En octobre 2008, l'attention du Centre du patrimoine mondial et de l'ICOMOS a été attirée par des projets de construction d'une grande tour (178 mètres) appelée Torre Cajasol (ou Torre Pelli) aux alentours du bien en série.
Par des courriers en date du 14 octobre 2008 et du 2 mars 2009, il a été demandé à l'État partie de remettre des informations mises à jour sur le projet afin qu'une évaluation des impacts du projet puisse être menée. Il a été en outre remarqué que l'ICOMOS avait exprimé sa préoccupation quant à l'impact potentiel du projet et avait demandé l'interruption du projet jusqu'à ce qu'une documentation soit disponible et puisse être étudiée minutieusement. Au moment de la rédaction du présent rapport, aucune réponse n'avait été reçue de l'État partie.
Le bien inscrit est constitué de trois monuments: la Cathédrale, l'Alcázar et l'Archivo de Indias, tous trois dans le centre historique. Les bâtiments sont liés dans l'urbanisme les un aux autres mais ont été décrits séparément. Aucune zone tampon n'a été définie. Les trois bâtiments sont situés à environ 300 mètres à l'est du fleuve Guadalquivir.
Torre Cajasol (Torre Pelli)
Le projet de tour est situé sur la rive ouest du fleuve à environ 600 mètres de l'enceinte de l'Alcázar. Il fait partie d'un projet d'aménagement d'un secteur connu sous le nom de "Puerto Triana", qui s'étend sur une surface de 66.500 mètres carrés et est situé entre Triana et La Cartuja, dont le nom fait référence à un monastère cartusien. Le projet d'aménagement comprend une tour de 40 étages de forme elliptique, un centre de conférence venant compléter des zones d'usage privé et public (bureaux, magasins, restaurants, équipements sportifs). Un nouveau pont est prévu pour relier ce secteur en aménagement au centre historique de la ville sur l'autre rive du fleuve.
Le promoteur de ce projet d'aménagement est la Cajasol Company, dont des représentants des autorités locales et régionales siègent au comité de direction. Les architectes du projet sont Pelli et Clarke.
Selon des informations recueillies par plusieurs ONG, le permis de construire a été accordé et les travaux sont sur le point de commencer sur le site. Il est implicite que le permis de construire a été accordé à titre exceptionnel et que le plan de développement urbain de Séville n'autorise pas un tel projet dans ce secteur. Il est fait état des objections formulées par de nombreuses ONG quant aux projets de tour et de pont et d'un recours formulé auprès des tribunaux.
Les éléments d'information mis à disposition suggèrent qu'aucune évaluation des impacts visuels de la tour sur le bien du patrimoine mondial n'a été menée, tant pour les vues depuis le belvédère de la Giralda que pour celles vers les monuments depuis les rives du fleuve.
Le 7 mai 2009, le Directeur du Centre du patrimoine mondial, le Responsable pour l'Europe et l'Amérique du Nord et un représentant de l'ICOMOS ont rencontré les autorités de l'État partie. Au cours de cette réunion, le Centre du patrimoine mondial a reçu un courrier, en date du 6 mai 2009, dans lequel l'État partie espagnol remettait une documentation complète, y compris une étude d'impact visuel menée par un groupe de recherche (CARMA) de l'Université de Séville (Une documentation constituée de 5 volumes, appelée "Estudios y Documentos realizados sobre la posible afección de la Torre Cajasol sobre la lista de edificios de Sevilla declarados por la UNESCO Patrimonio Mundial (Tomo 1.- GMU / Tomo 2.- GAIA / Tomo 3.- CARMA (Criterios de evaluación de afecciones arquitectónicas visuales a los monumentos. Estudio de caso: El Patrimonio Mundial de Sevilla y la Torre Cajasol) / Tomo 4.- Documentación complementaria / Tomo 5.- Resumen ponencias"). Cette documentation a été soumise à l'examen de l'ICOMOS.
Le Centre du patrimoine mondial et l'ICOMOS ont également été informés d'un projet de création d'une commission chargée de traiter les conclusions de l'évaluation d'impact. L'ICOMOS et le Centre du patrimoine mondial ont été invités à rejoindre cette commission.
L'ICOMOS estime qu'il doit rester indépendant des experts locaux appelés à tirer des conclusions sur tout impact potentiel. Il peut conseiller sur les méthodologies et sur les éléments à prendre en considération mais les experts doivent évaluer en toute indépendance les résultats des études d'impact. Le Centre du patrimoine mondial partage cette opinion. Le Centre du patrimoine mondial et l'ICOMOS encouragent donc la création d'une telle commission afin qu'un rapport soit remis à leur examen.
Le Centre du patrimoine mondial et l'ICOMOS demeurent préoccupés par l'absence d'informations remises au Centre du patrimoine mondial quant au projet de tour de 40 étages, et ce, contrairement au paragraphe 172 des Orientations. Une évaluation d'impact appropriée concernant la valeur universelle exceptionnelle de ce bien en série et de son cadre devrait être menée avant que tout travail ne soit entrepris.