie, à Madagascar, au Mali, au Nigeria, en République Démocratique du Congo, au Rwanda, au Sénégal, en Tanzanie, en Zambie et dans d’autres pays en Afrique et dans le monde. Ces activités viseront particulièrement l’engagement des jeunes, des femmes et des communautés locales dans différents domaines du patrimoine mondial.

La deuxième édition de la Journée du patrimoine mondial africain sera marquée par une série d’évènements phares, organisés par le gouvernement du Burkina Faso, en collaboration avec le Fonds du patrimoine mondial africain (FPMA), dont un Forum francophone des jeunes ainsi qu’un séminaire sur le thème de la formation des jeunes à la gestion du patrimoine africain. La célébration de cette Journée internationale se déroulera le 5 mai en présence de hauts représentants du gouvernement du Burkina Faso et de l’UNESCO.

Défis de conservation et opportunités de développement

La Journée du patrimoine mondial africain est également un moment privilégié pour sensibiliser l’opinion publique sur l’urgence de la protection du patrimoine africain.

« Aujourd’hui, plus de 23 sites africains sont inscrits sur la Liste du patrimoine mondial en péril (…), tous sont menacés et risquent de disparaitre si nous n’agissons pas rapidement. Nous avons tous notre rôle à jouer. » proclame Irina Bokova, Directrice générale de l’UNESCO, lors de son message pour cette deuxième Journée.

L’Afrique, berceau de l’humanité, demeure sous représentée sur la Liste du patrimoine mondial avec seulement 131 sites (12%, dont 90 sites en Afrique sub-saharienne et 41 sites au Nord de l’Afrique) (Cliquez ici pour plus de statistiques). Cependant, les 23 sites africains inscrits sur la Liste du patrimoine en péril représentent 42% de cette Liste. Sur ce continent au potentiel de croissance immense, la protection du patrimoine fait face à de nombreux défis, tels que les conflits armés, le terrorisme, le braconnage et le trafic illicite, le réchauffement climatique et les catastrophes naturelles, ou encore l’expansion urbaine incontrôlée, le tourisme non régulé, et l’exploration minière et pétrolière.

Pour répondre à ces menaces, la Déclaration de Ngorongoro qui a résulté de la première grande Conférence internationale sur le patrimoine mondial africain (Juin 2016, Tanzanie) affirmait que le développement durable assure la protection des ressources menacées en Afrique, faisant de la sauvegarde du patrimoine un moteur du développement durable. Cette Déclaration invite « les États parties africains à promouvoir le rôle des femmes et des jeunes dans la conservation et la gestion du patrimoine culturel et naturel ».

Quelques réussites

À la lumière des nombreux défis rencontrés par le continent africain, il est essentiel de renforcer les capacités des jeunes et des communautés locales dans le domaine du patrimoine afin de favoriser la cohésion sociale et la réduction de la pauvreté. L'Unité Afrique du Centre du patrimoine mondial, en étroite coopération avec ses partenaires stratégiques (CHDA, EPA, FPMA, ICCROM, ICOMOS, UICN), a lancé deux programmes pour répondre à ces besoins: « Le Patrimoine mondial dans les programmes d'études des universités africaines » et « L’Implication effective des communautés locales dans la gestion du patrimoine culturel ».

Deux belles réussites montrent les progrès réalisés dans les domaines de l'éducation et de l'implication des communautés locales.


Ranger et soigneur d’un bébé gorille © UNESCO/ Yvette Kaboza

Dans le Parc national des Virunga (République démocratique du Congo), des efforts considérables ont été réalisés ces dernières années grâce à la mise en place de « L’Alliance Virunga », un nouveau modèle de gestion de partenariat public-privé. Cette approche innovante et écologiquement rationnelle vise à équilibrer la conservation et le développement au travers de quatre grands secteurs: l'énergie hydroélectrique, l'agro-industrie, la pêche et le tourisme. Cette initiative améliore les conditions de vie des communautés autour du site tout en contribuant à sa conservation de façon durable. La reprise du contrôle de certains secteurs du parc a permis l'amélioration de son état de conservation et une augmentation des patrouilles de rangers. Ces efforts ont abouti à un accroissement du nombre de gorilles de montagne et une meilleure protection de leurs habitats.


Crépissage par les communautés locales © CRA-TERRE/ Thierry Joffroy 

La réhabilitation des sites du patrimoine mondial à Tombouctou (Mali) souligne l'intégration sans précédent de la conservation du patrimoine aux efforts de consolidation de la paix. Le succès de ce projet en cours s'explique en grande partie par la mobilisation des communautés locales qui mènent toutes les opérations de reconstruction. Ces communautés ont conservé leurs connaissances traditionnelles remontant à plusieurs siècles, ce qui a permis de reconstruire les 14 mausolées des saints et de réhabiliter les mosquées et les bibliothèques qui protègent les manuscrits anciens. Leur détermination et leur engagement constituent une réponse audacieuse à toutes les formes d'extrémisme. Cette coopération a démontré le potentiel unificateur du patrimoine et le rôle essentiel de sa conservation dans le rétablissement et le maintien de la sécurité et de la paix en période de crise. À cet égard, les résultats obtenus au Mali sont historiques. L'accent mis sur le patrimoine culturel est essentiel pour les efforts de réconciliation nationale. L'attention internationale pour le patrimoine du Mali a également contribué au succès en 2016 du premier procès à la Cour pénale internationale sur la destruction volontaire du patrimoine culturel.

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