L'état de conservation du site appelle deux remarques sur :
A. La restauration du site : un long processus
Le site de Lalibela a fait l'objet de plusieurs campagnes de restauration ; le problème principal était et reste toujours celui de l'altération des couvertures monolithes en pierre de certaines églises, pendant la saison humide, et les craquelures des façades apparentes sur plusieurs monuments. Trois principales campagnes se sont succédé en 1920, en 1954 et en 1966-68 sous la direction de Sandro Angelini. Il est probable que les premières restaurations de 1920 et 1954, rapides, sans précautions scientifiques et faisant un usage immodéré du ciment, aient aggravé la situation ; on sait ainsi que Sandro Angelini a été obligé de corriger les aspects les plus négatifs de ces premières campagnes.
A l'heure actuelle, plusieurs églises sont protégées par des couvertures en zinc montées sur des échafaudages en bois (la dernière en date est celle de Béta Madhané Alam, construite dans la cadre du projet FINNIDA). Certes efficaces, ces couvertures et les échafaudages qui entourent les monuments, les dénaturent profondément et doivent être considérées comme des pis-aller provisoires dans l'attente d'une véritable restauration dont le caractère urgent est souligné par tous.
Un autre défi est celui du drainage, dans un milieu constitué de profondes excavations où l'eau s'engouffre et stagne. Le système traditionnel de drainage est souvent obstrué et mériterait d'être nettoyé et amélioré.
B. La gestion du site et l'harmonisation des projets actuels
Le CRCCH a un représentant sur place, mais il existe aussi d'autres partenaires :
- l'Eglise éthiopienne, dans ses différentes composantes et au premier chef les religieux des églises de Lalibela, environ 500 personnes, qui ont formé un comité placé sous l'autorité du patriarcat d'Addis Abeba et de Dessié ;
- deux projets, avec des financements internationaux, sont aujourd'hui engagés à Lalibela : le projet intitulé "Restauration et préservation des églises de Lalibela", financé par l'Union européenne (2 millions d'écus) a débuté en 1994 ; un second projet, financé par la FINNIDA est chargé de la réhabilitation du site, en particulier de son environnement urbain (2,2 millions de dollars sur 4 ans) : drainage, réalisation d'un plan directeur pour la ville, amélioration des conditions de vie de la communauté religieuse.
La principale difficulté rencontrée par le CRCCH aujourd'hui semble être l'harmonisation des différents projets et la coordination entre les partenaires et à l'heure actuelle, la restauration n'a toujours pas débuté. La situation à Lalibela est extrêmement délicate. Plusieurs mesures pourraient être prises, à des niveaux différents :
1) du point de vue de la recherche scientifique, qui n'est peut-être pas assez prise en compte dans les projets internationaux actuels; on peut préconiser :
- une étude sociologique sur la fonction religieuse du site aujourd'hui, qui permettrait de mieux comprendre l'organisation du clergé, le rôle du site pour les fidèles et sa fréquentation comme lieu sacré, en vue de la conception d'un projet d'aménagement du site ;
- une recherche documentaire et archivistique sur l'évolution du site depuis un siècle, rassemblant toute la documentation disponible sur les différentes campagnes de restauration. Cette documentation, comme l'ensemble des données concernant Lalibela, devrait être déposée au centre du CRCCH à Addis Abeba et sur le site lui-même;
2) Il serait souhaitable, aussi, que le rôle du CRCCH, comme coordinateur des projets de restauration en cours, soit renforcé et qu'il veille, conformément aux principes de la Stratégie globale, à ce que les activités sur le site ne soient pas limitées à des interventions sur les monuments. Le CRCCH pourrait participer à la création d'une structure de réflexion et de gestion des projets de restauration et de développement du site de Lalibela, en engageant également les partenaires locaux pour mettre au point une stratégie commune.