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Rapport périodique sur la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel

La Convention précise dans son Article 29 que les États parties présentent au Comité des rapports sur les dispositions législatives, réglementaires ou autres prises pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel sur leurs territoires. Cette page présente les rapports périodiques et les échéances pour un pays : Turquie (voir la situation de tous les États parties).

Les rapports périodiques permettent aux États parties d’évaluer leur mise en œuvre de la Convention et leurs capacités de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, de faire rapport sur leurs inventaires du patrimoine culturel immatériel, et de mettre à jour le statut des éléments inscrits sur la Liste représentative.


Sur la mise en œuvre de la Convention

Chaque État partie soumet son rapport périodique au Comité avant le 15 décembre de la sixième année suivant la date à laquelle il a déposé son instrument de ratification, d’acceptation ou d’approbation, et tous les six ans par la suite.

Un rapport sera à soumettre pour le 15/12/2018

Rapport soumis le 15/12/2012 et examiné par le Comité en 2013

Résumé

En 2006, la Loi sur l’organisation et les fonctions du Ministère de la Culture et du Tourisme (Loi No 4848) a établi la Direction générale de la recherche et de la formation en tant qu’organe de mise en œuvre de la recherche, l’inventaire, l’archivage, l’enregistrement et la promotion. En vertu de cette loi, la Direction est également en charge d’établir des comités d’experts et de développer la coopération et la coordination avec les institutions nationales et internationales. Une Commission d’experts du patrimoine culturel immatériel a été établie en 2011 afin de définir la vision du Ministère de la Culture et du Tourisme (MCT) en matière de patrimoine culturel immatériel. Initialement, la Commission d’experts n’était composée que d’universitaires mais elle accueille désormais des organisations non gouvernementales qui œuvrent à la sauvegarde du patrimoine vivant. Les quatre principaux axes d’activités de la Commission d’experts sont : développer le contexte légal et institutionnel ; identifier, inventorier et définir le patrimoine culturel immatériel ; sensibiliser ; et prendre des mesures spécifiques. Des comités du patrimoine culturel immatériel ont été créés dans les organes nationaux et régionaux, aux cotés de commissions d’experts, dans chacune des 81 unités administratives du pays afin d’intervenir en tant que mécanisme de coordination. Parmi les autres institutions gouvernementales concernées par le patrimoine culturel immatériel, on citera la Direction générale des fondations caritatives ; le Groupe de musique soufie turque Konya ; le Groupe de musique historique turque d’Istanbul, et la Fédération turque de lutte. Diverses organisations non gouvernementales jouent également des rôles importants dans la sauvegarde du patrimoine vivant.
Le patrimoine culturel immatériel est également réglementé par d’autres instruments politiques tels que la Réglementation sur la certification et les qualifications des investissements et initiatives culturels (2009). Cette législation réglemente, entre autres, la certification des Centres du patrimoine culturel immatériel qui entreprennent des travaux de recherche. Le projet de Réglementation du patrimoine culturel immatériel est destiné à : identifier les mesures nécessaires qu’il convient de prendre pour sauvegarder et promouvoir les fonctions du patrimoine culturel immatériel ; encourager l’accès public au patrimoine culturel immatériel ; assurer la transmission intergénérationnelle du patrimoine culturel immatériel ; accorder un soutien à la réalisation de l’inventaire ; et sensibiliser et faire reconnaître l’importance du patrimoine culturel immatériel à tous les niveaux.
Le MCT est le principal organe responsable de la formation en Turquie. Quelques universités (p. ex. le Centre de recherche et de mise en œuvre de la culture populaire turque, de l’Université Gazi) et centres de recherche participent activement à la formation et à la recherche, ainsi qu’à d’autres activités.
Établi en 1966, le Centre d’information et de documentation sur la culture populaire du MCT est l’institution de documentation du patrimoine culturel immatériel en Turquie. Presque tous les documents du centre ont été numérisés et sont mis à disposition du public. Les résultats des travaux de recherche et des études sont consultables par le public et les institutions concernées.
