<
 
 
 
 
×
>
You are viewing an archived web page, collected at the request of United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization (UNESCO) using Archive-It. This page was captured on 21:24:03 May 16, 2017, and is part of the UNESCO collection. The information on this web page may be out of date. See All versions of this archived page.
Loading media information hide

Dix questions sur l'éducation inclusive

1. Par-delà les chiffres, que savons-nous des exclus ?
L'exclusion a de multiples visages. Bien que des progrès réels aient été accomplis depuis 2000 sur la voie de l'éducation primaire universelle, 72 millions d'enfants demeurent exclus de l'école. Sept sur dix vivent en Afrique subsaharienne ou en Asie du Sud et de l'Ouest. La pauvreté et la marginalisation sont les premières causes d'exclusion. Les ménages des communautés rurales ou isolées et les enfants des taudis urbains ont un moindre accès à l'éducation. L'exclusion la plus criante est celle qui frappe les enfants handicapés, qui forment le tiers des non scolarisés. Les enfants qui travaillent, les enfants des populations autochtones ou des minorités linguistiques, les enfants nomades et les enfants affectés par le VIH/sida sont parmi les plus vulnérables. Près de 37% des enfants non scolarisés vivent dans 35 pays étiquetés comme fragiles par l'Organisation pour la coopération et le développement économique, auxquels s'ajoutent plusieurs pays en situation de conflit ou d'après-conflit. Les enfants y sont particulièrement exposés à l'exclusion scolaire.  

2. Les recherches concernant les non scolarisés suggèrent que beaucoup de pays ont progressé en terme d'accès, mais que la qualité ne suit pas. Pourquoi ?
Une fois que l'on a identifié les exclus et les causes de l'exclusion, on peut élaborer des stratégies pour les scolariser et les maintenir à l'école. La difficulté consiste à mettre en oeuvre des politiques et des pratiques qui s'attaquent aux racines de l'exclusion. Il faut pour cela s'intéresser à ce qui se passe à l'extérieur comme à l'intérieur de l'école, au quotidien familial et communautaire des enfants autant qu'à leur situation une fois scolarisés – et donc vérifier ce qu'ils apprennent réellement et dans quelles conditions.  

3. Comment une éducation inclusive favorise-t-elle la réussite scolaire ?
Les efforts pour étendre la scolarisation doivent s'accompagner de politiques visant à améliorer la qualité de l'éducation à tous les niveaux, dans les cadres formel et non formel. Il faut oeuvrer à l'instauration d'un continuum de réussite, en couplant les politiques de scolarisation des enfants exclus à des programmes et des pratiques garantissant leur réussite. C'est un processus qui exige que l'on prenne en compte la diversité des besoins des apprenants. Il passe par des interventions tant au niveau de l'enseignement que des programmes scolaires, des modes interactionnels et des relations entre écoles et communautés.  

4. Quels sont les principes de l'intégration ?
La notion d'intégration trouve son origine dans le droit à l'éducation tel qu'il est défini à l'article 26 de la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948. Il a été réaffirmé depuis par d'autres traités et instruments normatifs, dont trois méritent d'être cités. La Convention de l'UNESCO concernant la lutte contre la discrimination dans le domaine de l'enseignement (1960) stipule que les États ont l'obligation d'offrir des possibilités éducatives à tous les exclus de l'enseignement primaire. Le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (1966) réaffirme le droit de toute personne à l'éducation, ainsi que le principe de la scolarité gratuite et obligatoire. Enfin, la Convention relative aux droits de l'enfant, l'instrument de défense des droits de l'homme le plus largement ratifié, proclame explicitement le droit des enfants à être protégés contre toute forme de discrimination. Elle contient aussi des engagements relatifs aux objectifs de l'éducation, reconnaissant que l'apprenant est au centre de l'expérience d'apprentissage, ce qui rejaillit sur le contenu et la pédagogie, et, plus largement, sur la gestion des écoles.  

5. La notion d'intégration reste trop souvent associée aux enfants présentant des besoins particuliers. Pourquoi ?
Trop souvent, les services destinés aux différents groupes exclus et marginalisés ont été fournis en marge du système général, sous forme de programmes spéciaux dispensés dans des établissements séparés par des éducateurs spécialisés. Et trop souvent, cela n'a fait qu'aggraver l'exclusion, en offrant une éducation de second ordre qui entrave la poursuite des études.

Dans les pays développés, la démarche vers plus d'intégration est souvent freinée par des traditions d'accueil séparé ou spécifique pour les groupes reconnus comme « difficiles » ou « différents ». Mais l'idée qu'il est préférable d'accueillir les enfants ayant des besoins spéciaux dans les établissements ordinaires, en leur apportant l'accompagnement nécessaire, gagne du terrain. Les études réalisées aussi bien dans les pays de l'OCDE que hors OCDE montrent que les élèves handicapés réussissent mieux lorsqu'ils sont intégrés au système général.  

