En janvier 2004, l’UICN a entrepris une mission sur le site, après y avoir été invitée par l’Etat partie en mars 2003. La délégation de l’Etat partie comprenait des représentants de l’Agence de gestion des aires protégées indonésiennes (PHKA) et de l’Organisme de Protection des Ressources naturelles de la Province de Papouasie.
Par lettre datée du 18 février 2004, l’Ambassadeur et Délégué permanent de l’Indonésie a indiqué que l’équipe de la mission a rencontré tous les acteurs concernés et constaté que la majorité d’entre eux soutenaient la protection du Parc national de Lorentz. Il a fait remarquer que les communautés locales continuaient à avoir accès au site pour leurs activités traditionnelles et il a souligné la nécessité d’améliorer les communications entre les acteurs concernés et d’étudier toutes les possibilités d’aménagements pour favoriser l’écotourisme.
L’UICN a insisté sur les avantages de faire participer des responsables papous concernés par la gestion de Lorentz à l’équipe de la mission ; nombre d’entre eux revenaient d’un atelier de formation tenu en novembre-décembre 2003 à Cairns, en Australie. L’UICN a cependant recensé plusieurs lacunes et insuffisances dans la gestion du bien :
a) absence d’organisme de coordination et de personnel pour les activités au niveau du site ;
b) absence de plan de gestion ou de plan stratégique pour orienter l’action des responsables ;
c) incertitude et menaces dues à la passation des pouvoirs des instances gouvernementales centrales aux instances provinciales et locales ;
d) absence de limites matérielles apparentes du Parc ;
e) contraintes de sécurité concernant l’accès du personnel et du public à certaines parties du Parc ;
f) menaces d’aménagements gouvernementaux routiers, urbains et forestiers ;
g) intense exploitation déclarée des ressources marines du Parc et manque de personnel pour contrôler cette utilisation et en limiter les impacts ;
h) impacts permanents de la route d’Habbema et notamment maladies, dépérissement terminal des arbres, augmentation du risque d’incendie et accès facilité pour l’abbatage illégal des arbres, sans compter les conséquences pour de futurs projets routiers dans le Parc.
Deux bureaux initialement créés pour assumer la responsabilité du Parc participent en fait de manière limitée à sa gestion. Le manque de ressources financières et autres empêche une gestion sur place dans une grande partie du Parc. Les projets de la PHKA prévoyant la création d’un service de coordination intitulé « Balai Taman Nasional Lorentz » n’ont pas progressé. Aucun engagement n’a été pris quant à son calendrier de création. Il n’a pas été nommé de Directeur du Parc ni de collaborateurs pour l’aider.
Les possibilités de jumelage du Parc national de Lorentz avec le bien du patrimoine mondial des Tropiques humides du Queensland en Australie ont été étudiées lors du récent atelier de formation de Cairns, en Australie, mais aucun accord officiel n’a été conclu. Une association informelle se développe déjà entre les deux biens à la suite de l’atelier. Le projet coopératif en cours entre l’Australie et l’Indonésie, financé par AusAID, se poursuit et contribue à la préparation d’un plan stratégique pour le Parc de Lorentz.
La création d’une Fondation pour aider au financement et à la gestion de Lorentz avait été discutée lors de réunions peu après l’inscription du site en 1999 mais l’UICN n’a pas trouvé de preuves attestant que l’on y ait donné suite. Plus que jamais, la création d’une Fondation ou d’un mécanisme similaire se révèle nécessaire pour financer la gestion du bien. Malgré de sérieuses insuffisances de gestion, les valeurs justifiant l’inscription de Lorentz au patrimoine mondial en 1999 demeurent intactes. Toutes les atteintes à ces valeurs restent jusqu’ici limitées au niveau local. Tout indique cependant que, faute d’interventions précises et rapides et la mise en place d’un régime de gestion suffisamment énergique, la dégradation va certainement s’accélérer et affecter certaines valeurs universelles qui pourraient même disparaître. L’UICN s’est déclarée sérieusement préoccupée des menaces potentielles causées par des « droits de développement préexistants » concernant plusieurs secteurs du site, qui, pour la plupart avaient fait l’objet d’un zonage et dont l’aménagement urbain et administratif avait été approuvé avant la création du Parc et son classement au patrimoine mondial.