La Loi de 2006 sur le patrimoine culturel immatériel prévoit une obligation d’identifier et d’inventorier les éléments du patrimoine culturel immatériel, et à cette fin, plus de 300 études de terrain ont été entreprises jusqu’en 2012. La Turquie dispose de deux types d’inventaire : (a) l’Inventaire national des éléments du patrimoine culturel immatériel ; et (b) l’Inventaire national des trésors humains vivants. Les critères d’inclusion du patrimoine culturel immatériel dans l’Inventaire national sont, entre autres : l’élément doit être profondément enraciné dans les traditions culturelles des communautés, groupes et individus et il doit permettre de présenter de façon exceptionnelle la créativité de la culture turque ; les éléments ayant des propriétés de représentation et de valeur artistique dans la tradition des communautés, groupes et individus peuvent être inclus ; l’élément doit être transmis de génération en génération par des moyens traditionnels ; il doit jouer un rôle dans le renforcement de la cohésion sociale et la mise en valeur de la solidarité et de la stabilité sociale ; il doit faire face à des menaces de disparition en raison de la transformation de la société ou d’une absence de mesures de sauvegarde ; il doit être reconnu par la communauté comme significatif pour son identification et défini comme représentatif de son patrimoine culturel immatériel ; et l’inventaire de l’élément doit pleinement respecter les pratiques coutumières régissant l’accès à des aspects particuliers de certains éléments du patrimoine. L’inventaire prend en considération la viabilité du patrimoine culturel immatériel puisque l’un des critères mentionnés est que l’élément doit être menacé de disparition.
Pour l’Inventaire des Trésors humains vivants, les critères d’inscription sont, entre autres : l’excellence dans la mise en application pratique des connaissances ; l’implication dans un domaine spécialisé, la capacité de transmettre ses connaissances et compétences aux apprentis (ce critère nécessite d’avoir au moins un apprenti) ; et l’exclusivité dans son domaine du patrimoine culturel immatériel.
En ce qui concerne l’implication des communautés dans la procédure d’inventaire, le projet est mené au niveau national avec la participation active des praticiens locaux, des détenteurs de traditions, des chercheurs, des universitaires, des représentants des organisations non gouvernementales et des gouvernements locaux. En général, l’approche choisie pour la réalisation des inventaires est ascendante et les informations sont coordonnées par les Comités locaux du patrimoine culturel immatériel présents dans chacune des unités administratives de la Turquie. Les 81 commissions régionales d’experts mettent en œuvre la procédure d’inventaire avec les organisations non gouvernementales, les détenteurs, etc. Les communautés, les individus et les détenteurs peuvent remplir les formulaires d’inventaire et les envoyer directement au MCT où ils seront évalués par la Commission d’experts. Celle-ci conseille la Direction générale de la recherche et de la formation quant à l’inscription ou la proclamation des éléments, avec l’accord du Ministère.
Dans ses objectifs, la nouvelle Réglementation, telle qu’elle est envisagée, inclut la promotion de la fonction du patrimoine culturel immatériel dans la société, et un soutien financier a été accordé au niveau local, régional et national. Le MCT a créé un fonds de sauvegarde destiné à financer la formation, la recherche, la sauvegarde, la diffusion et la publication. Jusqu’en 2012, deux mille organisations non gouvernementales, institutions, fondations et organisations ont bénéficié de ce fonds. En outre, certains privilèges, tels que des avantages fiscaux, sont accordés aux détenteurs enregistrés. L’éducation et la sensibilisation sont considérées comme des priorités politiques, de même que la promotion de la transmission du patrimoine culturel immatériel, par exemple, dans le cadre de festivals. Les gouvernements centraux et locaux ont accordé un soutien financier à l’organisation de représentations et d’expositions du patrimoine culturel immatériel afin d’améliorer la visibilité et la compréhension par le public du patrimoine vivant.
Dans le domaine éducatif, le MCT saisit toutes les opportunités de coopération avec d’autres ministères et institutions. Dans les lycées et universités, les programmes d’éducation culturelle ont été repensés afin d’intégrer le patrimoine culturel immatériel, l’objectif étant de sensibiliser les participants et les étudiants et de les encourager à s’impliquer réellement dans sa sauvegarde. Dans l’enseignement primaire, un cours facultatif intitulé « Culture populaire » a été ajouté au programme scolaire en 2010. Il vise à une meilleure compréhension des expressions orales, des pratiques sociales et culturelles, des rituels, des valeurs traditionnelles et des principes essentiels du patrimoine culturel immatériel. Le MCT et le Ministère de l’Éducation Nationale encouragent vivement la participation active des praticiens et détenteurs aux cours. Dans ce cadre, les jeunes peuvent expérimenter les moyens traditionnels de transmission des connaissances et les maîtres d’éléments du patrimoine culturel immatériel peuvent jouer un rôle majeur de diffusion auprès du plus grand nombre de leurs connaissances et compétences traditionnelles.