6. Que faire pour que l'école accueille tous les enfants ?
L'objectif général est de faire de l'école un lieu où tous les enfants participent et sont traités à égalité. Il faut pour cela changer notre vision de l'éducation. L'éducation inclusive est une approche qui consiste à réfléchir aux changements à apporter aux systèmes éducatifs pour qu'ils répondent à la diversité des apprenants. Pour une école de meilleure qualité, nous devons améliorer l'efficacité des enseignants, promouvoir des méthodologies centrées sur l'apprenant, élaborer des manuels et des matériels d'apprentissage adaptés, et garantir que les écoles sont des lieux sûrs et sains pour tous les enfants. Le renforcement des liens avec les communautés est également crucial : les relations entre les enseignants, les élèves, les parents et la société en général sont un facteur essentiel pour le développement d’environnements d’apprentissage intégrés.  

7. Comment réformer les programmes scolaires pour améliorer l'apprentissage et encourager l'intégration de tous les élèves ?
Un programme scolaire intégrateur favorise le développement cognitif, affectif et créatif de l'enfant. Il s'appuie sur les quatre piliers de l’éducation pour le 21e siècle – apprendre à connaître, à faire, à être et à vivre ensemble. Cela commence dans la salle de classe. Le programme scolaire a un rôle moteur à jouer dans la promotion de la tolérance et des droits de l'homme, outil puissant de dépassement des différences culturelles, religieuses et autres.

Un programme intégrateur tient compte du genre, de l'identité culturelle et du bagage linguistique de l'apprenant. Il s'efforce d'abattre les stéréotypes sexuels non seulement dans les manuels, mais aussi dans les attitudes et les attentes de l'enseignant. Les approches éducatives plurilingues, dans lequel la langue est reconnue comme une partie intégrante de l'identité culturelle de l'élève, peuvent être sources d'intégration. Un enseignement dispensé dans la langue maternelle au cours des premières années d'études a par ailleurs un impact positif sur les résultats de l'apprentissage : en Zambie, les langues maternelles sont utilisées comme vecteur d'instruction durant les trois premières années d'école pour le plus grand bien des élèves.  

8. Les enseignants sont des acteurs clés de l'éducation. Or, dans de nombreux pays, leur statut et leurs conditions de travail constituent un frein au développement de l'intégration. Comment améliorer leur sort ?
La façon dont on enseigne est d'une importance cruciale dans toute réforme visant à améliorer la qualité de l'éducation. Un programme centré sur l'enfant se caractérise par son rejet de l'apprentissage machinal et par la place accordée à l'apprentissage actif, coopératif, interactif et appuyé sur l'expérimentation. L'adoption de l'intégration comme principe directeur a des répercutions sur les pratiques et les attitudes des enseignants, que ce soit vis-à-vis des filles, des élèves plus lents, des enfants ayant des besoins spéciaux ou de ceux qui viennent de milieux différents.

Pour un meilleur apprentissage, les enseignants doivent bénéficier d'une formation préalable et d'une formation continue. De plus, des politiques qui prennent en compte le statut, le bien-être et le développement professionnel de l’enseignant doivent être développées. Or, nous nous trouvons face non seulement à une grave pénurie de personnels, notamment en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud et de l'Ouest, mais aussi à un manque d'enseignants qualifiés, ce qui a des conséquences désastreuses pour la qualité de l'apprentissage. On ne peut introduire un nouveau programme sans familiariser d'abord les enseignants avec ses objectifs et son contenu. L'évaluation peut aider les enseignants à mesurer les résultats des élèves et à diagnostiquer les difficultés. Mais ils doivent comprendre la valeur de bonnes pratiques d’évaluation et apprendre à préparer leurs propres tests.  

9. L'éducation inclusive n'entraîne-t-elle pas des coûts supplémentaires ?
On peut répondre, en premier lieu, qu'il n'est pas rentable de conserver des systèmes scolaires où les enfants n'apprennent pas du fait de la mauvaise qualité de l'enseignement. Les écoles souffrant de taux de redoublement élevés sont généralement celles où on n'est pas parvenu à prévenir l'échec scolaire. Plutôt que de financer ces redoublements, elles feraient un meilleur usage de leurs budgets en apportant un soutien supplémentaire aux élèves en difficulté.

Plusieurs mesures rentables visant à promouvoir une éducation inclusive de qualité ont été élaborées dans des pays aux ressources limitées : modèles de formation de
formateurs en vue du perfectionnement professionnel, rapprochement entre les futurs enseignants et les écoles, transformation des établissements d'éducation spécialisée en centres de ressources chargés d'apporter expertise et soutien à des groupes d’établissements d’enseignement général.  

10. Une éducation inclusive de qualité mène-t-elle à des sociétés plus inclusives ?
L'exclusion frappe dès le plus jeune âge. Il faut donc adopter une vision holistique de l'éducation. Des programmes complets de protection et d'éducation de la petite enfance améliorent le bien-être de l'enfant, le préparent à l'école primaire et lui offrent de meilleures chances de succès une fois qu'il est scolarisé. Tout indique que ce sont les enfants les plus défavorisés et vulnérables qui tirent les plus grands profits de ces programmes. Il faut aussi faire en sorte que tous les adultes, et en premier lieu les mères, soient alphabétisés, car les enfants, à commencer par les filles, ont alors de plus grandes chances d'être scolarisés.

Rattachée aux objectifs plus larges du développement, l'intégration contribuera à la réforme des systèmes éducatifs, à la réduction de la pauvreté et à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Un système éducatif intégrateur profite à tous les apprenants sans laisser aucun individu ou groupe de côté, en s'appuyant sur les valeurs de démocratie, de tolérance et de respect des différences.

Retour en haut de la page
t3test.com