État de conservation
Ancienne ville de Ghadamès
(Libye)
Facteurs affectant le bien en 2018*
- Guerre
Facteurs* affectant le bien identifiés dans les rapports précédents
- Situation de conflit régnant dans le pays
Menaces pour lesquelles le bien a été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en péril
Mesures correctives pour le bien
Pas encore identifiées
Calendrier pour la mise en œuvre des mesures correctives
Pas encore identifié
Assistance internationale : demandes reçues pour le bien jusqu'en 2018
Demandes approuvées : 0
Montant total approuvé : 0 dollars E.U.
Missions sur le bien jusqu'en 2018**
Janvier 1998: mission de l'UNESCO; mars 2003: mission du Centre du patrimoine mondial
Problèmes de conservation présentés au Comité du patrimoine mondial en 2018
- Le Département des antiquités (Department of Antiquities – DOA) signale que onze lieux ont été endommagés par les fortes pluies de décembre 2017, en raison de la fragilité des matériaux de construction en terre. Ces intempéries ont occasionné l’effondrement de murs, de toits et, dans certains cas, de maisons entières tandis que d’autres maisons sont menacées d’effondrement en raison d’un effet « domino ». Toute la ville a subi les conséquences de cet événement météorologique, notamment les rues et les équipements publics. On s’attend à ce qu’en été, la montée des températures provoque la fragmentation et l’effondrement des murs qui ont été saturés d’eau. Le DOA a réalisé une évaluation globale de la ville et a estimé que l’état général des maisons, des ruelles et des équipements publics était bon ;
- Selon le DOA, les derniers travaux de conservation du bien remontent à 2013 et ont été entrepris par la communauté locale. Toutefois, des systèmes d’évacuation des eaux adéquats faisant défaut, les interventions ont provoqué l’effondrement des murs et des toits, conséquence de précipitations excessives. Les autorités locales estiment que le montant des fonds nécessaires aux interventions urgentes d’entretien et de conservation est de 750 000 euros, qu’elles essayent d’obtenir de toute urgence ;
- Le Plan général de l’ancienne ville (2014 – 2016) a établi une liste des bâtiments prioritaires nécessitant des interventions d’entretien et de conservation. Toutefois, en raison du manque de financement, tous les travaux n’ont pu être entrepris ;
- Selon le DOA, il n’y pas de dommage occasionné par l’activité humaine : les résidents du bien sont conscients de son importance historique et culturelle et contribuent à sa conservation. Outre des vérifications de routine pour suivre l’état de conservation des maisons, des campagnes de sensibilisation sont prévues pour les propriétaires de maisons sises dans le périmètre du bien ;
- Le DOA estime que, outre les efforts déployés par ses services et par les autorités et les communautés locales, un soutien et un financement sont nécessaires afin de concevoir et mettre en œuvre une stratégie d’entretien et de conservation du bien. Des travaux de recherche consacrés aux bâtiments sont également nécessaires ;
- Malgré les difficultés auxquelles le bien est confronté, une carte du bien qui précise ses limites et la zone tampon a été soumise. La carte a été établie grâce à des enquêtes de terrain, des images satellitaires et un travail d’évaluation réalisé en concertation avec les communautés locales ;
- Suite au Décret présidentiel No1355/2017, une stratégie de protection des biens libyens du patrimoine mondial est actuellement mise en œuvre par le Bureau d’ingénierie et de conseil auprès des services publics (Engineering Consulting Office of Utilities – ECOU) sous la supervision du DOA. Des fonds ont été alloués pour l’élaboration des études et des plans nécessaires à la mise en œuvre de la stratégie qui repose sur huit piliers : protection contre l’empiétement humain ; protection contre les facteurs naturels ; tourisme ; recrutement et développement des ressources humaines ; renforcement des infrastructures et de l’environnement ; inventaire et suivi des sites archéologiques, soutien à l’environnement ; et administration.
Analyse et Conclusion du Centre du patrimoine mondial et des Organisations consultatives en 2018
Les informations communiquées par l’État partie attestent son engagement en faveur de la conservation du bien malgré le conflit qui règne dans le pays, et constituent des avancées dans l’analyse de la situation du bien. En dépit de cet engagement, des actions globales et planifiées de conservation et de restauration sont nécessaires afin d’assurer l’intégrité et l’authenticité du bien.
Les conditions actuelles qui sont caractérisées par un manque de financement et de ressources humaines sont regrettables car elles empêchent l’État partie d’entreprendre des actions régulières et constantes de conservation. Il conviendrait de rappeler que l’ancienne ville de Ghadamès était habitée lorsqu’elle a été inscrite sur la Liste du patrimoine mondial mais qu’elle ne l’est désormais plus. Cet état de fait est un obstacle à la conservation et l’entretien réguliers du bien. Il est recommandé au Comité de demander à la communauté internationale de soutenir les efforts déployés par l’État partie pour mettre en œuvre les plans et mesures de gestion et de conservation nécessaires pour le bien, et pour envisager une stratégie à moyen et long terme qui vise à ce que le bien soit de nouveau habité.
Le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives saluent l’intérêt et l’engagement des communautés locales et des propriétaires en faveur de l’entretien et de la conservation du bien. Il est recommandé au Comité d’encourager les communautés locales et les propriétaires à poursuivre les efforts qu’ils déploient actuellement pour conserver la valeur universelle exceptionnelle du bien.