Concernant l’éducation et la formation extrascolaires et non formelles, plusieurs programmes sont proposés à différents niveaux par les communautés, groupes et individus et les gouvernements locaux dans des centres communautaires, institutions culturelles publiques, bibliothèques, musées ou centres locaux situés dans toute la Turquie. Le Musée du patrimoine culturel immatériel appliqué organise, par exemple, des programmes de formation interactive destinés à assurer la visibilité et la viabilité du patrimoine culturel immatériel et à sensibiliser le public. De nombreux musées envisagent d’ouvrir des sections spécialisées pour informer les visiteurs sur le patrimoine vivant. Le Musée des jeux et des jouets pour enfants, à Izmir, a ouvert en 2010 et propose un environnement interactif dans lequel les enfants peuvent voir et créer des jeux et jouets traditionnels. Des musées consacrés au patrimoine culturel immatériel sont en cours de construction, avec le soutien des communautés, autorités et groupes locaux. Les municipalités ont également joué un grand rôle dans l’éducation publique. La Municipalité d’ Odunpazan, dans la ville d’Eskisehir, a conçu différents programmes, séminaires, expositions, concours et projets pour les jeunes et les adultes.
La Turquie a joué un rôle actif dans la coopération bilatérale, sous-régionale, régionale et internationale en participant et accueillant des réunions consacrées à l’élaboration de la Convention. En outre, la Turquie a pris part à différents programmes et conférences régionaux et internationaux, dont le Réseau des experts du Sud-Est européen pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel et le Réseau des experts du patrimoine culturel immatériel de TURKSOY, l’organisation internationale de la culture turque. Depuis 2008, la Turquie a également accueilli douze réunions internationales sur des sujets liés au patrimoine culturel immatériel.
La Turquie fait ici rapport sur neuf éléments inscrits sur la Liste représentative : l’art des Meddah, conteurs publics (incorporé en 2008 après avoir été déclaré chef d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité en 2003) ; le Sema, cérémonie Mevlevi (également incorporé en 2008 après avoir été déclaré chef d’œuvre en 2005) ; la tradition Āşıklık (de l’art des trouvères) (2009) ; le Karagőz (2009) ; Novruz, Nowrouz, Nooruz, Navruz, Nauroz, Nevruz (2009), le festival de la lutte à l’huile de Kirkpinar (2010) ; le Semah, rituel Alevi-Bektaşı (2010) ; les rencontres traditionnelles Sohbet (2010) ; et la tradition cérémonielle du Keşkek (2011).
Les conséquences de l’inscription ont été diverses. S’agissant de l’art des Meddah, il convient de noter que l’inscription a sensibilisé les populations au patrimoine culturel immatériel en général et a accru la visibilité de l’élément au niveau local et national. L’inscription a également eu pour conséquence une augmentation du public et a permis d’améliorer la créativité et la productivité des détenteurs. En ce qui concerne la tradition Āşıklık (de l’art des trouvères), l’inscription a incité les jeunes à sauvegarder la tradition et a réuni les communautés ; les médias se sont montrés très intéressés lorsque la coutume a été inscrite. Les représentations de Karagőz se sont multipliées grâce à une nouvelle perception de l’élément, désormais considéré comme une forme d’art de grande valeur tant du point de vue social que culturel. L’intérêt pour les rencontres traditionnelles Sohbet s’est accru, tant au niveau local que national, et la coopération entre les institutions publiques, les organisations non gouvernementales, les universités, les communautés et les détenteurs de la tradition s’est renforcée afin d’élaborer un plan d’action de sauvegarde de l’élément. Pour Nevruz, un accord entre le MCT et le Ministère de l’Éducation Nationale a été signé aux termes duquel les universités et écoles organisent tous les ans des activités extrascolaires consacrées à l’élément (p. ex. des expositions, des concours, des symposiums et des événements festifs en plein air). Pendant de nombreuses années, le Semah, rituel Alevi-Bektaşı, devait être pratiqué en secret. La communauté et les groupes concernés ont cependant commencé à le célébrer publiquement avec des danses et de la musique et en compagnie d’amis, de membres de la famille et d’étrangers. Une Réglementation sur la lutte à l’huile de Kirkpinar (2000) a établi un Comité de pilotage dont la mission est d’assurer la sauvegarde de la forme traditionnelle de l’élément. Les rapports sur les éléments ont été rédigés par la Commission d’experts avec la participation (à différents niveaux) des principales organisations non gouvernementales et associations de détenteurs, des autorités locales, d’académiciens et de détenteurs des éléments.

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