Le Panama est devenu État partie à la Convention de 2003 en 2004 et n’a, à ce jour, aucun élément inscrit sur aucune des listes. En ce qui concerne les organes compétents, le Ministère du commerce et des industries (MCI) est le principal organe. Il agit dans le cadre de son Projet de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel (dit « Projet de sauvegarde », qui dépend de la Direction générale de la propriété intellectuelle). Le Vice-ministère des affaires autochtones, qui dépend du Ministère du développement social, a également préparé un plan de développement inter-agences qui aborde, entre autres, le patrimoine culturel immatériel dans des domaines tels que la santé, l’éducation et l’écologie. En outre, la création d’un Conseil inter-agences pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel a été proposée au début de l’année 2016. La Direction générale des artisanats administre également un registre des artisans et a un registre des pratiques artisanales par région. Le Département de l’éducation bilingue, qui dépend du Ministère de l’éducation, enregistre et revitalise les traditions orales et il œuvre au renforcement des sept langues autochtones du pays. Le Centre d’art et de culture de ce même ministère participe également à la formation de coordinateurs régionaux afin de diffuser les programmes culturels et sensibiliser les populations des régions périphériques. Le personnel du Projet de sauvegarde a été formé par l’UNESCO à dispenser un enseignement sur la Convention de 2003 à des chercheurs et des membres des communautés au moyen d’une documentation imprimée et de technologies audiovisuelles. À part ces entités, il n’existe pas d’institutions officiellement en charge de la formation à la gestion du patrimoine culturel immatériel, bien que des cours universitaires de troisième cycle dans les domaines concernés soient prévus.
Il n’existe, à ce jour, aucune institution spécifiquement chargée de la documentation, et il est fait état de la nécessité d’élaborer un protocole exhaustif à cette fin. Parmi d’autres actions de sauvegarde envisagées, la possibilité de faire du Projet de sauvegarde un organe permanent de documentation est actuellement étudiée. Par ailleurs, la société nationale de radio et de télévision et le groupe universitaire de cinéma expérimental ont des enregistrements audiovisuels qui peuvent être mis à disposition du public.
Jusqu’alors, aucun inventaire exhaustif du patrimoine culturel immatériel du Panama n’a été réalisé bien que cinq registres des différents aspects du patrimoine immatériel existent déjà : deux sont consacrés à des groupes ethniques spécifiques et trois à des éléments particuliers. Ces registres ont été dressés par le Projet de sauvegarde en coopération avec les Congrès généraux des groupes autochtones ainsi qu’avec des fondations et des associations culturelles liées aux éléments. Une base de données d’inventaire a été constituée, elle permet un référencement croisé par la localisation géographique (GPS) et les cinq domaines de la Convention de 2003. Des enregistrements audiovisuels ne sont réalisés que dans les zones choisies par les communautés et toute la documentation doit être approuvée par leur Congrès autochtone. Le format général est celui d’un registre descriptif dans lequel les noms des détenteurs, transmetteurs et/ou de l’élément sont consignés. Pour tous les éléments décrits, les communautés demandent à ce que leurs compétences soient renforcées afin de mieux participer à la documentation et à la sauvegarde des éléments, les responsables des communautés ont été identifiés comme des intermédiaires pour cette initiative.
Les autres mesures de sauvegarde mettent l’accent sur la promotion et la formation, avec des actions dans les médias, la participation à des foires et l’organisation de séminaires de formation, dans le but de sensibiliser à la notion de patrimoine culturel immatériel. Pour l’année 2016, des séminaires de formation sont prévus pour 77 municipalités, dix bureaux régionaux du MCI, dix bureaux régionaux de l’Institut national de la culture et 14 régions scolaires du Ministère de l’éducation. Afin de créer un cadre de spécialistes et de réaliser des travaux de recherche ciblés, deux universités, qui conçoivent actuellement des cours d’enseignement supérieur consacrés au patrimoine culturel, travailleront en coopération avec le Projet de sauvegarde. L’accès aux informations sur les éléments est assuré par une revue du MCI qui présente des informations sur la Convention de 2003, sur les éléments et sur d’autres sujets en lien avec le patrimoine vivant. La revue est distribuée dans les communautés culturelles et les bibliothèques locales. Le site qui regroupe le réseau de bases de données, avec des informations mises à jour sur les localisations GPS et les communautés, est également consultable.
Les programmes d’éducation formelle proposent déjà un enseignement sur les coutumes et la diversité culturelle (en vertu d’une loi nationale panaméenne, les différentes expressions culturelles sont reconnues). S’agissant de l’enseignement non formel, l’Institut national de la culture et la Direction des artisanats du MCI organisent des cours d’artisanat pour les communautés autochtones et locales dans lesquels des praticiens font des démonstrations et enseignent leurs pratiques aux jeunes. Quelques associations indépendantes de communautés enseignent également les danses, la musique et les chants aux jeunes tandis que les Congrès généraux (en charge de la culture autochtone) évaluent la condition des éléments et prennent des mesures afin que les enfants soient réellement motivés pour l’apprentissage de ces éléments. Les Congrès recommandent que les arts et artisanats (molas, tressage de paniers, etc.) soient enseignés, au sein des communautés autochtones, par les détenteurs de traditions plus âgés. Par ailleurs, les foires et les festivals constituent des espaces non formels de transmission dans lesquels les jeunes et les autres visiteurs apprennent grâce à des matériels audiovisuels, des concours et des démonstrations de savoir-faire traditionnels. La sensibilisation à l’importance de l’environnement et de ses ressources pour le patrimoine immatériel est un des axes du Projet de sauvegarde qui diffuse de la documentation dans les communautés et réalise des enregistrements des dépositaires de connaissances sur la nécessité de préserver la pharmacopée naturelle et de conserver les ressources naturelles ; les espèces de plantes menacées sont conservées dans des parcelles réservées et les autorités travaillent en coopération avec les communautés côtières afin de protéger les espèces grâce aux coutumes et aux traditions.
En ce qui concerne la coopération bilatérale, sous-régionale, régionale et internationale, le Bureau de l’UNESCO à San José, qui couvre le Panama, a organisé un atelier de renforcement des capacités en 2015 et, la même année, le MCI a organisé un congrès international sur le patrimoine culturel immatériel, en coopération avec la Colombie, le Venezuela, l’Équateur, l’UNESCO et l’OMPI, qui a débouché sur la création d’un réseau de contacts régionaux dans le domaine de la sauvegarde du patrimoine immatériel. Également en 2015, les spécialistes du mole en Colombie et au Panama se sont rencontrés pour étudier la faisabilité de cette industrie artisanale et les moyens de sa protection par des droits de propriété intellectuelle. Des documentaires et une capsule vidéo sur cet élément au Panama ont été transmises à la Colombie afin d’échanger des informations sur ce patrimoine partagé et de vérifier les aspects communs aux deux pays ainsi que les variations observées au fil du temps. Enfin, le Panama se prépare à devenir membre du Centre régional pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’Amérique latine (CRESPIAL, un centre de catégorie 2 basé au Pérou) afin de développer sa coopération internationale, de partager des expériences et de mettre en place la formation de son personnel.
Le Panama n’a aucun élément inscrit sur la Liste représentative.