Les efforts entrepris pour dresser les cartes, y compris celles des limites du bien et de sa zone tampon, sont reconnus comme étant une étape indispensable dans la protection et la gestion du bien. L’étroite concertation actuellement engagée avec le Centre du patrimoine mondial et l’ICOMOS à ce sujet est très appréciée. Il est recommandé au Comité de demander à l’État partie de poursuivre cette concertation avec le Centre du patrimoine mondial et l’ICOMOS, et de soumettre une clarification des limites suivie d’une demande de modification mineure des limites, conformément au paragraphe 164 des Orientations, pour examen par les Organisations consultatives.
Il est également recommandé à l’État partie d’appuyer les efforts soutenus qu’il déploie pour élaborer une stratégie de protection des biens du patrimoine mondial libyen sur les mesures à court et moyen terme identifiées lors de la Réunion internationale sur la sauvegarde du patrimoine culturel libyen qui s’est tenue à Tunis en mai 2016. Le rapport est disponible à http://whc.unesco.org/fr/actualites/1496.
Selon d’autres sources, on constate une prise de conscience croissante de la part de la société civile et des autorités locales quant à la nécessité de protéger le patrimoine culturel en Libye, notamment les biens inscrits sur la Liste du patrimoine mondial. La réunion des cinq villes membres de l’Union des municipalités du patrimoine mondial (Sabratha, mars 2018), a appelé le gouvernement à prendre des mesures de protection des biens libyens et a souligné la nécessité de coordination et de cohérence entre les autorités compétentes en la matière.
Il demeure essentiel que la mission conjointe demandée par le Comité à ses 40e et 41e sessions (Istanbul/UNESCO, 2016 ; Cracovie, 2017) se rende sur le territoire du bien dès que les conditions de sécurité le permettront. D’ici là, il importe que l’État partie poursuive ses efforts afin de tenir le Centre du patrimoine mondial informé de la situation sur le terrain ainsi que de la poursuite de la mise en œuvre des mesures qu’il a initiées, tout en donnant suite, dans la mesure du possible, aux commentaires et demandes formulés par le Comité.
Décisions adoptées par le Comité en 2018
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Adoptée
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Projet de décision
Projet de décision : 42 COM 7A.25
Le Comité du patrimoine mondial,
- Ayant examiné le document WHC/18/42.COM/7A.Add,
- Rappelant les décisions 41 COM 7A.40 et 41 COM 8C.2, adoptées à sa 41e session (Cracovie, 2017),
- Félicite l’État partie pour les importants efforts déployés afin d’élaborer la stratégie de protection des biens libyens du patrimoine mondial, malgré la situation d’instabilité qui règne et les difficiles conditions de travail sur le terrain ;
- Note avec satisfaction l’engagement du Département des antiquités (Department of Antiquities – DOA) et des autorités locales ainsi que les efforts qu’ils déploient pour mettre en œuvre des mesures d’entretien et de conservation du bien, et l’engagement des communautés locales à contribuer à la conservation de la valeur universelle exceptionnelle du bien ;
- Félicite également l’État partie pour les importantes avancées réalisées dans la définition de la zone tampon du bien, et l’encourage à poursuivre la finalisation de la clarification des limites du bien et la modification mineure des limites en étroite concertation avec le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives, conformément au paragraphe 164 des Orientations ;
- Réitère sa demande auprès de l’État partie afin qu’il tienne le Centre du patrimoine mondial régulièrement informé de l’évolution de la situation du bien et de toute nouvelle mesure mise en œuvre pour assurer sa protection et sa conservation, et qu’il continue de communiquer des informations détaillées sur les travaux menés, avec notamment des explications techniques justifiant les interventions ;
- Réitère également sa demande auprès de l’État partie afin qu’il invite une mission conjointe de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/ICOMOS à se rendre sur le territoire du bien, dès que les conditions de sécurité le permettront ;
- Appelle à une mobilisation accrue de la communauté internationale afin qu’elle accorde un soutien financier et technique renforcé à l’État partie, notamment par l’intermédiaire du Fonds d’urgence de l’UNESCO pour le patrimoine, permettant de mettre en œuvre les mesures à court et moyen terme identifiées lors de la Réunion internationale sur la sauvegarde du patrimoine culturel libyen (Tunis, mai 2016) et, en particulier, les mesures urgentes d’entretien et de conservation rendues nécessaires par les fortes pluies qui ont endommagé le bien ;
- Demande à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1erfévrier 2019, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 43e session en 2019 ;
- Décide de maintenir Ancienne ville de Ghadamès (Libye) sur la Liste du patrimoine mondial en péril.
* : Les menaces mentionnées sont présentées par ordre alphabétique ; cet ordre ne constitue nullement un classement selon l’importance de leur impact sur le bien. De plus, elles sont présentées de manière indifférenciée, que le bien soit menacé par un danger prouvé, précis et imminent (« péril prouvé ») ou confronté à des menaces qui pourraient avoir des effets nuisibles sur sa valeur universelle exceptionnelle (« mise en péril »).
** : Tous les rapports de mission ne sont pas toujours disponibles électroniquement.