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Audrey Azoulay, Directrice générale de l'UNESCO, a participé à l'ouverture de la 42e session du Comité du patrimoine mondial

24 Juin 2018

Le 24 juin, Audrey Azoulay, Directrice générale de l'UNESCO, a participé à l'ouverture de la 42e session du Comité du Patrimoine mondial au Théâtre national du Bahreïn, en la présence du Prince héritier Salman bin Hamad al-Khalifa du Bahreïn. Elle a prononcé un discours bilingue à cette occasion:

" Son Altesse Royale, Prince SALMAN BIN HAMAD AL KHALIFA,

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

Nous sommes réunis à l’occasion de l’un des moments forts de la vie de l’UNESCO, l’un des plus attendus, l’un des plus scrutés aussi par le monde. Le monde qui est là et qui nous regarde.

En quelques décennies, l’inscription de sites de valeur universelle exceptionnelle sur la liste du patrimoine mondial s’est imposée comme une évidence, comme une pratique et un usage reconnus dans le monde entier.

L’idée de patrimoine mondial est devenue une norme universelle.

C’est dire le succès de la Convention du patrimoine mondial qui n’allait pas de soi, l’importance de cette session et des travaux que mène ce Comité, à chaque session annuelle, et lors des réunions préparatoires. Je tiens à remercier chacun et chacune d’entre vous pour votre engagement à cet égard.

Je voudrais commencer par rendre hommage à sa Majesté et à l’engagement du Royaume du Bahreïn pour son patrimoine culturel multiséculaire, archéologique et architectural notamment, un engagement qui est porté par des femmes qui s’y consacrent pleinement et que je veux saluer très chaleureusement, madame la Présidente de l’autorité pour la culture et les antiquités, son Excellence SHAYKHA MAI BINT MOHAMMED AL KHALIFA, Madame la Présidente de cette 42eme session, son Excellence SHAYKHA HAYA BINT RASHED AL KHALIFA.

Hier, à mon arrivée, j’ai eu la chance de visiter le site archéologique de Qal’at al-Bahreïn. Un site magnifique avec lequel on traverse les siècles ; le vestige de l’antique civilisation de Dilmun. Une civilisation citée par les textes sumériens, terre de croisements fertiles, de commerce, d’eau douce, terre qui aurait été un paradis pour Gilgamesh.

Des missions archéologiques travaillent ici et ont permis de mettre au jour ce site unique, et de lire à travers les couches successives l’histoire au cœur du berceau de l’Humanité. Je voudrais saluer la continuité et la quantité du travail effectué pour le site inscrit au Patrimoine mondial et qui témoigne de la profondeur historique de ce pays, si bien mis en valeur dans le musée qui présente les fouilles. Un site où les religions du livre ont ensemble lancé un appel pour la paix.

Nous sommes ici dans des îles. Et cela explique beaucoup les traditions, le commerce, la pêche de perles qui ont façonné la physionomie, et notamment celle de la ville de Muharraq, avec ses entrepôts et ses résidences de marchands, avec aussi bien sûr la forteresse de Qal’at Bū Māhir, à la pointe méridionale de l’île – c’est de là que partaient les bateaux pour aller pêcher les huîtres.

C’est pour cette richesse, naturelle, humaine et patrimoniale, que les activités perlières du Royaume ont été inscrites, elles aussi, sur la liste du Patrimoine mondial. Elles illustrent le croisement entre le patrimoine naturel et le patrimoine immatériel….

C’est aussi depuis le Bahreïn que rayonne le Centre régional arabe pour le patrimoine mondial, sous l’égide de l’Unesco, et je me réjouis que nous ayons renouvelé ce partenariat.

C’est bien en s’appuyant sur cette profondeur historique, cette ouverture au monde arabe et au monde en général que le patrimoine est force de développement et projette à la fois le pays dans la modernité et sur la scène internationale.

« Notre patrimoine, c’est notre richesse ». C’est ce que j’ai entendu aujourd’hui à plusieurs reprises.

Une richesse qui est d’abord l’héritage des siècles et qu’il faut connaître et comprendre.

Notre patrimoine, c’est aussi notre identité, et il est essentiel que chacun puisse s’approprier ce patrimoine, se reconnaître dans une histoire, des lieux, des arts, des traditions. Connaître son histoire, c’est pouvoir aller à la rencontre de celle de l’autre. Etre privé de son histoire, c’est être vulnérable aux récits fantasmés et parfois meurtriers de l’extrémisme. C’est pourquoi, pour la jeunesse, la politique du patrimoine n’est pas uniquement une politique de conservation mais aussi une politique de sens quand le patrimoine est partagé et vivant et vécu.

