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Décision du Comité intergouvernemental : 12.COM 11.e.4

Le Comité

  1. Prend note que l’Ouzbékistan a proposé le Centre de développement artisanal de Marguilan, sauvegarde des technologies traditionnelles de fabrication d’atlas et d’adras (n  01254) pour sélection et promotion par le Comité comme programme, projet ou activité reflétant le mieux les principes et objectifs de la Convention :

L’histoire de la fabrication d’ikat d’atlas et d’adras sur le territoire de l’Ouzbékistan actuel remonte à l’Antiquité. Historiquement, c’est à Marguilan qu’étaient fabriqués l’atlas et l’adras, des tissus traditionnels fins et colorés. L’artisanat traditionnel a connu des moments difficiles pendant l’ère soviétique et certaines techniques anciennes de production artisanale ont failli disparaître. Au vu de l’urgence de revitaliser et de sauvegarder les traditions menacées de disparition, en 2007, la communauté locale a lancé une initiative visant à créer un Centre de développement artisanal (CDC). L’objectif de ce Centre est de sauvegarder, développer et promouvoir les méthodes traditionnelles ouzbèkes de fabrication d’atlas et d’adras grâce à des formations innovantes, à des expositions et des salons de l’artisanat, à des festivals sur les textiles traditionnels et à la publication de différents outils et manuels de sauvegarde. Il encourage également l’utilisation de matériaux naturels et contribue à la transmission des connaissances et des savoir-faire relatifs à la nature et à l’univers ainsi qu’à leur importance pour la santé et le bien-être des personnes. Le succès du CDC est lié à son fort esprit de partenariat, et les communautés locales jouent un rôle important dans la mise en œuvre de ses initiatives de par le sentiment commun que les tissus d’atlas et d’adras sont au cœur de l’identité.

  1. Décide que, d’après l’information contenue dans le dossier, le programme répond comme suit aux critères énoncés au paragraphe 7 des Directives opérationnelles concernant la sélection en tant que bonne pratique de sauvegarde :

P.1 :  Le programme est né de l’urgence de revitaliser les techniques et les pratiques artisanales. Il comprend aujourd’hui des activités de sensibilisation et de transmission à différents niveaux, et suit une démarche d’inclusion de différents groupes sociaux. Il encourage notamment la transmission intergénérationnelle et la transmission par des formations non formelles, et s’attache à faire participer les jeunes et à promouvoir la production durable avec l’utilisation de tissus et de colorants naturels plutôt que de produits industriels.

P.2 :  Si le Centre de développement artisanal de Marguilan est surtout actif au niveau national, les activités telles que les expositions, les salons de l’artisanat et les festivals internationaux font connaître l’artisanat de l’ikat à l’échelle internationale. Le Centre met également en contact les artisans avec des amateurs d’art, des créateurs de mode et des marchés en général, en les faisant ainsi connaître aux niveau national et international.

P.3 :  Le Centre a pour missions de : sauvegarder les techniques traditionnelles de fabrication d’atlas et d’adras, des pratiques qui relèvent du patrimoine culturel immatériel ; veiller au respect de cet élément du patrimoine culturel et de ses détenteurs ; sensibiliser à son importance ; et promouvoir le respect de la diversité et de la créativité humaine. Il encourage également le développement durable fondé sur des valeurs propices à l’emploi et à la génération de revenus, ainsi que l’inclusion des jeunes.

P.4 :  Le Centre a fortement contribué à plusieurs mesures de sauvegarde, qui ont toutes un impact social important. De nombreux jeunes ont participé aux sessions de formation et ces traditions comptent aujourd’hui de plus en plus de participants ainsi que de nouveaux détenteurs. Les produits ont acquis une meilleure place sur le marché et l’association d’anciens savoir-faire et de création moderne a permis de développer plus de cinquante nouveaux produits. Des actions de coopération ont également été mises en place avec des associations caritatives et le projet a ciblé les catégories les plus vulnérables de la population. Le CDC se charge également de revitaliser les procédés traditionnels de production et de teinture de la soie et d’autres aspects de la production d’atlas et d’adras, d’organiser des formations non formelles de type maître-apprenti ainsi que des master classes et de produire des outils pédagogiques.

P.5 :  La communauté locale a été à l’initiative de la fondation du CDC, avec l’appui du gouvernement et d’organisations de la société civile. Les communautés concernées ont également participé à toutes les étapes de la préparation de cette proposition, en particulier l’Association des artisans et la communauté des tisserands d’ikat. Le dossier contient un grand nombre de documents qui sont la preuve du consentement libre, préalable et éclairé donné par les détenteurs et d’autres parties prenantes.

P.6 :  Le dossier montre la manière dont un partenariat public-privé efficace peut être établi pour sauvegarder le patrimoine culturel. Ce projet, qui est une initiative lancée par une communauté et soutenue par l’État et d’autres partenaires, a permis de revitaliser un système de transmission intergénérationnel fondé sur une relation maître-apprenti. Les activités destinées à générer des revenus et à garantir un développement durable pourraient en particulier servir de modèle en dehors de l’Ouzbékistan. Une question se pose toutefois concernant la nature hiérarchique des relations de travail entre les différents intervenants du CDC.

P.7 :  Le CDC a noué des relations professionnelles avec des ateliers d’artisanat de tout le pays. Par ailleurs, les professionnels du CDC se rendent à l’étranger, où ils transmettent volontiers leurs connaissances et organisent des master classes et des activités de formation, comme les ateliers qui ont eu lieu à Kaboul et à Issikyl et les autres manifestations organisées en Inde, aux États-Unis, en Corée du Sud, en Afghanistan, au Tadjikistan et au Kirghizistan. La pratique est également diffusée par le biais de festivals, d’expositions et de salons de l’artisanat.

P.8 :  Les évaluations qui sont régulièrement menées s’appuient sur des données qualitatives et quantitatives et reposent sur un suivi interne, sur un rapport annuel adressé aux organismes publics et associations spécialisées et sur les évaluations d’organismes partenaires. Ces évaluations se font par exemple dans le cadre du projet mené avec la Commission nationale coréenne pour l’UNESCO ou des questionnaires distribués périodiquement par l’Association des artisans. Les produits du CDC sont également soumis à des normes de contrôle qualité permanentes.

P.9 :  Le CDC s’est développé dans un contexte de transition sociale et a fait face à de nombreux obstacles auxquels sont souvent confrontés les pays en développement. Ce projet peut être considéré comme un modèle d’entrepreneuriat social de par l’inclusion des jeunes, l’aide apportée aux groupes vulnérables, la revitalisation du patrimoine culturel et le développement durable.

  1. Sélectionne le Centre de développement artisanal de Marguilan, sauvegarde des technologies traditionnelles de fabrication d’atlas et d’adras comme programme, projet ou activité reflétant le mieux les principes et objectifs de la Convention ;
  2. Invite l’État partie à s’assurer que les relations et conditions de travail du Centre de développement artisanal de Marguilan respectent pleinement les principes éthiques pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.

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