Le 27 septembre, six semaines après le début du forage exploratoire au large de la côte nord-ouest de l'Alaska, Royal Dutch Shell a annoncé l’abandon de sa recherche de pétrole dans l'Arctique. La décision de cesser ses opérations dans la mer des Tchouktches est une excellente nouvelle pour le Système naturel de la Réserve de l'île Wrangel qui se trouve à proximité.
Le Système naturel de la Réserve de l'île Wrangel est le seul site marin du patrimoine mondial de l’Arctique. L’île possède la plus vaste population de morses du Pacifique rassemblant au moins 100.000 individus dans les colonies de l'île, ainsi que la plus forte densité d’anciennes tanières d’ours blancs. Pendant l’été, c’est un important lieu de nourrissage pour la baleine grise, et l’endroit le plus septentrional où viennent nicher 100 espèces d’oiseaux migrateurs.

Les opérations menées par Shell dans la mer des Tchouktche ont menacéce joyau de l’Arctique ainsi que la richesse de la faune qui y habite. Leur propre évaluation des risques a révélé que les panaches provenant d'un déversement de pétrole pourraient atteindre la zone tampon de la Réserve de l'île Wrangel en 30 jours, et une étude réalisée par le Bureau of Ocean Energy Management (Bureau de gestion de l'énergie des océans) a confirmé les impacts potentiels que cela aurait sur la réserve. Pendant la dernière session du Comité du patrimoine mondial qui s’est tenue à Bonn, en Allemagne, le Comité a exprimé ses graves préoccupations à propos de l'exploration pétrolière dans la mer des Tchouktches.

Lors de cette réunion, le Comité a réitéré que l'exploration ou l'exploitation du pétrole est incompatible avec le statut de patrimoine mondial soutenu par les engagements des leaders de l'industrie de ne pas entreprendre de telles activités au sein de biens du patrimoine mondial. Le Comité a ajouté qu’aucun aménagement ne doit pas être entrepris avant que les impacts potentiels des activités d’exploration pétrolière, minière et gazière développées à proximité des sites du patrimoine mondial n’aient fait l’objet d’une évaluation complète afin de garantir qu’aucune de ces activités n’ait d’impact négatif sur la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du site.

Au cours des dernières décennies, les leaders de l'industrie sont devenus de plus en plus réceptifs aux implications du statut de patrimoine mondial. En 2003, le Conseil international des mines et métaux (ICMM) a adopté un «Rapport de situation sur l’exploitation minière et les activités associées en liaison avec les régions protégées » connu comme l'engagement de ne pas pénétrer dans les sites naturels du patrimoine mondial (“no-go” commitment).

La décision de Shell de quitter la mer des Tchouktches représente un nouveau pas en avant dans la protection des sites du patrimoine mondial menacés par le développement inapproprié, en garantissant la protection de ces endroits précieux pour le bénéfice des générations futures.