<
 
 
 
 
×
>
You are viewing an archived web page, collected at the request of United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization (UNESCO) using Archive-It. This page was captured on 03:29:50 Jul 04, 2018, and is part of the UNESCO collection. The information on this web page may be out of date. See All versions of this archived page.
Loading media information hide
Zoom

Une journée ordinaire dans la vie de Qello

Le jour se lève à Dodota Denbel. Qello va chercher du bois dans la forêt. Elle a treize ans. Deuxième des quatre enfants d’une famille éthiopienne, elle a la charge de la majorité des tâches ménagères, surtout depuis que sa sœur aînée de dix-neuf ans s’est mariée et a eu un bébé.

Photographies : Ignacio Marín

Texte : Katerina Markelova

Si Qello, l’héroïne de ce photoreportage réalisé en novembre 2017, va à l’école aujourd’hui, c’est qu’elle a de la chance. Seules 30,4 % de jeunes filles éthiopiennes en âge de fréquenter un établissement du secondaire sont scolarisées (Institut des statistiques de l’UNESCO, 2015).

Qello, adolescente de 13 ans, a déjà franchi la première étape sur le chemin de la réalisation de son droit fondamental à l’éducation : elle n’a pas abandonné le primaire en cours de route comme 61 % de ses jeunes compatriotes (ISU, 2014). Parviendra-t-elle à intégrer le deuxième cycle du secondaire ? Quelque 17 % de jeunes filles (taux brut de scolarisation*) ont passé ce cap en 2015.

Dans son pays, malgré le taux relativement fort de scolarisation des filles dans le primaire ‒ 82 % en 2015 ‒ seule  une jeune fille sur deux entre 15 à 24 ans (47 % en 2007) peut à la fois lire, écrire et comprendre un texte simple et court relatif à sa vie quotidienne. C'est la conséquence logique d’une pénurie aiguë d’enseignants : un enseignant pour 55 élèves en 2011 dans le primaire.

Le petit frère de Qello, aura-t-il autant d’obstacles à braver pendant son parcours scolaire ? Il aura un peu plus de chances d’intégrer le primaire (le taux de scolarisation était de 88,5 % en 2015), mais aussi le secondaire (31,4 % en 2015). Il passera sans doute une année de plus à l’école : l’espérance de vie scolaire* des garçons s’élevant à 8,9 ans en 2012, contre 7,9 pour les filles.

Bien qu’en termes d’accès à la scolarité obligatoire (de 7 à 14 ans), la parité soit quasiment acquise, la situation en Éthiopie est toutefois assez peu réconfortante, car environ 2,2 millions d’enfants et 4,6 millions d’adolescents (2015) ne sont pas scolarisés dans ce pays d’Afrique subsaharienne qui compte 102 millions d’habitants.

Aujourd’hui, dans le monde, 59 millions d’enfants ne vont pas à l’école, soit 9 % de la population d’âge scolaire du primaire. Un peu plus de la moitié de ces enfants vivent en Afrique subsaharienne, région qui enregistre les taux les plus élevés d’exclusion de l’éducation. Quelque 17 millions d’entre eux sont des filles. Dans la région, 9 millions de filles âgées d’environ 6 à 11 ans n’iront jamais à l’école, contre 6 millions de garçons (ISU).

L’égalité des sexes constitue la cible n°1 de l’Objectif de développement durable 4, qui vise à assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et à promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie à l’horizon 2030. L’UNESCO, en tant qu’institution spécialisée des Nations Unies pour l’éducation, a été chargée de diriger le Cadre d'action Éducation 2030, adopté en novembre 2015. La responsabilité première de la mise en œuvre de cet agenda incombe aux gouvernements. L’UNESCO et ses partenaires apportent un soutien par des conseils en matière de formulation de politiques coordonnées, d’assistance technique, de renforcement des capacités et de suivi des progrès accomplis aux niveaux mondial, régional et national.

__________________________

* Taux brut de scolarisation : nombre d’étudiants scolarisés dans un niveau d’enseignement donné, quel que soit leur âge, exprimé en pourcentage de la population de la tranche d’âge théorique qui correspond à ce niveau d’enseignement.

Espérance de vie scolaire : nombre probable d'années qu'un enfant est appelé à passer dans le système scolaire et universitaire.

De retour à la maison, Qello prépare le café.

Toilette matinale.

Qello a déjà préparé le petit déjeuner et nettoyé la maison. Maintenant elle va aller à l’école, où elle arrive parfois en retard en raison des obligations qui la retiennent à la maison.

Trois à cinq filles partagent le même banc dans sa classe.

« Les deux tiers des amies de Qello seront obligées de se marier à un très jeune âge et la grande majorité d'entre elles abandonneront l'école juste après », explique Ana Sendagorta, directrice de la Fondation Pablo Horstmann.
 
De retour à la maison, Qello fait à manger pour la famille. Traditionnellement, les tâches ménagères sont considérées comme une « formation » des jeunes filles, indispensable à leur vie de futures mères de famille.

Qello attend que son père termine le repas pour qu'elle puisse faire la vaisselle.

 
Une fois la vaisselle faite, elle va chercher de l’eau au puits. Il n' y a en qu'un seul pour tout le village. L’attente est souvent longue.

 

 

Le retour est long, lui aussi. Ces parcours exposent de nombreuses filles au risque de violence physique ou sexuelle.

 

 

Le moment est venu de faire la lessive.

 
 
Finies les corvées ! Il se fait tard. Qello peut enfin faire ses devoirs à la lueur de sa petite lampe.
 

La nuit enveloppe la maison de Qello de son voile de ténèbres et de promesses d’étoiles. Demain est un autre jour.