Le patrimoine évolue, s’adapte, se réinvente. Il doit être investi par les jeunes générations. C’est aussi le sens du Forum des jeunes professionnels du patrimoine mondial, qui s’est tenu à Manama car ce sont les jeunes dans leurs pays qui prendront le relais pour protéger le patrimoine, le restaurer et le reconstruire, après les désastres naturels et les conflits.

Une richesse qui est issue du passé mais qui est aussi une source de développement durable pour le présent et pour l’avenir. Une source de création, d’innovation, d’emplois. Les pays qui ont su protéger et valoriser leurs patrimoines authentiques disposent d’atouts formidables pour leur développement économique.

Pourtant, nous le savons tous, le patrimoine fait face à de nombreux défis : les conflits et leur effet dévastateur sur le patrimoine, le trafic illicite, les dérèglements climatiques, la surfréquentation touristique, l’urbanisation rapide, l’exploitation des ressources naturelles. Il est de notre responsabilité de préserver cette richesse.

Il est aussi important de rappeler que nous devons la préservation de ces sites à ceux dont l’engagement pour les défendre se fait parfois au péril de leur vie. Je voudrais penser aux familles des 22 professionnels dans les sites de patrimoine mondial de la République démocratique de Congo qui sont morts dans l’exercice de leur métier depuis le dernier Comité.

Ladies and Gentlemen,

It is significant that this year, the World Heritage Committee is being held in Bahrain, an Arab country. The origin of the 1972 Convention is closely linked to this region, and to the international campaign for Abu Simbel and Philae in Egypt. The protection of cultural heritage remains a challenge, as the region still suffers the consequences of conflicts. This includes deliberate attacks on cultural heritage – heritage in a broader sense, and in particular, World Heritage sites: of the 82 World Heritage sites in the Arab region, 17 are in danger. But of course much more are really in danger.

Across Iraq, over 100 cultural heritage sites have been destroyed, many of which are in Mosul or in the region – a city that for centuries was the seat of cultural pluralism and learning at the crossroads of civilizations.

This is way, last February, UNESCO launched an initiative to “Revive the spirit of Mosul”, in partnership with the Iraqi authorities, to rebuild Mosul’s Old City in its human dimension, through culture, heritage and education, for they are the very tools we need to rebuild the country.

UNESCO is actively engaged in conflict zones across the world in order to promote dialogue and cooperation and to ensure that our common heritage unites rather than divides us. 

The international community is aware in the recognition of what unites us. This is why, in 2017, the UN Security Council unanimously adopted resolution 2347 that designated attacks on heritage as a war crime and underlines the responsibility of all Member States to protect cultural heritage and to prevent illicit trafficking as a means to achieve peace and stability. We are fully  engaged in this resolution.

And yet, there is another grave threat to World Heritage: climate change.

Over the last decade, the Committee has closely followed the cases of nearly 40 sites that have already experienced the consequences of the rises in global temperature, whether it be through desertification, drought, floods, storms or coral bleaching.

Mesdames et messieurs,

En ces temps de division sur la scène internationale, de repli et de mise à l’épreuve du multilatéralisme, la protection du patrimoine mondial est un exercice unique de diplomatie appliquée pour la paix, où les Etats membres se retrouvent autour d’un objectif commun, qui dépasse la somme des intérêts nationaux.

C’est un des rares espaces de dialogue autour du bien commun qu’est le patrimoine mondial, qu’il nous revient de travailler en étant fidèles aux objectifs fondateurs de la Convention.

Qu’il nous revient aussi de conforter dans sa valeur universelle exceptionnelle en soutenant les Etats membres dans ce chemin de la reconnaissance et de la protection du patrimoine car la notion de valeur universelle exceptionnelle implique un effort collectif.

Je voudrais conclure en rendant hommage à un magnifique symbole du Royaume, l’Arbre de vie, très énigmatique, qui pousse au milieu du désert depuis des siècles, et qui est à la fois source de recherches scientifiques, de fouilles archéologiques, d’émerveillement et de tourisme durable. Il porte un message qu’il nous faut entendre, celui des miracles de la nature et de son interaction avec l’homme.

Cette hospitalité est celle que le royaume réserve à la 42eme session du patrimoine mondial, qu’il en soit remercié."