Pour prendre conscience du rôle que la culture peut jouer, à la fois en tant que moteur et catalyseur du développement durable et inclusif, il est indispensable de prendre acte des avantages qu’elle présente : les bénéfices économiques considérables qui sont tirés d’un secteur culturel dynamique, en termes d’emplois et de bien-être individuel, ainsi que la fierté des communautés concernées et la confiance générée par les activités créatives.

Le Rapport sur l’économie créative des Nations Unies (2013) – Édition spéciale présente une multitude d’expériences, qui font ressortir l’importance que revêt la culture pour le développement. Il montre que le fait de donner aux artistes, aux entrepreneurs culturels, aux communautés locales et aux décideurs les moyens d’exploiter le potentiel existant a pour effet de stimuler leurs secteurs créatifs et culturels, ce qui a des répercussions positives en termes de développement. Toutefois, il reste encore beaucoup à faire à tous les niveaux – par les individus, les communautés, les gouvernements et les acteurs du développement à l’échelle internationale – pour promouvoir le rôle de la culture et du secteur créatif dans le développement. Le Rapport, tourné vers l’avenir, présente les 10 grandes recommandations suivantes dans le but d’ouvrir de nouvelles voies au développement.

L’unité sociale centrale dans laquelle s’opère le changement transformateur est une communauté culturellement définie, qui s’appuie sur ses propres valeurs et institutions pour générer de la valeur économique (bien-être matériel et immatériel) ; de la valeur sociale (les avantages associés à la cohésion sociale, à la stabilité sociale, etc.) ; de la valeur environnementale (les avantages tirés des ressources naturelles et des écosystèmes) ; de la valeur culturelle (les avantages intrinsèques et indirects tirés de l’art et la culture, qui contribuent à l’accomplissement individuel et collectif).

Un processus de décision rationnel s’appuie non seulement sur le recensement des atouts culturels locaux mais aussi sur des données tangibles. Si de nouvelles études mesurant l’apport de la culture au développement dans les villes ou les municipalités ont commencé à apparaître, les données locales sont très insuffisantes dans l’ensemble des pays en développement. Quand elles existent, les statistiques mesurant les résultats et les taux de croissance du secteur sont souvent lacunaires et peu fiables. Le processus de collecte et d’analyse des données quantitatives requises ne peut être que graduel et incomplet, c’est pourquoi les résultats qualitatifs doivent également être pris en compte et appréciés.

Il faudra tenir compte de nombreux facteurs, conditions ou variables critiques avant de prendre des décisions et d’élaborer des stratégies et des programmes politiques propres à définir de nouvelles filières pour le développement de l’économie créative au plan local. Ces nouvelles filières se dessineront à la faveur de processus organiques et par itérations au sein des communautés locales, mais aussi d’initiatives politiques et programmatiques délibérées. Les facteurs déterminants de la réussite incluent des investissements financiers tout au long de la chaîne de valorisation, adaptés aux capacités en termes d’infrastructure et de main-d’œuvre ; une coopération entre agents, intermédiaires et institutions, nécessaire pour une application efficace des politiques et des mesures ; des processus décisionnels participatifs impliquant les communautés et les acteurs locaux ; des mécanismes spécifiquement conçus pour le développement des entreprises locales, notamment le perfectionnement des compétences techniques, entrepreneuriales et en matière de leadership, ou encore le renforcement de l’aptitude à la réflexion critique et stratégique, essentielle pour que les décisions prises soient avisées ; des droits de propriété intellectuelle effectifs qui stimulent les économies créatives ; la possibilité de travailler en réseau grâce à la constitution de modules créatifs et au soutien apporté aux équipes mobiles de proximité ; l’adhésion à un certain nombre de principes déontologiques, au service des individus et de leurs aspirations, qui concilient le développement économique et le besoin de libération et d’affirmation de l’identité ; la prise en compte des besoins en matière de développement et de bien-être des communautés, s’agissant notamment des conditions de travail et du processus dynamique informel qui caractérisent ce secteur ; une prise de conscience que, dans le monde actuel, très interconnecté et interdépendant, les échanges et les flux transnationaux jouent aussi un rôle majeur dans toute stratégie locale, notamment en ce qui concerne l’accès aux marchés mondiaux et à la connectivité numérique. Dans cet environnement complexe, le renforcement des capacités de réflexion stratégique et critique sera essentiel à une prise de décision efficace.

Il ne faut pas sous-estimer le rôle que joue le renforcement des capacités dans la croissance des économies créatives locales du Sud. Les initiatives de renforcement des capacités dans le secteur public commencent à porter leurs fruits – les aptitudes à la gestion et au leadership sont renforcées, les décideurs disposent des connaissances requises pour concevoir des stratégies relatives à l’économie créative locale et obtenir le concours de diverses parties prenantes. L’investissement dans le développement du capital humain est une étape majeure sur la voie d’un développement à dimension humaine. Cette démarche doit être associée à des investissements visant à consolider les systèmes de gouvernance et les cadres institutionnels.