Lors de sa dernière session tenue en décembre 1992, le Comité a rappelé que, lorsque ce site a été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en 1988, plusieurs membres du Comité avaient émis des réserves en raison de son état de conservation et des différentes menaces qui pesaient sur son intégrité. En dépit des assurances données au Comité à l'époque de son inscription et de l'existence d'un projet de la CEE dans la région (pour lequel était prévu un financement de 27 millions de dollars), ce bien continue à se détériorer et n'a toujours pas de plan de gestion. Le Comité a été informé que le Président de la République centrafricaine avait l'intention de confier la gestion de ce site à une fondation privée et qu'il avait invité l'UNESCO à y participer en tant qu'organe scientifique. Le Comité s'est montré très satisfait que le Secrétaire d'Etat au Ministère centrafricain de la recherche scientifique et de la technologie, conformément aux recommandations faites par le Bureau lors de sa dernière session, tenue à Paris, en juillet 1992, ait invité une mission afin d'évaluer l'état de conservation du site et la proposition de confier la gestion de ce site à une institution privée.
Le Comité a demandé au Centre d'organiser une telle mission, en se basant sur un audit récent du projet effectué par la CEE. Le Comité a demandé en outre que la proposition de confier la gestion de ce site à une institution privée soit évaluée surtout du point de vue de son impact sur: (a) la protection du site; (b) la participation des populations locales à la gestion du site; et (c) l'effet social et économique qu'un régime privé de gestion aurait sur la région et le pays.
Le Centre a fait une évaluation préliminaire du rapport de l'Audit technique et financier du Programme de Développement de la Région Nord (PDRN), préparé conjointement par le Ministère des eaux et forêts, des loisirs, de la pêche et du tourisme de la République centrafricaine et la Fondation internationale pour la protection des Loisirs (IGF) et a relevé les points importants suivants:
a) Le Projet de la CEE concerne le développement de toute la région, y compris le site de Manovo-Gounda Saint Floris et les zones avoisinantes. Actuellement, l'état des écosystèmes et des habitats à l'intérieur du Parc semblent être meilleur qu'à l'extérieur. Cependant, il semble que la situation socio-économique se soit dégradée dans toute la région et que les tribus nomades braconnent et fassent paître leur bétail.
b) L'équipement disponible dans le Parc, par exemple les radio-émetteurs pour la surveillance du Parc, est hors d'usage. L'infrastructure dans la région, i.e. les routes, les ponts, les voitures, etc., n'est pas entretenue.
c) Le personnel n'est pas suffisamment formé et les rapports qu'il fournit après ses patrouilles comportent de nombreuses erreurs en ce qui concerne les cartes et le nombre d'espèces sauvages. Il n'y a pas assez d'inventaires de la faune et la flore et pas assez de personnel pour effectuer des patrouilles dans le Parc.
d) D'une façon générale, il semble que l'impact de la zone protégée sur le développement socio-économique de la région soit mal compris. La conception du projet et sa mise en oeuvre ne semblent pas avoir suffisamment pris en compte la participation des populations locales, ce qui a entraîné des tensions entre les "expatriés" et les "nationaux" et limité l'efficacité de la mise en oeuvre du programme.
La base institutionnelle et légale pour la création d'une fondation privée qui gérera la Zone Franche Ecologique comprenant le Parc, sur la base d'une concession de 30 ans offerte par le Gouvernement de la République centrafricaine, manque de clarté. Le Centre a eu une réunion sur ce sujet, le 23 avril 1993, avec le Conseiller du Président de la République centrafricaine. Le Centre coopérera avec la Commission du droit de l'UICN pour étudier plus en profondeur les implications légales de la création de cette fondation privée. Une autre réunion avec le Conseiller du Président de la République et des hauts fonctionnaires responsables de l'environnement et des affaires juridiques se tiendra au Centre, mi-mai.
Les résultats de ces consultations seront communiqués au Bureau à sa dix-septième session. Il est recommandé au Bureau de reporter l'envoi d'une mission sur ce site jusqu'à ce les bases légales et institutionnelles relatives à la création d'une fondation privée et son mode d'application soient mieux connues.
Pour répondre à la demande formulée en décembre 1992 par le Comité du patrimoine mondial, deux réunions se sont tenues avec la participation de représentants de la République centrafricaine pour discuter des points suivants :
(a) la protection du site ;
(b) la participation des populations locales à la gestion du site, et
(c) les conséquences socio-économiques d'un "régime de gestion privatisée".
La première réunion, au mois d'avril, a montré que les questions en jeu étaient plus de nature administrative et juridique qu'écologique et qu'il n'était donc pas nécessaire de mener une mission sur le terrain.
Le 10 mai 1993, des représentants légaux de la République centrafricaine, de l'UNESCO et de l'UICN se sont réunis au Centre du patrimoine mondial pour passer en revue les points (a), (b) et (c) sus-mentionnés.
Le Centre présentera un rapport au Comité quand il disposera de nouvelles informations sur les nouvelles options en matière de gestion qui sont actuellement à l'étude. Toutefois, l'instabilité permanente qui règne dans la région rend toute mise en oeuvre difficile.